Les rapports de l’Ong américaine Human Right Watch (HRW) sur la Côte d’Ivoire soulèvent la polémique. Philippe Bolopion, directeur de HRW à l’Onu, fait des précisions. Interview.
On s’interroge sur votre méthode de travail. Certains disent que vous faites des enquêtes ‘’in vitro’’. Que répondez-vous ?
On a une méthodologie rigoureuse. La seule crédibilité de notre organisation, c’est la solidité de nos rapports. S’ils étaient mis en doute, les gens ne nous écouteraient plus. On parle à des témoins oculaires, à des proches des victimes, on se rend sur place pour recueillir le maximum de témoignages ; on élimine ce qui nous semble suspect pour ne retenir que ce qui peut être confirmé. C’est sur cette base qu’on fait des rapports qui sont rigoureusement revus au sein de l’organisation et qui permettent d’arriver à des résultats fiables. On n’écoute pas les rumeurs ni les informations de deuxième main. On passe beaucoup de temps avec les témoins jusqu’à ce qu’on puisse reconstituer une image claire de ce qui s’est passé réellement.
Vos rapports sur la Côte d’Ivoire se multiplient à longueur de mois. Qu’est-ce qui explique cet intérêt croissant pour ce pays ?
Nous ne faisons pas que des rapports sur la Côte d’Ivoire. Si vous allez sur notre site, vous verrez chaque semaine qu’il y a des rapports sur d’autres endroits du monde. Il n’y a pas de focalisation sur la Côte d’Ivoire que sur d’autres Etats. Mais le pays a traversé une crise très grave qui justifie pleinement notre intérêt pour lui. Il y a eu des milliers de personnes tuées, des crimes contre l’humanité et des massacres commis. Il y a donc beaucoup à faire pour une Ong de défense des droits de l’homme.
Mais pourquoi les médias font-ils un large écho quand il s’agit de la Côte d’Ivoire ?
Non, la presse internationale parle plus de la Syrie que la Côte d’Ivoire actuellement. Il ne faut pas que la communauté internationale oublie la Côte d’Ivoire ou ne s’y intéresse que quand le pays est en guerre. Il faut l’accompagner dans l’après-guerre et c’est ce que nous disons aux pays donateurs. On essaie de les encourager à soutenir le pays pour qu’on arrive à une justice impartiale et non pas à une justice des vainqueurs qui punit les perdants sans réaliser la vision qui avait été décrite par le président Ouattara. Il avait dit qu’il n’y aurait aucune impunité en Côte d’Ivoire et que les gens coupables de crimes graves seraient punis quels que soient leur rang et leur affiliation politique. C’était un vrai discours d’homme d’Etat, mais malheureusement, deux ans après le conflit, cette vision ne s’est pas encore réalisée.
Justement, vos rapports ne sont pas tendres avec le régime Ouattara qui a évité la catastrophe au pays. Pourquoi ?
Nos rapports n’étaient pas tendres avec Gbagbo non plus. On a un dialogue permanent avec les autorités ivoiriennes. On a rencontré le ministre de la Justice hier (Ndlr : mercredi) ; on a rendez-vous avec celui de l’Intérieur aujourd’hui (Ndlr : jeudi). Ces rapports se veulent constructifs, car ils font aussi des propositions simples au gouvernement ivoirien. Les mesures que nous réclamons aux autorités ne demandent pas un immense courage politique ou des moyens démesurés. Elles permettraient un premier pas vers une justice impartiale. On sait ce qu’a traversé la Côte d’Ivoire ; nos chercheurs étaient sur le terrain pendant des mois à parler aux victimes des forces de Laurent Gbagbo. Nous avons dénoncé ces crimes avec grand bruit, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour que le Conseil de sécurité adopte des mesures pour faire pression sur le camp Gbagbo. Nous avons aussi documenté des crimes graves commis par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), notamment le massacre de Duékoué, pour ne citer que ce cas. On pense que les personnes responsables de ces crimes n’ont pas été inquiétées jusque-là.
A vous entendre, le président Ouattara n’a pas respecté son engagement à lutter contre l’impunité ?
Il n’est pas trop tard pour que le président Ouattara réalise sa vision. C’est lui qui a dit que la Côte d’Ivoire allait tourner une page, que tous les responsables des crimes seraient punis. On est convaincu que le président était sincère lorsqu’il a pris ces engagements en mai 2011. On est persuadé que cela reste toujours son objectif. Mais les choses avancent trop doucement dans ce sens, car après deux ans, le pouvoir devrait faire de petits pas vers la justice impartiale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes deux ans après : 150 pro-Gbagbo inculpés, zéro dans le camp Ouattara. On sait ce que l’impunité a produit comme résultat dans ce pays depuis de 2002. Nous ne voulons pas que ce même schéma se reproduise dans quelques années. La justice a aussi valeur d’exemple, elle doit dissuader les gens qui veulent commettre des actes graves.
On ne comprend pas que HRW joue les équilibristes entre les pro-Gbagbo qui commettaient les crimes graves et les Frci venues secourir les populations. Est-ce que vous ne faites pas un mauvais jugement ?
Nous ne voulons pas mettre les gens dans le même sac ; il ne faut pas que des actes graves commis par des éléments au sein des Frci, viennent salir la réputation de l’armée ivoirienne. C’est pour cela que nous exigeons que les auteurs des crimes graves au sein des Frci rendent compte devant la justice. Nous parlons des soldats qui ont tué sans raison des centaines de femmes et des enfants, des civils qui ne participaient pas aux combats. Ces victimes et leurs proches ont aussi droit à la justice. Cela ne veut pas dire que c’est l’ensemble des Frci qui est discrédité, mais c’est à la justice de faire son travail. Il n’y a pas de crime qui soit acceptable au nom d’aucune cause. De la même manière qu’on a dénoncé à grand bruit les crimes commis par l’armée de Laurent Gbagbo pendant la guerre, c’est pour ces mêmes raisons qu’on dénonce ces mêmes crimes commis par certains éléments des Frci.
Avez-vous ciblé des militaires du camp Ouattara qui auraient commis ces crimes graves ?
C’est à la justice de faire ce travail. Nous sommes une organisation de défense des droits de l’Homme, nous ne sommes pas des procureurs. Nous ne pouvons juger les gens. Nous avons décrit des faits qui sont faciles à vérifier. Si les procureurs vont à Duekoué, parlent aux victimes, aux témoins oculaires, ils pourront reconstituer ce qui s’est passé. Cela passe par l’exhumation des corps des fosses communes, et leur identification par autopsie. C’est un travail minutieux que doivent faire la police et les procureurs. HRW ne veut pas se substituer à la justice ivoirienne, pas plus qu’elle ne peut déclarer des gens coupables avant qu’ils ne soient jugés. Mais il y a de fortes présomptions qui planent sur certaines personnes. Il y a des faits graves qui ont été commis et c’est à la justice de faire la lumière sur ces affaires.
Les attaques continuent à l’Ouest. On a l’impression que vous accusez les Frci d’avoir fait régner l’ordre dans cette région instable. Devraient-elles laisser faire, de crainte d’être épinglées par les Ong ?
Il n’y a aucun doute que la Côte d’Ivoire fait encore face à un risque sécuritaire important et elle a le droit de se défendre face à cette situation. Notre rapport ne dit pas que l’armée ivoirienne devrait laisser les bandes armées venir commettre des attentats ou attaquer des casernes. Nous disons qu’il y a des gens au sein des Frci qui ont sans doute commis des crimes d’une immense gravité, tué des centaines de personnes, des enfants et de femmes, violé, torturé. Il n’y a pas de raison qu’il y ait l’impunité pour ces personnes ; il n’y a pas d’impératifs sécuritaires qui justifient ces crimes graves. Pour défendre sa patrie, on n’a pas besoin de tuer des femmes et des enfants, de violer, de torturer. Les gens qui ont commis ces crimes ont leur place en prison et non au sein des forces armées de Côte d’Ivoire.
Vous restez muet quand les Frci sont attaquées et tuées, mais vous produisez des rapports quand elles ripostent. Pourquoi deux poids, deux mesures ?
Vous ne pouvez pas nous accuser de prendre parti pour un camp contre un autre. Pendant la crise, nous avons produit des rapports plus volumineux et plus détaillés que n’importe qui d’autre sur les crimes commis par les forces de Laurent Gbagbo. Nous avons plus d’éléments même que la Cpi à charge contre Laurent Gbagbo. Nous sommes sur un sol très ferme ici. Nous ne sommes pas dans les querelles politiques ou de soutien à un camp contre un autre, mais pour défendre les victimes des violations graves des droits de l’Homme. Nous ne défendons pas les partis, mais les gens dont les proches ont été tués de façon atroce. Une femme qui a perdu ses deux enfants et son frère a droit à la justice. Ceux qui veulent croire que nous avons des préoccupations politiques ont un agenda en poche; ils essaient de détourner l’attention. C’est de la diversion et je vous mets au défi de me démontrer s’il y a une organisation qui a fait plus que HRW pour dénoncer les crimes commis sous Laurent Gbagbo.
Quel est l’objectif visé par tous ces rapports ?
Notre objectif reste l’instauration d’une justice impartiale et non celle des vainqueurs ; nous voulons une justice qui s’intéresse aux crimes et pas seulement à ceux qui les ont commis. Mais malheureusement en Côte d’Ivoire, nous n’avons pas l’impression de progresser dans ce sens. Cependant, il n’est pas trop tard, car le président a fait une déclaration très courageuse à la fin de la guerre. Il a créée une Commission nationale d’enquête qui a fait un travail remarquable en soutenant que des crimes avaient été commis par les deux camps. On ne peut pas soupçonner cette Commission qui a été créée par le président Ouattara, de travailler pour les intérêts des pro-Gbagbo. Il a créé une cellule spéciale d’investigation et la Cdvr ; ce sont des gestes forts, importants, mais malheureusement ces actes n’ont pas été suivis d’effets dans les mois qui ont suivi. J’espère que notre rapport sera un peu un signal du réveil.
Nomel Essis
On s’interroge sur votre méthode de travail. Certains disent que vous faites des enquêtes ‘’in vitro’’. Que répondez-vous ?
On a une méthodologie rigoureuse. La seule crédibilité de notre organisation, c’est la solidité de nos rapports. S’ils étaient mis en doute, les gens ne nous écouteraient plus. On parle à des témoins oculaires, à des proches des victimes, on se rend sur place pour recueillir le maximum de témoignages ; on élimine ce qui nous semble suspect pour ne retenir que ce qui peut être confirmé. C’est sur cette base qu’on fait des rapports qui sont rigoureusement revus au sein de l’organisation et qui permettent d’arriver à des résultats fiables. On n’écoute pas les rumeurs ni les informations de deuxième main. On passe beaucoup de temps avec les témoins jusqu’à ce qu’on puisse reconstituer une image claire de ce qui s’est passé réellement.
Vos rapports sur la Côte d’Ivoire se multiplient à longueur de mois. Qu’est-ce qui explique cet intérêt croissant pour ce pays ?
Nous ne faisons pas que des rapports sur la Côte d’Ivoire. Si vous allez sur notre site, vous verrez chaque semaine qu’il y a des rapports sur d’autres endroits du monde. Il n’y a pas de focalisation sur la Côte d’Ivoire que sur d’autres Etats. Mais le pays a traversé une crise très grave qui justifie pleinement notre intérêt pour lui. Il y a eu des milliers de personnes tuées, des crimes contre l’humanité et des massacres commis. Il y a donc beaucoup à faire pour une Ong de défense des droits de l’homme.
Mais pourquoi les médias font-ils un large écho quand il s’agit de la Côte d’Ivoire ?
Non, la presse internationale parle plus de la Syrie que la Côte d’Ivoire actuellement. Il ne faut pas que la communauté internationale oublie la Côte d’Ivoire ou ne s’y intéresse que quand le pays est en guerre. Il faut l’accompagner dans l’après-guerre et c’est ce que nous disons aux pays donateurs. On essaie de les encourager à soutenir le pays pour qu’on arrive à une justice impartiale et non pas à une justice des vainqueurs qui punit les perdants sans réaliser la vision qui avait été décrite par le président Ouattara. Il avait dit qu’il n’y aurait aucune impunité en Côte d’Ivoire et que les gens coupables de crimes graves seraient punis quels que soient leur rang et leur affiliation politique. C’était un vrai discours d’homme d’Etat, mais malheureusement, deux ans après le conflit, cette vision ne s’est pas encore réalisée.
Justement, vos rapports ne sont pas tendres avec le régime Ouattara qui a évité la catastrophe au pays. Pourquoi ?
Nos rapports n’étaient pas tendres avec Gbagbo non plus. On a un dialogue permanent avec les autorités ivoiriennes. On a rencontré le ministre de la Justice hier (Ndlr : mercredi) ; on a rendez-vous avec celui de l’Intérieur aujourd’hui (Ndlr : jeudi). Ces rapports se veulent constructifs, car ils font aussi des propositions simples au gouvernement ivoirien. Les mesures que nous réclamons aux autorités ne demandent pas un immense courage politique ou des moyens démesurés. Elles permettraient un premier pas vers une justice impartiale. On sait ce qu’a traversé la Côte d’Ivoire ; nos chercheurs étaient sur le terrain pendant des mois à parler aux victimes des forces de Laurent Gbagbo. Nous avons dénoncé ces crimes avec grand bruit, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour que le Conseil de sécurité adopte des mesures pour faire pression sur le camp Gbagbo. Nous avons aussi documenté des crimes graves commis par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), notamment le massacre de Duékoué, pour ne citer que ce cas. On pense que les personnes responsables de ces crimes n’ont pas été inquiétées jusque-là.
A vous entendre, le président Ouattara n’a pas respecté son engagement à lutter contre l’impunité ?
Il n’est pas trop tard pour que le président Ouattara réalise sa vision. C’est lui qui a dit que la Côte d’Ivoire allait tourner une page, que tous les responsables des crimes seraient punis. On est convaincu que le président était sincère lorsqu’il a pris ces engagements en mai 2011. On est persuadé que cela reste toujours son objectif. Mais les choses avancent trop doucement dans ce sens, car après deux ans, le pouvoir devrait faire de petits pas vers la justice impartiale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes deux ans après : 150 pro-Gbagbo inculpés, zéro dans le camp Ouattara. On sait ce que l’impunité a produit comme résultat dans ce pays depuis de 2002. Nous ne voulons pas que ce même schéma se reproduise dans quelques années. La justice a aussi valeur d’exemple, elle doit dissuader les gens qui veulent commettre des actes graves.
On ne comprend pas que HRW joue les équilibristes entre les pro-Gbagbo qui commettaient les crimes graves et les Frci venues secourir les populations. Est-ce que vous ne faites pas un mauvais jugement ?
Nous ne voulons pas mettre les gens dans le même sac ; il ne faut pas que des actes graves commis par des éléments au sein des Frci, viennent salir la réputation de l’armée ivoirienne. C’est pour cela que nous exigeons que les auteurs des crimes graves au sein des Frci rendent compte devant la justice. Nous parlons des soldats qui ont tué sans raison des centaines de femmes et des enfants, des civils qui ne participaient pas aux combats. Ces victimes et leurs proches ont aussi droit à la justice. Cela ne veut pas dire que c’est l’ensemble des Frci qui est discrédité, mais c’est à la justice de faire son travail. Il n’y a pas de crime qui soit acceptable au nom d’aucune cause. De la même manière qu’on a dénoncé à grand bruit les crimes commis par l’armée de Laurent Gbagbo pendant la guerre, c’est pour ces mêmes raisons qu’on dénonce ces mêmes crimes commis par certains éléments des Frci.
Avez-vous ciblé des militaires du camp Ouattara qui auraient commis ces crimes graves ?
C’est à la justice de faire ce travail. Nous sommes une organisation de défense des droits de l’Homme, nous ne sommes pas des procureurs. Nous ne pouvons juger les gens. Nous avons décrit des faits qui sont faciles à vérifier. Si les procureurs vont à Duekoué, parlent aux victimes, aux témoins oculaires, ils pourront reconstituer ce qui s’est passé. Cela passe par l’exhumation des corps des fosses communes, et leur identification par autopsie. C’est un travail minutieux que doivent faire la police et les procureurs. HRW ne veut pas se substituer à la justice ivoirienne, pas plus qu’elle ne peut déclarer des gens coupables avant qu’ils ne soient jugés. Mais il y a de fortes présomptions qui planent sur certaines personnes. Il y a des faits graves qui ont été commis et c’est à la justice de faire la lumière sur ces affaires.
Les attaques continuent à l’Ouest. On a l’impression que vous accusez les Frci d’avoir fait régner l’ordre dans cette région instable. Devraient-elles laisser faire, de crainte d’être épinglées par les Ong ?
Il n’y a aucun doute que la Côte d’Ivoire fait encore face à un risque sécuritaire important et elle a le droit de se défendre face à cette situation. Notre rapport ne dit pas que l’armée ivoirienne devrait laisser les bandes armées venir commettre des attentats ou attaquer des casernes. Nous disons qu’il y a des gens au sein des Frci qui ont sans doute commis des crimes d’une immense gravité, tué des centaines de personnes, des enfants et de femmes, violé, torturé. Il n’y a pas de raison qu’il y ait l’impunité pour ces personnes ; il n’y a pas d’impératifs sécuritaires qui justifient ces crimes graves. Pour défendre sa patrie, on n’a pas besoin de tuer des femmes et des enfants, de violer, de torturer. Les gens qui ont commis ces crimes ont leur place en prison et non au sein des forces armées de Côte d’Ivoire.
Vous restez muet quand les Frci sont attaquées et tuées, mais vous produisez des rapports quand elles ripostent. Pourquoi deux poids, deux mesures ?
Vous ne pouvez pas nous accuser de prendre parti pour un camp contre un autre. Pendant la crise, nous avons produit des rapports plus volumineux et plus détaillés que n’importe qui d’autre sur les crimes commis par les forces de Laurent Gbagbo. Nous avons plus d’éléments même que la Cpi à charge contre Laurent Gbagbo. Nous sommes sur un sol très ferme ici. Nous ne sommes pas dans les querelles politiques ou de soutien à un camp contre un autre, mais pour défendre les victimes des violations graves des droits de l’Homme. Nous ne défendons pas les partis, mais les gens dont les proches ont été tués de façon atroce. Une femme qui a perdu ses deux enfants et son frère a droit à la justice. Ceux qui veulent croire que nous avons des préoccupations politiques ont un agenda en poche; ils essaient de détourner l’attention. C’est de la diversion et je vous mets au défi de me démontrer s’il y a une organisation qui a fait plus que HRW pour dénoncer les crimes commis sous Laurent Gbagbo.
Quel est l’objectif visé par tous ces rapports ?
Notre objectif reste l’instauration d’une justice impartiale et non celle des vainqueurs ; nous voulons une justice qui s’intéresse aux crimes et pas seulement à ceux qui les ont commis. Mais malheureusement en Côte d’Ivoire, nous n’avons pas l’impression de progresser dans ce sens. Cependant, il n’est pas trop tard, car le président a fait une déclaration très courageuse à la fin de la guerre. Il a créée une Commission nationale d’enquête qui a fait un travail remarquable en soutenant que des crimes avaient été commis par les deux camps. On ne peut pas soupçonner cette Commission qui a été créée par le président Ouattara, de travailler pour les intérêts des pro-Gbagbo. Il a créé une cellule spéciale d’investigation et la Cdvr ; ce sont des gestes forts, importants, mais malheureusement ces actes n’ont pas été suivis d’effets dans les mois qui ont suivi. J’espère que notre rapport sera un peu un signal du réveil.
Nomel Essis