Tout est désormais lisse. Presque tout le personnel politique est unanime sur les qualités et l’œuvre immémoriale et gigantesque du Chef de l’Etat. Bâtisseur impénitent, premier cotonculteur, premier stratège, premier manager, modèle achevé de l’homme d’Etat visionnaire… Le rêve de toute une génération est désormais accompli. Nous avons définitivement un héros : Boni Yayi.
L’aplatissement bêlant de la classe politique béninoise devant la stature présidentielle laisse à réfléchir, à tout le moins. Partout, dithyrambe délirant, partout règne déroutant de l’éloge le plus bas. Deux ans après avoir obtenu son ticket pour un deuxième mandat, Boni Yayi ne peut rêver mieux. Il nage sur des eaux tranquilles, sans ride ni tache, dans un concert de louanges assaisonnées d’arrangements politiques intéressés. Son entourage lui chante des airs doux>
Et, heureusement, l’opposition, plus silencieuse et plus calculeuse que jamais, lui laisse le terrain libre, libre de toute critique, dans un vaste champ d’interrogations. Dans quel pays sommes-nous ?
Dans un pays de démocratie. Mais cette démocratie est d’abord un système d’arrangements nombreux entre les différentes composantes du personnel politique. Leurs positions sont rarement sincères et désintéressées, faites qu’elles sont toujours d’innombrables calculs qui n’ont pas grand-chose à voir avec le développement ou la défense des pauvres gens. Commandées par l’instinct (grégaire) de survie, ces attitudes n’ont qu’une rationalité, celle du gain représenté ici soit par la conservation d’un strapontin électoral, soit par la préservation ou la mise en relief des relations avec le pouvoir.
Pour comprendre pourquoi Boni Yayi occupe si massivement le terrain politique sans pouvoir rencontrer un seul adversaire capable de lui faire la réplique, il faut se rappeler que la sociologie électorale du Bénin est faite de jeux d’alliances plus ou moins diffuses. Ce n’est pas comme en Europe ou aux Etats-Unis où les solidarités politiques proviennent avant tout d’une communauté idéologique. Elles sont le fruit de communautés d’intérêts électoraux, administratifs ou encore économiques clairement établis.
Comme dans un élan partagé, la population elle-même comprend rarement la pertinence des voix autres, celles qui refusent de s’inscrire dans les enchevêtrements familiaux, claniques et ethniques qui structurent l’engagement politique. Notre système démocratique puise au sectarisme ce qu’il a de plus pervers : l’intolérance mécanique. Mécanique dans son absence de causalité fondée sur l’efficacité la plus simple. S’il y a ici recherche d’efficacité, elle n’existe que dans l’ancrage ethnique ou régionaliste, c’est-à-dire que peu de Béninois engagés en politique croient à la force des propositions, à la qualité des hommes ou même au simple mérite individuel : tout ici tourne autour des postes à conquérir ou à défendre. Les arrangements sont rois, la malice souveraine.
Comment, dans un tel contexte où l’idéologie est un leurre et où la pensée elle-même est ravalée au rang d’instrument, comment donc contredire le superhomme, l’hyper président sans être soupçonné d’élans suicidaires ? Ils sont nombreux tous ceux-là qui, dans l’opposition, auraient voulu dire un mot, rappeler au président ses fausses promesses ou tout au moins relever les contradictions de son discours, les imperfections de son action. Les plus courageux sont réduits à la surface parlementaire, incapables d’aller à la base pour y faire toucher du doigt les incohérences de la gouvernance ou les carences des choix politiques et économiques.
En dehors de la peur et de la couardise qui dictent leurs lois ici, il y a cet hyper présidentialisme écrasant qui a envahi toute la sphère publique. Nul ministre, nul député, nul maire, nul directeur ne saurait monter au créneau sans faire le nécessaire culte de la personne présidentielle. Ces homélies hypocrites d’un grotesque parfois pitoyable sont devenues si ordinaires et si vulgaires qu’il y a lieu, pour tout président qui se respecte, d’y mettre un terme. Le ronron de la basse flatterie salit la majesté présidentielle. Mais, c’est à se demander si ce n’est pas le président lui-même qui exige, par ses services, les énervants éloges dont nous avons marre.
Le résultat, en effet, de cette tendance à occuper tout l’espace politique, c’est cette saturation de l’image présidentielle et de sa parole. Banalisé à l’extrême, Boni Yayi s’invite dans tous les médias. Il s’exprime sur tout à tout le monde et tout le monde parle de lui. L’ORTB (la chaine de télévision nationale) est presque incapable de passer une seule journée sans multiplier magazines et journaux dédiés à sa haute stature de « développeur ». Avons-nous besoin de tant de bruits ?
L’aplatissement bêlant de la classe politique béninoise devant la stature présidentielle laisse à réfléchir, à tout le moins. Partout, dithyrambe délirant, partout règne déroutant de l’éloge le plus bas. Deux ans après avoir obtenu son ticket pour un deuxième mandat, Boni Yayi ne peut rêver mieux. Il nage sur des eaux tranquilles, sans ride ni tache, dans un concert de louanges assaisonnées d’arrangements politiques intéressés. Son entourage lui chante des airs doux>
Et, heureusement, l’opposition, plus silencieuse et plus calculeuse que jamais, lui laisse le terrain libre, libre de toute critique, dans un vaste champ d’interrogations. Dans quel pays sommes-nous ?
Dans un pays de démocratie. Mais cette démocratie est d’abord un système d’arrangements nombreux entre les différentes composantes du personnel politique. Leurs positions sont rarement sincères et désintéressées, faites qu’elles sont toujours d’innombrables calculs qui n’ont pas grand-chose à voir avec le développement ou la défense des pauvres gens. Commandées par l’instinct (grégaire) de survie, ces attitudes n’ont qu’une rationalité, celle du gain représenté ici soit par la conservation d’un strapontin électoral, soit par la préservation ou la mise en relief des relations avec le pouvoir.
Pour comprendre pourquoi Boni Yayi occupe si massivement le terrain politique sans pouvoir rencontrer un seul adversaire capable de lui faire la réplique, il faut se rappeler que la sociologie électorale du Bénin est faite de jeux d’alliances plus ou moins diffuses. Ce n’est pas comme en Europe ou aux Etats-Unis où les solidarités politiques proviennent avant tout d’une communauté idéologique. Elles sont le fruit de communautés d’intérêts électoraux, administratifs ou encore économiques clairement établis.
Comme dans un élan partagé, la population elle-même comprend rarement la pertinence des voix autres, celles qui refusent de s’inscrire dans les enchevêtrements familiaux, claniques et ethniques qui structurent l’engagement politique. Notre système démocratique puise au sectarisme ce qu’il a de plus pervers : l’intolérance mécanique. Mécanique dans son absence de causalité fondée sur l’efficacité la plus simple. S’il y a ici recherche d’efficacité, elle n’existe que dans l’ancrage ethnique ou régionaliste, c’est-à-dire que peu de Béninois engagés en politique croient à la force des propositions, à la qualité des hommes ou même au simple mérite individuel : tout ici tourne autour des postes à conquérir ou à défendre. Les arrangements sont rois, la malice souveraine.
Comment, dans un tel contexte où l’idéologie est un leurre et où la pensée elle-même est ravalée au rang d’instrument, comment donc contredire le superhomme, l’hyper président sans être soupçonné d’élans suicidaires ? Ils sont nombreux tous ceux-là qui, dans l’opposition, auraient voulu dire un mot, rappeler au président ses fausses promesses ou tout au moins relever les contradictions de son discours, les imperfections de son action. Les plus courageux sont réduits à la surface parlementaire, incapables d’aller à la base pour y faire toucher du doigt les incohérences de la gouvernance ou les carences des choix politiques et économiques.
En dehors de la peur et de la couardise qui dictent leurs lois ici, il y a cet hyper présidentialisme écrasant qui a envahi toute la sphère publique. Nul ministre, nul député, nul maire, nul directeur ne saurait monter au créneau sans faire le nécessaire culte de la personne présidentielle. Ces homélies hypocrites d’un grotesque parfois pitoyable sont devenues si ordinaires et si vulgaires qu’il y a lieu, pour tout président qui se respecte, d’y mettre un terme. Le ronron de la basse flatterie salit la majesté présidentielle. Mais, c’est à se demander si ce n’est pas le président lui-même qui exige, par ses services, les énervants éloges dont nous avons marre.
Le résultat, en effet, de cette tendance à occuper tout l’espace politique, c’est cette saturation de l’image présidentielle et de sa parole. Banalisé à l’extrême, Boni Yayi s’invite dans tous les médias. Il s’exprime sur tout à tout le monde et tout le monde parle de lui. L’ORTB (la chaine de télévision nationale) est presque incapable de passer une seule journée sans multiplier magazines et journaux dédiés à sa haute stature de « développeur ». Avons-nous besoin de tant de bruits ?