A peine a-t-il énoncé ses futures ambitions, que le président de la CDVR provoque le courroux d’une certaine opinion. Elle lui dénie sa volonté de participer à la présidentielle de 2015.
Une certaine opinion en doutait. Samedi dernier, Charles Konan Banny a dissipé les derniers doutes, sur ses ambitions présidentielles. A-t-il trop osé ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que depuis, il s’est attiré les foudres, notamment des partisans du chef de l’Etat. Invité par le groupe de réflexion ‘’Terra nova’’, l’édile de la réconciliation nationale a d’abord précisé qu’il « n’avance pas masqué », comme le prétendent ses adversaires. Charles Konan Banny s’est donc mis à dos, la presse proche du parti présidentiel. Son tort ? Ses appétences politiques qu’on ne lui concède pas. Il est vrai, l’ancien Premier ministre a dressé un état des lieux terrible, du concept houphouétiste, tel que pratiqué par la coalition au pouvoir. Banny se «méfie des étiquettes qui peuvent être trompeuses », et se dit «plus préoccupé du contenu ». Il élague alors, à grands traits l’houphouétisme, selon sa vision. «Quel projet allons-nous élaborer, susceptible d’enrichir la case que nous a laissée le Père-fondateur? J’ai fait mon tour de la Côte-d’Ivoire. J’ai écouté avec compassion, battre le cœur de la Côte-d’Ivoire blessée. Je ne me la laisserais pas conter par tous ceux qui croient pouvoir parler en notre nom. Parler à notre place», s’emporte presque, le patron de la CDVR. Ses détracteurs jugent mal à propos les reproches de Konan Banny, qui fait un clin d’œil, jugé inamical, à sa famille politique. Au moment où deux camps s’écharpent sur le respect des textes au PDCI, à quelques jours de son 12è Congrès, le membre du Bureau politique prend position. «Je voudrais la Côte d’Ivoire plus démocratique, en commençant par le Pdci, le parti qui a vocation à donner l’exemple. Un droit d’aînesse engage à des devoirs. Nous avons un rôle à jouer : rêvons utile pour notre pays. Je voudrais le Pdci plus conquérant parce qu’il ne peut pas se cantonner au rôle de ‘’parti godillot’’, à la remorque de ceux qui l’ont rejoint au moment où il donnait des signes d’essoufflement. Je suis Pdci par culture politique, ce qui signifie que je porte une dévotion à notre mère-patrie. La vocation du Pdci est de défier les fatalités contingentes et non pas de renoncer», peste encore Konan Banny, qui ne fait pas mystère de sa volonté de conduire la barque du parti sexagénaire à la magistrature suprême, en 2015.
Une douche froide…
Voilà justement qui provoque l’ire des républicains, qui voient d’un mauvais œil les appétits de l’ancien gouverneur de la BECEAO. Pour les partisans du Président Alassane Ouattara, l’heure devrait être au resserrement des liens au RHDP, pour porter la candidature du chef de l’Etat, candidat déclaré à sa propre succession. Il est reproché à Charles Konan Banny, en des termes à peine voilés, d’avoir peu ou prou saboté la réconciliation nationale. Si ce n’est son incapacité qui est mise en lumière. Les antagonistes de Banny font, en tout cas, feu de tout bois. En mettant le doigt sur des sujets qui fâchent, le banquier souhaite clairement une alternative, et ça déplait. «La Côte d’Ivoire n’est pas une case sans clef. La clef de sa destinée est de lui insuffler le principe d’espérance. C’est le seul moyen de l’aider à se retrouver, à renouer avec son Histoire. La Côte d’Ivoire a besoin de refleurir. Aujourd’hui dans notre pays, les poches de pauvreté sont bien trop nombreuses. Des chefs de famille doivent affronter la honte de ne pouvoir subvenir au besoin de leurs enfants, il faut les aider à reconquérir leur dignité », propose Banny, à une petite semaine de la fin officielle de sa mission à la CDVR. Lorsqu’il met en garde que «les frustrations du quotidien peuvent constituer un ferment toxique, la honte et l’humiliation aussi », il fait monter la moutarde. L’allusion au foncier, pour celui qui «est attaché à la terre» ivoirienne, n’est plus ni moins que la résurrection de l’ivoirité, selon les pourfendeurs de Banny. Ici, le mouchoir rouge est brandit… Il n’empêche, il croit dur comme fer, qu’ «un parti politique se doit d’apporter une compétence économique et sociale », et que «l’urgence est d’adresser en priorité ces questions». De quoi doucher ceux qui ont, jusqu’ici, douté que Charles Konan Banny puisse franchir le rubicond. C’est désormais chose faite. Et ses supporteurs ne manquent pas d’arguments, pour soutenir leur champion. Pour eux, Charles Konan Banny a le profil de l’emploi. Ses fonctions à la tête de la BCEAO (14 ans), à la Primature (2005-2007), et à la présidence de la CDVR font dire à plus d’un, que Charles Konan peut légitiment aspirer à diriger la Côte d’Ivoire. Les dés sont donc jetés. Les regards sont tournés vers le PDCI, dont les dirigeants clament que «le parti aura un candidat en 2015 ». C’est en tout cas, l’exigence d’une frange de responsables de l’ancien parti au pouvoir. Et tout porte à croire que Banny pourrait être leur cheval.
Guillaume KOUASSI
Une certaine opinion en doutait. Samedi dernier, Charles Konan Banny a dissipé les derniers doutes, sur ses ambitions présidentielles. A-t-il trop osé ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que depuis, il s’est attiré les foudres, notamment des partisans du chef de l’Etat. Invité par le groupe de réflexion ‘’Terra nova’’, l’édile de la réconciliation nationale a d’abord précisé qu’il « n’avance pas masqué », comme le prétendent ses adversaires. Charles Konan Banny s’est donc mis à dos, la presse proche du parti présidentiel. Son tort ? Ses appétences politiques qu’on ne lui concède pas. Il est vrai, l’ancien Premier ministre a dressé un état des lieux terrible, du concept houphouétiste, tel que pratiqué par la coalition au pouvoir. Banny se «méfie des étiquettes qui peuvent être trompeuses », et se dit «plus préoccupé du contenu ». Il élague alors, à grands traits l’houphouétisme, selon sa vision. «Quel projet allons-nous élaborer, susceptible d’enrichir la case que nous a laissée le Père-fondateur? J’ai fait mon tour de la Côte-d’Ivoire. J’ai écouté avec compassion, battre le cœur de la Côte-d’Ivoire blessée. Je ne me la laisserais pas conter par tous ceux qui croient pouvoir parler en notre nom. Parler à notre place», s’emporte presque, le patron de la CDVR. Ses détracteurs jugent mal à propos les reproches de Konan Banny, qui fait un clin d’œil, jugé inamical, à sa famille politique. Au moment où deux camps s’écharpent sur le respect des textes au PDCI, à quelques jours de son 12è Congrès, le membre du Bureau politique prend position. «Je voudrais la Côte d’Ivoire plus démocratique, en commençant par le Pdci, le parti qui a vocation à donner l’exemple. Un droit d’aînesse engage à des devoirs. Nous avons un rôle à jouer : rêvons utile pour notre pays. Je voudrais le Pdci plus conquérant parce qu’il ne peut pas se cantonner au rôle de ‘’parti godillot’’, à la remorque de ceux qui l’ont rejoint au moment où il donnait des signes d’essoufflement. Je suis Pdci par culture politique, ce qui signifie que je porte une dévotion à notre mère-patrie. La vocation du Pdci est de défier les fatalités contingentes et non pas de renoncer», peste encore Konan Banny, qui ne fait pas mystère de sa volonté de conduire la barque du parti sexagénaire à la magistrature suprême, en 2015.
Une douche froide…
Voilà justement qui provoque l’ire des républicains, qui voient d’un mauvais œil les appétits de l’ancien gouverneur de la BECEAO. Pour les partisans du Président Alassane Ouattara, l’heure devrait être au resserrement des liens au RHDP, pour porter la candidature du chef de l’Etat, candidat déclaré à sa propre succession. Il est reproché à Charles Konan Banny, en des termes à peine voilés, d’avoir peu ou prou saboté la réconciliation nationale. Si ce n’est son incapacité qui est mise en lumière. Les antagonistes de Banny font, en tout cas, feu de tout bois. En mettant le doigt sur des sujets qui fâchent, le banquier souhaite clairement une alternative, et ça déplait. «La Côte d’Ivoire n’est pas une case sans clef. La clef de sa destinée est de lui insuffler le principe d’espérance. C’est le seul moyen de l’aider à se retrouver, à renouer avec son Histoire. La Côte d’Ivoire a besoin de refleurir. Aujourd’hui dans notre pays, les poches de pauvreté sont bien trop nombreuses. Des chefs de famille doivent affronter la honte de ne pouvoir subvenir au besoin de leurs enfants, il faut les aider à reconquérir leur dignité », propose Banny, à une petite semaine de la fin officielle de sa mission à la CDVR. Lorsqu’il met en garde que «les frustrations du quotidien peuvent constituer un ferment toxique, la honte et l’humiliation aussi », il fait monter la moutarde. L’allusion au foncier, pour celui qui «est attaché à la terre» ivoirienne, n’est plus ni moins que la résurrection de l’ivoirité, selon les pourfendeurs de Banny. Ici, le mouchoir rouge est brandit… Il n’empêche, il croit dur comme fer, qu’ «un parti politique se doit d’apporter une compétence économique et sociale », et que «l’urgence est d’adresser en priorité ces questions». De quoi doucher ceux qui ont, jusqu’ici, douté que Charles Konan Banny puisse franchir le rubicond. C’est désormais chose faite. Et ses supporteurs ne manquent pas d’arguments, pour soutenir leur champion. Pour eux, Charles Konan Banny a le profil de l’emploi. Ses fonctions à la tête de la BCEAO (14 ans), à la Primature (2005-2007), et à la présidence de la CDVR font dire à plus d’un, que Charles Konan peut légitiment aspirer à diriger la Côte d’Ivoire. Les dés sont donc jetés. Les regards sont tournés vers le PDCI, dont les dirigeants clament que «le parti aura un candidat en 2015 ». C’est en tout cas, l’exigence d’une frange de responsables de l’ancien parti au pouvoir. Et tout porte à croire que Banny pourrait être leur cheval.
Guillaume KOUASSI