Gestion de la radio rurale de Tengrela : l’association des membres et le préfet à couteaux tirés

Entre les membres de l'association de la radio rurale locale de Tengréla et le préfet du département, les rapports sont des plus ombrageux. A l'origine de ce conflit- pour lequel l'association a dû recourir à l'arbitrage du ministère de tutelle- l'immixtion, dénoncent-ils, du préfet dans la gestion de cette radio. De quoi s'agit -il ? Le 08 juillet 2013, à l'issue d'une assemblée générale des membres de la radio, M. Vamara Diabaté est élu en qualité de chef de station par 25 voix, contre 1 pour Lacina Cissé. Le troisième candidat Konan Konan, n'ayant obtenu aucune voix. Cela comblait ainsi un vide qui perdurait depuis une décennie. Car, faut-il le rappeler, pendant la crise qu'a connue la Côte d'Ivoire, la radio était tombée aux mains des ex-forces nouvelles. Lui ôtant toute organisation statutaire légale. Mais Vamara Diabaté bien qu'élu ne prendra pas fonction, conformément à la souveraine délibération de l'assemblée générale. Et pour cause, le préfet Konin Dindé s'y oppose. Reprochant à l'association de ne l'avoir pas invité à l'assemblée au cours de laquelle le chef de station a été élu. «Scandaleux», s'écrie M. Diabaté Lancina, président de l'association des membres de la radio rurale locale de Tengrela qui rappelle dans un courrier en date du 12 juillet adressé au préfet, le caractère souverain des délibérations de l'assemblée. Le 15 juillet, le préfet répond à l'association en lui faisant savoir que la chefferie s'était concertée sur le problème du chef de station de la radio. Et qu'en conclusion, les chefs ont plutôt préféré Konan Konan à Vamara Diabaté. « J'ai l'honneur ce faisant de vous inviter à prendre en compte cet avis des membres originels de la radio», note t- on dans le courrier préfectoral N°125/RB/P-TGLA/CAB. Du coup, l'association des membres de la radio soupçonne le préfet d'avoir suscité la concertation des chefs à des fins d'une opposition. Nous avons joint le préfet au téléphone qui dénonce un vice de procédure. « C'est l'administration qui organise les services publics, donc on ne peut pas ici parler d'immixtion. Normalement, c'est le comité de gestion qui propose un nom et l'assemblée de la radio l'entérine. Je note tout simplement que dans le choix du chef de station, il y a eu une confusion sur les notions d'élection et de désignation. On ne peut pas nommer quelqu'un et l'élire dans le même temps. Or c'est ce qui s'est passé», a résumé l'administrateur Konin Dindé, qui fonde l'espoir d'une issue à cette crise avec l'arrivée de la mission du ministère. Effectivement, l'association a saisi le ministère de la Communication, et la Haute autorité de la communication et de l'audiovisuel (HACA), le 12 juillet dernier à des fins d'un arbitrage. Aussi prévoit-elle la tenue d'un sit-in, ce jeudi 25 juillet, devant le siège de la radio à Tengréla pour dénoncer ce qu'elle considère comme un «parti pris» du préfet dans la gestion de la radio.

Alexandre Lebel Ilboudo