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Société Publié le mardi 12 mars 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Yopougon-Lavage/Déguerpissement musclé des transporteurs : Voici pourquoi le propriétaire est passé à l’acte

Le mardi 5 mars dernier, les transporteurs opérant sur l’espace communément appelé « Yopougon-Lavage gare des Woro woro » ont été chassés suivant une réquisition de la force publique.

L’opération n’était pas une partie de plaisir parce que les syndicalistes et leurs associés y ont opposé une résistance. Une semaine après, nos tentatives, pour comprendre cette affaire qui a provoqué des frayeurs pendant quelques heures, nous ont amené à rencontrer les protagonistes. L’affaire est, en réalité, un litige foncier opposant la famille Aïdar de nationalité libanaise au député de Yopougon, Benoît Yobou Djirabou, le propriétaire du terrain. Le déguerpissement devait intervenir depuis 2011. Mais, c’est cette année-là précisément le 19 mai, que Yobou Djirabou a obtenu un arrêté de réquisition de la force publique. Le document qui autorise les forces de l’ordre à exécuter l’opération de déguerpissement a, finalement, été obtenu plus d’un an et demi après. Comment en est-on arrivé là ?

Yobou Djirabou improvise une libation

Rencontré à son domicile de Yopougon, le député Benoît Yobou Djirabou donne sa version des faits. Mais avant, dans une libation improvisée, il a imploré les mânes des ancêtres de Yopou Ablagon, le nom originel de Yopougon. ‘’Nous sommes dans le vrai. Donnez-moi la force de combattre Aïdar Amoussa !’’, a dit en substance, le député au cours de sa libation. Le nœud du problème, tel qu’il nous l’explique, se résume au non-respect du contrat qui le liait à Aïdar Amoussa. L’espace désormais clôturé fait partie d’un vaste domaine de 5906 m² pour lequel le député Yobou Djirabou possède le titre foncier n°125 934 assorti d’un extrait topographique (voir fac simili). C’est en 2009, qu’il cède dans un « contrat de bail à construction » une parcelle de 2906 m², acte notarié à l’appui. Selon ce contrat, explique M. Yobou, Aïdar Amoussa devait bâtir et exploiter l’espace pendant 30 ans. ‘’Mais, c’est mal connaître la malhonnêteté de cette famille. Depuis 2009, j’attends’’, se révolte le propriétaire terrien. Qui se dit prêt à tout procès, qui de son avis, est perdu d’avance par Aïdar et famille. Pour lui, son autorité sur ce terrain ne fait l’objet d’aucun doute. Il en fait l’historique : ‘’Ce terrain est le reste de 12 ha octroyé à la Sicogi pour un projet immobilier qui s’est finalement réalisé sur dix hectares. Suite à nos démarches et après un procès houleux contre la Sicogi que nous avons gagné, le ministère de la Construction nous a attribué cet espace à travers un arrêté de concession. Nous avons un Certificat de propriété inattaquable. J’ai donc mes papiers au complet. Ce terrain est bel et bien ma propriété et comme un terrain n’est pas élastique, j’ai dû signer un contrat de bail à construction avec deux Libanais Aïdar Amoussa et Aïdar Amoudé. Le père et le fils. L’acte notarié dit bien qu’au moment où ils entament leurs constructions, ils doivent me verser quelque chose. J’ai demandé qu’au lieu de me verser des loyers mensuels d’un million de FCFA pendant trente ans, qu’on me construise un immeuble R+3 qui devait être achevé en même temps que leurs magasins. Mais, c’est mal connaître leur malhonnêteté. Ils ont fini de construire leur magasin depuis 2009, sans autorisation et sans respecter les limites, ils exploitent ces magasins et moi j’attends. Aucune fouille n’est encore réalisée pour mon immeuble’’.

Du règlement à l’amiable à l’épreuve de force

Cet espace longtemps occupé par des transporteurs a été au centre de tensions sur de longues années. Il y a eu des conciliabules d’une part entre le député et les syndicalistes, et d’autre part entre les transporteurs et la famille Aïdar. Aïdar Amoudé a même négocié et proposé aux transporteurs la construction d’une gare moderne. Projet auquel M. Yobou a opposé une fin de non recevoir, préférant céder en vente directe le terrain à une autre famille libanaise, celle des Aschkar. A ce propos, voici ce qu’explique encore le député : ‘’J’ai plusieurs fois rencontré les transporteurs et ce que dit Amoudé Aïdar n’est que de la diversion. Comment venir construire une gare dans un espace qui a un plan directeur. Ce n’est pas lui le ministre de la Construction. Ce n’est pas à lui de décider à quel endroit on doit construire une gare moderne. Qu’il vous présente un document du ministère de la Construction qui lui donne ce droit. Aïdar père et fils sont des voleurs, des usurpateurs. En conséquence, j’ai cédé les 1000 m², objet du litige en vente directe avec acte notarié à la famille Ali Aschkar. Mais, auparavant, j’ai dénoncé devant le tribunal de première instance de Yopougon, dans le cadre d’un référé d’heure en heure, le contrat pour leur demander d’arrêter les travaux sur le BOT en question et de revenir au contrat. Ils ont fait des promesses de monts et merveilles qu’ils n’ont pas respectées par la suite. J’ai ensuite introduit un appel devant la Cour d’appel pour la séquestration des loyers. C'est-à-dire, jusqu’à ce qu’on voit clair dans l’affaire, c’est le greffe du tribunal qui va s’en occuper. Ils ont préféré les dessous de table. Ils ont construit sur le trottoir sans respecter les limites de servitude en complicité avec des agents véreux de l’administration. Cela fait deux ans que je traite à l’amiable pour que les transporteurs partent de cet espace. Si aujourd’hui, on est arrivé à l’épreuve de force, c’est parce qu’on a voulu me narguer et narguer tout le monde, sous prétexte qu’ils (les transporteurs) ont des armes. On est dans une République et non dans un Etat quelconque. Depuis 2011, on ne peut pas exécuter la décision. Maintenant que c’est fait, c’est bientôt un joyau qui va sortir de terre sur les bords de ce boulevard qui porte le nom de Félix Houphouët-Boigny’’.

S. Debailly


Ce qu’en dit la famille Aïdar

Aïdar Amoussa, rencontré pour donner sa version des faits, Aïdar Amoussa père n’a pas voulu entrer dans les détails du dossier. Mais, il a rejeté en bloc toutes les accusations portées contre lui. Il a lui aussi montré ses papiers dont un titre foncier jurant n’avoir rien violé du contrat de bail. Il attendait, selon lui, que les transporteurs libèrent l’espace. Il brandit même des photos montrant la destruction des travaux de l’immeuble qu’il construisait dans le cadre du BOT. Cette affaire qui n’est pas à son premier développement a failli être fatale, dit-il, à son fils Amoudé qui a été une fois blessé par balle (il montre les traces sur le ventre d’Amoudé). Sûr de ce qu’il est dans ses droits, il promet le grand déballage avec pièces à l’appui dont des reçus de paiement devant notaire. Pour le moment, il se réjouit de l’opération de déguerpissement. C’est l’occasion, selon lui, de poursuivre les clauses du contrat. Ses lettres au bailleur Yobou Djirabou sont déjà prêtes.

SD

Ce que perdent les syndicats de transporteurs

Ils sont plus de quarante syndicats, selon nos informations, qui opéraient à la gare du lavage. Ces ‘’syndicaillons’’ s’étaient établis un emploi du temps hebdomadaire pour les activités d’exploitation. Selon l’un d’eux ce sont entre quatre (4) et cinq (5) millions de FCFA qui pouvaient être engrangés chaque jour. A partir de Yopougon lavage, il était possible de rallier les neuf autres communes d’Abidjan avec notamment les lignes Yopougon-Port Bouët (900 FCFA), Yopougon-Cocody (600 FCFA). A chaque départ, c’est au minimum 500 Fcfa que débourse le chauffeur. Le hic, c’est qu’avec cette manne, jamais, ces syndicalistes n’ont eu d’égard pour le propriétaire terrien. Il était ignoré dans le partage, selon un de ses proches. Les seuls bénéficiaires sont les patrons des syndicats. Le député Yobou Djirabou qui a voulu récupérer son terrain a dû débourser cinq (5) millions de Fcfa (décharge de paiement à l’appui) pour la réquisition de la force publique.

SD
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