Il a fait son entrée chez les Immortels en 2012, en tant que premier africain noir membre associé de l’Académie royale de Belgique. Le Professeur Poamé Marcelin Lazare est Professeur titulaire de la Chaire Unesco de Bioéthique, et actuel président de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, poste qu`il occupe depuis le 17 décembre 2009. Philosophe et Bioéthicien, Expert dans les organisations internationales. Il est le Coordonnateur du Master d’Ethique, et de Bioéthique (Afrique de l’Ouest). Il est également Collaborateur de la Nouvelle Encyclopédie de Bioéthique. Il a gravi toutes les marches de la hiérarchie académique (Assistant/Maître-assistant/Maître de Conférences/ Professeur titulaire) et les différents échelons de l’administration universitaire (chef de département / Vice-doyen/ Doyen). Il a décidé de mettre toute son expérience au service de l’Université Alassane Ouattara, avec un programme ambitieux et stratégique qu’il redéfinit ici. L’enjeu, pour lui, est de donner une impulsion plus forte pour une Université plus compétitive.
A côté du prix de la pacification de l’espace universitaire décerné récemment au CEECI (comité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire), vous réservez un prix à la presse et un autre aux agents du personnel administratifs et technique. Expliquez-nous l’objectif recherché en instituant ces différents prix au sein de l’université dont vous être le premier responsable ?
Je crois que l’objectif global, c’est de trouver les moyens d’accroître les performances de l’université. Mais, il y a quand même des objectifs spécifiques parce que les destinataires, les récipiendaires de ce prix, n’ont pas le même statut. S’agissant des étudiants, par exemple, ce prix est institué pour développer en eux la culture de la paix. Pour que cette culture se développe, il faut motiver les gens à la paix. Les Ivoiriens en parlent. Mais, il faudra façonner les esprits de façon à ce qu’ils puissent développer des dynamiques pacifistes dans leur milieu, pour que la paix puisse être la chose la mieux partagée dans cet espace. En ce qui concerne le prix décerné aux meilleurs agents et aux meilleurs services de l’université, il va pouvoir amener les agents à se surpasser dans ce qu’ils font. A travers ce prix, c’est un effort qui est fait par l’administration pour que chacun à son niveau puisse donner le meilleur de lui-même. On revient à l’objectif global. En ce qui concerne les journalistes, cela va bien au-delà. Il faut d’abord aller à la dénomination du prix. Il s’agit du prix de la meilleure visibilité de l’université dans la presse. La meilleure visibilité, disons-nous. Mais, cette visibilité est meilleure par rapport à quoi ? Quels en sont les critères ? Quel est le journaliste qui aura produit sur l’université des articles en respectant l’éthique et la déontologie de la profession ? L’objectif, c’est que l’image de l’institution, telle que présentée par les journalistes dans la presse, restera une image qui cadre avec les principes de l’éthique et de la déontologie. C’est une image qui n’écorche pas gratuitement l’institution. En même temps, c’est une image qui doit conférer respect au journaliste lui-même. Au-delà de l’université, lorsqu’on s’apercevra que des journalistes, en publiant des articles sur l’université, respectent les règles de l’éthique et de la déontologie, le regard des Ivoiriens, le regard des contemporains sur les journalistes ivoiriens va changer. Notre presse va donc gagner en crédibilité en même tant que l’université gagne en visibilité.
Parlant du prix du journaliste, quand sera-t-il décerné et quelle est la période d’évaluation des journalistes ?
Ils seront évalués sur toute l’année. Nous avons adressé des courriers à toutes les rédactions. Ce prix sera décerné à la fin de l’année, c'est-à-dire, au cours de la rentrée solennelle 2013-2014. La compétition est donc engagée. Nous prévoyons notre rentrée probablement en octobre, si les travaux de réhabilitation sont achevés.
L’université Alassane Ouattara relocalisée après avril 2011 à Bouaké, à en croire certaines sources, souffre de salles pour prise de cours, car disent-ils, vous louez des locaux auprès de certains établissements privés. Pourtant, au début de votre mandat, c'est-à-dire au premier trimestre de 2010, vous avez présenté la maquette de la nouvelle université de Bouaké-La-Neuve, où en est-on avec ce projet ?
C’est vraiment bien dit. Là, c’est un projet de construction de l’université. Pour l’instant, au niveau du gouvernement, je crois qu’ils sont à la phase de réhabilitation. Cette phase est différente de la construction. Nous, notre projet, c’est la construction. En regardant ce qui s’est passé à Cocody, il n’y a pas vraiment eu de nouvelles constructions. Ils sont restés dans un programme de réhabilitation. Après, viendront les programmes de construction. Je l’ai dit, les deux campus de Bouaké, campus I et campus II, même réhabilités à cent pour cent, ne pourront pas abriter plus de la moitié de nos effectifs étudiants. C’est ainsi que l’Université a été contrainte de louer des locaux avec les établissements privés de la place dont Henri Poincaré, Bambi, Mohamed 5, Collège Adventiste et le Lycée Américain. Mais là encore, nous avons des soucis parce que ces établissements privés sont pris en location pour toute une année et non pour deux mois comme le laisse supposer la dotation budgétaire.
Alors comment vous arrangez-vous ?
Nous avons posé le problème au niveau du Conseil de gestion qui est l’instance suprême pour toute décision ayant une incidence financière. Le conseil de gestion va donc approcher Mme le ministre de l’Economie et des Finances pour que ce problème soit résolu. Dans la phase de réhabilitation, l’Université devra donc continuer de louer des locaux avec ces établissements privés. Après, viendra la construction. Et là, nous avons acquis le terrain. Nous avons récemment entrepris des démarches pour que, dans le programme de construction de logements initié par le gouvernement, dans ce vaste projet, nous puissions nous y insérer de sorte qu’à proximité de la parcelle prévue pour la construction de l’université, nous ayons des logements du personnel enseignant et du personnel administratif et technique. Nous sommes engagés dans un processus qui est, à mon avis, relativement avancé avec le représentant du ministère de la Construction à Bouaké. Pour que, dans le cadre du projet initial de Bouaké La-Neuve qui prévoyait aussi des logements pour tout le personnel de l’université, que l’Etat puisse nous aider à construire ces logements. Je pense que l’Etat va nous emboiter le pas pour construire effectivement l’université puisque le projet du Président de la République, celui de bâtir un village universitaire, est en parfaite relation de résonnance avec le projet de Bouaké-La-Neuve présenté en 2010 par l’équipe dirigeante de l’Université. Etant donné que nous avons les mêmes vues, il va de soi que l’Etat puisse, le moment venu, bâtir cette université de rêve parce que sur cet espace, nous avons en projet de bâtir l’une des plus grandes universités d’Afrique.
Le ‘‘départ nouveau’’ prôné n’a pas encore décollé apparemment, car même si tout est paisible au sein de votre université, récemment, nous avons observé à l’université Félix Houphouët Boigny des actions de violence. Alors, pour vous, qu’est ce qui manque à la recette du ‘‘départ nouveau’’ ?
Le ‘‘départ nouveau’’ a décollé. Il a décollé parce que, lorsque vous prenez les programmes de formation à l’Université Alassane Ouattara, il y a eu un toilettage palpable de ces programmes. Je ne peux pas parler des autres universités. Mais, elles en ont fait autant. Il y a eu un toilettage des programmes de formation. Et cela est particulièrement important dans l’appréciation du ‘‘départ nouveau’’. C’est vrai que dans ce ‘‘départ nouveau’’, nous y avons mis beaucoup de choses en référence aux multiples exigences du système LMD. Je crois que, c’est par rapport à cela que vous avez dit que ça n’a pas décollé ? Mais, je le répète, le départ nouveau a décollé ! Cependant, il y a encore beaucoup de choses à faire. Il faut regarder ce qui a été fait. La révision des maquettes pédagogiques a été un travail important dans ce décollage. Deuxième élément dans ce décollage, il faut le noter, c’est vraiment important. Le prix que nous avons attribué. Le prix de la pacification qui a été attribué aux étudiants est un élément important, voire majeur en ce qui concerne l’Université Alassane Ouattara à tel point que les étudiants, je vous l’ai dit, ont pris l’initiative de conduire au commissariat de police un des leurs qui avait posé un acte odieux. Je ne vous dirai pas exactement ce qui s’est passé, mais vous cernez bien l’esprit de ces jeunes gens. C’est aussi cela, le ‘‘départ nouveau’’. Naturellement, il y a des talons d’Achille à ce départ nouveau. Ce sont surtout les infrastructures qui ne sont pas achevées et qui peuvent donc mécontenter ‘‘nos clients’’ (les étudiants) dans l’espace universitaire. Ils ont besoin d’avoir de bons produits. Toutefois, ils ont déjà un bon produit au niveau des maquettes pédagogiques. Ce sont les infrastructures qui nous font cruellement défaut. Les infrastructures sont composées des bâtiments, des appareils pour les laboratoires spécialisés. Somme toute, l’esprit nouveau est là. A Cocody, je m’en souviens, l’ensemble des organisations des étudiants avait signé une charte dans le cadre du départ nouveau. Cela également n’était pas si mal pour le départ nouveau. Mais, il faut le dire, le programme de réhabilitation inachevé entrave quelque peu le ‘‘départ nouveau’’. En même tant, nous voulons relever les défis du système LMD et ce n’est pas aisé. Au moment où je vous parle, nous n’avons plus le Wi-Fi à l’Université Alassane Ouattara.
Justement… le système LMD a été mis en place dans les universités. Déjà, les étudiants payent les frais des inscriptions selon les clauses de ce système qui, selon certaines sources, ne sont pas appliquées sur le terrain comme il faut. Combien de temps encore, faut-il accorder aux décideurs pour leur permettre de respecter leur engagement ?
Oui, il y a encore des problèmes. On n’a pas le Wi-Fi. On ne peut donc pas offrir aux étudiants la vidéo conférence. Il y a des formations que l’AUF (Agence universitaire de la francophonie, Ndlr) devrait organiser à l’intention de nos enseignants, c'est-à-dire, leur apprendre à préparer des cours en ligne. Mais pour le faire, il faut bien que le réseau internet sur le campus marche, ce qui n’est pas le cas. Il a fonctionné pendant quelques jours, lors de la rentrée solennelle, et puis, plus rien.
Qu’est-ce qu’il faut pour le remettre en marche ?
D’après les informations que nous avons recueillies de nos services techniques, le ministère des TIC a dû retirer ses équipements pour les faire réparer. A ce jour, il n’y a plus rien qui marche en matière de système Wi-Fi.
Il y a aussi la difficulté d’application du système LMD tant au niveau des enseignants qu’au niveau des étudiants. Il se pourrait que les acteurs ne maîtrisent pas ce système. Et, l’on parle même de brouille…
Non, il ne peut y avoir de brouille. Chacun fait son travail. Les enseignants ont fait leur travail en ce qui concerne les maquettes qu’il fallait revoir. Il fallait les mettre aux normes LMD. Mais, les mettre aux normes LMD, c’est aussi accepter une série de contraintes pour les enseignants eux-mêmes qui doivent enseigner autrement. Et là aussi, ils sont en situation d’apprentissage. Tout le monde est en situation d’apprentissage. C’est pourquoi, il faut que les uns et les autres soient tolérants et compréhensifs. Les étudiants aussi sont en situation d’apprentissage. Ils doivent apprendre autrement. L’enseignant doit donc apprendre à enseigner autrement et l’étudiant doit apprendre à étudier autrement. Tous les deux sont dans une situation nouvelle, pour ne pas dire inédite. Et cela, naturellement, pose quelques soucis. Nous sommes, au niveau de la Côte d’Ivoire, partant pour ce système. Le ministère s’y est engagé. Les universités se sont également engagées dans ce système avec les enseignants et le personnel administratif et technique. Les étudiants aussi. Mais, sa mise en œuvre ne va pas de soi, elle requiert un certain nombre d’exigences auxquelles il faut faire face. Pour y faire raisonnablement face, il faut des crédits budgétaires conséquents. Lorsque vous prenez les crédits budgétaires qui ne valent que pour l’ancien système, vous ne gardez du LMD que l’esprit. Et nous pensons que pour 2014, l’Etat prendra en compte les exigences du système LMD. En attendant, il faut travailler avec un minimum. Et ce minimum est garanti. Il est bâti autour des maquettes pédagogiques que nous allons encore affiner. Parce que, pour 2014, nous n’allons pas reconduire exactement les maquettes de 2013. Nous allons devoir les affiner jusqu’en 2016 pour que nous ayons tous les réquisits du système LMD. On ose espérer avoir pour nos universités le système LMD dans sa plénitude à l’horizon 2016, avec tout ce que cela comporte. Tous les aspects des TIC dans la formation des étudiants, toutes les infrastructures requises, tout cela pourra être considéré comme un acquis dans quelques années. En espérant que le Président de la République posera la première pierre de la construction de Bouaké La-Neuve avant la fin de son mandat.
Vous êtes optimistes…
J’ai vu quand même l’importance que le Président de la République accorde à son concept de village universitaire. Et nous, nous avons vraiment réuni toutes les conditions pour que ce village universitaire soit réalisé à Bouaké au profit d’une institution qui porte son nom.
Décembre 2013 est en quelque sorte la fin de votre mandat. Cependant, au regard de la dernière décision du gouvernement qui a procédé à la nomination du Professeur Bakayoko-Ly Ramata à la présidence de l’UFHB, pensez-vous qu’il y aura une élection encore au sein des universités publiques ce qui vous permettra d’entamer un autre mandat?
Alors, je l’ai déjà dit et je le répète. Cette question avait déjà été posée en Conseil d’université. C’est une question que je ne voudrais ni commenter ni faire venir au jour. Parce qu’elle ne peut pas être à l’ordre du jour, simplement. Une question donc qui ne peut pas être à l’ordre du jour dans la gouvernance universitaire actuelle, je ne saurais l’aborder. Je ne suis pas dans la posture qu’il faut pour aborder cette question. Je vous ai entendu dire à plusieurs reprises, votre mandat, votre mandat. Le système a changé… Les présidents ne sont plus élus, ils sont nommés. Ce qu’il faut retenir, c’est que la gouvernance universitaire doit être conduite par une équipe qui a des projets, voire des ambitions pour l’université. Ces ambitions, on doit pouvoir les retrouver dans ce qu’on appelle le plan stratégique de l’université. Nous, nous sommes arrivés avec une équipe particulièrement ambitieuse et industrieuse. Nous avons produit un plan stratégique de l’université, un plan de développement de notre institution. Et c’est cela qui importe.
Alors la question de l’élection d’un président d’université ne peut avoir d’incidence sur son fonctionnement…
Que l’individu soit nommé ou élu, est-ce qu’il dispose d’un plan stratégique pour son institution. Si tel est le cas, qu’il le déploie pour le faire évaluer par les principaux acteurs de l’université, par le ministère de tutelle et par les parents d’étudiants. Il nous faut en Côte d’Ivoire, des universités compétitives. Il nous faut faire en sorte que les Ivoiriens ne soient plus obligés d’envoyer leurs enfants à l’étranger. Et c’est cela notre combat. Je l’ai dit et je le répète : « dans deux ans, vous verrez que notre université n’aura plus rien en envier aux autres universités du monde en matière de qualité de la formation ». Pour ce qui est des infrastructures, on ne peut pas garantir rigoureusement quoi que ce soit, parce que ce n’est pas nous qui construisons. Mais, en ce qui concerne les formations, les UE (Unités d’Enseignement), l’ingénierie est à la fois disponible et rassurante. Il s’ensuit qu’au niveau des programmes de formation et des programmes de recherche, vous verrez que notre université n’aura rien à envier aux universités reconnues de renommée mondiale, notamment certaines universités européennes et américaines. Nous faisons en sorte que l’enfant du paysan puisse ici en Côte d’Ivoire, à Bouaké, avoir la formation qu’il faut pour que cet enfant puisse trouver un emploi digne. Parce que la question de l’employabilité est au cœur de notre dispositif. Toutes les réformes que nous sommes en train de conduire en tiennent énormément compte. L’enfant du paysan doit savoir que lorsqu’il terminera sa formation dans notre université, il a autant de chances d’avoir un emploi que le fils du nanti qui poursuit ses études à Harvard ou à Montréal… et que ce fils de paysans soit fier de la formation qu’il a reçue ; qu’il sache qu’il peut avoir un emploi ici en Côte d’Ivoire et hors de la Côte d’Ivoire au même titre que les autres. Ici à l’Université Alassane Ouattara, les étudiants que nous formons maintenant, les diplômes qui vont être délivrés dans le cadre du système LMD, ces diplômes pourront constituer pour l’étudiant un passeport mondial pour eux.
Comment se passe votre mission de membre de l’académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique?
Honnêtement, j’ai été vraiment heureux d’avoir été élu à l’Académie. Mais, en y entrant, c’est un Ivoirien, c’est un Africain qui y est entré. Je suis, comme vous le savez, le premier Africain noir à y entrer. La première question que je me suis posée en rentrant en Côte d’Ivoire après la cérémonie d’accueil des nouveaux Académiciens était celle-ci : que dois-je pouvoir en tirer pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique ? Naturellement, d’abord pour mon université, ensuite pour l’Afrique. Il y a de grands projets en cours. Et l’académie est prête à nous accompagner. D’abord, pour le développement de l’université, elle-même. Ensuite pour le développement de l’Afrique. On a eu quelques soucis parce que ces grandes institutions sont soucieuses du climat de paix qui doit régner dans le pays d’accueil des projets. Je suis donc revenu de l’académie avec de beaux projets sous la main. J’ai expliqué à mes collaborateurs ce que l’académie était prête à faire pour l’université, pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique.
On peut avoir des exemples des projets de l’académie…
Je ne suis pas du genre à miroiter des choses. Lorsque j’en parle, c’est que nous en avons la maîtrise. Là, je vous ai parlé de deux projets. Ce sont des projets qui ont été déjà financés. Nous sommes entrain d’y travailler. Le moment venu, lorsque nous recevrons le soutien concret de l’académie, lorsque les projets commenceront à être mis en œuvre, à ce moment-là, on en parlera. Mais, sachez qu’ils veulent vraiment nous aider, aider l’Université Alassane Ouattara. Nous devons être quand même la belle vitrine de l’académie dans une institution comme la nôtre, un pays comme le nôtre, un continent comme le nôtre. Il faut toujours lier ces trois choses. L’université, la Côte d’Ivoire et l’Afrique. Retenez que je travaille pour ces trois entités à la fois.
Un regard sur les évènements qui se sont produits à l’Université Félix Houphouët-Boigny où le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Cissé Bacongo a été pris à partie et quels sont vos rapports avec le ministre Cissé Bacongo ?
Je pense que cela va de soi. Je prends le dernier élément. J’ai de bons rapports avec le ministre comme vous pouvez le constater. Concernant les évènements, c’est extrêmement grave. C’est pénible et cela me fait vraiment de la peine quand je dois en parler. De tels faits se seraient produits dans les années 80, on pourrait espérer de les voir passer inaperçus. Mais aujourd’hui, la situation est tout autre. Tout ce qui est diffusé dans la presse fait le tour du monde. Ces images qui ont fait le tour du monde sont d’une extrême gravité. La prison pour ceux qui ont posé l’acte ne règlerait rien. Faisons en sorte que ces choses n’arrivent plus. Et c’est pourquoi, je reviens encore sur le prix de la pacification. L’étudiant qui sait que les actes qu’il aura posés en faveur de la paix seront comptabilisés et reconnus mondialement grâce à la presse s’efforcera de congédier les vilains gestes. L’étudiant qui sait qu’à travers ses actes, il pourrait payer sa scolarité grâce au prix de la pacification (un million au lauréat) aura de la retenue face aux situations délictueuses.
Que peut-on espérer obtenir en humiliant un ministre de la République ? Il suffit de lui poser clairement les problèmes!
Pour ces étudiants, il faut donc que nous trouvions la sanction qui soit vraiment à la dimension de la gravité de l’acte. Je n’ai pas la formule. La sanction physique n’est rien du tout ; je ne voudrais pas donner dans le spiritualisme. Mais, le physique n’est rien par rapport à l’âme. Lorsque vous touchez ou blessez un individu dans son âme, la plaie guérit difficilement. C’est pourquoi, il faut toujours éviter d’écorcher l’âme d’un individu. Parce que cette blessure ne va jamais se refermer entièrement. L’acte qu’ils ont posé ne peut se guérir que par un traitement de type spiritualiste.
Réalisée par Ogou Dama
A côté du prix de la pacification de l’espace universitaire décerné récemment au CEECI (comité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire), vous réservez un prix à la presse et un autre aux agents du personnel administratifs et technique. Expliquez-nous l’objectif recherché en instituant ces différents prix au sein de l’université dont vous être le premier responsable ?
Je crois que l’objectif global, c’est de trouver les moyens d’accroître les performances de l’université. Mais, il y a quand même des objectifs spécifiques parce que les destinataires, les récipiendaires de ce prix, n’ont pas le même statut. S’agissant des étudiants, par exemple, ce prix est institué pour développer en eux la culture de la paix. Pour que cette culture se développe, il faut motiver les gens à la paix. Les Ivoiriens en parlent. Mais, il faudra façonner les esprits de façon à ce qu’ils puissent développer des dynamiques pacifistes dans leur milieu, pour que la paix puisse être la chose la mieux partagée dans cet espace. En ce qui concerne le prix décerné aux meilleurs agents et aux meilleurs services de l’université, il va pouvoir amener les agents à se surpasser dans ce qu’ils font. A travers ce prix, c’est un effort qui est fait par l’administration pour que chacun à son niveau puisse donner le meilleur de lui-même. On revient à l’objectif global. En ce qui concerne les journalistes, cela va bien au-delà. Il faut d’abord aller à la dénomination du prix. Il s’agit du prix de la meilleure visibilité de l’université dans la presse. La meilleure visibilité, disons-nous. Mais, cette visibilité est meilleure par rapport à quoi ? Quels en sont les critères ? Quel est le journaliste qui aura produit sur l’université des articles en respectant l’éthique et la déontologie de la profession ? L’objectif, c’est que l’image de l’institution, telle que présentée par les journalistes dans la presse, restera une image qui cadre avec les principes de l’éthique et de la déontologie. C’est une image qui n’écorche pas gratuitement l’institution. En même temps, c’est une image qui doit conférer respect au journaliste lui-même. Au-delà de l’université, lorsqu’on s’apercevra que des journalistes, en publiant des articles sur l’université, respectent les règles de l’éthique et de la déontologie, le regard des Ivoiriens, le regard des contemporains sur les journalistes ivoiriens va changer. Notre presse va donc gagner en crédibilité en même tant que l’université gagne en visibilité.
Parlant du prix du journaliste, quand sera-t-il décerné et quelle est la période d’évaluation des journalistes ?
Ils seront évalués sur toute l’année. Nous avons adressé des courriers à toutes les rédactions. Ce prix sera décerné à la fin de l’année, c'est-à-dire, au cours de la rentrée solennelle 2013-2014. La compétition est donc engagée. Nous prévoyons notre rentrée probablement en octobre, si les travaux de réhabilitation sont achevés.
L’université Alassane Ouattara relocalisée après avril 2011 à Bouaké, à en croire certaines sources, souffre de salles pour prise de cours, car disent-ils, vous louez des locaux auprès de certains établissements privés. Pourtant, au début de votre mandat, c'est-à-dire au premier trimestre de 2010, vous avez présenté la maquette de la nouvelle université de Bouaké-La-Neuve, où en est-on avec ce projet ?
C’est vraiment bien dit. Là, c’est un projet de construction de l’université. Pour l’instant, au niveau du gouvernement, je crois qu’ils sont à la phase de réhabilitation. Cette phase est différente de la construction. Nous, notre projet, c’est la construction. En regardant ce qui s’est passé à Cocody, il n’y a pas vraiment eu de nouvelles constructions. Ils sont restés dans un programme de réhabilitation. Après, viendront les programmes de construction. Je l’ai dit, les deux campus de Bouaké, campus I et campus II, même réhabilités à cent pour cent, ne pourront pas abriter plus de la moitié de nos effectifs étudiants. C’est ainsi que l’Université a été contrainte de louer des locaux avec les établissements privés de la place dont Henri Poincaré, Bambi, Mohamed 5, Collège Adventiste et le Lycée Américain. Mais là encore, nous avons des soucis parce que ces établissements privés sont pris en location pour toute une année et non pour deux mois comme le laisse supposer la dotation budgétaire.
Alors comment vous arrangez-vous ?
Nous avons posé le problème au niveau du Conseil de gestion qui est l’instance suprême pour toute décision ayant une incidence financière. Le conseil de gestion va donc approcher Mme le ministre de l’Economie et des Finances pour que ce problème soit résolu. Dans la phase de réhabilitation, l’Université devra donc continuer de louer des locaux avec ces établissements privés. Après, viendra la construction. Et là, nous avons acquis le terrain. Nous avons récemment entrepris des démarches pour que, dans le programme de construction de logements initié par le gouvernement, dans ce vaste projet, nous puissions nous y insérer de sorte qu’à proximité de la parcelle prévue pour la construction de l’université, nous ayons des logements du personnel enseignant et du personnel administratif et technique. Nous sommes engagés dans un processus qui est, à mon avis, relativement avancé avec le représentant du ministère de la Construction à Bouaké. Pour que, dans le cadre du projet initial de Bouaké La-Neuve qui prévoyait aussi des logements pour tout le personnel de l’université, que l’Etat puisse nous aider à construire ces logements. Je pense que l’Etat va nous emboiter le pas pour construire effectivement l’université puisque le projet du Président de la République, celui de bâtir un village universitaire, est en parfaite relation de résonnance avec le projet de Bouaké-La-Neuve présenté en 2010 par l’équipe dirigeante de l’Université. Etant donné que nous avons les mêmes vues, il va de soi que l’Etat puisse, le moment venu, bâtir cette université de rêve parce que sur cet espace, nous avons en projet de bâtir l’une des plus grandes universités d’Afrique.
Le ‘‘départ nouveau’’ prôné n’a pas encore décollé apparemment, car même si tout est paisible au sein de votre université, récemment, nous avons observé à l’université Félix Houphouët Boigny des actions de violence. Alors, pour vous, qu’est ce qui manque à la recette du ‘‘départ nouveau’’ ?
Le ‘‘départ nouveau’’ a décollé. Il a décollé parce que, lorsque vous prenez les programmes de formation à l’Université Alassane Ouattara, il y a eu un toilettage palpable de ces programmes. Je ne peux pas parler des autres universités. Mais, elles en ont fait autant. Il y a eu un toilettage des programmes de formation. Et cela est particulièrement important dans l’appréciation du ‘‘départ nouveau’’. C’est vrai que dans ce ‘‘départ nouveau’’, nous y avons mis beaucoup de choses en référence aux multiples exigences du système LMD. Je crois que, c’est par rapport à cela que vous avez dit que ça n’a pas décollé ? Mais, je le répète, le départ nouveau a décollé ! Cependant, il y a encore beaucoup de choses à faire. Il faut regarder ce qui a été fait. La révision des maquettes pédagogiques a été un travail important dans ce décollage. Deuxième élément dans ce décollage, il faut le noter, c’est vraiment important. Le prix que nous avons attribué. Le prix de la pacification qui a été attribué aux étudiants est un élément important, voire majeur en ce qui concerne l’Université Alassane Ouattara à tel point que les étudiants, je vous l’ai dit, ont pris l’initiative de conduire au commissariat de police un des leurs qui avait posé un acte odieux. Je ne vous dirai pas exactement ce qui s’est passé, mais vous cernez bien l’esprit de ces jeunes gens. C’est aussi cela, le ‘‘départ nouveau’’. Naturellement, il y a des talons d’Achille à ce départ nouveau. Ce sont surtout les infrastructures qui ne sont pas achevées et qui peuvent donc mécontenter ‘‘nos clients’’ (les étudiants) dans l’espace universitaire. Ils ont besoin d’avoir de bons produits. Toutefois, ils ont déjà un bon produit au niveau des maquettes pédagogiques. Ce sont les infrastructures qui nous font cruellement défaut. Les infrastructures sont composées des bâtiments, des appareils pour les laboratoires spécialisés. Somme toute, l’esprit nouveau est là. A Cocody, je m’en souviens, l’ensemble des organisations des étudiants avait signé une charte dans le cadre du départ nouveau. Cela également n’était pas si mal pour le départ nouveau. Mais, il faut le dire, le programme de réhabilitation inachevé entrave quelque peu le ‘‘départ nouveau’’. En même tant, nous voulons relever les défis du système LMD et ce n’est pas aisé. Au moment où je vous parle, nous n’avons plus le Wi-Fi à l’Université Alassane Ouattara.
Justement… le système LMD a été mis en place dans les universités. Déjà, les étudiants payent les frais des inscriptions selon les clauses de ce système qui, selon certaines sources, ne sont pas appliquées sur le terrain comme il faut. Combien de temps encore, faut-il accorder aux décideurs pour leur permettre de respecter leur engagement ?
Oui, il y a encore des problèmes. On n’a pas le Wi-Fi. On ne peut donc pas offrir aux étudiants la vidéo conférence. Il y a des formations que l’AUF (Agence universitaire de la francophonie, Ndlr) devrait organiser à l’intention de nos enseignants, c'est-à-dire, leur apprendre à préparer des cours en ligne. Mais pour le faire, il faut bien que le réseau internet sur le campus marche, ce qui n’est pas le cas. Il a fonctionné pendant quelques jours, lors de la rentrée solennelle, et puis, plus rien.
Qu’est-ce qu’il faut pour le remettre en marche ?
D’après les informations que nous avons recueillies de nos services techniques, le ministère des TIC a dû retirer ses équipements pour les faire réparer. A ce jour, il n’y a plus rien qui marche en matière de système Wi-Fi.
Il y a aussi la difficulté d’application du système LMD tant au niveau des enseignants qu’au niveau des étudiants. Il se pourrait que les acteurs ne maîtrisent pas ce système. Et, l’on parle même de brouille…
Non, il ne peut y avoir de brouille. Chacun fait son travail. Les enseignants ont fait leur travail en ce qui concerne les maquettes qu’il fallait revoir. Il fallait les mettre aux normes LMD. Mais, les mettre aux normes LMD, c’est aussi accepter une série de contraintes pour les enseignants eux-mêmes qui doivent enseigner autrement. Et là aussi, ils sont en situation d’apprentissage. Tout le monde est en situation d’apprentissage. C’est pourquoi, il faut que les uns et les autres soient tolérants et compréhensifs. Les étudiants aussi sont en situation d’apprentissage. Ils doivent apprendre autrement. L’enseignant doit donc apprendre à enseigner autrement et l’étudiant doit apprendre à étudier autrement. Tous les deux sont dans une situation nouvelle, pour ne pas dire inédite. Et cela, naturellement, pose quelques soucis. Nous sommes, au niveau de la Côte d’Ivoire, partant pour ce système. Le ministère s’y est engagé. Les universités se sont également engagées dans ce système avec les enseignants et le personnel administratif et technique. Les étudiants aussi. Mais, sa mise en œuvre ne va pas de soi, elle requiert un certain nombre d’exigences auxquelles il faut faire face. Pour y faire raisonnablement face, il faut des crédits budgétaires conséquents. Lorsque vous prenez les crédits budgétaires qui ne valent que pour l’ancien système, vous ne gardez du LMD que l’esprit. Et nous pensons que pour 2014, l’Etat prendra en compte les exigences du système LMD. En attendant, il faut travailler avec un minimum. Et ce minimum est garanti. Il est bâti autour des maquettes pédagogiques que nous allons encore affiner. Parce que, pour 2014, nous n’allons pas reconduire exactement les maquettes de 2013. Nous allons devoir les affiner jusqu’en 2016 pour que nous ayons tous les réquisits du système LMD. On ose espérer avoir pour nos universités le système LMD dans sa plénitude à l’horizon 2016, avec tout ce que cela comporte. Tous les aspects des TIC dans la formation des étudiants, toutes les infrastructures requises, tout cela pourra être considéré comme un acquis dans quelques années. En espérant que le Président de la République posera la première pierre de la construction de Bouaké La-Neuve avant la fin de son mandat.
Vous êtes optimistes…
J’ai vu quand même l’importance que le Président de la République accorde à son concept de village universitaire. Et nous, nous avons vraiment réuni toutes les conditions pour que ce village universitaire soit réalisé à Bouaké au profit d’une institution qui porte son nom.
Décembre 2013 est en quelque sorte la fin de votre mandat. Cependant, au regard de la dernière décision du gouvernement qui a procédé à la nomination du Professeur Bakayoko-Ly Ramata à la présidence de l’UFHB, pensez-vous qu’il y aura une élection encore au sein des universités publiques ce qui vous permettra d’entamer un autre mandat?
Alors, je l’ai déjà dit et je le répète. Cette question avait déjà été posée en Conseil d’université. C’est une question que je ne voudrais ni commenter ni faire venir au jour. Parce qu’elle ne peut pas être à l’ordre du jour, simplement. Une question donc qui ne peut pas être à l’ordre du jour dans la gouvernance universitaire actuelle, je ne saurais l’aborder. Je ne suis pas dans la posture qu’il faut pour aborder cette question. Je vous ai entendu dire à plusieurs reprises, votre mandat, votre mandat. Le système a changé… Les présidents ne sont plus élus, ils sont nommés. Ce qu’il faut retenir, c’est que la gouvernance universitaire doit être conduite par une équipe qui a des projets, voire des ambitions pour l’université. Ces ambitions, on doit pouvoir les retrouver dans ce qu’on appelle le plan stratégique de l’université. Nous, nous sommes arrivés avec une équipe particulièrement ambitieuse et industrieuse. Nous avons produit un plan stratégique de l’université, un plan de développement de notre institution. Et c’est cela qui importe.
Alors la question de l’élection d’un président d’université ne peut avoir d’incidence sur son fonctionnement…
Que l’individu soit nommé ou élu, est-ce qu’il dispose d’un plan stratégique pour son institution. Si tel est le cas, qu’il le déploie pour le faire évaluer par les principaux acteurs de l’université, par le ministère de tutelle et par les parents d’étudiants. Il nous faut en Côte d’Ivoire, des universités compétitives. Il nous faut faire en sorte que les Ivoiriens ne soient plus obligés d’envoyer leurs enfants à l’étranger. Et c’est cela notre combat. Je l’ai dit et je le répète : « dans deux ans, vous verrez que notre université n’aura plus rien en envier aux autres universités du monde en matière de qualité de la formation ». Pour ce qui est des infrastructures, on ne peut pas garantir rigoureusement quoi que ce soit, parce que ce n’est pas nous qui construisons. Mais, en ce qui concerne les formations, les UE (Unités d’Enseignement), l’ingénierie est à la fois disponible et rassurante. Il s’ensuit qu’au niveau des programmes de formation et des programmes de recherche, vous verrez que notre université n’aura rien à envier aux universités reconnues de renommée mondiale, notamment certaines universités européennes et américaines. Nous faisons en sorte que l’enfant du paysan puisse ici en Côte d’Ivoire, à Bouaké, avoir la formation qu’il faut pour que cet enfant puisse trouver un emploi digne. Parce que la question de l’employabilité est au cœur de notre dispositif. Toutes les réformes que nous sommes en train de conduire en tiennent énormément compte. L’enfant du paysan doit savoir que lorsqu’il terminera sa formation dans notre université, il a autant de chances d’avoir un emploi que le fils du nanti qui poursuit ses études à Harvard ou à Montréal… et que ce fils de paysans soit fier de la formation qu’il a reçue ; qu’il sache qu’il peut avoir un emploi ici en Côte d’Ivoire et hors de la Côte d’Ivoire au même titre que les autres. Ici à l’Université Alassane Ouattara, les étudiants que nous formons maintenant, les diplômes qui vont être délivrés dans le cadre du système LMD, ces diplômes pourront constituer pour l’étudiant un passeport mondial pour eux.
Comment se passe votre mission de membre de l’académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique?
Honnêtement, j’ai été vraiment heureux d’avoir été élu à l’Académie. Mais, en y entrant, c’est un Ivoirien, c’est un Africain qui y est entré. Je suis, comme vous le savez, le premier Africain noir à y entrer. La première question que je me suis posée en rentrant en Côte d’Ivoire après la cérémonie d’accueil des nouveaux Académiciens était celle-ci : que dois-je pouvoir en tirer pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique ? Naturellement, d’abord pour mon université, ensuite pour l’Afrique. Il y a de grands projets en cours. Et l’académie est prête à nous accompagner. D’abord, pour le développement de l’université, elle-même. Ensuite pour le développement de l’Afrique. On a eu quelques soucis parce que ces grandes institutions sont soucieuses du climat de paix qui doit régner dans le pays d’accueil des projets. Je suis donc revenu de l’académie avec de beaux projets sous la main. J’ai expliqué à mes collaborateurs ce que l’académie était prête à faire pour l’université, pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique.
On peut avoir des exemples des projets de l’académie…
Je ne suis pas du genre à miroiter des choses. Lorsque j’en parle, c’est que nous en avons la maîtrise. Là, je vous ai parlé de deux projets. Ce sont des projets qui ont été déjà financés. Nous sommes entrain d’y travailler. Le moment venu, lorsque nous recevrons le soutien concret de l’académie, lorsque les projets commenceront à être mis en œuvre, à ce moment-là, on en parlera. Mais, sachez qu’ils veulent vraiment nous aider, aider l’Université Alassane Ouattara. Nous devons être quand même la belle vitrine de l’académie dans une institution comme la nôtre, un pays comme le nôtre, un continent comme le nôtre. Il faut toujours lier ces trois choses. L’université, la Côte d’Ivoire et l’Afrique. Retenez que je travaille pour ces trois entités à la fois.
Un regard sur les évènements qui se sont produits à l’Université Félix Houphouët-Boigny où le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Cissé Bacongo a été pris à partie et quels sont vos rapports avec le ministre Cissé Bacongo ?
Je pense que cela va de soi. Je prends le dernier élément. J’ai de bons rapports avec le ministre comme vous pouvez le constater. Concernant les évènements, c’est extrêmement grave. C’est pénible et cela me fait vraiment de la peine quand je dois en parler. De tels faits se seraient produits dans les années 80, on pourrait espérer de les voir passer inaperçus. Mais aujourd’hui, la situation est tout autre. Tout ce qui est diffusé dans la presse fait le tour du monde. Ces images qui ont fait le tour du monde sont d’une extrême gravité. La prison pour ceux qui ont posé l’acte ne règlerait rien. Faisons en sorte que ces choses n’arrivent plus. Et c’est pourquoi, je reviens encore sur le prix de la pacification. L’étudiant qui sait que les actes qu’il aura posés en faveur de la paix seront comptabilisés et reconnus mondialement grâce à la presse s’efforcera de congédier les vilains gestes. L’étudiant qui sait qu’à travers ses actes, il pourrait payer sa scolarité grâce au prix de la pacification (un million au lauréat) aura de la retenue face aux situations délictueuses.
Que peut-on espérer obtenir en humiliant un ministre de la République ? Il suffit de lui poser clairement les problèmes!
Pour ces étudiants, il faut donc que nous trouvions la sanction qui soit vraiment à la dimension de la gravité de l’acte. Je n’ai pas la formule. La sanction physique n’est rien du tout ; je ne voudrais pas donner dans le spiritualisme. Mais, le physique n’est rien par rapport à l’âme. Lorsque vous touchez ou blessez un individu dans son âme, la plaie guérit difficilement. C’est pourquoi, il faut toujours éviter d’écorcher l’âme d’un individu. Parce que cette blessure ne va jamais se refermer entièrement. L’acte qu’ils ont posé ne peut se guérir que par un traitement de type spiritualiste.
Réalisée par Ogou Dama