Toutes ses actions sont comme un feu de pailles. Elles commencent très fort pour finir petitement. Parce que fondées essentiellement sur la communication haut débit encadrée, elle, par une virtualité excessive qui donne l’illusion d’une réalité vivante, les actions d’Alassane Ouattara finissent toujours par faire un flop.
C’est le député de Bako de l’époque, Mamadou Ben Soumahoro qui, il y a un peu plus de dix ans, attirait le premier notre attention sur ce phénomène quasi-naturel chez l’homme de la communauté internationale. «Petit frère, avait commencé le député, ne vois-tu pas que Ouattara finit toujours par échouer ? Comment ça, grand-frère ? l’ai-je interrogé. Sa réponse est une invite formelle à la recherche. Observe, dira-t-il, et tu reviendras me voir».
Depuis la fin de cette conversation, j’ai interrogé mes souvenirs et observé «le flux et le reflux» de l’histoire de Ouattara dont certains milieux occidentaux (pas toujours les moins irréprochables) disent qu’il leur ressemble.
Premier souvenir : 1990. La Côte d’Ivoire découvre un homme qu’on dit être né sur les 322.000 km2. Houphouët-Boigny l’aurait fait venir en Côte d’Ivoire pour l’aider, sur insistance des bailleurs de fonds à qui le Vieux demandait d’importantes ressources financières pour faire face à la crise qui frappe durement son pays. Pour respecter les engagements pris vis-à-vis de ses partenaires, Houphouët donne à Ouattara de nombreux pouvoirs et fait même de lui, ôh divine surprise !, numéro 2 du PDCI-RDA devant les sages et anciens compagnons de lutte du vieux. Le parti se met donc à sa disposition ainsi que l’ensemble des medias d’Etat. C’est l’euphorie ! C’est l’arrogance ! C’est la suffisance ! C’est la démence ! Mais c’est aussi, et subséquemment, la dictature!
Moins de trois ans seulement après, dans le dernier trimestre de l’année 1993, c’est la catastrophe. Ouattara annonce à la télévision ivoirienne, à la place d’Houphouët mourant, qu’il n’a rien pu faire pour redresser la barre. Il invitait ainsi les Ivoiriens à serrer davantage leurs ceintures parce qu’à partir de la fin décembre 1993, son gouvernement n’allait plus être en mesure de payer les salaires des fonctionnaires. Quelques jours après, il perd tout le pouvoir.
Second souvenir : 1999. Mais Ouattara n’est pas homme à se laisser abattre au premier couac. D’ailleurs, les spécialistes du comportement qui connaissent son «histoire» assurent que la culture à laquelle il appartient n’abdique jamais tant qu’il y a un espace pour le rêve. Après avoir annoncé quelques mois auparavant qu’il frappera le pouvoir de Bédié qui tombera comme un fruit mûr, ses hommes ont mis la menace à exécution et à la Noël 1999, Bédié se réfugie en France. Une fois encore, l’inconséquence, l’arrogance et l’amateurisme l’amèneront à regarder le pouvoir lui échapper.
Première observation : 2003. Il y a cinq mois que les mêmes hommes de Ouattara ont remis le couvert. Cette fois, c’est Laurent Gbagbo qui est au pouvoir. Soutenue activement par la France, la rébellion tenue par les hommes de Ouattara impose à Gbagbo un partage (largement à l’avantage des rebelles) du pouvoir. En janvier 2003, c’est fait. Ouattara et ses hommes se tapent la poitrine. Sous la pression de la France de Chirac et son armée, Gbagbo est dépouillé. Mais la maladresse habituelle et l’incompétence de Ouattara et ses hommes remettront Laurent Gbagbo en selle dont la dextérité et l’habileté ont fait la différence. D’où le Dialogue direct qu’il a initié pour se sortir des griffes de la France.
Seconde observation : 2010. On l’a déjà dit. Ouattara ne s’avoue pas vaincu aussi facilement même devant la loi fondamentale. En décembre 2010, le Conseil constitutionnel le déclare perdant de l’élection présidentielle qui a eu lieu une semaine auparavant. Il refuse le résultat définitif et appelle la communauté internationale à le reconnaitre comme le gagnant de cette élection. Il s’appuie ainsi sur des résultats provisoires proclamés dans des conditions illégales par le président de la Commission chargée des élections. Evidemment, son appel est entendu par la France dirigée alors par son ami Sarkozy. Lequel mobilise toute la communauté internationale qui se ligue contre Laurent Gbagbo. Le président ivoirien est alors bombardé des jours durant par l’armée mondiale avant d’être kidnappé. Depuis, Ouattara est aux commandes de la Côte d’Ivoire. Il bénéficie de toutes les faveurs du monde. Ses hommes tuent, volent, violent…personne ne lève le petit doigt pour freiner leur ardeur criminelle. Sur le terrain économique et financier, c’est, selon lui, la pluie des milliards. L’argent est mal géré, mal redistribué et détourné à d’autres fins. Silence de cimetière.
Ouattara et son équipe bénéficient même des grands travaux initiés par Gbagbo avec leurs financements. Et comme dans ce genre de situation, on finit par se prendre pour le centre de la terre, l’arrogance, la suffisance et l’intolérance sont remontées vite à la surface. Les populations grognent. Les investisseurs s’en mêlent. Les ONG de défense des droits humains ne veulent plus se taire. Les travailleurs qui voient de plus en plus leur avenir s’assombrir débraient pour espérer se faire entendre. Les élèves, las d’attendre leurs maîtres dont ils apprennent plutôt l’incarcération, descendent dans les rues pour exiger l’ouverture de l’école. Paris qui ronronnait jusque-là donne maintenant des ultimata. Washington ne veut pas être en reste et met sévèrement en garde. Ouattara qui n’a pas vu venir la fin de l’état de grâce est pris à la gorge.
Dans la bataille électorale du 21avril dernier qui a vu ses partisans mettre le feu au pays parce qu’ils refusent, comme lui-même l’a fait en novembre 2010, d’accepter leur défaite, l’ex-chouchou des occidentaux n’est pas loin de perdre son allié stratégique : le PDCI-RDA. Le vieux parti dit haut et fort son indignation et sa déception devant la violence que son allié RDR exerce sur lui. La déception est si grande que cette fois-ci, Bédié pourrait ne pas arriver à convaincre ses «suiveurs» de rester à la remorque du RDR. Les temps sont durs et les nuages qui s’amoncèlent dans le ciel vert-orange indiquent clairement que le temps s’est gâté.
Et l’on commence à penser sérieusement au scénario du special looser, l’homme qui finit toujours par tout perdre.
Abdoulaye Villard Sanogo
C’est le député de Bako de l’époque, Mamadou Ben Soumahoro qui, il y a un peu plus de dix ans, attirait le premier notre attention sur ce phénomène quasi-naturel chez l’homme de la communauté internationale. «Petit frère, avait commencé le député, ne vois-tu pas que Ouattara finit toujours par échouer ? Comment ça, grand-frère ? l’ai-je interrogé. Sa réponse est une invite formelle à la recherche. Observe, dira-t-il, et tu reviendras me voir».
Depuis la fin de cette conversation, j’ai interrogé mes souvenirs et observé «le flux et le reflux» de l’histoire de Ouattara dont certains milieux occidentaux (pas toujours les moins irréprochables) disent qu’il leur ressemble.
Premier souvenir : 1990. La Côte d’Ivoire découvre un homme qu’on dit être né sur les 322.000 km2. Houphouët-Boigny l’aurait fait venir en Côte d’Ivoire pour l’aider, sur insistance des bailleurs de fonds à qui le Vieux demandait d’importantes ressources financières pour faire face à la crise qui frappe durement son pays. Pour respecter les engagements pris vis-à-vis de ses partenaires, Houphouët donne à Ouattara de nombreux pouvoirs et fait même de lui, ôh divine surprise !, numéro 2 du PDCI-RDA devant les sages et anciens compagnons de lutte du vieux. Le parti se met donc à sa disposition ainsi que l’ensemble des medias d’Etat. C’est l’euphorie ! C’est l’arrogance ! C’est la suffisance ! C’est la démence ! Mais c’est aussi, et subséquemment, la dictature!
Moins de trois ans seulement après, dans le dernier trimestre de l’année 1993, c’est la catastrophe. Ouattara annonce à la télévision ivoirienne, à la place d’Houphouët mourant, qu’il n’a rien pu faire pour redresser la barre. Il invitait ainsi les Ivoiriens à serrer davantage leurs ceintures parce qu’à partir de la fin décembre 1993, son gouvernement n’allait plus être en mesure de payer les salaires des fonctionnaires. Quelques jours après, il perd tout le pouvoir.
Second souvenir : 1999. Mais Ouattara n’est pas homme à se laisser abattre au premier couac. D’ailleurs, les spécialistes du comportement qui connaissent son «histoire» assurent que la culture à laquelle il appartient n’abdique jamais tant qu’il y a un espace pour le rêve. Après avoir annoncé quelques mois auparavant qu’il frappera le pouvoir de Bédié qui tombera comme un fruit mûr, ses hommes ont mis la menace à exécution et à la Noël 1999, Bédié se réfugie en France. Une fois encore, l’inconséquence, l’arrogance et l’amateurisme l’amèneront à regarder le pouvoir lui échapper.
Première observation : 2003. Il y a cinq mois que les mêmes hommes de Ouattara ont remis le couvert. Cette fois, c’est Laurent Gbagbo qui est au pouvoir. Soutenue activement par la France, la rébellion tenue par les hommes de Ouattara impose à Gbagbo un partage (largement à l’avantage des rebelles) du pouvoir. En janvier 2003, c’est fait. Ouattara et ses hommes se tapent la poitrine. Sous la pression de la France de Chirac et son armée, Gbagbo est dépouillé. Mais la maladresse habituelle et l’incompétence de Ouattara et ses hommes remettront Laurent Gbagbo en selle dont la dextérité et l’habileté ont fait la différence. D’où le Dialogue direct qu’il a initié pour se sortir des griffes de la France.
Seconde observation : 2010. On l’a déjà dit. Ouattara ne s’avoue pas vaincu aussi facilement même devant la loi fondamentale. En décembre 2010, le Conseil constitutionnel le déclare perdant de l’élection présidentielle qui a eu lieu une semaine auparavant. Il refuse le résultat définitif et appelle la communauté internationale à le reconnaitre comme le gagnant de cette élection. Il s’appuie ainsi sur des résultats provisoires proclamés dans des conditions illégales par le président de la Commission chargée des élections. Evidemment, son appel est entendu par la France dirigée alors par son ami Sarkozy. Lequel mobilise toute la communauté internationale qui se ligue contre Laurent Gbagbo. Le président ivoirien est alors bombardé des jours durant par l’armée mondiale avant d’être kidnappé. Depuis, Ouattara est aux commandes de la Côte d’Ivoire. Il bénéficie de toutes les faveurs du monde. Ses hommes tuent, volent, violent…personne ne lève le petit doigt pour freiner leur ardeur criminelle. Sur le terrain économique et financier, c’est, selon lui, la pluie des milliards. L’argent est mal géré, mal redistribué et détourné à d’autres fins. Silence de cimetière.
Ouattara et son équipe bénéficient même des grands travaux initiés par Gbagbo avec leurs financements. Et comme dans ce genre de situation, on finit par se prendre pour le centre de la terre, l’arrogance, la suffisance et l’intolérance sont remontées vite à la surface. Les populations grognent. Les investisseurs s’en mêlent. Les ONG de défense des droits humains ne veulent plus se taire. Les travailleurs qui voient de plus en plus leur avenir s’assombrir débraient pour espérer se faire entendre. Les élèves, las d’attendre leurs maîtres dont ils apprennent plutôt l’incarcération, descendent dans les rues pour exiger l’ouverture de l’école. Paris qui ronronnait jusque-là donne maintenant des ultimata. Washington ne veut pas être en reste et met sévèrement en garde. Ouattara qui n’a pas vu venir la fin de l’état de grâce est pris à la gorge.
Dans la bataille électorale du 21avril dernier qui a vu ses partisans mettre le feu au pays parce qu’ils refusent, comme lui-même l’a fait en novembre 2010, d’accepter leur défaite, l’ex-chouchou des occidentaux n’est pas loin de perdre son allié stratégique : le PDCI-RDA. Le vieux parti dit haut et fort son indignation et sa déception devant la violence que son allié RDR exerce sur lui. La déception est si grande que cette fois-ci, Bédié pourrait ne pas arriver à convaincre ses «suiveurs» de rester à la remorque du RDR. Les temps sont durs et les nuages qui s’amoncèlent dans le ciel vert-orange indiquent clairement que le temps s’est gâté.
Et l’on commence à penser sérieusement au scénario du special looser, l’homme qui finit toujours par tout perdre.
Abdoulaye Villard Sanogo