Toucher du doigt les problèmes nés de la crise postélectorale afin de faire des propositions idoines aux décideurs pour leur résolution. C’est à cet exercice que les membres de l’Académiciens des Sciences et Cultures d’Afrique et des Diasporas (ASCAD) se sont adonnés, récemment. Le séminaire organisé à l’occasion, et dont le thème «l’Impact de la crise sur la Côte d’Ivoire » a été un véritable exercice de catharsis, a été l’occasion, pour les membres de l’ASCAD et autres personnalités extérieures de réfléchir sur l’impact de la crise post- électorale en Côte d’Ivoire sur l’économie, la politique, l’école, la religion et bien d’autres questions qui touchent à la société ivoirienne dans son ensemble. Pour la plupart des panélistes, la crise postélectorale est la manifestation la plus récente et la plus aggravée de la crise ivoirienne dont les origines remontent aux années 90. Années marquées par le retour de la Côte d’Ivoire au multipartisme. Cette période marque également la politisation de l’école et l’introduction de la violence érigée en mode privilégié d’expression. Les actions de la nébuleuse FESCI (Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire) sur les campus et résidences universitaires ont été passées au vitriol. Au nombre des intervenants, le public a bien apprécié le panel de Monseigneur Dacoury Tabley; Bishop Benjamin Boni et l’Imam Cissé Djiguiba. Se prononçant sur le thème « l’Impact de la crise sur la religion », les trois hommes de Dieu ont été sans complaisance. A l’unanimité, ils ont reconnu que les hommes de Dieu, pendant la crise postélectorale, « n’ont toujours pas eu le mot juste pour interpeller les uns et les autres». Un véritable exercice de catharsis Face à ce fait, ils souhaitent la création d’une « Haute autorité de la laïcité », en quelque sorte une plate-forme de retrouvailles des hommes de Dieu et d’autres personnalités pour aller au-delà des organisations existantes afin de débattre des sujets d’intérêt national. L’autre panéliste, qui a également retenu l’attention, est Dr Patrick N’Gouan. Anciennement président de la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO), son exposé « l’Impact de la crise sur la sécurité des biens et des personnes » a traité les problèmes liés à la sécurité des personnes et les droits de l’Homme. Selon lui, si l’on est parvenu à de graves violations de droits des personnes au lendemain de la crise postélectorale, « c’est parce qu’il y a eu une véritable faillite de l’Etat». Outre cet état de fait, le conférencier qui a voulu remonter le cours de l’histoire a révélé que « l’impunité est la vraie cause des violations des droits de l’Homme». Pour lui, afin que la Côte d’Ivoire évite une réconciliation factice, dénuée d’hypocrisie « il faut réorganiser les forces de l’ordre », « veiller, de façon urgente, à la sécurité des biens et des personnes », « faire un diagnostic du système éducatif pour des réformes idoines dans ce domaine» etc. Au final, ce séminaire, pendant deux jours, a mis le doigt sur les problèmes concrets auxquels le pays se trouve confronté actuellement. Et les résolutions et propositions qui ont été faites, selon le président de l’ASCAD Barthélémy Kotchy, constitueront des recommandations que l’ASCAD adressera aux décideurs.
Jean-Antoine Doudou
Jean-Antoine Doudou