Le 31 mars prochain, la Mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Mugefci) reviendra aux ayants droit. C’est la principale décision prise par les organisations syndicales membres de cette mutuelle, lors de l’Assemblée générale extraordinaire tenue, le mercredi 6 mars dernier à Abidjan. Une rencontre qui a vu la participation de 84 organisations syndicales, 250 délégués issus de trois principales centrales syndicales. Conduites par Gnagna Zady, ces fonctionnaires membres de la plate-forme pour la sauvegarde de la Mugefci veulent «arracher» leur outil social aux mains du pouvoir. L’Assemblée générale estime que depuis l’installation du comité de gestion provisoire en décembre 2012, celui-ci ne fait que s’adonner à la déstabilisation, à la destruction et au détournement. «Depuis l’installation du comité provisoire de gestion, la Mugefci n’est plus gérée comme une mutuelle de santé tournée à la fois vers la satisfaction des besoins des mutualistes et la consolidation des acquis en vue d’une amélioration des prestations et du développement du patrimoine. Son mode de gestion actuel répond uniquement au souci d’enrichir un groupe d’amis. Tous les actes posés par les dirigeants actuels intérimaires préparent la dépossession définitive des mutualistes de leur instrument et outil de santé et de solidarité que demeure la Mugefci jusqu’à une date récente», indique la plate-forme des organisations syndicales pour la sauvegarde la Mugefci. Les mutualistes reprochent à l’équipe intérimaire plusieurs griefs. Au nombre de ceux-ci, la concession du paiement des prestations de la Mugefci à Mci, une société dont Christian Delmot, (membre de l’actuel comité de gestion de la Mugefci) est le président du conseil d’administration. Ce dernier s’est vu offrir, selon les mutualistes, 80% des ressources de la Mugefci. Les 20% restant sont réservés au fonctionnement de la mutuelle. Les mutualistes ont aussi brandi deux chèques respectivement de 17,875 millions de Fcfa et 55,125 millions de Fcfa dont les montants ont été retirés, les 10 et 16 août 2011, des comptes de la Mugefci logés à la Banque nationale d’investissement (Bni) au nom de M. Touré Lanciné, l’actuel Directeur général par intérim. Ces chèques, selon M. Kra Kouamé Félix qui les a brandis, sont au bénéfice de la Sigahe, une société immobilière et de recouvrement créée de toute pièce, par l’actuel Directeur général par intérim de la Mugefci, qui a pour gérant un certain Akré Nangui. En réalité, explique Kouamé Kra Félix, Secrétaire général par intérim de la Fesaci, l’actuel Directeur général par intérim de la mutuelle, a créé une société écran pour recouvrer les créances de la Mugefci, alors qu’en tant qu’agent (il était responsable des ressources humaines chargé des affaires juridiques avant sa nomination), il n’a pas le droit de faire du recouvrement. Mais ce dossier qui était en suspend a été dépoussiéré par ce dernier pour se faire payer. Autres griefs soulevés par les 250 délégués lors de cette Assemblée générale, est la liquidation du Service médical des fonctionnaires (Smf). Il en est de même, selon Gnagna Zady, pour la vente de leur terrain de 44 hectares prévu à l’époque pour la construction d’une clinique des fonctionnaires à Bingerville. Pour ces fonctionnaires, ce mode de gestion est loin de prendre en compte leurs intérêts et préoccupations. Au contraire, s’indiquent-ils, tout est programmé pour aboutir à la liquidation de leur structure. C’est pourquoi, prenant la pleine mesure du danger, ils décident de mettre fin au mandat des dirigeants actuels de leur structure. Selon eux, «l’heure est grave. Elle est non plus au grand discours». C’est pourquoi, tous ont donné mandat à la plate-forme d’organiser une Assemblée générale pour la récupération de leur structure. Car, il n’y a aucune volonté manifeste de l’Etat de Côte d’Ivoire de régler normalement cette situation. «On constate une absence de discussion entre le gouvernement et les syndicats sur la question de la Mugefci. Ainsi, dès le début de cette crise, on n’a pas perçu une volonté du gouvernement de rechercher une solution consensuelle avec les syndicats. C’est plutôt le coup de force et le bras de fer qui ont été choisis là où le dialogue social et la négociation auraient pu permettre d’éviter un blocage vis-à-vis des organisations syndicales, même quand le patrimoine des fonctionnaires leur est arraché manu militari, en violation totale et flagrante des principes de la démocratie et de la bonne gouvernance», font remarquer les fonctionnaires. Qui disent ne plus arriver à se soigner convenablement.
Joseph Atoumgbré
Joseph Atoumgbré