Kong, nouveau département autrefois considéré comme la Sibérie tropicale à l’instar de Bouna. Ces localités que les fonctionnaires ivoiriens prenaient, pour des terres pénitentiaires. Désormais en chantier, Kong peut se projeter dans une vision futuriste. Ce n’est pas encore la vitesse de croisière dans les travaux de transformation mais déjà le visiteur peut être enchanté. Les premiers signaux sont déjà là. A commencer par la reprise des travaux de voirie urbaine. Les machines et les camions de MK Construction vont et viennent. Sous leur poussée, une voie triomphale avec terre plein central, bordée de deux haies de lampadaires, traverse déjà la ville avec un bitume flambant neuf. Les voies secondaires sont en cours de traitement. Le maitre d’ouvrage en est le ministère des infrastructures économiques et le maître d’œuvre le Bureau national d’études techniques et de développement (Bnetd), financement PPU (programme présidentiel d’urgence). Le dispensaire urbain et la nouvelle préfecture brillent de leurs plus belles couleurs. La vieille mosquée bâtie au 19e siècle, curiosité touristique de la ville a pris une nouvelle couche de boue de terre. Deux grands abris ont été ajoutés à son patrimoine et peuvent accueillir au moins un millier de fidèles musulmans pour la prière du vendredi. Elle est enfin protégée par une clôture neuve. Le côté culturel n’est pas en reste. Une bibliothèque et un foyer ont été offerts aux jeunes. A Kong on découvre des maisons neuves à l’architecture anglaise, toit rouge, forme conique ou pyramidale. La construction du collège Dominique Ouattara se poursuit avec des bâtiments achevés et fréquentés. Il est situé en bordure du boulevard principal. La petite ville de Kong, deux ans après l’avènement de son fils au pouvoir à Abidjan, poursuit sa transformation. Il y est annoncé un projet immobilier de la Sicogi. Un premier lot de 150 logements. De quoi réjouir les fonctionnaires qui continuent d’affluer dans ce petit Eldorado chargé d’histoire. Une bouée de sauvetage aussi pour effacer de la mémoire collective les vestiges du passé fait de taudis et de cases aux murs décrépits et décadents. Ces vieilles maisons familiales aux toits de paille sont encore là et contrastent d’avec le changement en cours. En attendant le bonheur total, le visiteur de Kong devra s’armer de moral pour parcourir les 100 km d’une route cahoteuse et poussiéreuse à partir de Ferkessédougou. De ce côté-là, les nouvelles sont bonnes. Des langues annoncent le bitumage imminent de cette voie qui sortira définitivement l’ancien poumon du royaume dirigé par Sékou Ouattara de son isolement. Les mauvaises nouvelles cependant, ce sont l’insécurité avec les coupeurs de route, le braconnage. La réserve de la Comoé n’est pas loin de là. Sa faune et sa flore sont sous la menace depuis qu’elle est restée sans maître du fait de la longue crise. Aujourd’hui l’Etat veut la reprendre et il faut bien plus que de la sensibilisation pour faire reculer ces braconniers dans une zone traditionnellement de chasseurs Dozo.
S. Debailly, de retour de Kong
S. Debailly, de retour de Kong
