Lors de la campagne électorale au mois d’octobre 2010, le candidat Ouattara avait promis faire de l’économie ivoirienne le fer de lance de la Cedeao. Au plan national, il a pris le pari d’engager des reformes structurelles à l’effet de permettre aux opérateurs économiques de postuler régulièrement dans les passations de marchés publics. Deux ans après son arrivée au pouvoir, ces promesses semblent s’écrouler comme des châteaux de cartes. Car ses promesses sont loin de la réalité. Marchés gré-à-gré, incompétence de cadres, détournements sont les nouvelles règles établies. La dernière en date qui défraie la chronique est le débarquement au ministère du Logement, de la Construction, de l’Assainissement, et de l’Urbanisme de trois directeurs généraux et d’un président du conseil d’administration. Sans oublier, la sortie le mercredi 5 juin dernier, de Jean-Louis Billon, ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des Petites et moyennes entreprises. Mettant en cause l’attribution du deuxième terminal à conteneur du Port autonome d’Abidjan (Paa). «Je ne serais pas surpris si demain on me disait qu'il y a eu des problèmes de gouvernance dans l'attribution du deuxième terminal», a déploré le ministre Billon. Qui soutient que l’appel d’offres visait «à accroître la compétitivité du port d’Abidjan par le jeu de la concurrence. Et non avoir un super monopole multiplié par deux». Prenant le contre-pied du premier ministre, Kablan Duncan et de son collègue des Transports, Gaoussou Touré, Billon fustige en ces termes : «Ce n'est pas une bonne chose pour notre économie. On aurait voulu brider l'économie ivoirienne, on ne s'y serait pas pris autrement. C'est une situation que je regrette profondément». En effet, pour l’ex-président du Conseil d’administration du groupe Sifca, la compétition est vertueuse et l’offre financière, quand bien même importante, ne saurait booster le développement de l’économie nationale. Il en veut pour preuve qu’avec la mainmise de Bolloré sur le premier terminal, la manutention portuaire y est parmi les plus chères de la sous-région, de 20 à 30% en plus, selon certaines estimations.
La République où règne la mal gouvernance
«Ce manque de compétitivité engendre des coûts qui se répercutent directement sur le consommateur ivoirien», poursuit Billon, dénonçant du coup des «pratiques anticoncurrentielles». C’est pourquoi, à travers cette interview au journal français le Nouvel observateur, Billon dit ne pas comprendre comment le groupe de Vincent Bolloré a réussi à passer la barrière de la concurrence. «J'ai beaucoup d'interrogations à ce sujet... A mes yeux, Bolloré n'aurait même pas dû être admis dans la compétition», a-t-il dit, perplexe. Et de confier que «cette mascarade» a desservi la Côte d’Ivoire. Puisque, selon lui, elle aurait écarté des concurrents plus sérieux tels que le port de Singapour. Jean-Louis Billon ne finit pas d’achever sa phrase lorsqu’il est assommé par son collègue de la Poste et des Technologies de l’information et de la Communication (Ptic), Bruno Koné Nabagné, par ailleurs, porte-parole du gouvernement. «Ces genres de décisions se prennent après de très longues discussions en conseil de gouvernement, après de longues discussions en conseil de ministres», a fait remarquer le porte-parole du gouvernement. Et celui-ci d’ajouter que quand la décision se prend, c’est qu’il y a eu convergence de vue de la majorité des membres du conseil du Premier ministre et du chef de l’Etat pour prendre cette décision. «Quand la décision est prise, c’est celle du gouvernement». Avant de clouer au poteau son collègue du Commerce. «Les ministres qui ont participé aux discussions n’ont pas à faire état de ce qu’ils ont pu dire lors des discussions. Il s’agit d’un principe qui est appliqué dans tous les gouvernements, un principe de solidarité du gouvernement. Quand une décision est prise elle est collective. Dès le moment où le chef du gouvernement et le président l’ont entériné», a martelé Bruno Nabagné Koné. Outre le porte-parole du gouvernement, un autre son de cloche, celle de Bolloré Africa Logistic, société qui aura utilisé ses relations pour s’adjuger le marché du deuxième terminal à conteneur. «Tous ceux qui ont assisté à l’ouverture publique des plis ont observé que notre groupement, composé d’Apmt, filiale du premier armateur mondial Maersk, du premier opérateur de partenariats public-privé portuaires et leader de la logistique Bolloré Africa Logistics et du leader du Btp Bouygues, a proposé le projet le plus ambitieux de développement de la place portuaire. Avec notamment deux fois plus de conteneurs de transbordement que les autres concurrents, en nous appuyant sur l’expertise de sept compagnies maritimes de renommée mondiale quand les autres en ont présenté 2 seulement», a répliqué la société de Vincent Bolloré.
Billon, l’Etat, Bolloré, la guerre est déclarée
Sans polémiquer, le groupe Bolloré pense que la sortie de Jean-Louis, résulte de son échec à la participation à cet appel d’offres, en tant qu’actionnaire à la société Movis que dirige son jeune frère, David Billon. «…ni polémiquer ni faire de commentaires sur les déclarations qui viennent d’être faites de la part d’un ministre qui est également actionnaire à la société Movis, que dirige son frère, sont à mettre au compte du fait que celle-ci soit arrivée en dernière position de l’appel d’offres pour le second terminal à conteneurs d’Abidjan». Si la sortie de Jean-Louis Billon fait des vagues, cependant, celle-ci démontre de la mauvaise gestion, la mal gouvernance et la corruption que vit la Côte d’Ivoire au sommet de l’Etat. Car, la cour du tribunal de l’Union économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Uemoa) a jugé recevable la plainte déposée par les adversaires de la société Bolloré dans cette affaire. Avant cette scabreuse affaire, d’autres se sont révélées sous le régime de la politique du «vivre ensemble». Il s’agit, de la réhabilitation des universités de Côte d’Ivoire, réhabilitation faite par des tâcherons à plus de 110 milliards de Fcfa, le marché de gré-à-gré, dans le cadre des ramassages d’ordures offert à Satarem Grennsol, une société française déclarée en faillite. Sans oublier, le marché de gré-à-gré passé en début d’année, par le ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement technique, portant sur la fourniture de kits scolaires d’un montant de 5 milliards de Fcfa. Un marché qu’a vite fait d’annuler l’Autorité nationale de régulation des marchés publics (Anrmp).
Joseph Atoumgbré
La République où règne la mal gouvernance
«Ce manque de compétitivité engendre des coûts qui se répercutent directement sur le consommateur ivoirien», poursuit Billon, dénonçant du coup des «pratiques anticoncurrentielles». C’est pourquoi, à travers cette interview au journal français le Nouvel observateur, Billon dit ne pas comprendre comment le groupe de Vincent Bolloré a réussi à passer la barrière de la concurrence. «J'ai beaucoup d'interrogations à ce sujet... A mes yeux, Bolloré n'aurait même pas dû être admis dans la compétition», a-t-il dit, perplexe. Et de confier que «cette mascarade» a desservi la Côte d’Ivoire. Puisque, selon lui, elle aurait écarté des concurrents plus sérieux tels que le port de Singapour. Jean-Louis Billon ne finit pas d’achever sa phrase lorsqu’il est assommé par son collègue de la Poste et des Technologies de l’information et de la Communication (Ptic), Bruno Koné Nabagné, par ailleurs, porte-parole du gouvernement. «Ces genres de décisions se prennent après de très longues discussions en conseil de gouvernement, après de longues discussions en conseil de ministres», a fait remarquer le porte-parole du gouvernement. Et celui-ci d’ajouter que quand la décision se prend, c’est qu’il y a eu convergence de vue de la majorité des membres du conseil du Premier ministre et du chef de l’Etat pour prendre cette décision. «Quand la décision est prise, c’est celle du gouvernement». Avant de clouer au poteau son collègue du Commerce. «Les ministres qui ont participé aux discussions n’ont pas à faire état de ce qu’ils ont pu dire lors des discussions. Il s’agit d’un principe qui est appliqué dans tous les gouvernements, un principe de solidarité du gouvernement. Quand une décision est prise elle est collective. Dès le moment où le chef du gouvernement et le président l’ont entériné», a martelé Bruno Nabagné Koné. Outre le porte-parole du gouvernement, un autre son de cloche, celle de Bolloré Africa Logistic, société qui aura utilisé ses relations pour s’adjuger le marché du deuxième terminal à conteneur. «Tous ceux qui ont assisté à l’ouverture publique des plis ont observé que notre groupement, composé d’Apmt, filiale du premier armateur mondial Maersk, du premier opérateur de partenariats public-privé portuaires et leader de la logistique Bolloré Africa Logistics et du leader du Btp Bouygues, a proposé le projet le plus ambitieux de développement de la place portuaire. Avec notamment deux fois plus de conteneurs de transbordement que les autres concurrents, en nous appuyant sur l’expertise de sept compagnies maritimes de renommée mondiale quand les autres en ont présenté 2 seulement», a répliqué la société de Vincent Bolloré.
Billon, l’Etat, Bolloré, la guerre est déclarée
Sans polémiquer, le groupe Bolloré pense que la sortie de Jean-Louis, résulte de son échec à la participation à cet appel d’offres, en tant qu’actionnaire à la société Movis que dirige son jeune frère, David Billon. «…ni polémiquer ni faire de commentaires sur les déclarations qui viennent d’être faites de la part d’un ministre qui est également actionnaire à la société Movis, que dirige son frère, sont à mettre au compte du fait que celle-ci soit arrivée en dernière position de l’appel d’offres pour le second terminal à conteneurs d’Abidjan». Si la sortie de Jean-Louis Billon fait des vagues, cependant, celle-ci démontre de la mauvaise gestion, la mal gouvernance et la corruption que vit la Côte d’Ivoire au sommet de l’Etat. Car, la cour du tribunal de l’Union économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Uemoa) a jugé recevable la plainte déposée par les adversaires de la société Bolloré dans cette affaire. Avant cette scabreuse affaire, d’autres se sont révélées sous le régime de la politique du «vivre ensemble». Il s’agit, de la réhabilitation des universités de Côte d’Ivoire, réhabilitation faite par des tâcherons à plus de 110 milliards de Fcfa, le marché de gré-à-gré, dans le cadre des ramassages d’ordures offert à Satarem Grennsol, une société française déclarée en faillite. Sans oublier, le marché de gré-à-gré passé en début d’année, par le ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement technique, portant sur la fourniture de kits scolaires d’un montant de 5 milliards de Fcfa. Un marché qu’a vite fait d’annuler l’Autorité nationale de régulation des marchés publics (Anrmp).
Joseph Atoumgbré