Les assauts répétés des rebelles du Séléka ont finalement eu raison du pouvoir de François Bozizé. Le fauteuil vermoulu sur lequel il s'était vissé, a fini par s'écrouler hier dimanche 24 mars 2013, 10 ans presque jour pour jour après sa prise du pouvoir le 15 mars 2003.
François Bozizé était un président en sursis, c’est le moins qu’on puisse dire. N’eut été l’interposition des soldats sud-africains et celle de la Force multinationale d’Afrique centrale, (Fomac), son pouvoir serait déjà tombé. L’offensive déclenchée le 10 décembre 2012 par la coalition rebelle du Séléka devait aboutir à sa chute, si ces forces étrangères n’étaient pas venues à sa rescousse. Ce sont elles qui ont stoppé les rebelles aux portes de Bangui la capitale. Mais malgré l’accord de paix signé à Libreville le 11 janvier 2013 et le gouvernement d’union qui en a résulté, le Séléka a toujours maintenu son projet de faire partir François Bozizé. Il l’a fait sans coup férir lors d’une offensive déclenchée le vendredi 22 mars dernier. La rébellion qui reprochait au président le non respect des accords de Libreville, lui avait donné un ultimatum qui était arrivé à son terme ce jour. La coalition exigeait entre autres, la libération de ses éléments encore détenus, la réintégration de ses soldats dans les rangs des Forces armées centrafricaines (Faca) ainsi que la prise en compte de leurs galons obtenus dans la rébellion. Devant les tergiversations de Bozizé à s’exécuter, la Séléka qui n’en demandait pas mieux a aussitôt mis sa menace à exécution dès l’expiration de son ultimatum. Le jeudi 21 mars, veille de la date fatidique, Bozizé s’est précipitamment rendu à Pretoria pour y rencontrer Jacob Zuma. Aurait-il demandé à son homologue sud-africain d’accroitre le nombre de ses soldats estimé à 400 hommes environ ? Visiblement aucun renfort n’est venu, ni du côté sud-africain, encore moins de Ndjaména dont les forces ont déjà fort à faire dans l’enfer des Ifoghas au nord Mali où elles sont aux prises avec des islamistes très déterminés. Revenu bredouille à Bangui, Bozizé s’aperçoit que le compte à rebours a commencé pour son pouvoir. Le samedi 23 mars, les troupes de la coalition mettent le siège à une dizaine de kilomètres de la capitale et appellent le président à démissionner. Quelques uns de leurs hommes qui ont infiltré la ville, l’ont plongée dans le noir, en sabotant les lignes électriques. Dès la levée du jour, les Banguissois qui se rendaient à la cathédrale située non loin de la présidence, tombent sur les premières colonnes des insurgés qui se dirigent vers le palais de Bozizé. Le verrou constitué par les soldats sud- Africains saute dès les premières canonnades. On annonce une quinzaine de morts et plusieurs blessés dans leurs rangs. La rébellion faisait ce 24 mars son entrée triomphale à Bangui. Coïncidence, en ce Dimanche dit des « Rameaux », les fidèles chrétiens célébraient l’entrée glorieuse du Christ à Jérusalem. Bozizé lui, faisait plutôt le mouvement contraire. C’est incognito, qu’il quitte la capitale pour une destination inconnue. Il a été annoncé successivement en RDC, au Congo ou encore au Gabon. La coalition qui lui a ravi le pouvoir, annonce un gouvernement de transition qui va diriger le pays. Mais qui sera le chef de ce gouvernement ? On pariait jusque-là sur deux hommes forts du Séléka : son président Michel Djotodia et le chef militaire qui a conduit les opérations sur Bangui, le colonel Djouma Narkoyo. Aux dernières nouvelles, c’est Michel Djotodia qui s’est autoproclamé chef de l’Etat. Il a promis de reconduire le premier ministre Nicolas Tiangaye nommé à l’issue de l’accord de Libreville du 11 janvier dernier. La communauté internationale qui a eu une réaction très mitigée face à ce coup de force, observait jusqu’à hier la situation qui est calme dans l’ensemble, en dehors de quelques cas de pillages. La France par la voix de son président François Hollande, a « pris acte » de ce changement de régime. L’ancienne puissance coloniale a renforcé sa présence militaire, en portant le nombre de ses soldats à 650. Leur rôle à priori, est de veiller sur les quelque 1200 ressortissants français résidant en Centrafrique.
Charles d’Almeida
François Bozizé était un président en sursis, c’est le moins qu’on puisse dire. N’eut été l’interposition des soldats sud-africains et celle de la Force multinationale d’Afrique centrale, (Fomac), son pouvoir serait déjà tombé. L’offensive déclenchée le 10 décembre 2012 par la coalition rebelle du Séléka devait aboutir à sa chute, si ces forces étrangères n’étaient pas venues à sa rescousse. Ce sont elles qui ont stoppé les rebelles aux portes de Bangui la capitale. Mais malgré l’accord de paix signé à Libreville le 11 janvier 2013 et le gouvernement d’union qui en a résulté, le Séléka a toujours maintenu son projet de faire partir François Bozizé. Il l’a fait sans coup férir lors d’une offensive déclenchée le vendredi 22 mars dernier. La rébellion qui reprochait au président le non respect des accords de Libreville, lui avait donné un ultimatum qui était arrivé à son terme ce jour. La coalition exigeait entre autres, la libération de ses éléments encore détenus, la réintégration de ses soldats dans les rangs des Forces armées centrafricaines (Faca) ainsi que la prise en compte de leurs galons obtenus dans la rébellion. Devant les tergiversations de Bozizé à s’exécuter, la Séléka qui n’en demandait pas mieux a aussitôt mis sa menace à exécution dès l’expiration de son ultimatum. Le jeudi 21 mars, veille de la date fatidique, Bozizé s’est précipitamment rendu à Pretoria pour y rencontrer Jacob Zuma. Aurait-il demandé à son homologue sud-africain d’accroitre le nombre de ses soldats estimé à 400 hommes environ ? Visiblement aucun renfort n’est venu, ni du côté sud-africain, encore moins de Ndjaména dont les forces ont déjà fort à faire dans l’enfer des Ifoghas au nord Mali où elles sont aux prises avec des islamistes très déterminés. Revenu bredouille à Bangui, Bozizé s’aperçoit que le compte à rebours a commencé pour son pouvoir. Le samedi 23 mars, les troupes de la coalition mettent le siège à une dizaine de kilomètres de la capitale et appellent le président à démissionner. Quelques uns de leurs hommes qui ont infiltré la ville, l’ont plongée dans le noir, en sabotant les lignes électriques. Dès la levée du jour, les Banguissois qui se rendaient à la cathédrale située non loin de la présidence, tombent sur les premières colonnes des insurgés qui se dirigent vers le palais de Bozizé. Le verrou constitué par les soldats sud- Africains saute dès les premières canonnades. On annonce une quinzaine de morts et plusieurs blessés dans leurs rangs. La rébellion faisait ce 24 mars son entrée triomphale à Bangui. Coïncidence, en ce Dimanche dit des « Rameaux », les fidèles chrétiens célébraient l’entrée glorieuse du Christ à Jérusalem. Bozizé lui, faisait plutôt le mouvement contraire. C’est incognito, qu’il quitte la capitale pour une destination inconnue. Il a été annoncé successivement en RDC, au Congo ou encore au Gabon. La coalition qui lui a ravi le pouvoir, annonce un gouvernement de transition qui va diriger le pays. Mais qui sera le chef de ce gouvernement ? On pariait jusque-là sur deux hommes forts du Séléka : son président Michel Djotodia et le chef militaire qui a conduit les opérations sur Bangui, le colonel Djouma Narkoyo. Aux dernières nouvelles, c’est Michel Djotodia qui s’est autoproclamé chef de l’Etat. Il a promis de reconduire le premier ministre Nicolas Tiangaye nommé à l’issue de l’accord de Libreville du 11 janvier dernier. La communauté internationale qui a eu une réaction très mitigée face à ce coup de force, observait jusqu’à hier la situation qui est calme dans l’ensemble, en dehors de quelques cas de pillages. La France par la voix de son président François Hollande, a « pris acte » de ce changement de régime. L’ancienne puissance coloniale a renforcé sa présence militaire, en portant le nombre de ses soldats à 650. Leur rôle à priori, est de veiller sur les quelque 1200 ressortissants français résidant en Centrafrique.
Charles d’Almeida