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Sport Publié le samedi 18 mai 2013 | L’expression

Interview/ Berthe Adou (présidente de la commission de football féminin) : « Tôt ou tard, Anouma et Sidy vont se retrouver »

Ce n’est pas excessif de le dire. Berthe Adou Caye vit dans le foot et sans doute du foot depuis plus d’un quart de siècle. Aujourd’hui présidente de la commission du football de la FIF, membre de la commission du football féminin de la Caf, elle a atteint une certaine dimension dans le sport roi. Elle est donc bien dans son fauteuil quand elle parle du football ivoirien, des relations Anouma-Sidy, des Eléphants et de la commission qu’elle dirige.
De quel football féminin avez-vous hérité ?
Celui que vous voyez, c’est-à-dire un football féminin qui a été bien géré par tous ceux qui sont passés par là, avec des clubs qui ont l’habitude de participer au championnat, avec un championnat régulier, donc d’un bon football féminin.
On vous voit vous battre ça et là, quel standing voulez-vous donner au football féminin ivoirien?
Le standing qu’occupe le foot en Afrique. Quand on parle de football féminin, il faut voir déjà ce qui a été fait au niveau du football. Je suis membre du comité exécutif, donc je parle de football en général, il faut que ce qui s’y passe déteigne sur le football féminin. Donc le standing qu’a la fédération ivoirienne de football, le standing de notre équipe nationale sénior.
Les clubs de ligue 1 ont 50 millions de subvention, combien ont ceux du foot féminin ?
On a une subvention. La plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a. ça même revu à la hausse, il faut déjà dire merci à la Fif, on va partir tout doucement et nous pensons que dans quelques années, on va avoir une subvention conséquente.
Quel est le montant de la subvention de vos clubs ?
Quand nous sommes arrivés à la tête de la fédération en septembre 2011, les clubs avaient 1 500.000 fcfa. Le président de la fédération et le comité exécutif ont souhaité que cette subvention soit revue à la hausse. De 1 500 000 à 2 500 000. Maintenant que le dossier du football féminin est sur sa table, il a dit qu’il allait donner les moyens il l’a fait. Je parle parce que je suis dans la maison, c’est en cela que je dis que c’est bien que les membres du comité exécutif soit les présidents de la commission. Je vis leur réalité. Aujourd’hui il y a pas moins de partenaire. Le président est en train de faire des efforts pour en avoir pour que notre subvention soit majorée.
Ne pensez-vous pas que le faussé entre le football masculin et féminin est trop grand ?
Oui il faut le reconnaitre, le foot masculin est notre vache à lait. C’est parce qu’il y a la ligue 1, les Eléphants que le football féminin bénéficie de quelque chose. Il n’y a pas d’entrée payante. On essaie de survivre. L’écart est grand, mais il est en train de se resserrer. Il n’y pas de comparaison à faire. Aujourd’hui, on a besoin de moyens, besoin que les leaders d’opinion s’approprient cette discipline pour qu’on puisse aller de l’avant.
Quelle est votre politique pour développer le football féminin ?
Nous sommes passés de six à dix clubs. Il faut que le football féminin soit joué dans toutes les régions. Avec la direction technique nationale, nous sommes en train de voir comment il faut parcourir ces régions. A dix clubs, qu’on puisse avoir les moyens. Aujourd’hui, une joueuse est ici, demain elle est là-bas. Il faut revoir tout ça. Il faut que les clubs aient une adresse e-mail. Nous sommes à l’air des nouvelles technologies. Il faut des clubs restructurés avec des secrétariats permanents. Il y a beaucoup de choses à faire. Il y a la formation. Il y a en l’année dernière avec la Fifa, nous allons déposer des demandes pour les équipements. Faire en sorte que les dix clubs aient des ordinateurs. C’est ce qu’on va demander à la Fifa. C’est toutes ces choses qu’on est en train de mettre en place. Il y a du boulot mais il faut le faire avec beaucoup de passion.
Vous n’avez pas évoqué la formation à la base des athlètes…
Notre première préoccupation, c’était la formation quand nous sommes arrivés. Nous avons fait appel à la Fifa. On a fait un recyclage des entraîneurs. On a déposé un dossier sur la table de Kablan Sampon qui représente la Fifa en Côte d’Ivoire. Pour lui dire qu’on a besoin d’être formé. Et on va le faire. Et puis, la direction technique nationale qui va sillonner dans quelques mois les régions de Côte d’Ivoire pour qu’on puisse avoir des jeunes de U17, des U15 pour préparer la relève. Ça fait partie de nos objectifs.
Vous avez fait une ouverture de saison faste, quels sont les innovations pour cette saison ?
On va tenir le championnat. On a demandé aux clubs de s’entrainer au moins deux fois en semaine. Avec une séance d’entrainement toute les deux semaines on ne peut pas avoir de bons athlètes. Nous sommes en train de voir avec les clubs, qu’ils aient trois séances par semaine. Déjà cela nous permettra d’avoir un bon championnat bien disputé. Nous ne voulons une saison pleine pour qu’après, on puisse commencer la détection. C’est la même formule que l’année dernière. On va tout faire pour que le championnat soit médiatisé, pour qu’il y ait du public au parc des sports, et pourquoi ne pas aller jouer au Champroux. Faire mousser pour qu’on puisse avoir des partenaires, c’est l’objectif.
Les joueuses du football féminin sont-elles rémunérées ?
On va se battre pour trouver des partenaires. Si c’est le cas, c’est évident qu’on puisse donner aux clubs. Mais ce n’est pas à nous de le faire, mais aux clubs de donner les primes aux joueuses. C’est aux clubs de s’organiser. Nous, on organise les compétitions, on ne gère pas les clubs.
Comment avez-vous accueilli le sacre des Eléphants cadets en tant que membre du conseil exécutif de la Fif, et en tant que présidente de la commission de football féminin…
Comme supporter des Eléphants et membre de la Fif, c’est avec joie. Le coach Camara Ibrahim est à féliciter. Il a communiqué sa gagne aux athlètes, ça lui revient d’abord. Elle est aussi à la fédération qui lui a donné tous les moyens qu’il fallait. Vous comprenez que j’aimerais bien que la sélection nationale féminine puisse aussi donner un trophée à la Côte d’Ivoire. La fédération n’a pas lésiné sur les moyens pour que cette sélection puisse se préparer. Sans faire de comparaison, les cadets sont à leurs énièmes campagnes, on était à notre première participation. A force de participer, nous remporterons un titre continental un jour.
Qu’est-ce que le trophée remporté par les cadets représente pour la Fif ?
Je crois que ça va nous offrir plusieurs portes. Mais ces cadets doivent continuer de travailler. La politique mise en place par la fédération, c’est que ces cadets puissent se retrouver en junior, espoirs et séniors un jour. Et qu’ils puissent gagner d’autres trophées.
Cette Can des cadets fouette-t-elle votre orgueil en tant que présidente, ou vous rend-t-elle un peu jalouse…
Je ne dirai pas jalouse parce que c’est un vilain péché. Je dirai que ça nous motive, parce qu’en tant que membre de la fédération plusieurs trophées font notre affaire. Il ne faut pas nous contenter d’avoir ce trophée, il faudrait que d’autres suivent à tous les niveaux. Donc je ne suis pas jalousie, mais fière.
En deux ans vous avez participé à une Can, organisé un championnat. Quel bilan faites-vous de vos ans de gestion du foot féminin ?
Je dis déjà merci à Dieu pour la première participation à la Can. On ne le dit pas souvent mais ce n’est pas donné. C’est notre première participation de la Côte d’Ivoire à une Can féminine, il faut tirer le chapeau aux joueuses et à l’encadrement technique. C’est bon à prendre. On vient de remporter la Coupe de l’intégration à Dakar par les Onze sœurs, c’est à l’actif de la fédération, mais il faut saluer tous les clubs. Les Onze sœurs ne sont pas parties seules. On a été solidaire. Nous voulons nous en imprégner. Car c’est ensemble qu’on va sortir le football féminin du rend qu’il occupe aujourd’hui. Ça aussi c’est un grand pas.
Quelle leçon avez-vous tiré de la première participation de la Côte d’Ivoire à la Can ?
Il faut beaucoup de matchs amicaux. Une équipe, quels que soient ses moyens, doit se frotter à d’autres. On n’avait pas eu le temps matériel pour le faire. On avait prévu un regroupement à Accra, pour des problèmes, on n’a pas pu. Ce n’était pas de notre fait. Ce qui a fait qu’on s’est préparé à Abidjan. On n’a pas eu l’occasion de nous frotter aux grandes équipes comme le Nigéria, le Cameroun qui ont beaucoup de phases finale dans les jambes. Je retiens que prochainement, il nous faut plusieurs matchs amicaux, et le président a donné son accord.
Quel regard jetez-vous sur le football ivoirien, le championnat national ?
Le problème de championnat, c’est que les joueurs ne restent plus longtemps. Sinon on a tout ce qu’il faut. De bons joueurs, un championnat bien organisé il faut le reconnaitre. Malheureusement ces joueurs ne durent dans leur club. Dès qu’un joueur émerge, il s’en va en Europe même quand il n’a pas de clubs, ils préfèrent tourner là-bas. C’est comme ça on perd nos talents.
Que faut-il faire pour maintenir nos talents ?
Ce n’est pas le rôle de la fédération. C’est une affaire de parents et de club. Les enfants eux-mêmes ne veulent plus rester ici. Tous les matchs sont télévisés. Si un joueur est bon, on le remarque forcément. Mais c’est important d’avoir une base solide ici. La Fif est en train de mettre tous les moyens pour que les joueurs ne partent pas tout de suite. Est-ce qu’ils vont comprendre, on verra. Le problème, on n’a pas assez de partenaires.
Au moment où la Fif cherche des partenaires, elle se sépare du major qu’elle avait, c’est difficile à comprendre…
Je suis mal placé pour vous donner des informations. Mais tout problème a une solution. Je prie pour que les choses s’arrangent pour bonheur de tous.
Quelle analyse faites-vous de la gratuité des stades dans le Championnat ?
C’est vrai qu’il n’y a pas de recette, mais c’est comblé. La subvention est passée à 50 millions. Il faut donner l’envie au gens de venir au stade. Dans un ou deux ans, l’entrée sera payante comme dans les années 90, et les stades seront bourrés. Il faut déjà donner l’envie aux gens de vouloir venir au stade. C’est une stratégie. Mais je ne suis pas surprise. La politique a pris le pas sur le sport. Ce n’est pas le spectacle qui manque.
Hier vous avez travaillé avec Anouma, aujourd’hui vous êtes avec Sidy, il y a-t-il une différence entre ces deux hommes ?
Ce serait mentir si je dis qu’il n’y a pas de différence entre eux. Ce sont deux personnalités et personnes différentes qui ont des places dans mon cœur de façon différente. Donc il y a une différence. Anouman ce n’est pas Sidy Diallo, Sidy ce n’est pas Anouma.
Qu’en est-il de leur gestion ?
Je ne juge jamais mes supérieurs. Je ne parlerai pas de gestion d’Anouman comme je ne parlerai pas de la gestion de Sidy.
Vous connaissez donc très bien ces deux hommes…
Je les connais très bien depuis plus d’une vingtaine d’années. Vous comprenez que je n’ai pas de relation seulement sportive avec ces deux personnes, mais des relations familiales avec eux, donc comprenez. Même au niveau professionnel si je dois parler avec Sidy, je rentre dans son bureau, je discute avec lui. Tout ce qui concerne la fédération se passe dans son bureau. La fraternité, c’est chez lui à la maison ou chez moi.
Hier complices, Anouma et Sidy ne sont plus proches. Comment expliquez-vous cela, vous qui les connaissez bien ?
Ce sont deux adultes, deux personnes qui ont des liens, une amitié. Une fraternité comme celle-là ne prend pas fin. Il y a des incompréhensions, mais je vous l’assure, Sidy et Jacques ne tiennent pas à se séparer. Ils peuvent avoir des différends, mais ça ne peut pas les séparer définitivement. Ça dure le temps que ça va durer, mais il y a eu tellement de choses fortes entre eux que l’amour va prendre le dessus. Et je prie Dieu pour cela.
On peut dire que la Caf est venue « diviser » deux frères…
Oui, mais ça reste à l’étape des embuches. Ça ne peut pas les diviser définitivement.
Un bilan partiel de la gestion de Sidy ?
Beaucoup de choses sont faites. L’assurance est une réalité en moins de 2 ans. C’est une promesse de campagne qui a été réalisée. On m’a fixé pour objectif, une phase finale de Can, c’est fait. Beaucoup d’actions citoyennes sont faites. Pour Sidy, ce sont ses actions qui parlent, pas lui. Beaucoup d’actions ont été menées, des programmes de campagne sont en train d’être réalisés. En deux, beaucoup de choses ont été faites. Sans vraiment faire un bilan, mais notre programme de campagne est en train d’être réalisé.
Parlons des Eléphants avec qui vous vivez depuis 10 ans. Pourquoi ne gagnent pas de trophée majeur ?
On se pose tous la question. Je ne saurais vous répondre. J’ai vu ces enfants revenir de d’Egypte, de Cabinda, de Malabo en pleurs. Pour vous dire combien de fois ils ont envie de gagner.
Quels sont les vrais problèmes de la sélection ?
Je ne peux pas vous répondre pour la simple raison que je ne connais pas les problèmes de la sélection. Pour moi, il n’y a pas de problème véritablement, mais les problèmes de vestiaire existent partout. Mais je ne pense pas que ce soit ces problèmes qui nous barrent le chemin.
On parle de différends entre joueurs, que la fédération ne prend pas le courage de régler une fois pour toute…
Là, je ne vais pas vous répondre. Si vous voulez parler de football féminin, de la commission média de la Fif que je dirige, je vais vous répondre. Mais là où il y a deux personnes, il y a des problèmes. Vous avez peut-être des informations que je n’ai pas. Il peut y avoir des incompréhensions, mais pas jusqu’à les amener à se taper dessus au point de briser l’intérêt du pays.
Nous avons fait récemment un entretien avec le père de Kolo et Yaya qui disait que la Fif doit changer de fusil d’épaule…
Je ne peux pas parler à sa place. On sait ce qui se passe à la Fif, je n’étais pas là quand vous l’avez interviewé, je l’ai lu, on en a parlé, mais je ne peux pas parler à la place du père de Kolo. Il a peut-être des informations que je n’ai pas. Je suis à la fédération, je sais comment ça se passe. Qu’est-ce qu’il veut dire par changer de fusil d’épaule ? Je ne sais pas.
La Côte d’Ivoire est à cinq matchs du Mondial, avons-nous des chances d’y être ?
Je prie Dieu pour qu’on se qualifie, je n’ai pas d’autre commentaire.
Comment voyez-vous l’avenir du football féminin ?
On a besoin d’avoir des partenaires pour évoluer. Aujourd’hui, on ne peut pas faire du sport sans partenaires. Ce que je souhaite pour le football féminin. Que les leaders d’opinion, les femmes, les icônes puissent venir pour encadrer ces jeunes filles qui font quelque chose au lieu de rester dans les quartiers à ne rien faire. Je vais demander aux autorités de voir ce qu’on peut faire, ensemble, pour celles qui veulent aller à l’école et qui n’en ont pas les moyens. Voilà un peu ce que je voudrais faire pour le football féminin. Rencontrer des personnes qui comptent pour aider ces jeunes filles à avoir une vie plus saine. Ce sont mes objectifs.
Que pensez-vous de l’implication de l’Etat dans le sport, en général, et dans le football en particulier ?
Ecoutez, c’est relatif. Que le ministère essaie de voir comment est-ce que l’Etat peut s’impliquer pour que ces jeunes puissent avoir les moyens pour pouvoir vivre de leur art. Je ne demande pas qu’on nous donne tous les moyens, mais juste un peu. Au Gabon, l’Etat s’implique, dans d’autres pays aussi. Chez nous, on doit revoir la politique. Que chacun, à son niveau, fasse ce qu’il y a à faire. Je le dis parce que tout le monde sait ce que rapporte le football au niveau relationnel, social. Pour ça, il faut que l’Etat s’implique. Mais c’est aux différents ministères ou ministres de voir comment il faut présenter cela au premier des Ivoiriens.
Vous venez d’intégrer la commission de football féminin de la Caf, comment avez-vous accueilli cette nomination ?
(…elle observe un temps de réflexion….) J’attends que ce soit officiel. Dieu fait toute chose belle en son temps. Je voudrais dire merci au président Sidy qui m’a proposée à la Caf. Il y a beaucoup de personnes dans le comité exécutif, il n’était pas obligé de le faire. Je dis merci à tout le bureau. Il y a longtemps que je suis dans le football, s’il a pensé à moi, c’est une grâce. C’est le football ivoirien qui gagne. Je vais à la Caf pour apprendre aux cotés des anciens.
Votre côté jardin, quelle genre de femme êtes-vous ?
Je m’excuse, mais je ne sèche pas mon linge au balcon. Je garde ma vie privée pour moi.


Réalisée par Tibet Kipré, coll : GRO(Stg)
Photos : Cyrille Bah
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