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Société Publié le vendredi 13 septembre 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Grand-Bassam / Conflit foncier entre le Roi de Moossou et le chef Ahoua Konney Simon

Les communautés Ghanéenne, Malinké, Akan, Burkinabé, Béninoise, Togolaise sur pieds de guerre à Modeste
Le conflit sur le site de Modeste dans les encablures de Grand-Bassam continue d’empoisonner l’atmosphère entre les différentes communautés. Suite à l’interview du Roi de Moossou Nanan Kanga Assoumou, nous avons tenté de rencontrer en vain le chef Ahoua Konney Siomon qui a vendu la parcelle de 81 hectares à l’Etat de Côte d’Ivoire dans le cadre du programme de construction des logements sociaux. En attendant que Ahoua Konney accepte de nous recevoir pour donner sa version, nous nous sommes rendus à Modeste pour écouter les chefs des différentes communautés qui y vivent depuis des décennies.
Les témoignages des différents chefs de communautés...
Le vieux Traoré. M
«Ceux qui se réclament propriétaires terriens aujourd’hui, sont tous des nouveaux venus qui nous ont trouvés sur le site de Modeste»
«Je vais vous instruire pour ce que je sais du lotissement de Modeste. On ne connaît aucun propriétaire terrien autre que le Roi Kanga Assoumou de Moossou. Ce sont les populations de Moossou qui nous ont donné les terres pour cultiver. Et nous ne connaissons pas d’autres propriétaires ici à Modeste hormis le Roi. Le grand-père de l’actuel Roi nous donnait les terres à cultiver et chaque année, nous lui payions 2000 FCFA. Ceux qui se réclament propriétaires terriens aujourd’hui, sont tous des nouveaux venus qui nous ont trouvé sur le site de Modeste».

Ouattara Moussa :
«Ahoua Simon est chef autoproclamé»
«Je suis né à Modeste ici en 1960. Mon père, Siriki Ouattara est arrivé ici dans les années 1940 et a commencé à faire son champ de manioc aux côtés du vieux Ekou Assibi. Vers les années 1950, il a demandé à faire la plantation de coco et c’est à partir de là, qu’on lui a demandé de voir le vieux Joseph Dibey, chef de la communauté Abouré de la commune de Grand-Bassam. Et il a rencontré le vieux Dibey qui lui a donné une autorisation qui date de 1950 que voici (ndlr : il nous présente le document). Dibey, c’est le grand-père de l’actuel Roi de Moossou, Nanan Kanga Assoumou. Depuis 1950, c’est avec le Roi de Moossou que nous réglions les problèmes de terres et non avec quelqu’un d’autre. Et maintenant à notre grande surprise, nous voyons un certains Simon qui vient se présenter à nous comme propriétaire de terre. Cette affaire me surprend et me dépasse. Mon père a travaillé depuis 1950 avec les Alladjan. Nous avons travaillé avec Beugré Daniel jusqu’aux années 1975. Et en 1975, il y a eu les élections de la base Pdci de Modeste. Monseur Djaba Moïse, le vieux Konney (le père de Ahoua Konney Simon), Balla Traoré, Seydou Traoré, Bakary Doumbia se sont présentés comme candidat Pdci de la base de Modeste. Quand ils ont organisé l’élection, c’est le doyen Djaba Moïse qui a gagné. Il était élu donc président de la section Pdci de Modeste. Pour former son bureau, il a choisi comme ses adjoints Konney, Balla Traoré, et mon père Siriki Ouattara. En ce moment, quand il y avait un problème à régler par la chefferie traditionnelle, c’est dans le petit village de Gbamblé chez le chef Beugré Daniel qu’on allait les régler. C’est vers les années 1975 que M. Konney a cherché à construire une école en bois où on dispensait des cours du soir et chaque apprenant devait payer 1000 fcfa. Le vieux Konney, père de celui qui s’est autoproclamé aujourd’hui chef, était un délégué du Pdci et non chef coutumier. Je précise qu’en ce moment, il n’y avait pas de chef ici. Modeste, c’est un campement. Nous sommes venus nous retrouver ici et aujourd’hui, nous sommes devenus nombreux. En 1980, Jean-Baptiste Mockey était candidat à la mairie de Grand-Bassam et il a été élu. Monsieur. Ablé Féderick, quant à lui, était député de Grand-Bassam. C’est ainsi qu’avec la collaboration de celui-ci, il a évoqué l’idée de la création d’une chefferie. Il a travaillé avec les vieux Balla, Konney et Seydou. Je tiens à préciser que le vieux Konney a été choisi pour être notre chef à Modeste du fait de sa personnalité. Etant notre chef, il tenait toutes ses réunions ici à l’école et non chez lui, en présence des trois vieux, cités plus haut. Les choses se sont déroulées ainsi jusqu’en 1982 où Ahoua Simon nous a rejoint en provenance du Ghana. Il a été ensuite envoyé en occident pour y poursuivre ses études à la demande de Jean Baptiste Mockey. Ahoua Simon qui avait de tout temps vécu au Ghana ne comprenait aucun mot français. Il y a une petite histoire que vous devez connaître au sujet de Simon. Une fois, des hommes politiques, lors d’une campagne électorale sont venus faire don pour la construction d’une école au vieux Konney, son fils Simon (celui qui se dit actuellement chef de Modeste), est allé l’agresser et lui intimer l’ordre de lui remettre la montant. Nous avons des témoins qui peuvent l’attester. Sous la contrainte de la force, il a réussi finalement à lui arracher l’argent. C’est en larmes que le vieux Konney est allé voir le vieux Balla pour lui expliquer sa mésaventure. Celui-ci a appelé le vieux Porquet alors secrétaire général du Pdci de Grand-Bassam, pour aller récupérer l’argent que Simon avait arraché à son père, au grand soulagement de tous. La somme avoisinait les 50.000f. A la mort de son père, au lieu d’attendre que la communauté se réunisse pour choisir un nouveau chef, Simon a pris le document pour aller à la préfecture et avec l’aide du préfet Memel Assipo, il s’est autoproclamé chef de Modeste. Une situation qui a fait que jusqu’aujourd’hui, depuis qu’il s’est proclamé chef de Modeste, Simon ne s’entend avec personne. Vous ne trouverez aucun membre des différentes communautés qui ont toujours vécu en parfaite intelligence depuis 1950 ici, dans son bureau et dans son entourage. Ses collaborateurs viennent généralement d’Azuretty, de Gonzagville, de Koumassi, de Grand-Bassam. Nous ne le reconnaissons pas comme notre chef. Nous avons interpellé les autorités pour qu’il soit destitué en vain. Sachez que toutes les personnes qui vivent ici, ont eu leurs terrains avec le Roi de Moossou le vieux Dibey, le grand-père du Roi actuel. Nous avons tous une attestation qui fait de nous les propriétaires des terres que nous possédons. Si Ahoua Konney Simon estime qu’il est propriétaire terrien,, alors pourquoi a-t-il acheté son terrain avec Ahua Bernard et son petit-frère Boniface qui ont hérité de leur grand-père ? Ahoua Simon se promène avec 15 FRCI et des géomètres pour vendre les plantations des paysans. Celui qui s’oppose reçoit des plombs dans son corps. Et comme nous ne voulons pas mourir, nous avons préféré rester chez nous, avec nos lettres d’attribution en mains ».

Assigbi Koffi Benjamin
«Aucun Appolo ni un Nzima n’oserait lever la main pour dire qu’il a octroyé des terres à quelqu’un ici»
«Je suis né le 31 janvier 1940 à Modeste. Mes parents sont arrivés en Côte d’Ivoire en 1933. Ils sont originaires du Ghana voisin. Quand nous nous nous sommes installés ici, il n’y avait pratiquement personne. Mon papa et le papa de Moussa, étaient carrément les premiers habitants ici. En 1947, mes parents m’ont fait repartir au Ghana pour des raisons d’étude. Malheureusement, j’ai arrêté les études pour revenir en Côte d’Ivoire en 1960. La première personne que j’ai donc connue ici comme premier propriétaire terrien, c’est le Roi Dibey Joseph. C’est lui qui a octroyé les terres à mes parents et même aux autres personnes qui sont venues s’installer ici dans le royaume de Moossou. J’étais l’un des collaborateurs directs de Konney. Mon nom même figure sur la liste des membres de son bureau. Je fais partir aussi des membres fondateurs de l’école ici à Modeste dans laquelle étaient inscrits nos enfants. Cette école sous l’instigation de M. Ottro, fondateur d’école à Grand Bassam, notre école a été reconnue et agréée par l’Etat. Ce monsieur très serviable nous a aidés dans les courses pour la reconnaissance de notre école par les autorités de cette époque. Tout ceci pour dire que je suis véritablement au parfum de tout ce que se passe ici à Modeste. De fait, je m’interroge comment monsieur Ahoua Simon a eu l’audace de se présenter comme le chef de Modeste, alors qu’il n’était même pas présent quand nous mettions en valeur cette région ? Aucun Appolo ni un Nzima n’oserait lever la main pour dire qu’il a octroyé des terres à quelqu’un ici. Je le dis haut et fort et une fois pour toute que le vrai propriétaire terrien, c’est le Roi de Moossou »

Woba Mahamoudou :
«Ahoua Simon met en mal l’harmonie entre les communautés vivant à Modeste»
«Je suis arrivé ici à Modeste le 14 décembre 1994. J’ai même fait des enfants ici. Mais je ne suis pas né à Modeste. La précision est importante. Donc nous n’avons pas la prétention de connaitre l’histoire de Modeste. Nous sommes venus trouver ses fondateurs sur place. Quand je suis arrivé avec ma famille, nous avons été conduits chez le Roi de Moossou à qui nous devons nos terres. C’est pour dire que nous ne connaissons personne d’autre que lui. Nous avons ici les communautés Ghanéenne, Malinké, Akan, Burkinabé, Béninoise, togolaise… qui vivent en parfaite harmonie. En un mot, c’est la Cedeao qui se retrouve ici. C’est cette symbiose que M. Simon veut mettre en mal, aidé en cela par les Frci. Ces hommes en treillis veillent jours et nuits sur lui alors qu’il se considère comme le propriétaire terrien. C’est donc absurde. Sous la menace de leurs armes, les Frci intimident les populations qui sont obligés de se mettre loin de Simon. Au point qu’aujourd’hui, on nous a rapporté que plus de 80 hectares de terrains ont été vendus à l’Etat et nous ne savons pas combien d’hectares ont été vendus aux particuliers ».


Kodjo Kouakou Williams, enseignant :
«Peu importe la taille ou le son pouvoir d’achat d’un tuteur, il mérite respect. Même si Moossou est un petit village, il faut respecter le Roi. »
«Pour nous, le propriétaire terrien de Modeste est bel et bien le Roi, c’est-à-dire Nanan Assoumou. Nous sommes allés chez le Roi de Moossou et avons présenté André Ouegnin comme le chef de tout le village Modeste. Ahoua Simon n’est qu’un individu qui s’est autoproclamé chef avec la complicité de l’administration. Il n’a pas le droit de vendre la terre qui est la propriété des Abouré. Si Ahoua Konney était propriétaire terrien, pour quoi a-t-il acheté sa parcelle avec les Abouré pour y construire sa maison ? Il est conscient et il connait bien les propriétaires de tous les terrains qu’il vend. Son père n’a délivré aucune attestation à quelqu’un ici. Les attestations que nous possédons ont été délivrées dans les années 30 et 50 par le vieux Joseph Dibey qui autorisait tous ceux qui en faisaient la demande, à faire leurs champs. Le père de Ahoua Simon avait été désigné par le Roi comme surveillant des terres de Moossou. Il servait d’intermédiaire entre le Roi et tous ceux qui voulaient s’installer ici. Et je suis vraiment choqué qu’un surveillant des biens du royaume de Mossou se proclame aujourd’hui propriétaire terrien et j’ai mal. L’Etat doit revoir sa copie plus sérieusement. Si un ressortissant du Sud va s’installer au Nord pour faire sa plantation, il ne va pas s’adresser à l’Etat. Il s’adressera à son tuteur. Celui-ci va l’envoyer chez le chef de terres qui va lui donner un espace pour faire sa plantation de coton ou d’anacarde. Si cet homme-là (un sudiste) se lève un matin pour dire que cette terre lui appartient, quelle sera l’attitude des nordistes ? Vont-ils accepter qu’un sudiste se réclame propriétaire terrien au Nord ? Simon et ses parents sont quittés quelque part pour venir demander de la place au Roi de Moossou. Celui-ci lui en a donné pour faire leur plantation. Même si cela dure 1000 ans, il doit savoir qu’il vient de quelque part et qu’il a trouvé quelqu’un sur place. Peu importe la taille ou le son pouvoir d’achat d’un tuteur, il mérite respect. C’est ce que je dis à Simon. Il doit respecter le Roi de Moossou. C’est grâce à Moossou que les parents de Simon ont eu de l’espace pour cultiver. C’est grâce au Roi de Moossou que tous nos parents sont là aujourd’hui. Même si Moossou est un petit village, il faut le respecter. On ne doit pas dénigrer le Roi ».

Dosso Villard
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