Les opérateurs exerçant dans la filière déchets solides sont anxieux, et pour cause. Dr. Remi Allah-Kouadio, ministre de l’Environnement, de la Salubrité urbaine et du Développement durable lors d’une récente communication en Conseil des ministres avait proposé le choix d’un opérateur étranger pour la gestion des ordures ménagères pour la ville d’Abidjan. Le choix de cet opérateur unique pour une gestion intégrée a surpris et inquiète grandement l’Association interprofessionnelle des opérateurs de la filière déchet. Elle l’a fait savoir le vendredi 27 septembre 2013 au cours d’un point de presse qui s’est tenu dans un hôtel au Plateau. Selon Dr. Soumahoro Yssouf, président de ladite association, la filière déchet-depuis le retrait de Ash International en 1995- n’a plus connu de stabilité. « Beaucoup de difficultés, la précarité avec des contrats de 1 à 3 mois et n’excédant jamais 1 an, des retards de paiement, le refus des banques de financer les sociétés, etc. », sont entre autres le tableau dépeint par Dr. Soumahoro. Aujourd’hui, selon lui, les 15 opérateurs exerçant dans le secteur ont pris sur eux, malgré toutes ses difficultés, de travailler afin d’offrir une ville propre aux abidjanais. « Alors que le gouvernement remplit difficilement ses engagements (des arriérés de plusieurs mois), nous travaillons sur fonds propres. D’ailleurs, le gouvernement vient de nous donner un satisfecit par rapport à l’état de la salubrité de la ville d’Abidjan », souligne le conférencier. C’est pourquoi, il se dit surpris de cet appel d’offre envers une expertise extérieure. Car, des ambassades (France, USA, Brésil, Liban) ont répondu à cet appel d’offres. « Ce sont environ 6.000 emplois directs auxquels il faut ajouter les 15.000 pré-collecteurs, soit plus de 21.000 emplois qui sont aujourd’hui menacés », s’inquiète-t-il. Et de dénoncer le fait d’avoir été payé en monnaie de singe. Car, après avoir accepté tous les sacrifices. A savoir, des arriérés importants, la baisse du prix de la tonne à la décharge (6.000 FCFA/ T), des contrats d’1 à 3 mois, l’Etat fait des offres plus qu’alléchantes à l’opérateur étranger. Voici en effet ce que propose le gouvernement ivoirien : un contrat de 20 ans, le prix de la tonne à 15.000 FCFA. Pourtant, les opérateurs ivoiriens disent avoir une expertise de plus de 20 ans dans le domaine de la pré-collecte, de la collecte, du transport et de la mise en décharge. Selon eux, seule la transformation des déchets solides pourrait être confiée à un opérateur extérieur car, dépassant leur compétence. Pour conclure, l’association demande à l’Etat de sursoir à sa volonté d’imposer un opérateur extérieur qui ne pourra pas apporter un saut qualitatif. «Tant que les contrats ne sont pas revus, tant que l’opérateur n’est pas payé rapidement, le travail se fera avec un certain nombre de difficultés », ont-t-ils conclu.
Olivier Guédé
Olivier Guédé