Plus aucune artère de la capitale économique ne leur échappe. Tous les matins, dès le levé du soleil, ils sont des centaines à travers le District d’Abidjan à prendre d’assaut les différentes voies pour écouler leurs marchandises. Eux, ce sont les vendeurs ambulants de sachets d’eau. Loin des quartiers, marchés et boutiques, ils ont choisi la chaussée pour exercer leur petit métier. Et cela parait sans invraisemblable. Comment arrivent-ils à réussir leur commerce, alors que la menace de se faire percuter par un véhicule est permanente ?
« Nous sommes conscients du danger, mais nous n’avons pas le choix », reconnait A. Assamoi, deux lots de sachets d’eau en main sur le boulevard Giscard d’Estaing.
« On maitrise la situation !» lance pour sa part, Kouakou Kouamé non loin d’Ibis Marcory.
Moumouni Compaoré, lui aussi confirme le risque qu’ils courent chaque jour : « Il faut dire que ce n’est pas facile, entre les voitures c’est dangereux. Mais je vais faire comment ? Je n’ai personne pour m’aider. Le jour où je trouverai quelqu’un pour m’aider, je partirai ».
La réalité est bien là. Au milieu des véhicules en circulation, parfois à vive allure, ces jeunes bravent la peur. Le plus important pour eux, étant de faire du profit. « Il faut bien qu’on fasse quelque chose », justifie A. Assamoi.
« On ne peut pas rester à la maison. Sinon, on sait qu’il y a des risques, mais c’est le métier. Ce que nous faisons là, c’est pour nous débrouiller parce qu’il n’y a pas de travail », renchérit Kouakou Kouamé.
Ex-jardinier au stade Félix Houphouët Boigny pendant 10 ans, Kouakou Kouamé dit être parti de là, parce qu’il a une famille à nourrir.
« Après ça, j’ai vendu des habits dans l’ancien marché de Belleville (Treichville), mais à cause du nouveau pont, il a été détruit. C’est ainsi que je suis venu vendre de l’eau aux feux du boulevard » confie-t-il.
A cet endroit, le jeune homme révèle que pendant la saison sèche, chacun d’eux peut gagner au moins 7.000f ou 8.000f Cfa par jour. « Les gens pensent que nous sommes des vagabonds. Mais parmi nous, certains sont arrivés à passer leur permis de conduire, d’autres sont devenus des chauffeurs. Moi-même, je viens de payer 120.000f Cfa, pour mon permis. C’est avec ce commerce que je nourris ma famille ».
Alors, cela semble suffisant pour oublier les règles les plus élémentaires de la sécurité routière. Et personne ne s’en offusque. Pourtant, ces jeunes, déscolarisés pour la plupart et âgés de 12 à 20 ans, défient la mort tous les jours.
L’on avancera certainement que tout métier comporte des risques. Les excuses ne manquent donc pas. L’on accusera le chômage. Mais, est-il nécessaire de rappeler que ces jeunes vendeurs d’eau tout en mettant en danger leur vie, exposent celle des automobilistes et passagers qui doivent eux aussi, redoubler de vigilance pour éviter le pire ?
Le risque est énorme, il faut le reconnaître. Certes, la situation économique est peu reluisante mais doit-on pour cela, encourager un commerce qui peut à tout moment mettre la vie en péril ? Les autorités compétentes semblent être atteintes de cécité dans la mesure où ils demeurent muets. Même les usagers des routes s’en accommodent. Puisqu’ils en constituent les premiers clients. Et pourtant, il y va de leur santé.
En effet, les sachets d’eau sont stockés à même le sol dans des endroits peu commodes aux exigences hygiéniques. Ils sont également transportés à bras le corps par des moyens de fortunes qui n’offrent aucune garantie de sécurité alimentaire. A ce propos, A. Assamoi relève ceci : « la police nous fatigue, la brigade de salubrité aussi nous fatigue. Ils nous donnent des conseils. C’est vrai que la situation est dure, mais nous faisons un effort pour garder les lieux propres, en ramassant les sachets que les clients laissent tomber ».
« Avec nous ils n’utilisent pas la force », rassure Kouakou Kouamé.
Que deviendront donc ces commerçants dans 6 mois, lorsque la mesure gouvernementale portant « interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation des sachets plastiques sur toute l’étendue du territoire national », entrera en vigueur ?
« Il faudrait que l’Etat mette un peu d’eau dans son vin. C’est vrai que cette décision va contribuer à la salubrité du pays, mais il faudrait aussi que l’Etat soit un peu regardant sur la situation de la jeunesse. Nous avons traversé une longue période de crise. Aujourd’hui, les jeunes s’adonnent à de petits métiers. Il ne faudrait pas leur priver de ce qui assure leur quotidien sans leur trouver une solution. Il faut trouver des structures pour pourvoir aider les jeunes », plaide Assamoi, lui qui exerçait comme vigile dans une société de sécurité. Aujourd’hui, devenu vendeur d’eau en sachet sur le boulevard Giscard d’Estaing, sur conseil d’un ami, lorsqu’il avait perdu son emploi, afin de pouvoir lui-même gérer ses propres affaires. Ce qui d’ailleurs, lui a permis de scolariser son fils qui est aujourd’hui en classe de 4e.
Djédjé Julien (Stg)
« Nous sommes conscients du danger, mais nous n’avons pas le choix », reconnait A. Assamoi, deux lots de sachets d’eau en main sur le boulevard Giscard d’Estaing.
« On maitrise la situation !» lance pour sa part, Kouakou Kouamé non loin d’Ibis Marcory.
Moumouni Compaoré, lui aussi confirme le risque qu’ils courent chaque jour : « Il faut dire que ce n’est pas facile, entre les voitures c’est dangereux. Mais je vais faire comment ? Je n’ai personne pour m’aider. Le jour où je trouverai quelqu’un pour m’aider, je partirai ».
La réalité est bien là. Au milieu des véhicules en circulation, parfois à vive allure, ces jeunes bravent la peur. Le plus important pour eux, étant de faire du profit. « Il faut bien qu’on fasse quelque chose », justifie A. Assamoi.
« On ne peut pas rester à la maison. Sinon, on sait qu’il y a des risques, mais c’est le métier. Ce que nous faisons là, c’est pour nous débrouiller parce qu’il n’y a pas de travail », renchérit Kouakou Kouamé.
Ex-jardinier au stade Félix Houphouët Boigny pendant 10 ans, Kouakou Kouamé dit être parti de là, parce qu’il a une famille à nourrir.
« Après ça, j’ai vendu des habits dans l’ancien marché de Belleville (Treichville), mais à cause du nouveau pont, il a été détruit. C’est ainsi que je suis venu vendre de l’eau aux feux du boulevard » confie-t-il.
A cet endroit, le jeune homme révèle que pendant la saison sèche, chacun d’eux peut gagner au moins 7.000f ou 8.000f Cfa par jour. « Les gens pensent que nous sommes des vagabonds. Mais parmi nous, certains sont arrivés à passer leur permis de conduire, d’autres sont devenus des chauffeurs. Moi-même, je viens de payer 120.000f Cfa, pour mon permis. C’est avec ce commerce que je nourris ma famille ».
Alors, cela semble suffisant pour oublier les règles les plus élémentaires de la sécurité routière. Et personne ne s’en offusque. Pourtant, ces jeunes, déscolarisés pour la plupart et âgés de 12 à 20 ans, défient la mort tous les jours.
L’on avancera certainement que tout métier comporte des risques. Les excuses ne manquent donc pas. L’on accusera le chômage. Mais, est-il nécessaire de rappeler que ces jeunes vendeurs d’eau tout en mettant en danger leur vie, exposent celle des automobilistes et passagers qui doivent eux aussi, redoubler de vigilance pour éviter le pire ?
Le risque est énorme, il faut le reconnaître. Certes, la situation économique est peu reluisante mais doit-on pour cela, encourager un commerce qui peut à tout moment mettre la vie en péril ? Les autorités compétentes semblent être atteintes de cécité dans la mesure où ils demeurent muets. Même les usagers des routes s’en accommodent. Puisqu’ils en constituent les premiers clients. Et pourtant, il y va de leur santé.
En effet, les sachets d’eau sont stockés à même le sol dans des endroits peu commodes aux exigences hygiéniques. Ils sont également transportés à bras le corps par des moyens de fortunes qui n’offrent aucune garantie de sécurité alimentaire. A ce propos, A. Assamoi relève ceci : « la police nous fatigue, la brigade de salubrité aussi nous fatigue. Ils nous donnent des conseils. C’est vrai que la situation est dure, mais nous faisons un effort pour garder les lieux propres, en ramassant les sachets que les clients laissent tomber ».
« Avec nous ils n’utilisent pas la force », rassure Kouakou Kouamé.
Que deviendront donc ces commerçants dans 6 mois, lorsque la mesure gouvernementale portant « interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation des sachets plastiques sur toute l’étendue du territoire national », entrera en vigueur ?
« Il faudrait que l’Etat mette un peu d’eau dans son vin. C’est vrai que cette décision va contribuer à la salubrité du pays, mais il faudrait aussi que l’Etat soit un peu regardant sur la situation de la jeunesse. Nous avons traversé une longue période de crise. Aujourd’hui, les jeunes s’adonnent à de petits métiers. Il ne faudrait pas leur priver de ce qui assure leur quotidien sans leur trouver une solution. Il faut trouver des structures pour pourvoir aider les jeunes », plaide Assamoi, lui qui exerçait comme vigile dans une société de sécurité. Aujourd’hui, devenu vendeur d’eau en sachet sur le boulevard Giscard d’Estaing, sur conseil d’un ami, lorsqu’il avait perdu son emploi, afin de pouvoir lui-même gérer ses propres affaires. Ce qui d’ailleurs, lui a permis de scolariser son fils qui est aujourd’hui en classe de 4e.
Djédjé Julien (Stg)