Rendre public les résultats obtenus par la commission heuristique de la commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR) et amener les participants à contribuer à les amender. » Tel est l’objectif que veut atteindre Charles Konan Banny, à travers la commission heuristique pilotée par le commissaire central, le Pr. Séry Bailly, en organisant un colloque à Yamoussoukro sous le thème : « Comprendre pour mieux (se) réconcilier. » De façon générale, il s’agit de faire connaître les causes profondes de la crise ivoirienne, les handicaps communs, les aspirations partagées en vue de contribuer à la réduction des incompréhensions et des ressentiments pour la promotion de l’unité nationale. Mais au-delà, il est question d’amener les différents groupes sociaux à trouver un consensus sur les causes réelles de cette crise et contribuer à rassembler les substances nécessaires à la rédaction des recommandations que la CDVR entend adresser au chef de l’Etat. Ces résultats qui sont portés à la connaissance des 120 participants dont 89 de la société civile, de guides religieux, de partis politiques d’observateurs et la presse à travers l’union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire, (UNJCI), portent sur les problèmes cruciaux que sont le foncier, la citoyenneté et la démocratie, la communication et la société, la sécurité et la justice, le genre, la formation, l’éducation et la jeunesse et enfin la pauvreté. Pour le Pr. Séry Bailly, président de la commission heuristique, après les études de terrain qui ont duré plusieurs mois et après l’atelier organisé au mois de décembre 2012 pour présenter un premier bilan, et un autre séminaire d’écoute a été tenu les thèmes suscités pour faire connaître les points de vue des ivoiriens sur les causes de cette crise. Le colloque de Yamoussoukro vise à faire amender et compléter ces résultats afin qu’au sortir de ces assises la population soit mieux édifiée sur les maux qui affligent notre société. Selon lui, « une bonne confrontation avec le passé prévient les nouveaux conflits. » A l’en croire, si les causes immédiates nous enferment dans la prison des ressentiments, les autres, plus profondes, encouragent la reconstruction du lien et de la nation par la prise de conscience des contraintes communes. Les unes divisent en tant que prolongement de la guerre par des mots, les autres, en se rapprochant à l’ensemble, peuvent être source de solidarité et d’ambition partagée. Le Pr Séry Bailly prose comme premier atout une bonne politique mémorielle qui est l’apaisement qu’on éprouve à savoir ce dont on est victime, et le second atout qui rapproche est de son point de vue, la réconciliation. Car tous, dit-il, sommes des produits d’une histoire et bien souvent la même histoire qui a donné un coup douloureux à nos vies individuelles et collectives. Cette histoire appelle, selon lui, à tourner le dos à la diabolisation des uns et des autres. Pendant trois jours, les 120 participants vont travailler d’arrache-pied pour faire sortir des recommandations fiables et réconciliatrices.
Jacquelin Mintoh
Jacquelin Mintoh