Ce que les Ivoiriens retiendront de Ouattara après son passage à la tête de la Côte d’ivoire, ce sont, entre autres, les trois décisions controversées qu’il a prises et qui consacrent la fracture sociale.
La Côte d’Ivoire retrouvera-t-elle un jour sa cohésion sociale ? Ce n’est pas si évident à cause de trois décisions controversées prises par Ouattara. Ces trois décisions inédites dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire consacrent dangereusement la fracture sociale et compromettent par-là même occasion l’avenir de ce pays.
La déportation de Gbagbo à la Cpi
La première de ces décisions est le transfèrement du président Gbagbo à la Cour pénale internationale (Cpi) à La Haye, au Pays Bas.
Il n’est pas exagéré de dire que la déportation du président Gbagbo à la Cpi n’a pas été du goût de la grande majorité des Ivoiriens. Y compris dans les rangs de M. Ouattara, lui-même. Il y a même des gens qui sont très proches du chef de l’Etat et qui n’ont pas apprécié la déportation du président Gbagbo. « On aurait pu régler cette affaire entre frères en gardant le président Gbagbo en prison dans notre pays », déclare un très proche collaborateur d’Alassane Dramane Ouattara. Ce haut responsable du régime Ouattara estime que « le transfèrement du président Gbagbo est plus qu’une erreur. Il est une faute politique » de leur mentor. « C’est une décision inédite qui fera jurisprudence dans l’histoire politique de notre pays. Elle ouvre une déchirure qui sera difficile à refermer », s’inquiète-t-il en insistant pour rester dans l’anonymat.
En réalité, la décision controversée relative au transfert du président Gbagbo à la Cpi rappelle la douloureuse époque de l’esclavage où les bras valides africains étaient arrachés à leurs parents pour être déportés chez les Blancs dans le cadre du travail forcé. Et ceux qui étaient déportés étaient considérés comme morts pour leurs parents.
Au-delà des partisans politiques du président Laurent Gbagbo, ses parents considèrent son transfèrement à la Cpi par Ouattara comme sa mise à mort. Cela ramène à l’image de l’épervier et du poulet.
L’histoire de l’épervier et du coq
En effet, l’histoire raconte que l’épervier avait son petit gravement malade. Il souffrait d’une maladie qu’aucun médecin ne parvenait à guérir. Petit épervier luttait contre la mort quand vint le mille-pattes. « Ton petit peut être sauvé. Il suffit seulement de voir le cafard. Le mien souffrait de la même maladie et il était dans le même état quand le cafard l’a guéri ». L’état du petit de l’épervier était tel qu’il risquait de mourir en route s’il fallait le transporter chez le cafard. L’épervier choisit donc d’aller chercher le cafard. Mais pour aller dans le village des cafards, il fallait passer par le celui des poulets. C’était un passage obligé qu’on ne pouvait éviter. Or, le poulet affectionne le cafard comme nourriture. Mais l’épervier, lui, ne le sait pas. Il court donc aller chercher le cafard. Le voilà qui arrive en toute sueur dans le village des poulets. « Pourquoi cours-tu à cette vive allure? », lui demandent presqu’en chœur les poulets qu’il trouve sous l’arbre à palabre. « Mon fils lutte contre la mort. Et le mille-pattes m’apprend que c’est le cafard qui peut le sauver. Je cours donc chercher le cafard », répond l’épervier. « Vas vite. Tu n’es plus loin », lui rétorque un poulet.
L’épervier arrive chez le cafard et lui explique les symptômes de la maladie de son petit. « Ce n’est rien du tout ! Il suffit seulement que j’arrive à côté de ton fils et il est sauvé. Mais hélas, où allons-nous passer ? Si les poulets me voient, ils vont me manger », s’inquiète le cafard. « Non, ils ne peuvent rien te faire puisque je leur ai expliqué que tu vas sauver la vie à mon fils. Pour moi, ils ne te feront rien », rassure l’épervier. «Si, ils vont me tuer », persiste le cafard qui ajoute : « Quand les poulets me voient, ils perdent tout leur contrôle et rentrent en transe tellement ils affectionnent ma chère ». « Je dis bien qu’ils ne te feront parce qu’il est question de la vie de mon enfant. Je le leur ai dit et ils m’ont encouragé à venir te chercher ».
C’est alors que le cafard accepte malgré lui de partir avec l’épervier. Il ne veut surtout pas avoir la mort du petit de l’épervier sur sa conscience. Mais dès qu’ils entrent dans le village des poulets, le premier coq qui aperçoit le cafard se jette sur lui et le dévore. Désespéré, l’épervier s’éloigne du village. Et son petit meurt par manque de soins appropriés.
Un jour, pendant que l’épervier se promenait dans les airs, il aperçoit une mère poule avec ses poussins. Il se rabat et se rend compte qu’il s’agit effectivement d’une mère poule et ses poussins. « Or donc vous aussi faites des enfants et vous avez empêché que le cafard sauve le mien de mort ?», se dit l’épervier. Sur-le-champ, il fonce et s’empare d’un poussin. Et quand la mère poule pousse des cris de détresse, l’épervier vole à tire d’aile en battant lentement des ailes comme pour dire, « restez tranqulles! c’est une guerre qui ne finira jamais entre nous que vous avez provoquée ».
Il faut craindre que le transfèrement du président Gbagbo à la Cpi n’installe entre ses proches, ses parents et M. Ouattara et les siens, non pas une guerre interminable, mais une animosité difficilement altérable.
Le rattrapage ethnique et régional
Le deuxième acte d’Alassane Dramane Ouattara qui consacre la fracture sociale est relatif au rattrapage ethnique et régional dont il est si fier au point d’en faire l’apologie.
Lors de son discours de clôture de sa tournée dans le district des Savanes, tenu au chef-lieu Korhogo, Alassane Ouattara a une fois encore fait l’apologie de sa politique d’exclusion. « Pendant longtemps le nord a été exclu du développement. Il faut donc un investissement massif pour le mettre au même niveau que les autres régions du pays », avait déclaré le chef de l’Etat sans coup férir. Ainsi donc pour M. Ouattara, tous les présidents qui se sont succédé à la tête de la Côte d’ivoire avant son avènement n’ont fait aucun investissement dans le nord. Pas même le président Félix Houphouët-Boigny dont il se réclame. Il a donc mis en place une politique de rattrapage au profit de cette partie de la Côte d’Ivoire. En présentant les choses ainsi Alassane Dramane Ouattara oppose sur la base du faux, les autres régions du pays au nord. Tout comme il s’évertue à opposer les fils du nord aux autres fils du pays avec sa politique de rattrapage ethnique dans l’administration l’armée etc.
Aujourd’hui quand on regarde notre administration, on a l’impression que seuls les ressortissants du nord ont fait des études et qu’ils sont par conséquent les seules compétences du pays.
Sur 7 institutions que compte le pays en dehors de la présidence de la République qui, du reste, est occupé par un fils du nord, 5 sont dirigés par des nordistes. La quasi-totalité des directeurs généraux, directeurs centraux, directeurs et chefs de service sont des ressortissants du nord.
Cette situation frustrante crée forcément entre les fils du nord et les autres enfants du pays, un malaise.
Des décisions de justice excessives
Le troisième acte qui consacre la fracture sociale porte sur «la justice des vainqueurs».
A la suite de la crise que la Côte d’Ivoire a connue pendant plus de 9 ans, seuls les partisans du président Gbagbo sont poursuivis par la Justice. Ceux du clan Ouattara sont qualifiés par le procureur de la République de « sauveurs de la République ». En dépit des graves crimes qu’ils ont commis.
Il y a même des décisions de justice qui ont été prises à l’encontre de ceux qu’on appelle les pro-Gbagbo. des décisions qui laisseront sûrement des traces indélébiles dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. Il s’agit d’une part de l’interdiction de séjour sur toute l’étendue du territoire national en dehors de son lieu de résidence, infligée arbitrairement au secrétaire général du Fpi Laurent Akoun. Et d’autre part du renvoi devant la Cour d’assises des autres prisonniers politiques pro-Gbagbo qui ont été arrêtés pour la grande majorité à l’Hôtel Pergola sous la supervision de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et à leurs domiciles. Il convient de rappeler que la Cour d’assises ne connaît que des infractions portant sur les grands crimes. Il s’agit là des décisions inédites dans l’histoire de la politique nationale qui ne sauraient s’effacer facilement.
Quand on regarde donc ces actes posés par Alassane Dramane Ouattara, on se demande bien comment il va s’y prendre pour réconcilier les Ivoiriens.
Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
La Côte d’Ivoire retrouvera-t-elle un jour sa cohésion sociale ? Ce n’est pas si évident à cause de trois décisions controversées prises par Ouattara. Ces trois décisions inédites dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire consacrent dangereusement la fracture sociale et compromettent par-là même occasion l’avenir de ce pays.
La déportation de Gbagbo à la Cpi
La première de ces décisions est le transfèrement du président Gbagbo à la Cour pénale internationale (Cpi) à La Haye, au Pays Bas.
Il n’est pas exagéré de dire que la déportation du président Gbagbo à la Cpi n’a pas été du goût de la grande majorité des Ivoiriens. Y compris dans les rangs de M. Ouattara, lui-même. Il y a même des gens qui sont très proches du chef de l’Etat et qui n’ont pas apprécié la déportation du président Gbagbo. « On aurait pu régler cette affaire entre frères en gardant le président Gbagbo en prison dans notre pays », déclare un très proche collaborateur d’Alassane Dramane Ouattara. Ce haut responsable du régime Ouattara estime que « le transfèrement du président Gbagbo est plus qu’une erreur. Il est une faute politique » de leur mentor. « C’est une décision inédite qui fera jurisprudence dans l’histoire politique de notre pays. Elle ouvre une déchirure qui sera difficile à refermer », s’inquiète-t-il en insistant pour rester dans l’anonymat.
En réalité, la décision controversée relative au transfert du président Gbagbo à la Cpi rappelle la douloureuse époque de l’esclavage où les bras valides africains étaient arrachés à leurs parents pour être déportés chez les Blancs dans le cadre du travail forcé. Et ceux qui étaient déportés étaient considérés comme morts pour leurs parents.
Au-delà des partisans politiques du président Laurent Gbagbo, ses parents considèrent son transfèrement à la Cpi par Ouattara comme sa mise à mort. Cela ramène à l’image de l’épervier et du poulet.
L’histoire de l’épervier et du coq
En effet, l’histoire raconte que l’épervier avait son petit gravement malade. Il souffrait d’une maladie qu’aucun médecin ne parvenait à guérir. Petit épervier luttait contre la mort quand vint le mille-pattes. « Ton petit peut être sauvé. Il suffit seulement de voir le cafard. Le mien souffrait de la même maladie et il était dans le même état quand le cafard l’a guéri ». L’état du petit de l’épervier était tel qu’il risquait de mourir en route s’il fallait le transporter chez le cafard. L’épervier choisit donc d’aller chercher le cafard. Mais pour aller dans le village des cafards, il fallait passer par le celui des poulets. C’était un passage obligé qu’on ne pouvait éviter. Or, le poulet affectionne le cafard comme nourriture. Mais l’épervier, lui, ne le sait pas. Il court donc aller chercher le cafard. Le voilà qui arrive en toute sueur dans le village des poulets. « Pourquoi cours-tu à cette vive allure? », lui demandent presqu’en chœur les poulets qu’il trouve sous l’arbre à palabre. « Mon fils lutte contre la mort. Et le mille-pattes m’apprend que c’est le cafard qui peut le sauver. Je cours donc chercher le cafard », répond l’épervier. « Vas vite. Tu n’es plus loin », lui rétorque un poulet.
L’épervier arrive chez le cafard et lui explique les symptômes de la maladie de son petit. « Ce n’est rien du tout ! Il suffit seulement que j’arrive à côté de ton fils et il est sauvé. Mais hélas, où allons-nous passer ? Si les poulets me voient, ils vont me manger », s’inquiète le cafard. « Non, ils ne peuvent rien te faire puisque je leur ai expliqué que tu vas sauver la vie à mon fils. Pour moi, ils ne te feront rien », rassure l’épervier. «Si, ils vont me tuer », persiste le cafard qui ajoute : « Quand les poulets me voient, ils perdent tout leur contrôle et rentrent en transe tellement ils affectionnent ma chère ». « Je dis bien qu’ils ne te feront parce qu’il est question de la vie de mon enfant. Je le leur ai dit et ils m’ont encouragé à venir te chercher ».
C’est alors que le cafard accepte malgré lui de partir avec l’épervier. Il ne veut surtout pas avoir la mort du petit de l’épervier sur sa conscience. Mais dès qu’ils entrent dans le village des poulets, le premier coq qui aperçoit le cafard se jette sur lui et le dévore. Désespéré, l’épervier s’éloigne du village. Et son petit meurt par manque de soins appropriés.
Un jour, pendant que l’épervier se promenait dans les airs, il aperçoit une mère poule avec ses poussins. Il se rabat et se rend compte qu’il s’agit effectivement d’une mère poule et ses poussins. « Or donc vous aussi faites des enfants et vous avez empêché que le cafard sauve le mien de mort ?», se dit l’épervier. Sur-le-champ, il fonce et s’empare d’un poussin. Et quand la mère poule pousse des cris de détresse, l’épervier vole à tire d’aile en battant lentement des ailes comme pour dire, « restez tranqulles! c’est une guerre qui ne finira jamais entre nous que vous avez provoquée ».
Il faut craindre que le transfèrement du président Gbagbo à la Cpi n’installe entre ses proches, ses parents et M. Ouattara et les siens, non pas une guerre interminable, mais une animosité difficilement altérable.
Le rattrapage ethnique et régional
Le deuxième acte d’Alassane Dramane Ouattara qui consacre la fracture sociale est relatif au rattrapage ethnique et régional dont il est si fier au point d’en faire l’apologie.
Lors de son discours de clôture de sa tournée dans le district des Savanes, tenu au chef-lieu Korhogo, Alassane Ouattara a une fois encore fait l’apologie de sa politique d’exclusion. « Pendant longtemps le nord a été exclu du développement. Il faut donc un investissement massif pour le mettre au même niveau que les autres régions du pays », avait déclaré le chef de l’Etat sans coup férir. Ainsi donc pour M. Ouattara, tous les présidents qui se sont succédé à la tête de la Côte d’ivoire avant son avènement n’ont fait aucun investissement dans le nord. Pas même le président Félix Houphouët-Boigny dont il se réclame. Il a donc mis en place une politique de rattrapage au profit de cette partie de la Côte d’Ivoire. En présentant les choses ainsi Alassane Dramane Ouattara oppose sur la base du faux, les autres régions du pays au nord. Tout comme il s’évertue à opposer les fils du nord aux autres fils du pays avec sa politique de rattrapage ethnique dans l’administration l’armée etc.
Aujourd’hui quand on regarde notre administration, on a l’impression que seuls les ressortissants du nord ont fait des études et qu’ils sont par conséquent les seules compétences du pays.
Sur 7 institutions que compte le pays en dehors de la présidence de la République qui, du reste, est occupé par un fils du nord, 5 sont dirigés par des nordistes. La quasi-totalité des directeurs généraux, directeurs centraux, directeurs et chefs de service sont des ressortissants du nord.
Cette situation frustrante crée forcément entre les fils du nord et les autres enfants du pays, un malaise.
Des décisions de justice excessives
Le troisième acte qui consacre la fracture sociale porte sur «la justice des vainqueurs».
A la suite de la crise que la Côte d’Ivoire a connue pendant plus de 9 ans, seuls les partisans du président Gbagbo sont poursuivis par la Justice. Ceux du clan Ouattara sont qualifiés par le procureur de la République de « sauveurs de la République ». En dépit des graves crimes qu’ils ont commis.
Il y a même des décisions de justice qui ont été prises à l’encontre de ceux qu’on appelle les pro-Gbagbo. des décisions qui laisseront sûrement des traces indélébiles dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. Il s’agit d’une part de l’interdiction de séjour sur toute l’étendue du territoire national en dehors de son lieu de résidence, infligée arbitrairement au secrétaire général du Fpi Laurent Akoun. Et d’autre part du renvoi devant la Cour d’assises des autres prisonniers politiques pro-Gbagbo qui ont été arrêtés pour la grande majorité à l’Hôtel Pergola sous la supervision de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et à leurs domiciles. Il convient de rappeler que la Cour d’assises ne connaît que des infractions portant sur les grands crimes. Il s’agit là des décisions inédites dans l’histoire de la politique nationale qui ne sauraient s’effacer facilement.
Quand on regarde donc ces actes posés par Alassane Dramane Ouattara, on se demande bien comment il va s’y prendre pour réconcilier les Ivoiriens.
Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr