«Ces élections méritent d’être invalidées le plus tôt possible», s’est ainsi exprimé le président du Conseil d’administration de la Mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Mugef-Ci), Gnagna Zadi Théodore. C’était au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue hier jeudi à Adjamé. Selon le Pca «dissident» de la Mugef-Ci, les élections des délégués régionaux qui se sont déroulées le dimanche 9 juin dernier et qui ont vu l’élection de Soro Mamadou ne sont «qu’une hérésie électorale», qui méritent d’être annulées «purement et simplement». Il justifie ses propos du fait des violations perpétrées en matière de protection du droit d’organisation et du droit syndical aussi bien sur le processus, le guide électoral, et l’illégitimité des organes élus. Il s’agit notamment du décret n° 2012-307 portant suspension des organes dirigeants et son arrêté interministériel n° 013 d’application. En ce qui concerne le guide électoral, il aurait été violé en ses articles 7 et 14 stipulant respectivement que «la liste électorale est publiée 15 jours avant les élections et les listes des candidatures doivent parvenir 45 jours avant le scrutin» et non 30 jours comme ce fut le cas. «Tous ces éléments mettent à nu le caractère totalement illégal du à l’incompétence notoire de Soro Mamadou en matière de gestion et d’organisation d’élections sociales», a dénoncé Gnagna Zadi. De plus, le taux de participation «encore tenu au secret par le comité national électoral» ne dépasserait pas, selon ses calculs et ses sources les 3%. «Ceux qui ont été élus, sur quelle base, ont- ils été élus?», s’est interrogé le Secrétaire général de l’Union des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Udensi). Le Pca démontre, en effet, qu’à Abidjan qui constitue l’épicentre de l’électorat, seuls 1975 fonctionnaires ont effectivement participé au vote sur les 134.845 inscrits. Ce qui représente 1,46% ; quand l’intérieur du pays enregistrerait entre 7 et 8% des votants. Le président du Collectif des 2/3 croit savoir que ces chiffres traduisent le «désaveu» et le «désintérêt» des fonctionnaires dans leur ensemble pour cette «élection-nomination». Car, en réalité, soutient Zadi, une bonne partie des 100 millions dégagés pour ces élections aurait été mis à la disposition du «poulain» Soro Mamadou pour organiser sa campagne. En tout et pour tout, Gnagna Zadi et son conseil estiment à moins de 10 000, le nombre d’électeurs sur les 280 000 mutualistes que compte la Mugef-Ci. Pour lui, deux conditions sine qua non suffisent pour prononcer la validé d’une élection sociale, tel que stipulé dans l’article 52.6 du code de travail. Primo : au moins 30% des suffrages doivent être exprimés. Secundo : les 30% doivent être obtenus sur la base des 15% des électeurs inscrits. Cela signifie que pour diriger la mutuelle, la liste de Soro Mamadou qui a réuni 80% des suffrages exprimés devait obtenir un taux de participation de 15% au moins soit environ 48 000 électeurs. Or, la réalité est bien autre. De ce qu’il qualifie d’«imbroglio juridique», ou «infirmité statutaire» ou encore «parodie électorale», Gnagna Zadi et ses affidés ont bien leur petite idée. Tout en revendiquant les 97% des électeurs issus en majorité du secteur de l’Enseignement supérieur, douanes, impôts, santé, Education etc., le Pca de la Mugef-Ci invite les fonctionnaires à participer à son investiture le 26 juin prochain. C’est-à-dire deux jours avant l’Assemblée générale de Soro Mamadou, son adversaire qui désignera les dix membres du conseil d’administration et les trois du comité de contrôle ce jour-là. «Nous nous appuyons sur les textes qui sont pérennes. Nous ne reconnaissons pas Soro. Si rien n’est fait, ce sera la mort programmée de notre mutuelle», a-t-il lancé. Brandissant une mainmise sur la signature des bons de mutuelle, comme moyens de coercition. Par ailleurs, il demande la dissolution du comité de gestion, interpelle le gouvernement, particulièrement le ministère de tutelle pour créer les conditions de la «vraie» Mugef-Ci. Toutefois, le Pca ‘dissident’’ n’exclut pas la voie de la négociation avec la partie adverse dans l’objectif de sauver la mutuelle. «Nous ne menons pas un combat politique», a-t-il précisé. Et de conclure que «les élections n’ont pas réglé le problème de la Mugefci».
Cybèle Athangba
Cybèle Athangba