La mise en liberté provisoire lundi d’une nouvelle vague de détenus pro-Gbagbo de la crise post- électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire rencontre l’assentiment d’une bonne partie de la classe politique et de l’opinion nationale même si des voix s’élèvent pour dire que la décision n’est pas suffisante pour une paix définitive et la réconciliation nationale dans le pays.
Un acte "fort" pour la réconciliation nationale
"Un acte fort pour la réconciliation nationale", estime un analyste politique qui affirme que la nouvelle, une "surprise, qu’aucun scénario ne prédisait", a été un "un véritable séisme" dans le milieu politique ivoirien.
"Il est clair qu’il est désormais difficile pour les irréductibles de Laurent Gbagbo d’avancer d’autres arguments pour ne pas se couler dans le moule de la réconciliation nationale", poursuit l’analyste qui explique que la libération des personnalités du FPI a "toujours été réclamée à cor et à cri" par l’opposition qui en a fait un préalable pour reprendre le dialogue avec le gouvernement.
Le gouvernement a été d’ailleurs le premier a salué la décision de mise en liberté provisoire de la justice du président du FPI, Pascal Affi N’guessan, et de 13 autres proches de M. Gbagbo dont son fils Michel Gbagbo.
A l’issue d’un conseil des ministres lundi, le gouvernement a "pris acte" de la décision en espérant qu’elle contribuera à " l’apaisement du climat sociopolitique" et au "processus de réconciliation des Ivoiriens".
Cette décision doit "faire sortir le pays de la situation de belligérance dans laquelle les Ivoiriens se trouvent depuis la fin de la crise post-électorale" qui a fait 3 000 morts dans le pays, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné.
"C’est un signal fort de réconciliation nationale", commente également le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR, d’Alassane Ouattara), Joël N’guessan, qui ajoute qu’il appartient désormais au FPI d’adopter des "attitudes qui visent à encourager la réconciliation".
Même son de cloche avec le porte-parole du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, d’Henri Konan Bédié), Niamkey Koffi, qui affirme que la décision est "une bonne chose" qui "participe de la décrispation".
"Il faut reconnaître que l’acte est un coup de fouet, un coup d’accélérateur au processus de réconciliation en cours", renchérit Blé Guirao, le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI).
Comme ces leaders politiques, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny, a salué la mise en liberté des pro-Gbagbo à la veille de la commémoration mercredi du 53ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire.
"Elle participe à la création et à l’instauration d’un climat encore plus propice à la réconciliation nationale", a-t-il indiqué ajoutant que la décision revêt "un caractère spécial et hautement symbolique" et qu’elle "fera date dans l’histoire" du pays.
Merci, mais pas suffisant
Dans le camp du FPI, principal concerné par la décision de la justice de tenir hors des prisons ces détenus en attendant leur jugement, l’on est moins euphorique même si l’on salue la libération des "camarades".
En attendant une réaction officielle du parti, le secrétaire général par intérimaire, Richard Kodjo, a déclaré que c’est une " décision judiciaire à saluer" mais qui est "insuffisante".
"Notre position est que le pouvoir, les gouvernants prennent un acte politique courageux en mettant fin à tout cela", indique-t- il, estimant que les personnalités détenues sont des "prisonniers politiques".
De même, Alain Toussaint, ancien conseiller de Laurent Gbagbo, "encourage" Alassane Ouattara à "poser les derniers actes décisifs " en libérant tous les prisonniers pro-Gbagbo et en levant les mandats d’arrêt internationaux contre des personnalités du précédent régime actuellement en exil.
La libération des 14 personnalités "ne doit pas nous détourner de notre objectif principal qui est la libération de tous les prisonniers politiques, à commencer par Laurent Gbagbo", assène, pour sa part, Bernard Houdin, un autre conseiller de M. Gbagbo.
Acte juridique ou décision politique ?
Alors que le ministre de la Justice, Mamadou Coulibaly Gnénéma, tente de faire comprendre que la liberté provisoire est un "acte purement juridique" pris par la justice en attendant le jugement et "non un acte politique" du président Ouattara, les commentaires vont bon train sur les "secrets" de la décision.
"On nous présente cette libération comme un acte de procédure judiciaire dans le cadre d’une instruction en cours mais elle est essentiellement le fruit de pressions de toute nature qui se sont accumulées sur Alassane Ouattara", croit savoir Bernard Houdin.
Selon lui, "à Paris, ce n’était plus un secret que les autorités attendaient, qu’à l’occasion de la fête nationale ( mercredi) celui-ci (Alassane Ouattara) fasse un geste dans le sens de la réconciliation".
Un autre analyste politique proche de l’ancien régime assure que "c’est la forte pression de la communauté internationale dont la France qui aurait eu finalement raison d’Alassane Ouattara et de son régime".
"Dans un passé récent, Paris avait menacé de subordonner son aide financière à la Côte d’Ivoire à des gestes de décrispation de l’atmosphère sociopolitique par Alassane Ouattara, cela en libérant les prisonniers politiques détenus depuis avril 2011", affirme-t-il.
Un autre analyste parle de "diplomatie coutumière" et pense que des tractations au sommet de l’Etat incluant des chefs traditionnels du département de Gagnoa (région natale de Laurent Gbagbo) où doit se rendre le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, ont joué dans la mise en liberté provisoire des 14 personnalités.
"Il s’agit d’une décision politique et rien d’autre", soutient un autre observateur de la vie politique ivoirienne qui dénonce une "absence totale d’Etat de droit", une "manipulation" de l’institution judiciaire et une "fausse magnanimité" du président Ouattara.
"Libérer les prisonniers d’opinion ne suffit pas, il faut qu’une feuille de route consensuelle soit mise en place en vue de la négociation d’une paix civile durable", soutient-il.
Quoiqu’il en soit, c’est la troisième vague de mise en liberté en provisoire pour des détenus pro-Gbagbo, après les 25 personnalités de novembre 2011 suivies de huit autres en décembre 2012.
"Et, il ne s’agit que mise en liberté provisoire", prévient le procureur de la République, Richard Christophe Adou, tout en indiquant que les procédures de jugement suivent leur cours.
Au total 84 partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo attendent d’être jugés en Cour d’assises pour leur responsabilité supposée dans les affrontements meurtriers post-électoraux entre 2010 et 2011.
Un acte "fort" pour la réconciliation nationale
"Un acte fort pour la réconciliation nationale", estime un analyste politique qui affirme que la nouvelle, une "surprise, qu’aucun scénario ne prédisait", a été un "un véritable séisme" dans le milieu politique ivoirien.
"Il est clair qu’il est désormais difficile pour les irréductibles de Laurent Gbagbo d’avancer d’autres arguments pour ne pas se couler dans le moule de la réconciliation nationale", poursuit l’analyste qui explique que la libération des personnalités du FPI a "toujours été réclamée à cor et à cri" par l’opposition qui en a fait un préalable pour reprendre le dialogue avec le gouvernement.
Le gouvernement a été d’ailleurs le premier a salué la décision de mise en liberté provisoire de la justice du président du FPI, Pascal Affi N’guessan, et de 13 autres proches de M. Gbagbo dont son fils Michel Gbagbo.
A l’issue d’un conseil des ministres lundi, le gouvernement a "pris acte" de la décision en espérant qu’elle contribuera à " l’apaisement du climat sociopolitique" et au "processus de réconciliation des Ivoiriens".
Cette décision doit "faire sortir le pays de la situation de belligérance dans laquelle les Ivoiriens se trouvent depuis la fin de la crise post-électorale" qui a fait 3 000 morts dans le pays, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné.
"C’est un signal fort de réconciliation nationale", commente également le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR, d’Alassane Ouattara), Joël N’guessan, qui ajoute qu’il appartient désormais au FPI d’adopter des "attitudes qui visent à encourager la réconciliation".
Même son de cloche avec le porte-parole du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, d’Henri Konan Bédié), Niamkey Koffi, qui affirme que la décision est "une bonne chose" qui "participe de la décrispation".
"Il faut reconnaître que l’acte est un coup de fouet, un coup d’accélérateur au processus de réconciliation en cours", renchérit Blé Guirao, le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI).
Comme ces leaders politiques, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny, a salué la mise en liberté des pro-Gbagbo à la veille de la commémoration mercredi du 53ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire.
"Elle participe à la création et à l’instauration d’un climat encore plus propice à la réconciliation nationale", a-t-il indiqué ajoutant que la décision revêt "un caractère spécial et hautement symbolique" et qu’elle "fera date dans l’histoire" du pays.
Merci, mais pas suffisant
Dans le camp du FPI, principal concerné par la décision de la justice de tenir hors des prisons ces détenus en attendant leur jugement, l’on est moins euphorique même si l’on salue la libération des "camarades".
En attendant une réaction officielle du parti, le secrétaire général par intérimaire, Richard Kodjo, a déclaré que c’est une " décision judiciaire à saluer" mais qui est "insuffisante".
"Notre position est que le pouvoir, les gouvernants prennent un acte politique courageux en mettant fin à tout cela", indique-t- il, estimant que les personnalités détenues sont des "prisonniers politiques".
De même, Alain Toussaint, ancien conseiller de Laurent Gbagbo, "encourage" Alassane Ouattara à "poser les derniers actes décisifs " en libérant tous les prisonniers pro-Gbagbo et en levant les mandats d’arrêt internationaux contre des personnalités du précédent régime actuellement en exil.
La libération des 14 personnalités "ne doit pas nous détourner de notre objectif principal qui est la libération de tous les prisonniers politiques, à commencer par Laurent Gbagbo", assène, pour sa part, Bernard Houdin, un autre conseiller de M. Gbagbo.
Acte juridique ou décision politique ?
Alors que le ministre de la Justice, Mamadou Coulibaly Gnénéma, tente de faire comprendre que la liberté provisoire est un "acte purement juridique" pris par la justice en attendant le jugement et "non un acte politique" du président Ouattara, les commentaires vont bon train sur les "secrets" de la décision.
"On nous présente cette libération comme un acte de procédure judiciaire dans le cadre d’une instruction en cours mais elle est essentiellement le fruit de pressions de toute nature qui se sont accumulées sur Alassane Ouattara", croit savoir Bernard Houdin.
Selon lui, "à Paris, ce n’était plus un secret que les autorités attendaient, qu’à l’occasion de la fête nationale ( mercredi) celui-ci (Alassane Ouattara) fasse un geste dans le sens de la réconciliation".
Un autre analyste politique proche de l’ancien régime assure que "c’est la forte pression de la communauté internationale dont la France qui aurait eu finalement raison d’Alassane Ouattara et de son régime".
"Dans un passé récent, Paris avait menacé de subordonner son aide financière à la Côte d’Ivoire à des gestes de décrispation de l’atmosphère sociopolitique par Alassane Ouattara, cela en libérant les prisonniers politiques détenus depuis avril 2011", affirme-t-il.
Un autre analyste parle de "diplomatie coutumière" et pense que des tractations au sommet de l’Etat incluant des chefs traditionnels du département de Gagnoa (région natale de Laurent Gbagbo) où doit se rendre le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, ont joué dans la mise en liberté provisoire des 14 personnalités.
"Il s’agit d’une décision politique et rien d’autre", soutient un autre observateur de la vie politique ivoirienne qui dénonce une "absence totale d’Etat de droit", une "manipulation" de l’institution judiciaire et une "fausse magnanimité" du président Ouattara.
"Libérer les prisonniers d’opinion ne suffit pas, il faut qu’une feuille de route consensuelle soit mise en place en vue de la négociation d’une paix civile durable", soutient-il.
Quoiqu’il en soit, c’est la troisième vague de mise en liberté en provisoire pour des détenus pro-Gbagbo, après les 25 personnalités de novembre 2011 suivies de huit autres en décembre 2012.
"Et, il ne s’agit que mise en liberté provisoire", prévient le procureur de la République, Richard Christophe Adou, tout en indiquant que les procédures de jugement suivent leur cours.
Au total 84 partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo attendent d’être jugés en Cour d’assises pour leur responsabilité supposée dans les affrontements meurtriers post-électoraux entre 2010 et 2011.