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Politique Publié le jeudi 28 mars 2013 | Nord-Sud

Causes des crises ivoiriennes:Les vérités de l’imam Cissé Djiguiba

© Nord-Sud Par Prisca
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Mercredi 28 juillet 2010. Abidjan. Photo: l`imam Cissé Djiguiba Abdallah, DG de la Radio al Bayane
Pendant deux jours, les participants au séminaire organisé par la sous-commission heuristique de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, ont vidé leur sac. Chacun a dévoilé, selon sa compréhension, ce qui est à la base des différentes crises qui ont secoué le pays, durant ces dernières décennies.


On se croirait au forum de la réconciliation nationale ! Hier, au deuxième et dernier jour du séminaire organisé par la sous-commission heuristique de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, les participants n’ont pas eu le temps de s’ennuyer. Malgré le faux bond de certains intervenants et non des moindres, notamment le sociologue sollicité par Pr Séry Bailly, les échanges ont été animés. Surtout après l’intervention de l’imam Cissé Djiguiba qui a parlé au nom des confessions religieuses. Pour ce guide religieux, au nombre des causes majeures des différentes crises survenues en Côte d’Ivoire, c’est le mauvais passage de témoin entre le premier président ivoirien, Félix Houphouet-Boigny et ses héritiers politiques, qui selon lui, ont abattu toutes leurs cartes pour se neutraliser. Cissé Djiguiba a également cité la faillite du droit et de ses acteurs, les délits de patronyme, l’intrusion de religieux sur la scène politique, la désacralisation de la vie humaine, le repli identitaire. « Suite à la mort du président Félix Houphouet-Boigny, la question de sa succession va exacerber la tension sociopolitique, entre les différents protagonistes en quête du pouvoir », a-t-il planté son décor. « C’est dans cette atmosphère qu’un nouveau concept prend forme dans le paysage politique, à savoir l’ivoirité. (…) C’est dans ce contexte qu’ont lieu les élections de 2000 qui vont connaître une vague de contestation et une répression sanglante du fait du rejet de certaines candidatures. Ces contestations vont déboucher pour la première fois sur beaucoup de morts. Ce qui va fragiliser davantage le tissu social  », a-t-il poursuivi son déblayage du terrain.

Pourquoi le pays a basculé dans la violence

«Pour nous, les causes de la crise sont d’ordres politique, juridique, social et économique. Sur le plan politique, elles sont liées au refus du jeu de l’alternance démocratique. Il y a par ailleurs les dispositions constitutionnelles qui sont volontairement faites et taillées sur mesure pour écarter des candidats aux élections. Les articles sont dans leur essence, discriminatoires. Il y a aussi les partis politiques qui sont généralement fondés sur des bases tribales, régionales et ethniques. La crise a mis au grand jour cette situation et a abouti à des affrontements à connotations ethnique et tribale. Nous avons également relevé comme cause de la crise, la faillite du droit et des juridictions. Les animateurs du pouvoir politique sont absorbés par le politique. Ils sont pour la plupart nommés par le chef de l’Etat et se sentent parfois obligés d’être reconnaissants envers celui-ci, tout simplement parce que les uns et les autres aiment parfois plus la place qu’ils occupent que le pays dans lequel ils vivent. Cette situation a mis en péril l’indépendance du pouvoir judiciaire, incapable de s’affranchir des chapelles politiques », a longuement exposé l’imam Cissé Djiguiba.

Témoignage

S’agissant des causes sociales liées aux différentes crises, le guide religieux a fustigé les différentes gangrènes qui minent la société ivoirienne, à savoir : le tribalisme, le népotisme dans l’exercice du pouvoir, l’ethnocentrisme, le délit de faciès et de patronyme, etc. Sur ce chapitre, Cissé Djiguiba n’a pu s’empêcher d’évoquer un témoignage pour mieux expliciter son argumentation. «Une fois, alors que je voyageais, j’ai été interpellé par un policier qui m’a réclamé ma carte de séjour, sur la base de mon style vestimentaire », a-t-il narré sa mésaventure. Puis, évoquant les autres causes de la crise, il a dénoncé la désacralisation de la vie humaine. « L’horreur que nous avons vue pendant la crise postélectorale n’est pas loin de ressembler au nazisme, une période au cours de laquelle on jetait en grand nombre les prisonniers dans les fours crématoires. C’est horrible!», a condamné Cissé Djiguiba qui faisait allusion aux personnes passées par le supplice du feu (article 125). Dans son exposé, l’imam n’a pas omis de tirer à boulets rouges sur certains guides religieux et des intellectuels qui ont failli à leur mission. Dans les échanges qui ont suivi cet exposé, des participants ont tenté de démonter l’argumentaire de Cissé Djiguiba, notamment en balayant du revers de la main l’assertion selon laquelle l’ivoirité a contribué à exacerber la crise. Le séminariste qui a critiqué cet argumentaire a proposé que la parole soit donnée à Henri Konan Bédié, pour mieux repréciser ce concept, galvaudé selon lui par les adversaires du Sphinx de Daoukro. Avant Cissé Djiguia, c’est le président de l’Association des écrivains de Côte d’Ivoire qui a déballé sa batterie de causes des crises. Il en a relevé dix, toutes versées dans les rapports de la sous-commission heuristique de la Cdvr, dirigée par l’ancien ministre, Séry Bailly.

Marc Dossa
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