Emotions, pleurs mais aussi compassion, la tristesse se lisait hier sur les visages dans la cour de la mosquée de ‘’Camp militaire’’ à Yopougon. En effet, comme annoncé, le gouvernement a procédé au lancement de l’opération d’exhumation des victimes décédées lors de la crise postélectorale et enterrées dans des fosses communes. Et les populations ont accouru pour assister à la manifestation. Le ministre de la Justice, des Droits de l’homme et des Libertés publiques en a profité pour expliquer le sens de l’opération. « Près de deux (02) ans après la tragédie de la crise postélectorale, de nombreux corps et restes humains reposent toujours dans des espaces publics, des concessions, des lieux de culte pour ne citer que cela. Cette situation ne pouvait pas s’éterniser. Il fallait absolument procéder à l’exhumation de ces restes humains pour permettre aux familles de faire leur deuil, permettre à la Justice de mener ses investigations en vue de la manifestation de la vérité et recréer un environnement sain», a-t-il indiqué d’emblée. Selon lui, le choix de la commune de Yopougon et particulièrement de la mosquée du Camp militaire pour lancer l’opération, n’est pas fortuit. «Dans le district d’Abidjan, Yopougon est sans conteste l’une des communes qui a payé le plus lourd tribut aux violences postélectorales. Sur 57 sites découverts sur l’ensemble du territoire national, 36 ont été répertoriés dans cette seule commune. Du point de vue symbolique, il n’y a pas une localité mieux indiquée pour accueillir la présente cérémonie. Dans l'attente des résultats de ces opérations, nous n'avons de certitude que sur le site de cette mosquée. Nos enquêtes ont confirmé que les restes de quatre (04) enfants tués par balles et brûlés reposent dans ce site», a précisé le premier responsable de la Justice. Pour le ministre, la réconciliation nationale et la paix dépendent du succès de ces opérations qui auront lieu sur l’ensemble du territoire national. Car, a-t-il estimé, elles permettront la manifestation de la vérité sur les causes et les auteurs des tueries. «Elles tendent enfin à donner à la Justice les moyens d’organiser des procès sérieux, transparents et équitables afin que l’impunité cesse d’être une règle dans ce pays», a-t-il annoncé. Avant de remercier tous les partenaires du ministère, notamment, l’ONUCI, IVOSEP, le Comité International de la Croix Rouge, l’Institut Médico-légal qui œuvrent à la réussite des opérations. «Nous sommes inconsolables et digne de compassion», a affirmé le ministre. Les chrétiens et les musulmans ont dit des prières pour le bon déroulement des opérations et surtout pour la restauration de la paix en Côte d’Ivoire. Quand les chefs traditionnels ont interpelé les hommes politiques sur les comportements et discours qui enflamment les c?urs et maintiennent la mésentente et la désunion. La cérémonie a pris fin par le coup de pioche du ministre pour éventrer une tombe dans la cour.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara