Finalement, le Tribunal arbitral du sport (TAS) aura mis plus d'un mois pour rien dans l'affaire Jacques Anouma contre la CAF. Plus d'un mois à entretenir le mystère, pour dire que la CAF a raison de rejeter la candidature d'Anouma, sans même motiver une telle décision. On ne peut pas dire, de façon aérienne, que « la CAF a eu raison de rejeter la candidature de Jacques Anouma au regard des textes ». Si les statuts de la Confédération sont anti démocratiques parce qu'ils excluent tous ceux qui ne sont pas membres du Comité Exécutif de l'institution ou n'ont jamais eu la chance de siéger au sein de cette auguste structure, ils ne peuvent cependant pas s'appliquer au cas Anouma. Il y a eu un abus de pouvoir et une très mauvaise application de ces statuts, concernant les conditions d'éligibilité. Et sans doute qu'il fallait s'attendre à ce coup tordu. Parce que bien avant qu'Icham El Amrani, le Secrétaire Général de la CAF, ne déclare Issa Hayatou candidat unique à l'élection du 10 mars 2013, ignorant royalement la candidature de l'ancien président de la FIF qui a été pourtant dûment acheminée au siège de l'institution, le Camerounais en place depuis 25 ans avait prophétisé que de son vivant, il n'y aurait aucune candidature à la présidence de la CAF à part la sienne. Et Icham El Amrani n'a fait que mettre en œuvre la prophétie de son maître en rejetant la candidature de Jacques Anouma. Sinon, dans cette affaire, il s'agissait moins d'affirmer sur un ton incantatoire le rejet de la candidature de l'ancien patron du football ivoirien, que de donner les motivations de ce rejet. Il s'agissait, pour le TAS, de dire pourquoi Jacques Anouma n'a pas la qualité de membre du Comité Exécutif de la CAF. Preuves à l'appui, le tribunal avait à démontrer qu'il n'a pas cette qualité pour prétendre en faire usage. Jacques Anouma explique qu'il est membre du Comité Exécutif et en donne les preuves, ayant pendant des années siégé à ce titre au sein de cet organe. On ne peut quand même pas siéger au Comité Exécutif sans en être membre ! Le TAS, qui instruit à charge et à décharge, devait apporter la preuve du contraire. Malheureusement, la juridiction de Lausanne a soigneusement évité de faire ce travail. Se cachant derrière le caractère souverain des délibérations des assemblées générales de la CAF, il s'est égaré, sciemment, marchant sur le droit pour contenter un homme : Issa Hayatou. Aussi antidémocratiques qu'ils soient, les textes sur les conditions d'éligibilité ne demeurent pas moins précis puisqu'ils visent les membres du Comité Exécutif de la CAF. Il a fallu qu'Issa Hayatou décide que Jacques Anouma n'est pas membre du Comité Exécutif de la CAF pour qu'on l'ignore comme tel. Et que le TAS entérine la volonté du monarque de Garoua. Dommage.
Litié BOAGNON
Litié BOAGNON