La Côte d’Ivoire qui sort d’une longue et grave crise, essaie de rattraper son retard dans divers domaines. Des mesures sont donc prises par le gouvernement pour faire du pays un modèle et surtout une nation moderne. Notamment dans le domaine de la salubrité, la santé, l’insécurité et la reforme administrative. Mais, à la pratique, après les annonces médiatiques, beaucoup de ces mesures ne sont pas appliquées sur le terrain. Notre constat.
“Madame, des lunettes à la mode. Mont Blanc, Givenchy et autres » ; « Maman, des jouets pour les enfants » ; « Des porte-clés, des porte-clés ! ». « Mille francs les chaussures, vous avez combien ? dites votre prix, on va s’entendre ». Nous ne sommes pas au Forum d’Adjamé, mais bien sur le boulevard Valérie Giscard d’Estaing (VGE), au niveau du carrefour de Marcory. Ce vendredi 23 août 2013, il est 17h passé.
Et comme à pareille heure, l’embouteillage a déjà commencé sur le VGE. Comme également en pareille situation, les marchands ambulants, plus connus sous le nom de ’’bana bana’’, se faufilent entre les véhicules pour présenter leurs marchandises aux différents conducteurs. Surpris par leur présence massive, nous posons la question de savoir s’ils ne sont pas informés de la mesure prise par le gouvernement. « Si, nous savons que nous ne devons plus vendre sur le boulevard.
Mais, comment allons-nous faire si nous ne vendons pas. C’est notre gagne-pain », nous répond un jeune vendeur de porte-clés. « La police ne vous chasse-t-elle pas ? », rétorquons-nous. « Si, mais ce n’est pas tous les policiers », lance le jeune vendeur. En effet, au niveau du carrefour du magasin Orca Deco, à l’entrée du ’’tunnel’’, nous sommes surpris de voir de jeunes ’’bana bana’’ exercer tranquillement leur activité sans être inquiétés par les policiers régulant la circulation. Même décor sur le boulevard de Marseille, au niveau du carrefour de l’hôtel la Pergola.
Les jeunes vendeurs ambulants qui ont envahi les lieux essayent d’écouler leurs marchandises, au nez et à la barbe des policiers, indifférents à la scène. Notamment ceux du 31ème arrondissement situé juste en face de ce réceptif hôtelier. Et pourtant, une mesure prise le 25 juillet 2013 par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, interdit la présence de ces commerçants ambulants et des mendiants sur les grandes artères du district d’Abidjan. Le préfet de la région des lagunes, Diakité Sidiki, chargé de l’exécution de la mesure et de son suivi a expliqué qu’elle répond à des exigences sécuritaires, économiques et éthiques.
Dénonçant, au passage la mise en place de réseaux de mendiants aux abords des grands axes, l’exploitation d’enfants et des handicapés, le préfet Diakité a indiqué que la mesure allait également mettre fin à « la fuite fiscale dénoncée par les élus ». Ainsi, passé le délai de 10 jours accordés aux mis en cause, le préfet de la police d’Abidjan, également présent dans le comité de suivi, a déployé ses hommes sur le terrain. C’était donc la traque aux ’’bana bana’’ et mendiants.
Le grand carrefour de Solibra, à Treichville, le lieu de prédilection de ces deux couches indésirables a été « nettoyé » par les policiers. Idem pour plusieurs axes. Mais, cela a duré le temps d’une étoile filante. Aujourd’hui, près d’un mois depuis la prise de la mesure, force est de reconnaître que ces vendeurs et mendiants ont fait un retour en force. Pis, ils ne sont pas inquiétés par les forces de l’ordre censées les chasser. De plus, il faut dire que l’opération de déguerpissement s’est seulement limitée à certains carrefours névralgiques de la capitale économique. Des communes comme Abobo, Yopougon, Koumassi, Marcory et même Cocody (Riviera II, Angré-7ème et 8ème Tranches) n’ont jamais connu un début de déguerpissement et le suivi fait défaut.
Plusieurs mesures non respectées
En fait, le gouvernement n’est pas à sa première défaillance en ce qui concerne l’application des mesures qu’il prend. Le 10 octobre 2012, a été pris le décret portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun. « Pour faciliter l’application du décret, il est nécessaire de sensibiliser la population », avait indiqué la ministre de la Santé et de la lutte contre le SIDA, Dr. Raymonde Goudou Coffie. Lancée le 31 avril 2013, la campagne de sensibilisation devait durer un mois. Passé cette période, les contrevenants encouraient des sanctions. Soit une amende de 15 000 à 150 000 FCFA pour les personnes et une amende de 50 000 à 250 000 FCFA pour les propriétaires des espaces (maquis, restaurants, boîtes de nuit) et les véhicules de transport. Ce décret, désormais un secret de polichinelle, n’est pas appliqué. Aucune politique de suivi n’a été mise en place. L’on rencontre les fumeurs partout.
Empoisonnant même les non fumeurs avec la fumée de leurs cigarettes. Même si par endroit il y a des espaces non fumeurs, la plus grande partie des lieux sont des fumoirs à ciel ouvert. C’est également le même constat en ce qui concerne l’opération de déguerpissement des commerçants installés sur les trottoirs. A cause d’un manque de suivi, les commerçants, surtout les vendeurs de véhicules d’occasion sont revenus sur le VGE. Les grands carrefours comme Koumassi, Marcory, Treichville, les grandes artères, le VGE, le boulevard de Marseille, les boulevards des martyrs ou Latrille aux II Plateaux, sont à nouveau occupés de façon anarchique.
Pourtant, le ministère de l’Environnement, de la salubrité urbaine et du développement durable avait annoncé la reprise des opérations de déguerpissement, avec cette foi-ci, une politique de suivi bien élaborée. Mais, visiblement les choses ont du mal à se mettre en place. Même son de cloche au niveau de la lutte contre les nuisances sonores. La brigade de l’Agence Nationale de la Salubrité Urbaine (Anasur), après une sortie médiatisée, il y a de cela un mois, est depuis lors, muette.
Au plan administratif, aucun fonctionnaire ne se rend aujourd’hui au travail à 7h30mn. Les embouteillages qui avaient disparu les matins sont de retour. La pause qui doit en principe intervenir à 12h30mn pour finir à 14h n’est pas respectée. Pareille pour les heures de descente. Chacun fait désormais ce qu’il veut. Il arrive et repart selon la météo de ses occupations. La mesure ont peut le dire, a fait long feu, faute de suivi. Comme on le constate, elles sont nombreuses, les mesures qui ne sont pas appliquées. Car la politique de suivi n’est pas effective.
Si, l’objectif du gouvernement est de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020, comme ne cessent de le répéter dans tous les discours, les ministres, il faudra bien qu’ils se donnent eux-mêmes les moyens de faire appliquer les décisions prises. En tout cas, pour l’instant, ces mesures ne sont que des effets d’annonce.
Dao Maïmouna
“Madame, des lunettes à la mode. Mont Blanc, Givenchy et autres » ; « Maman, des jouets pour les enfants » ; « Des porte-clés, des porte-clés ! ». « Mille francs les chaussures, vous avez combien ? dites votre prix, on va s’entendre ». Nous ne sommes pas au Forum d’Adjamé, mais bien sur le boulevard Valérie Giscard d’Estaing (VGE), au niveau du carrefour de Marcory. Ce vendredi 23 août 2013, il est 17h passé.
Et comme à pareille heure, l’embouteillage a déjà commencé sur le VGE. Comme également en pareille situation, les marchands ambulants, plus connus sous le nom de ’’bana bana’’, se faufilent entre les véhicules pour présenter leurs marchandises aux différents conducteurs. Surpris par leur présence massive, nous posons la question de savoir s’ils ne sont pas informés de la mesure prise par le gouvernement. « Si, nous savons que nous ne devons plus vendre sur le boulevard.
Mais, comment allons-nous faire si nous ne vendons pas. C’est notre gagne-pain », nous répond un jeune vendeur de porte-clés. « La police ne vous chasse-t-elle pas ? », rétorquons-nous. « Si, mais ce n’est pas tous les policiers », lance le jeune vendeur. En effet, au niveau du carrefour du magasin Orca Deco, à l’entrée du ’’tunnel’’, nous sommes surpris de voir de jeunes ’’bana bana’’ exercer tranquillement leur activité sans être inquiétés par les policiers régulant la circulation. Même décor sur le boulevard de Marseille, au niveau du carrefour de l’hôtel la Pergola.
Les jeunes vendeurs ambulants qui ont envahi les lieux essayent d’écouler leurs marchandises, au nez et à la barbe des policiers, indifférents à la scène. Notamment ceux du 31ème arrondissement situé juste en face de ce réceptif hôtelier. Et pourtant, une mesure prise le 25 juillet 2013 par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, interdit la présence de ces commerçants ambulants et des mendiants sur les grandes artères du district d’Abidjan. Le préfet de la région des lagunes, Diakité Sidiki, chargé de l’exécution de la mesure et de son suivi a expliqué qu’elle répond à des exigences sécuritaires, économiques et éthiques.
Dénonçant, au passage la mise en place de réseaux de mendiants aux abords des grands axes, l’exploitation d’enfants et des handicapés, le préfet Diakité a indiqué que la mesure allait également mettre fin à « la fuite fiscale dénoncée par les élus ». Ainsi, passé le délai de 10 jours accordés aux mis en cause, le préfet de la police d’Abidjan, également présent dans le comité de suivi, a déployé ses hommes sur le terrain. C’était donc la traque aux ’’bana bana’’ et mendiants.
Le grand carrefour de Solibra, à Treichville, le lieu de prédilection de ces deux couches indésirables a été « nettoyé » par les policiers. Idem pour plusieurs axes. Mais, cela a duré le temps d’une étoile filante. Aujourd’hui, près d’un mois depuis la prise de la mesure, force est de reconnaître que ces vendeurs et mendiants ont fait un retour en force. Pis, ils ne sont pas inquiétés par les forces de l’ordre censées les chasser. De plus, il faut dire que l’opération de déguerpissement s’est seulement limitée à certains carrefours névralgiques de la capitale économique. Des communes comme Abobo, Yopougon, Koumassi, Marcory et même Cocody (Riviera II, Angré-7ème et 8ème Tranches) n’ont jamais connu un début de déguerpissement et le suivi fait défaut.
Plusieurs mesures non respectées
En fait, le gouvernement n’est pas à sa première défaillance en ce qui concerne l’application des mesures qu’il prend. Le 10 octobre 2012, a été pris le décret portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun. « Pour faciliter l’application du décret, il est nécessaire de sensibiliser la population », avait indiqué la ministre de la Santé et de la lutte contre le SIDA, Dr. Raymonde Goudou Coffie. Lancée le 31 avril 2013, la campagne de sensibilisation devait durer un mois. Passé cette période, les contrevenants encouraient des sanctions. Soit une amende de 15 000 à 150 000 FCFA pour les personnes et une amende de 50 000 à 250 000 FCFA pour les propriétaires des espaces (maquis, restaurants, boîtes de nuit) et les véhicules de transport. Ce décret, désormais un secret de polichinelle, n’est pas appliqué. Aucune politique de suivi n’a été mise en place. L’on rencontre les fumeurs partout.
Empoisonnant même les non fumeurs avec la fumée de leurs cigarettes. Même si par endroit il y a des espaces non fumeurs, la plus grande partie des lieux sont des fumoirs à ciel ouvert. C’est également le même constat en ce qui concerne l’opération de déguerpissement des commerçants installés sur les trottoirs. A cause d’un manque de suivi, les commerçants, surtout les vendeurs de véhicules d’occasion sont revenus sur le VGE. Les grands carrefours comme Koumassi, Marcory, Treichville, les grandes artères, le VGE, le boulevard de Marseille, les boulevards des martyrs ou Latrille aux II Plateaux, sont à nouveau occupés de façon anarchique.
Pourtant, le ministère de l’Environnement, de la salubrité urbaine et du développement durable avait annoncé la reprise des opérations de déguerpissement, avec cette foi-ci, une politique de suivi bien élaborée. Mais, visiblement les choses ont du mal à se mettre en place. Même son de cloche au niveau de la lutte contre les nuisances sonores. La brigade de l’Agence Nationale de la Salubrité Urbaine (Anasur), après une sortie médiatisée, il y a de cela un mois, est depuis lors, muette.
Au plan administratif, aucun fonctionnaire ne se rend aujourd’hui au travail à 7h30mn. Les embouteillages qui avaient disparu les matins sont de retour. La pause qui doit en principe intervenir à 12h30mn pour finir à 14h n’est pas respectée. Pareille pour les heures de descente. Chacun fait désormais ce qu’il veut. Il arrive et repart selon la météo de ses occupations. La mesure ont peut le dire, a fait long feu, faute de suivi. Comme on le constate, elles sont nombreuses, les mesures qui ne sont pas appliquées. Car la politique de suivi n’est pas effective.
Si, l’objectif du gouvernement est de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020, comme ne cessent de le répéter dans tous les discours, les ministres, il faudra bien qu’ils se donnent eux-mêmes les moyens de faire appliquer les décisions prises. En tout cas, pour l’instant, ces mesures ne sont que des effets d’annonce.
Dao Maïmouna