YAOUNDE - Les pays du golfe de Guinée envisagent d’instituer une taxe nationale, communautaire et multinationale pour financer la lutte contre la piraterie maritime, objet d’un sommet de deux jours qui s’est ouvert lundi à Yaoundé au Cameroun avec la participation de douze chefs d’Etat d’Afrique centrale et de l’Ouest sur les 25 pays de la région.
Le projet de cette taxe figure parmi une liste de dix recommandations contenues dans le rapport général des travaux d’un symposium international organisé vendredi dans les locaux du ministère camerounais des Relations extérieures dans la capitale Yaoundé en prélude à la rencontre des chefs d’Etat, sous le thème « les défis sécuritaires dans le golfe de Guinée ».
Cette réunion d’experts situait déjà les enjeux du sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée, à savoir « dresser l’état des lieux de l’insécurité maritime dans cette zone de haute importance stratégique et de proposer des voies et moyens pour remédier à cette menace que constitue la piraterie maritime, les vols à main armée et les autres activités illicites commis sur le plan d’eau ».
La création d’« une taxe nationale, communautaire et multinationale pour soutenir les activités de sécurisation maritime dans le golfe de Guinée » y a été débattue dans le cadre d’une stratégie régionale visant à accroître les capacités opérationnelles des pays de la région par une mutualisation de leurs actions et moyens d’intervention en vue de combattre avec plus d’efficacité les phénomènes déplorés.
La recommandation sera examinée par le sommet ouvert lundi en présence des présidents béninois Thomas Boni Yayi, burkinabè Blaise Compaoré, congolais Denis Sassou Nguesso, gabonais Ali Bongo Ondimba, équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, ivoirien Alassane Ouattara, nigérien Mamahadou Issoufou, nigérian Goodluck Ebele Jonathan, sao-toméen Manuel Pinto da Costa, tchadien Idriss Deby Itno, togolais Faure Gnassingbé, puis camerounais Paul Biya, hôte du sommet.
Ce rendez-vous, auquel prennent part aussi la vice-présidente gambienne Isatou Njie Saidou et d’autres délégations, devra consacrer l’adoption d’un protocole d’accord entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée, les trois organisations régionales concernées par le sommet, a précisé Alassane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO.
En plus d’une déclaration politique des chefs d’Etat et de gouvernement, l’ordre du jour de ces assises placées sous l’égide des Nations Unies prévoit en outre la signature d’un code de bonne conduite sur la prévention et la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre, a par ailleurs indiqué le dirigeant ouest-africain.
Ces documents avaient déjà été validés lors d’une réunion ministérielle tenue le 19 mars à Cotonou au Bénin, pays à l’origine de ce sommet approuvé par le Conseil de sécurité de l’ONU, après une mission d’évaluation décidée par le secrétaire général Ban Ki-moon dans quatre pays de la région dont le Bénin lui-même, le Nigeria, le Gabon et l’Angola en novembre 2011.
Pour Alassane Ouattara, « en signant ces documents, nous nous engageons de façon définitive en faveur de documents juridiques contraignants » pour lutter contre la piraterie, les vols à main armée en mer et d’autres activités maritimes illicites.
Schématiquement, le golfe de Guinée est désigné comme un espace géopolitique qui s’étend de la Côte d’Ivoire à l’Angola. Le géostratège camerounais Joseph Vincent Ntuda Ebodé le définit comme « un vaste territoire où 7 capitales politiques sur 12 (soit 58,3%) ont une façade maritime donnant sur la baie. Il s’agit d’Accra, Lomé, Porto Novo, Libreville, Malabo, Luanda et Sao Tomé ».
« Par ailleurs, poursuit l’universitaire, il regroupe 8 capitales économiques (Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou, Lagos, Douala, Bata, Pinte Noire) et 12 ports importants (Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou, Lagos, Warri, Port Harcourt, Douala, Port Gentil, Pointe Noire, Matadi, Luanda). Même si seuls les ports de Lagos et Port Harcourt (Nigeria) ont une capacité de plus de 15 millions de tonnes par an chacun, ses côtes sont parsemées d’une multitude de petits ports (San Pedro, Sekondi-Tokoradi, Tema, Calabar, Kribi, Limbe, Bata, Libreville, Lobito..) ».
Riche en ressources halieutiques et ressources naturelles, cette zone est surtout réputée receler d’importants gisements d’hydrocarbures de sorte qu’elle est parsemée de champs pétroliers on shore et off-shore s’accompagnant d’une abondante quantité de gaz naturel au large de la quasi-totalité des côtes des Etats concernés.
D’après les analyses, son potentiel de croissance pétrolière semble plus élevé que celui de la Russie, de la mer Caspienne ou de l’Amérique du Sud. Alassane Ouattara rappelle que près de 70% de la production du continent est concentrée dans cette zone et les projections laissent indiquer que celle-ci dépassera celle de l’ensemble des pays du golfe Persique à l’horizon 2020.
Selon les estimations, elle fournit près de 40% du pétrole consommé en Europe et 29% de celui consommé aux Etats-Unis.
Mais zone d’intérêts géostratégiques attisant les convoitises des puissances mondiales, le golfe de Guinée accuse un manque à gagner annuel de 2 milliards de dollars à cause de la piraterie maritime, en partie favorisée par l’état de pauvreté des populations riveraines et le chômage des jeunes, a souligné le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna.
C’est pour cette raison que le président camerounais Paul Biya s’est prononcé pour « une réponse centrée à la fois sur la sécurité, la gouvernance et le développement ».
Après avoir salué le soutien des Etats-Unis, de la Chine, de la France, de l’Union européenne (UE) et d’Interpol, ce leader politique s’est réjoui de la mise en place d’un Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale et d’un mécanisme de financement sur la sûreté et la sécurité maritimes dans cette région.
La stratégie des 15 pays membres de la CEDEAO se trouve encore quant à elle en cours d’élaboration.
Président en exercice de la CEEAC, composée de 10 Etats, le Tchadien Idriss Deby Itno a plaidé pour la mise en place effective, « avec les pays qui sont disponibles », de la force d’intervention rapide dénommée Capacité africaine de réponde rapide aux situations d’urgence (CARIC), créée lors du récent sommet de l’Union africaine (UA) fin mai à Addis-Abeba en Ethiopie.
Selon lui, une telle force mérite d’avoir en son sein une composante liée à la sécurité maritime.
Le premier sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée se poursuivait lundi en fin de journée par des discussions à huis clos des chefs d’Etat. La clôture des travaux prévue mardi en mi-journée devra donner corps à une stratégie régionale de lutte contre la piraterie maritime en Afrique de l’Ouest et du Centre, en coopération avec l’UA et les Nations Unies.
Le projet de cette taxe figure parmi une liste de dix recommandations contenues dans le rapport général des travaux d’un symposium international organisé vendredi dans les locaux du ministère camerounais des Relations extérieures dans la capitale Yaoundé en prélude à la rencontre des chefs d’Etat, sous le thème « les défis sécuritaires dans le golfe de Guinée ».
Cette réunion d’experts situait déjà les enjeux du sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée, à savoir « dresser l’état des lieux de l’insécurité maritime dans cette zone de haute importance stratégique et de proposer des voies et moyens pour remédier à cette menace que constitue la piraterie maritime, les vols à main armée et les autres activités illicites commis sur le plan d’eau ».
La création d’« une taxe nationale, communautaire et multinationale pour soutenir les activités de sécurisation maritime dans le golfe de Guinée » y a été débattue dans le cadre d’une stratégie régionale visant à accroître les capacités opérationnelles des pays de la région par une mutualisation de leurs actions et moyens d’intervention en vue de combattre avec plus d’efficacité les phénomènes déplorés.
La recommandation sera examinée par le sommet ouvert lundi en présence des présidents béninois Thomas Boni Yayi, burkinabè Blaise Compaoré, congolais Denis Sassou Nguesso, gabonais Ali Bongo Ondimba, équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, ivoirien Alassane Ouattara, nigérien Mamahadou Issoufou, nigérian Goodluck Ebele Jonathan, sao-toméen Manuel Pinto da Costa, tchadien Idriss Deby Itno, togolais Faure Gnassingbé, puis camerounais Paul Biya, hôte du sommet.
Ce rendez-vous, auquel prennent part aussi la vice-présidente gambienne Isatou Njie Saidou et d’autres délégations, devra consacrer l’adoption d’un protocole d’accord entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée, les trois organisations régionales concernées par le sommet, a précisé Alassane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO.
En plus d’une déclaration politique des chefs d’Etat et de gouvernement, l’ordre du jour de ces assises placées sous l’égide des Nations Unies prévoit en outre la signature d’un code de bonne conduite sur la prévention et la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre, a par ailleurs indiqué le dirigeant ouest-africain.
Ces documents avaient déjà été validés lors d’une réunion ministérielle tenue le 19 mars à Cotonou au Bénin, pays à l’origine de ce sommet approuvé par le Conseil de sécurité de l’ONU, après une mission d’évaluation décidée par le secrétaire général Ban Ki-moon dans quatre pays de la région dont le Bénin lui-même, le Nigeria, le Gabon et l’Angola en novembre 2011.
Pour Alassane Ouattara, « en signant ces documents, nous nous engageons de façon définitive en faveur de documents juridiques contraignants » pour lutter contre la piraterie, les vols à main armée en mer et d’autres activités maritimes illicites.
Schématiquement, le golfe de Guinée est désigné comme un espace géopolitique qui s’étend de la Côte d’Ivoire à l’Angola. Le géostratège camerounais Joseph Vincent Ntuda Ebodé le définit comme « un vaste territoire où 7 capitales politiques sur 12 (soit 58,3%) ont une façade maritime donnant sur la baie. Il s’agit d’Accra, Lomé, Porto Novo, Libreville, Malabo, Luanda et Sao Tomé ».
« Par ailleurs, poursuit l’universitaire, il regroupe 8 capitales économiques (Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou, Lagos, Douala, Bata, Pinte Noire) et 12 ports importants (Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou, Lagos, Warri, Port Harcourt, Douala, Port Gentil, Pointe Noire, Matadi, Luanda). Même si seuls les ports de Lagos et Port Harcourt (Nigeria) ont une capacité de plus de 15 millions de tonnes par an chacun, ses côtes sont parsemées d’une multitude de petits ports (San Pedro, Sekondi-Tokoradi, Tema, Calabar, Kribi, Limbe, Bata, Libreville, Lobito..) ».
Riche en ressources halieutiques et ressources naturelles, cette zone est surtout réputée receler d’importants gisements d’hydrocarbures de sorte qu’elle est parsemée de champs pétroliers on shore et off-shore s’accompagnant d’une abondante quantité de gaz naturel au large de la quasi-totalité des côtes des Etats concernés.
D’après les analyses, son potentiel de croissance pétrolière semble plus élevé que celui de la Russie, de la mer Caspienne ou de l’Amérique du Sud. Alassane Ouattara rappelle que près de 70% de la production du continent est concentrée dans cette zone et les projections laissent indiquer que celle-ci dépassera celle de l’ensemble des pays du golfe Persique à l’horizon 2020.
Selon les estimations, elle fournit près de 40% du pétrole consommé en Europe et 29% de celui consommé aux Etats-Unis.
Mais zone d’intérêts géostratégiques attisant les convoitises des puissances mondiales, le golfe de Guinée accuse un manque à gagner annuel de 2 milliards de dollars à cause de la piraterie maritime, en partie favorisée par l’état de pauvreté des populations riveraines et le chômage des jeunes, a souligné le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna.
C’est pour cette raison que le président camerounais Paul Biya s’est prononcé pour « une réponse centrée à la fois sur la sécurité, la gouvernance et le développement ».
Après avoir salué le soutien des Etats-Unis, de la Chine, de la France, de l’Union européenne (UE) et d’Interpol, ce leader politique s’est réjoui de la mise en place d’un Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale et d’un mécanisme de financement sur la sûreté et la sécurité maritimes dans cette région.
La stratégie des 15 pays membres de la CEDEAO se trouve encore quant à elle en cours d’élaboration.
Président en exercice de la CEEAC, composée de 10 Etats, le Tchadien Idriss Deby Itno a plaidé pour la mise en place effective, « avec les pays qui sont disponibles », de la force d’intervention rapide dénommée Capacité africaine de réponde rapide aux situations d’urgence (CARIC), créée lors du récent sommet de l’Union africaine (UA) fin mai à Addis-Abeba en Ethiopie.
Selon lui, une telle force mérite d’avoir en son sein une composante liée à la sécurité maritime.
Le premier sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée se poursuivait lundi en fin de journée par des discussions à huis clos des chefs d’Etat. La clôture des travaux prévue mardi en mi-journée devra donner corps à une stratégie régionale de lutte contre la piraterie maritime en Afrique de l’Ouest et du Centre, en coopération avec l’UA et les Nations Unies.