Les Ivoiriens méritent-ils d’avoir une opinion ? Non ! La sentence est violente. Mais elle est l’expression de ce que le colon pense. La crise postélectorale en Côte d’Ivoire rappelle bien à tous, que les impérialistes ne sont jamais partis de l’Afrique. Ils décident de tout. Du choix de nos présidents de la république. Du choix des présidentiables aussi bien au sein de l’opposition significative que du pouvoir. Ils veulent tout contrôler. Et pour ce faire, ils n’y vont pas de main morte. Que faire face à cette réalité ? Se dire comme des défaitistes que la France, celle des prédateurs est «trop puissante», «trop forte» pour cette petite Côte d’Ivoire ? Que les traîtres à la cause nationale sont si nombreux et si puissants qu’ils n’y a rien à espérer d’un changement politique ? Et si avec le monde du syndicat des agriculteurs, Houphouët-Boigny, Gabriel Dadié et bien d’autres devanciers, s’étaient enfermés dans cette logique de défaitistes? En disant : «on ne peut rien faire», «Ils sont trop forts» ? Aurait-on survécu à l’esclavage, au travail forcé… ? C’est vrai, ce qui manque le plus aux hommes politiques de nos pays en développement, c’est, en dehors du courage politique, la stratégie politique. Voir comment anticiper les crises. Comment anticiper les solutions aux crises éventuelles ? Les plans «b» font-ils partie des réflexions ? Si oui, on fait quoi maintenant que tous les cartes ont été tirées ? Tout est désormais clair. Le régime se sait incompétent. Les échecs de sa gouvernance sont visibles. Il le reconnaît du reste. Et sollicite malgré tout, un autre suffrage du peuple. Que faire ? Bien sûr la sanction des urnes. Y penser quand le jeu électoral est pipé n’est ce pas de la folie ? Surtout que le régime s’accroche et développe le reflexe de «la terre brûlée» et une paranoïa dévorante ? Il s’accroche pour sa survie à la violence. Au dénie des droits de l’homme. Se maintenir au pouvoir par la dictature n’est plus pour lui un rêve. Mais une nécessité vitale... En maintenant en prison les opposants. En les réduisant au silence. En les affamant. En les traumatisant. Avec la complicité de ceux qui les ont fait roi. Car, pour le pouvoir d’Abidjan, libérer Abdramane Sangaré, Affi Nguessan, Simone Gbagbo et autres, des goulags du Nord, c’est se faire hara-kiri. L’aura de ces opposants ferait sauter le couvercle d’un pouvoir chancelant. Et les acteurs de la démocratie de la bombe croient qu’ils perdraient tout. Avec eux, leurs maîtres. De gauche, de droite ou du centre, le pouvoir français se présente sous le même visage, une fois à l’Elysée. La real politik prend le pas sur l’idéologie et les professions de foi. Ce qui compte dorénavant n’est rien d’autre que la survie du système. Un système qui met en avant la primauté de la France et donc de l’Etat qui doit lui apporter le souffle nécessaire à sa survie économique. Le reste n’est qu’habillage. Côte d’Ivoire, Mali ? Les leçons que certains intellectuels africains tirent aujourd’hui des situations de ces deux pays, restent encore des approches théoriques. Car, nul ne répond clairement à la question du «on fait quoi maintenant»? Les islamistes qui occupent le Nord du mali ont droit à des plateaux de télé en France. Ils prennent part à des débats entourés des mêmes «spécialistes français» qui savent tout des crises en Afrique. Des guerres qui opposeraient toujours un Sud riche à un Nord pauvre. Un Nord marginalisé alors que le Sud est épanoui. Solution : la redistribution des richesses nationales passe par le canon. Ces idéologues occidentaux vont jusqu’à encourager l’autonomie aux islamistes. Quand ces derniers parlent d’«indépendance», leurs amis «spécialistes» ou «journalistes» sur le plateau, mettent vite dans leur bouche la version corrigée : «vous voulez dire, «autonomie» ? Et le pantin de service de reprendre, se bombant la poitrine et se léchant les babines : «Oui, je voulais parler de l’autonomie». Les souverainistes maliens qui suivent ce genre de mise en scène, souffrent le martyr. Eux qui pour la plupart, ne comprenaient pas que des «patriotes» ivoiriens se plaignent des «discours fumeux» d’un certain Guillaume Soro, ex-chef rebelle déclaré, à qui le pouvoir français déroulait le tapis. D’une région à l’autre, on est frappé par la similitude du discours des rebelles et autres islamistes amis des atlantistes .Rien ne change. C’est le même disque. En Côte d’ Ivoire comme au Mali, les puissances financières, politiques et militaires qui tirent les ficelles de ces crises continueront de jouer au pourrissement de la situation. Elles n’ont pas intérêt à ce que la volonté du peuple et surtout la raison, priment sur les «arrangements» observés. Dans les chancelleries occidentales, le mot d’ordre qui se veut un conseil aux ivoiriens, sonne faux : Oubliez Gbagbo ! Evidemment, ces conseillers qui ont le regard toujours tourné sur les ressources des pays pauvres, ont horreur de s’entendre dire qu’ils ne sont rien d’autre que des «profiteurs» Aminata Traoré, l’universitaire malienne qui a essuyé un refus de visa Schengen récemment alors qu’elle était invitée à une conférence, peut dire : «Sarkozy est intervenue militairement, avec les Nations unies en cheval de Troie, pour ce que je considère comme une action de dressage démocratique de l’homme africain.»
Francesca Adeva
Francesca Adeva