1977. Simplice De Messé Zinsou appuyé par Louis Sempah renversèrent Guy Ayéna. Le club cher à Seri Mogador venait ainsi de prendre dent avec l’histoire. Trente-six ans après ce premier coup d’Etat, le club a du mal à se défaire de l’image de club de «palabres». La dernière crise en date nécessite un retour en arrière, jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour voir comment Zinsou, malgré ses belles années à la tête du club avec cinq titres de champion de Côte d’Ivoire (1977, 1978, 1982, 1983, 1985), une Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 1992 et une super Coupe d’Afrique en 1993, a plongé le club dans une spirale de crises. Le grand Manitou ou encore ZS pour les intimes assis confortablement et fort du soutien financier sans faille du premier président de la Côte d’Ivoire indépendante décide alors de mettre fin aux cotisations des membres qui ont toujours permis au club de vivre. Commence alors une nouvelle ère pour le club vert et rouge. Avec le pactole de feu Félix Houphouët-Boigny, il fait la pluie et le beau temps. Mais au terme de la saison 1985 malgré le titre de champion de Côte d’Ivoire, les supporters montent au créneau et exigent plus de transparence dans la gestion du club. Bousculé, Zinsou est poussé vers la sortie et arrive Blé Lucien, alors cadre supérieur d’une banque de la place. Sacré champion en 1986, il est contraint de rendre le tablier après de multiples et fréquents chantages exercés par le “grand Manitou”. Legré Charles est copté en 1987 avant de céder sa place à Sidibé Moussa. Confrontés aux coups bas orchestrés par certains dirigeants, joueurs et supporters, il rend le tablier et on assiste au come-back de Zinsou en 1989. Un retour qui conforte tous ceux qui ont soupçonné ZS d’être à la base des différents débarquements à la tête du club depuis son départ en 1985. Justifiant son pseudo de grand Manitou, Zinsou se cache derrière Méité Yaya qui remporte la Coupe des vainqueurs de coupe en 1992. Dans la foulée de ce sacre continental ZS pousse Méité et s’installe dans le fauteuil présidentiel. Cette nouvelle prise de pouvoir ne sera pas de longue durée puisqu’en 1994, Zinsou «se retire sur la colline». Un repli stratégique comme on le dit dans le langage militaire puisque Zinsou dont la source de financement, feu Félix Houphouët-Boigny venait d’être arraché à l’affection de la Nation un an plus tôt, a tari commençait à mesurer l’ampleur de la mission. Doré Lacina accéda alors à la présidence du club. Son mandat sera émaillé de crises aussi qui atteignent leur point culminant en février 1996. Bien que n’étant pas au premier plan, Zinsou dirigeait le club avec ses hommes restés dans le comité directeur dont Doré en personne. Mais les relations entre les deux hommes vont être affectées et ZS nomme en lieu et place de Doré démissionnaire Sidibé Moussa qui démissionne une saison après. En 1997 Simplice De Messé Zinsou revient au premier plan. Mais ce retour sera celui de l’humiliation puisque plusieurs dirigeants mécontents de sa façon de faire orchestrent un mouvement de contestation. Le président fait de la résistance mais plus forts, les contestataires vont avoir raison de lui. Et le 7 septembre 1997, il adresse aux membres d’honneurs une lettre de démission volontaire. Une date qui sonne définitivement la fin de celui aurait pu être l’homme de la construction du club. Car venu par un coup de force, le premier de l’histoire du club, Zinsou est parti dans les mêmes conditions. Doré Lacina chassé en 1996 revient aux affaires après la période de transition gérée par Koffi N`Guessan Pierre (membre d’honneur). Alain Richard Donwahi installé dans des circonstances troubles après avoir chassé une seconde fois Doré Lacina est à son tour poussé vers la porte par Kuyo Téa Narcisse. Ce dernier tient bien que mal la barque jusqu’en 2010 avec l’avènement de la crise post-électorale. Eric Tiacoh prend les rênes du club et gère la transition puisque le mandat de Kuyo courait toujours. Alors que ce dernier s’attendait à être confirmé dans ses fonctions de président, il est dissuadé par les membres d’honneur qui lui préfèrent Koné Cheick Oumar. Annoncé en grandes pompes comme le nouveau messie, celui-ci est aujourd’hui vomi par ceux-là mêmes qui l’ont envoyé. Il lui est reproché une gestion artisanale, des promesses non tenues. Plongeant une nouvelle fois le navire vert et rouge dans les eaux tumultueuses. Mais comme les habitudes ont la peau dure, l’Africa Sports, 36 ans après a du mal à se départir de cette année de 1977 qui marque à jamais son quotidien.
OUATTARA Gaoussou
OUATTARA Gaoussou