Impossible que j’aie perdu » ! Comme s’ils s’étaient passé le mot, le propos revient comme un slogan sur les lèvres des candidats du Rdr, qui ont perdu la compétition dans leurs circonscriptions respectives aux dernières élections locales du 21 avril. Ainsi pour le ministre Cissé Bacongo, qui briguait la municipalité de Koumassi, à Abidjan. «On ne peut pas raisonnablement dire que les résultats proclamés par la Cei (Commission électorale indépendante) sont sincères et crédibles. C’est impossible. Il ne faut surtout pas se laisser abuser par l’argument selon lequel chaque candidat a des représentants. En plus des représentants, il faut que les PV des dépouillements soient des vrais, or ce que nous avons vu ne sont pas des PV de dépouillements, ce sont des PV préfabriqués», confie-t-il dans une interview publiée le 30 avril dans «Le Patriote». La directrice de campagne du ministre avait prévenu que son mentor n’acceptera pas de verdict autre que sa victoire. Parole tenue. Mais il y a mieux. Le ministre perdant va jusqu’à repousser l’idée que ses autres camarades Républicains aient pu perdre le scrutin dans les communes avoisinantes de Treichville et de Marcory. «Ce qui s’est passé à Koumassi n’a rien de spécifique à Koumassi. Ça s’est passé aussi ailleurs, notamment à Treichville. Dans cette commune, le Rdr, pendant la Présidentielle était en tête. Au second tour, nous étions à plus de 70 %. Aux Législatives, nous étions dans les mêmes proportions. Je veux qu’on m’explique mathématiquement comment le candidat du RDR peut perdre dans ces cas. Ce n’était pas possible qu’il perde. Il pouvait peut-être perdre de quelque pourcentage, mais pas l’élection. Ce qui s’est passé à Koumassi et certainement à Marcory, c’est le même mode opératoire qui a été utilisé. C’est pourquoi, il faut aller au-delà de ces élections pour voir ce qui nous attend en 2015. Le seul et unique intérêt que j’ai trouvé à ces élections, c’était de préparer 2015. Il faut tirer toutes les leçons des élections municipales. Il faut voir la bataille de 2015. Les hommes, les stratégies et les modes opératoires ont été expérimentés. Ces élections nous ouvrent les yeux sur 2015», assure-t-il.
« On gagne ou on gagne »…
2015 ? Si des élections circonscrites localement déchainent tant de secousses sismiques, on se demande bien ce qu’il en sera d’un scrutin présidentiel, à caractère national, et qui culmine en soi toutes les passions politiques. La menace est là. Qui pourrait même prendre la forme d’une contestation des résultats de la Commission électorale indépendante, voire des juridictions électorales. Et le propos de cet autre ministre, Anne Ouloto, se lit comme un avertissement. «Je ne vois pas comment nos adversaires pourront gagner ces élections. Et d’ailleurs, qui peut proclamer les résultats du vote dans le Cavally, car je doute des résultats de Tinhou. L’avantage que Banzio a sur moi, c’est qu’il est ancien ministre. Et moi, mon avantage, c’est que je suis encore ministre en fonction. Je ne suis pas n’importe quel ministre d’Alassane Ouattara. En apôtre bien disciplinée, j’attends les résultats de la CEI. Et deux options s’offrent à elle. Soit c’est moi qui sors vainqueur ou on reprend les élections dans le Cavally», prévenait-elle le mercredi 24 avril 2013, à sa résidence à Cocody. Entendez donc : n’importe qui ne peut perdre n’importe quelle élection. Comme une révélation divine, en l’absence pourtant de sondages et de statistiques scientifiques, des candidats perdants Républicains prenaient donc pour postulat que la compétition ne pouvait se solder autrement que par leur victoire. Les mots, on le sait, préparent souvent les maux. Et ces mots résonnent comme les permices d’un malaise à l’horizon 2015. D’ailleurs, si les mêmes ingrédients provoquent les mêmes cocktails, alors une autre menace est à craindre du côté des Frci. On savait déjà que des commandants Frci ont, par endroits, influencé la dernière campagne électorale, le vote et son issue. On sait désormais que cette influence militaire reste intacte dans certaines zones. «L’influence de certains commandants des Forces nouvelles qui sont dans des positions officielles dans l’armée ivoirienne se poursuit et se traduit par la prédation des ressources», explique Gilles Yap, chercheur à l’Ong internationale Crisis Group, qui s’appuie sur le dernier rapport de l’Onu sur la crise ivoirienne. L’idée d’une crise postélectorale en 2015 n’est donc plus un sujet tabou. C’est peut-être maintenant qu’il faut élever dans l’esprit des leaders politiques les bastilles contre une éventuelle irruption électorale. On se souvient qu’un slogan du genre «on gagne ou on gagne», avait enflammé les esprits. Tout près n’est pas loin.
Benoit HILI
« On gagne ou on gagne »…
2015 ? Si des élections circonscrites localement déchainent tant de secousses sismiques, on se demande bien ce qu’il en sera d’un scrutin présidentiel, à caractère national, et qui culmine en soi toutes les passions politiques. La menace est là. Qui pourrait même prendre la forme d’une contestation des résultats de la Commission électorale indépendante, voire des juridictions électorales. Et le propos de cet autre ministre, Anne Ouloto, se lit comme un avertissement. «Je ne vois pas comment nos adversaires pourront gagner ces élections. Et d’ailleurs, qui peut proclamer les résultats du vote dans le Cavally, car je doute des résultats de Tinhou. L’avantage que Banzio a sur moi, c’est qu’il est ancien ministre. Et moi, mon avantage, c’est que je suis encore ministre en fonction. Je ne suis pas n’importe quel ministre d’Alassane Ouattara. En apôtre bien disciplinée, j’attends les résultats de la CEI. Et deux options s’offrent à elle. Soit c’est moi qui sors vainqueur ou on reprend les élections dans le Cavally», prévenait-elle le mercredi 24 avril 2013, à sa résidence à Cocody. Entendez donc : n’importe qui ne peut perdre n’importe quelle élection. Comme une révélation divine, en l’absence pourtant de sondages et de statistiques scientifiques, des candidats perdants Républicains prenaient donc pour postulat que la compétition ne pouvait se solder autrement que par leur victoire. Les mots, on le sait, préparent souvent les maux. Et ces mots résonnent comme les permices d’un malaise à l’horizon 2015. D’ailleurs, si les mêmes ingrédients provoquent les mêmes cocktails, alors une autre menace est à craindre du côté des Frci. On savait déjà que des commandants Frci ont, par endroits, influencé la dernière campagne électorale, le vote et son issue. On sait désormais que cette influence militaire reste intacte dans certaines zones. «L’influence de certains commandants des Forces nouvelles qui sont dans des positions officielles dans l’armée ivoirienne se poursuit et se traduit par la prédation des ressources», explique Gilles Yap, chercheur à l’Ong internationale Crisis Group, qui s’appuie sur le dernier rapport de l’Onu sur la crise ivoirienne. L’idée d’une crise postélectorale en 2015 n’est donc plus un sujet tabou. C’est peut-être maintenant qu’il faut élever dans l’esprit des leaders politiques les bastilles contre une éventuelle irruption électorale. On se souvient qu’un slogan du genre «on gagne ou on gagne», avait enflammé les esprits. Tout près n’est pas loin.
Benoit HILI