L’on parle de rattrapage et tout le monde s’emballe. Certains faits devaient pourtant inciter les détracteurs du Président Ouattara à calmer le jeu, et à s’orienter dans le sens de la réponse du président Bédié, qui dans une interview à Jeune Afrique, laissait entendre que le sentiment relatif aux critiques de rattrapage a été toujours manifeste à l’égard des différents régimes qui se sont succédé.
Sous le pouvoir du président Bédié, ses adversaires politiques et même quelques observateurs de bonne foi avaient le sentiment qu'il n’avait d’yeux que pour les Baoulé et les Akans. On avait même parlé en son temps de ''Dédramanisation'' d'une administration que le premier et seul Premier ministre d’Houphouët aurait alors trop ‘’Dramanisée’’. Ceux qui disaient cela, oubliaient alors que ces ''dramanistes'' de la première heure n’étaient pas tous originaires du Nord, et également qu’à cette époque, Houphouët n’était pas réputé pour avoir pratiqué une exclusion à grande échelle, au point de susciter une dramanisation-rattrapage. Donc sous le président Bédié, ce fut plus ou moins le pouvoir (ou le rattrapage) des Baoulés et des Agnis.
Qui ne se souvient des critiques de Lida Kouassi reprochant au pouvoir Bédié d’avoir tribalisé l’Armée, de n'avoir placé que des Baoulé et Agni à la tête des principales unités. Puis vint Robert Guéi. Là, le pouvoir se déporta à l’Ouest. Ce fut le règne des Yacouba et alliés. C’est dans cette logique de rattrapage et de conservation, pour ne pas dire de confiscation, du pouvoir par l’Ouest que feu Robert Guéi s’est laissé abuser par Laurent Gbagbo, au point d’encourager le rejet des candidatures de Bédié, Ouattara, mais de tout ce qui était Pdci et Rdr notamment Bamba Moriferé. ‘’ Vous vous rendez compte.
Si on ne conserve pas le pouvoir à l’Ouest, comment un autre Yacouba comme moi, ou un Bété peut être un jour Président dans ce pays, alors que nous sommes minoritaires’’, disait Robert Guéi, originellement adepte du ‘’ou’’, mais qui se transforma au nom du rattrapage ethnique, en défenseur de l’exclusion et du ‘’Et’’, dans la Constitution catégorisant ainsi les Ivoiriens éligibles de par leur naissance. Comment un pays peut-il dire à ses enfants métis et bi- nationaux, qu’ils ne peuvent jamais rêver de diriger leur pays ? Comment la Côte d’Ivoire pour, selon Laurent Gbagbo, contrer et viser un seul individu en l’occurrence Alassane Ouattara, a-t-telle pu ainsi fermer l’horizon à Michel Gbagbo, aux enfants Fologo, aux enfants et petits-enfants Houphouët, à Thierry Tanoh et à tant d’autres milliers d’enfants ? Le rattrapage devenu constitutionnel et qui visait à exclure des milliers de ‘’Ou’’ de la course à la présidence de la République sous Guéi, s’est poursuivi sous Gbagbo.
La guerre semblait être une excuse et servait à justifier le repli sur soi. Qui ne se souvient des critiques contre la nomination de Bertin Kadet, un originaire de Mama, comme ministre de la Défense ? Qui ne se souvient des critiques de Mamadou Koulibaly sur les listes de protégés qui biaisaient le concours de l’Ecole de police ? Qui a oublié que Laurent Gbagbo a parlé lui-même des business pour l’accès à l’ENA ? Tout cela, c’était bel et bien du rattrapage. Le rattrapage ce fut ensuite le départ de Dieng Ousseynou de la Fif, au profit d’un proche de Laurent Gbagbo. Le rattrapage ce fut la mobilisation contre Traoré Abou au profit d’Amos Béonaho pour la présidence de l’Unjci. Et après ce fut la raison d’Etat dressée contre Assé Alafé et David Mobio jugés peu surs par rapport à feu Criwa Zéli.
Le rattrapage ce fut Téa Gokou et Aké N’Gbo à la présidence de l’Université, sans oublier toutes les manœuvres mises en place pour les imposer et empêcher que des personnes ne pouvant être sous contrôle soient élues. Durant les dix ans de présence de Laurent Gbagbo au pouvoir, la Fesci qui a eu malgré le rattrapage sous Bédié, un SG Senoufo du Nord, en l’occurrence Guillaume Soro, n’a connu que des leaders ayant des noms politiquement corrects pour l’époque, à savoir Serges Koffi, alias STT, Serges Kuyo Jean-Yes Dibopieu et Mian Augustin. Pour un syndicat dont des têtes fortes ont été Karamoko Yayoro et Doumbia Major, avant Guillaume Soro, c’est un peu fort quand même. C’est le président Bédié, qui a eu le mot juste : chaque pouvoir et Président en Côte d’Ivoire a eu son soupçon (et au-delà des soupçons, des pratiques avérées de rattrapage qui ne sauraient nullement être justifiées, dans la poursuite de nomination sur des bases non républicaines en dehors des critères de compétences) de rattrapage. Ce que le commentateur peut dire, c’est de conseiller de doser, et d’inciter les acteurs à établir des règles de base d’accès aux emplois publics, notamment à travers la durée, les procédures de nominations et bien d’autres choses.
Enfin, s’il y’a un secteur dans lequel le rattrapage version Ouattara a échoué, c’est bien dans celui du monde des affaires. Est-ce parce que les populations du Nord ont déjà le sens des affaires et tiennent le petit commerce ? Est-ce le refus du Président Ouattara de laisser faire une concurrence déloyale aux opérateurs économiques déjà établis ? En tout cas, tout le monde fait le constat suivant : au lieu d’encourager certains cadres du Rdr qui étaient déjà prospères dans les affaires, à les renforcer et à créer une bonne partie du million d’emplois promis, le Chef de l’Etat a mis dans le giron de l’Etat, des opérateurs économiques déjà prospères. Ainsi Mamadou Sanogo et Adama Bictogo, puis aujourd’hui Jean Louis Billon sont devenus membres du gouvernement.
Hier c’était les refondateurs, qui eux avaient dégarni l’université et l’administration. Aujourd’hui, les cadres du Rhdp sont en train de quitter en masse le privé pour les bureaux et les activités gouvernementales. Cela accroît les charges et les dépenses de l’Etat, sans créer des emplois nouveaux ou plutôt innovants. Certes cette option permet à l’Etat d’être fort, d’avoir des compétences, mais l’effet boomerang réside dans le fait que peu de gens croient désormais en l’initiative privée et au secteur privé si malgré les discours, le politique passe le temps à débaucher dans le privé pour les fonctions gouvernementales, au lieu de rendre forts et plus opérationnels les créateurs d’emplois exerçant dans le privé.
S’il y avait un rattrapage à faire davantage, ce serait bien dans le domaine des affaires où exercent déjà les populations du Nord. Mais au-delà des populations du Nord, il s’agira d’aider à la relance des activités de bien de cadres du RDR ( Adjé Dominique et autres), qui avaient été autrefois présents et relativement prospères en affaires, sans attendre l’arrivée au pouvoir du Président Ouattara. Il faut le faire en évitant les mélanges de genre, les trafics d’influence, la corruption, les politiques qui mélangent affaires privées et affaires d’Etat. Des balises sont à mettre en place. Pour l’instant, c’est l’Etat qui impulse le développement et la croissance vers l’émergence en 2020. Cela ne suffira pas. Le privé doit être davantage mis au travail, par des têtes fortes, des opérateurs économiques ayant de plus en plus pignon sur rue, aux côtés des barons du monde des affaires que l’on connaît déjà. Des hommes d’affaires émergents (ou re-émergents) pour une Côte d’Ivoire émergente, voilà le rattrapage qui nous manque…
Par Charles Kouassi
Sous le pouvoir du président Bédié, ses adversaires politiques et même quelques observateurs de bonne foi avaient le sentiment qu'il n’avait d’yeux que pour les Baoulé et les Akans. On avait même parlé en son temps de ''Dédramanisation'' d'une administration que le premier et seul Premier ministre d’Houphouët aurait alors trop ‘’Dramanisée’’. Ceux qui disaient cela, oubliaient alors que ces ''dramanistes'' de la première heure n’étaient pas tous originaires du Nord, et également qu’à cette époque, Houphouët n’était pas réputé pour avoir pratiqué une exclusion à grande échelle, au point de susciter une dramanisation-rattrapage. Donc sous le président Bédié, ce fut plus ou moins le pouvoir (ou le rattrapage) des Baoulés et des Agnis.
Qui ne se souvient des critiques de Lida Kouassi reprochant au pouvoir Bédié d’avoir tribalisé l’Armée, de n'avoir placé que des Baoulé et Agni à la tête des principales unités. Puis vint Robert Guéi. Là, le pouvoir se déporta à l’Ouest. Ce fut le règne des Yacouba et alliés. C’est dans cette logique de rattrapage et de conservation, pour ne pas dire de confiscation, du pouvoir par l’Ouest que feu Robert Guéi s’est laissé abuser par Laurent Gbagbo, au point d’encourager le rejet des candidatures de Bédié, Ouattara, mais de tout ce qui était Pdci et Rdr notamment Bamba Moriferé. ‘’ Vous vous rendez compte.
Si on ne conserve pas le pouvoir à l’Ouest, comment un autre Yacouba comme moi, ou un Bété peut être un jour Président dans ce pays, alors que nous sommes minoritaires’’, disait Robert Guéi, originellement adepte du ‘’ou’’, mais qui se transforma au nom du rattrapage ethnique, en défenseur de l’exclusion et du ‘’Et’’, dans la Constitution catégorisant ainsi les Ivoiriens éligibles de par leur naissance. Comment un pays peut-il dire à ses enfants métis et bi- nationaux, qu’ils ne peuvent jamais rêver de diriger leur pays ? Comment la Côte d’Ivoire pour, selon Laurent Gbagbo, contrer et viser un seul individu en l’occurrence Alassane Ouattara, a-t-telle pu ainsi fermer l’horizon à Michel Gbagbo, aux enfants Fologo, aux enfants et petits-enfants Houphouët, à Thierry Tanoh et à tant d’autres milliers d’enfants ? Le rattrapage devenu constitutionnel et qui visait à exclure des milliers de ‘’Ou’’ de la course à la présidence de la République sous Guéi, s’est poursuivi sous Gbagbo.
La guerre semblait être une excuse et servait à justifier le repli sur soi. Qui ne se souvient des critiques contre la nomination de Bertin Kadet, un originaire de Mama, comme ministre de la Défense ? Qui ne se souvient des critiques de Mamadou Koulibaly sur les listes de protégés qui biaisaient le concours de l’Ecole de police ? Qui a oublié que Laurent Gbagbo a parlé lui-même des business pour l’accès à l’ENA ? Tout cela, c’était bel et bien du rattrapage. Le rattrapage ce fut ensuite le départ de Dieng Ousseynou de la Fif, au profit d’un proche de Laurent Gbagbo. Le rattrapage ce fut la mobilisation contre Traoré Abou au profit d’Amos Béonaho pour la présidence de l’Unjci. Et après ce fut la raison d’Etat dressée contre Assé Alafé et David Mobio jugés peu surs par rapport à feu Criwa Zéli.
Le rattrapage ce fut Téa Gokou et Aké N’Gbo à la présidence de l’Université, sans oublier toutes les manœuvres mises en place pour les imposer et empêcher que des personnes ne pouvant être sous contrôle soient élues. Durant les dix ans de présence de Laurent Gbagbo au pouvoir, la Fesci qui a eu malgré le rattrapage sous Bédié, un SG Senoufo du Nord, en l’occurrence Guillaume Soro, n’a connu que des leaders ayant des noms politiquement corrects pour l’époque, à savoir Serges Koffi, alias STT, Serges Kuyo Jean-Yes Dibopieu et Mian Augustin. Pour un syndicat dont des têtes fortes ont été Karamoko Yayoro et Doumbia Major, avant Guillaume Soro, c’est un peu fort quand même. C’est le président Bédié, qui a eu le mot juste : chaque pouvoir et Président en Côte d’Ivoire a eu son soupçon (et au-delà des soupçons, des pratiques avérées de rattrapage qui ne sauraient nullement être justifiées, dans la poursuite de nomination sur des bases non républicaines en dehors des critères de compétences) de rattrapage. Ce que le commentateur peut dire, c’est de conseiller de doser, et d’inciter les acteurs à établir des règles de base d’accès aux emplois publics, notamment à travers la durée, les procédures de nominations et bien d’autres choses.
Enfin, s’il y’a un secteur dans lequel le rattrapage version Ouattara a échoué, c’est bien dans celui du monde des affaires. Est-ce parce que les populations du Nord ont déjà le sens des affaires et tiennent le petit commerce ? Est-ce le refus du Président Ouattara de laisser faire une concurrence déloyale aux opérateurs économiques déjà établis ? En tout cas, tout le monde fait le constat suivant : au lieu d’encourager certains cadres du Rdr qui étaient déjà prospères dans les affaires, à les renforcer et à créer une bonne partie du million d’emplois promis, le Chef de l’Etat a mis dans le giron de l’Etat, des opérateurs économiques déjà prospères. Ainsi Mamadou Sanogo et Adama Bictogo, puis aujourd’hui Jean Louis Billon sont devenus membres du gouvernement.
Hier c’était les refondateurs, qui eux avaient dégarni l’université et l’administration. Aujourd’hui, les cadres du Rhdp sont en train de quitter en masse le privé pour les bureaux et les activités gouvernementales. Cela accroît les charges et les dépenses de l’Etat, sans créer des emplois nouveaux ou plutôt innovants. Certes cette option permet à l’Etat d’être fort, d’avoir des compétences, mais l’effet boomerang réside dans le fait que peu de gens croient désormais en l’initiative privée et au secteur privé si malgré les discours, le politique passe le temps à débaucher dans le privé pour les fonctions gouvernementales, au lieu de rendre forts et plus opérationnels les créateurs d’emplois exerçant dans le privé.
S’il y avait un rattrapage à faire davantage, ce serait bien dans le domaine des affaires où exercent déjà les populations du Nord. Mais au-delà des populations du Nord, il s’agira d’aider à la relance des activités de bien de cadres du RDR ( Adjé Dominique et autres), qui avaient été autrefois présents et relativement prospères en affaires, sans attendre l’arrivée au pouvoir du Président Ouattara. Il faut le faire en évitant les mélanges de genre, les trafics d’influence, la corruption, les politiques qui mélangent affaires privées et affaires d’Etat. Des balises sont à mettre en place. Pour l’instant, c’est l’Etat qui impulse le développement et la croissance vers l’émergence en 2020. Cela ne suffira pas. Le privé doit être davantage mis au travail, par des têtes fortes, des opérateurs économiques ayant de plus en plus pignon sur rue, aux côtés des barons du monde des affaires que l’on connaît déjà. Des hommes d’affaires émergents (ou re-émergents) pour une Côte d’Ivoire émergente, voilà le rattrapage qui nous manque…
Par Charles Kouassi