Un peu plus d’un an qu’a été mis en place le Service de promotion économique de Côte d’Ivoire aux Usa, Canada et Mexique. Le délégué général, Inza Camara, parle de sa mission. Mais aussi de son épouse qui n’est autre que la ministre de l’Éducation nationale et de l’Enseignement technique.
M. le délégué général, que doit-on retenir de votre première année d’activité à la tête du Service de promotion économique de Côte d’Ivoire aux Etats-Unis, Canada et Mexique ?
Au cours de cette première année d’exercice, nous avons organisé six voyages exploratoires en Côte d’Ivoire avec un consortium d’opérateurs économiques américains et canadiens. Notre seul regret, c’est de n’avoir pas pu faire venir au pays des opérateurs économiques mexicains, puisque le Mexique fait partie de notre zone de compétence. Globalement, les missions se sont très bien déroulées, à l’exception de la première qui, comme tout début, a été comme tirée par les cheveux. Pour les autres étapes, les centres d’intérêt des opérateurs économiques étaient bien précis.
Au niveau des ministères et agences étatiques, on a marqué un intérêt pour des projets bien précis et les opérateurs américains et canadiens ont fait des offres. C’est cela le plus important. Beaucoup d’accords-cadres ont été signés et nous sommes dans l’attente de leur finalisation Avec ma tutelle, qui est le ministère de l’Economie et des Finances, il avait été question de mettre en place un comité interministériel de suivi de toutes les actions que nous avons menées jusqu’à présent.
Nous attendons que cela soit fait afin de pouvoir faire bénéficier à la Côte d’Ivoire des retombées de nos différents voyages avec les opérateurs économiques américains et canadiens.
En quoi votre mission consiste-t-elle réellement en compagnie de ces opérateurs économiques?
Si vous prenez connaissance de notre arrêté de nomination du 16 juillet 2012, vous verrez que le délégué général du Speci-Usa que je suis est chargé «de la conduite, de la coordination et du suivi de toutes les activités à caractère économique, commercial et touristique entre la Côte d’Ivoire et les Etats-Unis, le Canada, puis le Mexique».
Notre cinquième mission d’exploration en Côte d’Ivoire s’est déroulée du 27 au 31 mai 2013. Elle portait, entre autres, sur la présentation d’un consortium d’hommes d’affaires américains aux autorités ivoiriennes, en vue de trouver des opportunités d’affaires. Notamment dans les secteurs de l’aéronautique, des finances et banques, de la construction de logements, du textile, de l’agriculture, de la défense, de la justice, du négoce, de l’éducation, de la jeunesse et du sport.
Cette mission a eu lieu avec l’onction de notre tutelle représentée, à l’occasion, par Mme Madeleine Yao, conseiller spécial chargé des partenariats publics-privés au ministère auprès du Premier ministre chargé de l’Economie et des Finances.
Il s’agissait pour nous d’activer la mise en relation des hommes d’affaires américains avec les autorités ivoiriennes en vue d’accompagner la reconstruction post-crise enclenchée depuis avril 2011. Et cela, à travers le transfert de capitaux étrangers dans l’économie de notre pays.
Après les missions exploratoires, quels sont les secteurs qui suscitent plus d’intérêt auprès des opérateurs économiques ?
Il y a les Technologies de l’information et la communication (Tic). A ce sujet, je vous donne un scoop. Il s’agit d’une compagnie new-yorkaise qui a soumissionné pour l’appel d’offres clos, il y a quelques jours, à Abidjan (l’interview a été réalisée à New York le 19 septembre 2013, ndlr) par rapport au projet «un Ivoirien, un ordinateur». Elle a été retenue sur la «Short list». Cela est déjà une satisfaction pour nous. Par rapport au déficit de classes, des opérateurs économiques américains sont prêts à aider la Côte d’Ivoire à résorber ce manque.
Ils veulent même préfinancer les opérations immobilières dans ce domaine. Les dossiers sont partis et nous attendons la réaction du gouvernement.
Au niveau du transport aérien, on note des offres bien précises de nos partenaires. Le dossier est toujours à l’étude au niveau du ministère des Transports. Dans le domaine du sport, des accords-cadres ont été signés pour la construction de stades. D’autres opérateurs vont même plus loin pour proposer le financement de certains événements sportifs qui vont avoir lieu bientôt en Côte d’Ivoire.
Notamment les prochains Jeux de la Francophonie prévus en 2017. J’étais à une réunion, récemment, avec des équipementiers sportifs qui sont prêts à aider notre jeune athlète, Murielle Ahouré, à s’entraîner mieux et à accroître ses performances.
Elle n’en serait que très heureuse, elle qui a toujours plaidé pour le sponsoring de sa carrière !
Tout à fait ! Ces partenaires se sont également dit prêts à équiper les différentes équipes nationales de Côte d’Ivoire, notamment les Eléphants footballeurs. Au niveau de la sécurité, nous travaillons avec des gens qui veulent aider la Côte d’Ivoire dans sa lutte contre les barrages illicites. Ils ont des équipements qui identifient clairement les postes légaux et ceux qui ne doivent pas exister. La dernière mission que nous avons menée en Côte d’Ivoire portait également sur le satellite de communication. Les opérateurs dans ce secteur veulent faire de notre pays leur base à partir de laquelle ils vont travailler avec le reste de l’Afrique. Là aussi, ils attendent le feu vert des autorités.
Pour ce qui est de l’environnement, il y a ce qu’on appelle «les crédits carbone» qui peuvent rapporter quelque 100 millions de dollars à la Côte d’Ivoire. Nos partenaires sont prêts à faire des tranches de 20 millions par an sur cinq ans. Ce dossier, je vais le soumettre au ministre Allah Kouadio Rémi qui est en charge de ce département. C‘est vous dire que nous avons beaucoup d’activités. Et nous espérons pouvoir faire davantage avec, bien entendu, le soutien du gouvernement.
On pourrait vous demander le secret de votre relatif dynamisme. Vous avez eu autant d’activités en un an d’exercice dans un si grand pays comme les États-Unis.
Mon avantage, c’est que je réside aux Etats-Unis depuis 1996. J’ai sillonné ce pays et le Canada. C’est le Mexique que je découvre, maintenant. Toute modestie mise à part, c’est donc un terrain que je connais et ce sont des activités que je menais un peu au sein de ma propre structure. En me nommant, le Président n’a fait que me conforter dans ce que je faisais déjà. Mes difficultés sont plutôt d’ordre administratif. Sinon, au niveau opérationnel, il n’y a vraiment pas de problème.
Ce que vous faites est bien connu. Il s’agit de l’éco-diplomatie qui est en vogue, depuis quelque temps. À ce niveau, quelles relations entretenez-vous avec les ambassadeurs des pays de votre zone de compétence ?
Nous entretenons de bons rapports. L’ambassadeur Daouda Diabaté de Washington est mon aîné, de loin. Je dirai que c’est le doyen. Celui accrédité auprès des Nations unies, l’ambassadeur Youssoufou Bamba, est également un aîné. Nos relations sont un peu plus poussées, parce que nous avons fréquenté le même lycée à Bingerville. Il est plus qu’un frère.
Les deux m’encadrent bien et chacun travaille dans le domaine qui est le sien. Ils reçoivent copie des rapports périodiques que je fais. Je vais parfois les voir pour des conseils, mais aussi pour négocier des rendez-vous au profit de certaines opérateurs économiques qui veulent les rencontrer. Sinon, au plan opérationnel, j’ai une bonne équipe composée de six personnes: deux assistantes, deux chargés d’études, un comptable auxiliaire et un chauffeur. Le volume de travail est tel que nous serons heureux de voir notre équipe être étoffée.
Une belle transition pour parler de vos difficultés ! Quelles sont-elles ?
Nous en avons beaucoup. D’abord, au niveau administratif. Nous avons toujours travaillé dans le privé. Et notre manière de travailler aux Etats-Unis est totalement différente de celle dans nos Etats africains. Nous constatons beaucoup de lenteurs. Cela nous pénalise et frustre parfois certains opérateurs économiques. Quand nous allons avec eux au pays, ils sont bien reçus. On se donne des délais. Mais une fois retournés aux Etats-Unis, il y a des difficultés dans l’application des décisions prises. Il existe d’autres problèmes que nous préférons exposer directement aux autorités. Souffrez que nous n’en parlions pas dans la presse. Les choses ne sont pas faciles, mais nous voulons jouer notre partition par rapport au développement de la Côte d’Ivoire. Nous souhaitons que les dossiers soient traités avec un peu plus de célérité. Les hommes d’affaires n’aiment pas les lenteurs. Ils veulent agir, mettre leur expérience et leurs moyens au service des autres.
Au-delà de l’exploration, y a-t-il des opérateurs déjà installés en Côte d’Ivoire ?
Deux compagnies sont déjà immatriculées en Côte d’Ivoire au Cepici. Une compagnie, dénommée Born To Build, a même signé une joint-venture avec la Sonitra. Même aujourd’hui (le 19 septembre, ndlr), j’ai arrangé un rendez-vous prévu à Washington pour le maire de Yopougon, M. Kafana Koné et les membres d’une compagnie qui étaient déjà partis avec nous à Abidjan. Il m’a appelé pour dire qu’il est satisfait. En octobre (ce mois-ci, ndlr), ces opérateurs économiques iront leur rendre visite à Abidjan. Au niveau de la concrétisation de nos actions, il y a eu aussi une double signature, les 11 et 14 juin 2013. C’était, d’une part, entre le groupe américain Trivision, Incomet l’Union patronale des écoles supérieures et universités privées de Côte d’Ivoire (Upesup), pour l’équipement desdits établissements en tablettes et ordinateurs. Et, d’autre part, entre Kaplan University des Etats-Unis et l’Ecole supérieure de commerce, de gestion et de technologie (Escoget). Cette signature permettra aux étudiants ivoiriens de préparer et passer le Toefl à Abidjan sous la supervision et selon les normes de Kaplan University.
Cela aura pour avantage d’éviter à ces derniers et à leurs parents des dépenses pour aller préparer le Toefl aux Etats-Unis, comme c’est le cas, jusque-là. On serait beaucoup plus concret si l’on avait répondant au niveau d’Abidjan. Nos amis Américains veulent préfinancer les activités. Ce qu’ils demandent, c’est qu’on les appelle pour établir une convention. C’est tout. Ils vont aider les gens et cela va créer beaucoup d’emplois.
Quelle est la part de la diaspora ivoirienne dans cette opération ?
On recense les frères et soeurs de la diaspora. On recueille leurs centres d’intérêt et nous essayons de les mettre en contact avec les Américains qui viennent pour les petites et moyennes entreprises, afin qu’ils rentrent en Côte d’Ivoire. Car beaucoup de nos frères veulent retourner au pays, mais pas les mains vides. Cela nous permettra de rendre service à nos frères et soeurs qui veulent rentrer dans leur pays de façon digne. Je demande aux uns et aux autres de nous contacter.
Nous sommes à leur service. Quant à nos concitoyens, hommes d’affaires au pays, nous leur disons que la Côte d’Ivoire est un pays d’hospitalité. En outre, je pense que l’apport des opérateurs économiques nord-américains va permettre de nouer des partenariats. Il ne faut pas les voir comme des rivaux qui viennent nous arracher nos privilèges. Bien au contraire, leur présence dans le tissu économique peut aider les entreprises sur place à être plus viables. Nous jouons aussi un rôle de conseil et nous pouvons les orienter par rapport à ces préoccupations. Ces investisseurs étrangers qui arrivent peuvent aider les entreprises en faillite à renaître dans le cadre d’un partenariat, par exemple.
Les opérateurs économiques privés disent généralement qu’ils perdent un peu d’eux-mêmes lorsqu’on leur fait jouer un rôle dans l’administration publique dont ils n’apprécient pas toujours le mode de fonctionnement. Est-ce votre cas ?
J’ai dû rendre mon tablier au niveau de ma structure pour répondre à l’appel du Président de la République qui m’a honoré par cette nomination. J’ai un contrat avec l’État de Côte d’Ivoire. Je m’acquitte de mon devoir et le jour où ce contrat prendra fin, je pourrai alors retrouver ma structure. Il n’y a donc pas de regret. Au contraire, on veut servir le pays. Malgré les maigres moyens qu’on a, on se bat pour l’aider tout de même.
Vous êtes le délégué général du Rdr aux Etats-Unis. Comment combinez-vous cette charge avec celle de délégué général du Speci-Usa ?
Après notre nomination, nous avons rencontré nos militants pour leur faire part de nos nouvelles fonctions et les inviter à nous aider à les assumer. Nous leur avons également dit que c’est ensemble que nous devons poursuivre l’animation du parti aux Etats-Unis. Où il se porte bien, si l’on en croit les résultats de la présidentielle de 2010.
Nous faisons ce que nous pouvons pour que le Rdr soit toujours une réalité incontournable au sein de la communauté ivoirienne vivant aux Etats-Unis. C’est pourquoi, nous sommes soucieux de savoir comment le parti se porte au pays. Nous devons, chacun à notre niveau, oeuvrer au renforcement de la cohésion et du rayonnement du Rdr. C’est cela notre souci. Nous avons dit à nos militants que nous restons à l’écoute d’Abidjan pour une éventuelle restructuration.
Quel regard portez-vous, depuis les Etats-Unis, sur le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ?
Aux Etats-Unis, nous jouons notre partition au niveau de la réconciliation. A la cérémonie de lancement officiel de nos activités pour l’exercice 2013-2014, qui a eu lieu le 1er septembre dernier à New York, ce sont des militants du Fpi qui ont assuré l’animation à travers des chants. C’était agréable à voir et nous étions tous heureux de découvrir cette belle symbiose pour la cause de notre pays. Nous souhaitons que les efforts faits par les autorités pour aller à la réconciliation soient soutenus par toutes les composantes politiques. C’est la Côte d’Ivoire qui y gagne. Car lorsqu’il y a la paix et la sécurité, les opérateurs économiques sont rassurés et plus enthousiastes à investir au pays. C’est donc un gage de succès de notre mission. C’est pourquoi, nous prions pour une paix et une réconciliation durables.
Une dernière question à caractère personnel. Un mot sur votre épouse qui n’est autre que la ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique.
Mon épouse est une dame simple. Nous sommes ensemble, depuis plus de trente ans. Et je suis fier du rôle qu’elle joue, aussi bien au sein de notre parti, dont elle a été présidente de la section féminine ; que dans le gouvernement en tant que proche collaboratrice du Président de la République. Vous vous souvenez que lors de sa visite d’Etat en juillet dernier dans le District des Savanes, le Président lui a rendu un hommage émouvant, à l’étape de Kouto. Cela m’a fait chaud au coeur. Je l’encourage dans ses efforts pour redonner à l’école ivoirienne son lustre d’antan.
Interview réalisée par Abel Doualy
M. le délégué général, que doit-on retenir de votre première année d’activité à la tête du Service de promotion économique de Côte d’Ivoire aux Etats-Unis, Canada et Mexique ?
Au cours de cette première année d’exercice, nous avons organisé six voyages exploratoires en Côte d’Ivoire avec un consortium d’opérateurs économiques américains et canadiens. Notre seul regret, c’est de n’avoir pas pu faire venir au pays des opérateurs économiques mexicains, puisque le Mexique fait partie de notre zone de compétence. Globalement, les missions se sont très bien déroulées, à l’exception de la première qui, comme tout début, a été comme tirée par les cheveux. Pour les autres étapes, les centres d’intérêt des opérateurs économiques étaient bien précis.
Au niveau des ministères et agences étatiques, on a marqué un intérêt pour des projets bien précis et les opérateurs américains et canadiens ont fait des offres. C’est cela le plus important. Beaucoup d’accords-cadres ont été signés et nous sommes dans l’attente de leur finalisation Avec ma tutelle, qui est le ministère de l’Economie et des Finances, il avait été question de mettre en place un comité interministériel de suivi de toutes les actions que nous avons menées jusqu’à présent.
Nous attendons que cela soit fait afin de pouvoir faire bénéficier à la Côte d’Ivoire des retombées de nos différents voyages avec les opérateurs économiques américains et canadiens.
En quoi votre mission consiste-t-elle réellement en compagnie de ces opérateurs économiques?
Si vous prenez connaissance de notre arrêté de nomination du 16 juillet 2012, vous verrez que le délégué général du Speci-Usa que je suis est chargé «de la conduite, de la coordination et du suivi de toutes les activités à caractère économique, commercial et touristique entre la Côte d’Ivoire et les Etats-Unis, le Canada, puis le Mexique».
Notre cinquième mission d’exploration en Côte d’Ivoire s’est déroulée du 27 au 31 mai 2013. Elle portait, entre autres, sur la présentation d’un consortium d’hommes d’affaires américains aux autorités ivoiriennes, en vue de trouver des opportunités d’affaires. Notamment dans les secteurs de l’aéronautique, des finances et banques, de la construction de logements, du textile, de l’agriculture, de la défense, de la justice, du négoce, de l’éducation, de la jeunesse et du sport.
Cette mission a eu lieu avec l’onction de notre tutelle représentée, à l’occasion, par Mme Madeleine Yao, conseiller spécial chargé des partenariats publics-privés au ministère auprès du Premier ministre chargé de l’Economie et des Finances.
Il s’agissait pour nous d’activer la mise en relation des hommes d’affaires américains avec les autorités ivoiriennes en vue d’accompagner la reconstruction post-crise enclenchée depuis avril 2011. Et cela, à travers le transfert de capitaux étrangers dans l’économie de notre pays.
Après les missions exploratoires, quels sont les secteurs qui suscitent plus d’intérêt auprès des opérateurs économiques ?
Il y a les Technologies de l’information et la communication (Tic). A ce sujet, je vous donne un scoop. Il s’agit d’une compagnie new-yorkaise qui a soumissionné pour l’appel d’offres clos, il y a quelques jours, à Abidjan (l’interview a été réalisée à New York le 19 septembre 2013, ndlr) par rapport au projet «un Ivoirien, un ordinateur». Elle a été retenue sur la «Short list». Cela est déjà une satisfaction pour nous. Par rapport au déficit de classes, des opérateurs économiques américains sont prêts à aider la Côte d’Ivoire à résorber ce manque.
Ils veulent même préfinancer les opérations immobilières dans ce domaine. Les dossiers sont partis et nous attendons la réaction du gouvernement.
Au niveau du transport aérien, on note des offres bien précises de nos partenaires. Le dossier est toujours à l’étude au niveau du ministère des Transports. Dans le domaine du sport, des accords-cadres ont été signés pour la construction de stades. D’autres opérateurs vont même plus loin pour proposer le financement de certains événements sportifs qui vont avoir lieu bientôt en Côte d’Ivoire.
Notamment les prochains Jeux de la Francophonie prévus en 2017. J’étais à une réunion, récemment, avec des équipementiers sportifs qui sont prêts à aider notre jeune athlète, Murielle Ahouré, à s’entraîner mieux et à accroître ses performances.
Elle n’en serait que très heureuse, elle qui a toujours plaidé pour le sponsoring de sa carrière !
Tout à fait ! Ces partenaires se sont également dit prêts à équiper les différentes équipes nationales de Côte d’Ivoire, notamment les Eléphants footballeurs. Au niveau de la sécurité, nous travaillons avec des gens qui veulent aider la Côte d’Ivoire dans sa lutte contre les barrages illicites. Ils ont des équipements qui identifient clairement les postes légaux et ceux qui ne doivent pas exister. La dernière mission que nous avons menée en Côte d’Ivoire portait également sur le satellite de communication. Les opérateurs dans ce secteur veulent faire de notre pays leur base à partir de laquelle ils vont travailler avec le reste de l’Afrique. Là aussi, ils attendent le feu vert des autorités.
Pour ce qui est de l’environnement, il y a ce qu’on appelle «les crédits carbone» qui peuvent rapporter quelque 100 millions de dollars à la Côte d’Ivoire. Nos partenaires sont prêts à faire des tranches de 20 millions par an sur cinq ans. Ce dossier, je vais le soumettre au ministre Allah Kouadio Rémi qui est en charge de ce département. C‘est vous dire que nous avons beaucoup d’activités. Et nous espérons pouvoir faire davantage avec, bien entendu, le soutien du gouvernement.
On pourrait vous demander le secret de votre relatif dynamisme. Vous avez eu autant d’activités en un an d’exercice dans un si grand pays comme les États-Unis.
Mon avantage, c’est que je réside aux Etats-Unis depuis 1996. J’ai sillonné ce pays et le Canada. C’est le Mexique que je découvre, maintenant. Toute modestie mise à part, c’est donc un terrain que je connais et ce sont des activités que je menais un peu au sein de ma propre structure. En me nommant, le Président n’a fait que me conforter dans ce que je faisais déjà. Mes difficultés sont plutôt d’ordre administratif. Sinon, au niveau opérationnel, il n’y a vraiment pas de problème.
Ce que vous faites est bien connu. Il s’agit de l’éco-diplomatie qui est en vogue, depuis quelque temps. À ce niveau, quelles relations entretenez-vous avec les ambassadeurs des pays de votre zone de compétence ?
Nous entretenons de bons rapports. L’ambassadeur Daouda Diabaté de Washington est mon aîné, de loin. Je dirai que c’est le doyen. Celui accrédité auprès des Nations unies, l’ambassadeur Youssoufou Bamba, est également un aîné. Nos relations sont un peu plus poussées, parce que nous avons fréquenté le même lycée à Bingerville. Il est plus qu’un frère.
Les deux m’encadrent bien et chacun travaille dans le domaine qui est le sien. Ils reçoivent copie des rapports périodiques que je fais. Je vais parfois les voir pour des conseils, mais aussi pour négocier des rendez-vous au profit de certaines opérateurs économiques qui veulent les rencontrer. Sinon, au plan opérationnel, j’ai une bonne équipe composée de six personnes: deux assistantes, deux chargés d’études, un comptable auxiliaire et un chauffeur. Le volume de travail est tel que nous serons heureux de voir notre équipe être étoffée.
Une belle transition pour parler de vos difficultés ! Quelles sont-elles ?
Nous en avons beaucoup. D’abord, au niveau administratif. Nous avons toujours travaillé dans le privé. Et notre manière de travailler aux Etats-Unis est totalement différente de celle dans nos Etats africains. Nous constatons beaucoup de lenteurs. Cela nous pénalise et frustre parfois certains opérateurs économiques. Quand nous allons avec eux au pays, ils sont bien reçus. On se donne des délais. Mais une fois retournés aux Etats-Unis, il y a des difficultés dans l’application des décisions prises. Il existe d’autres problèmes que nous préférons exposer directement aux autorités. Souffrez que nous n’en parlions pas dans la presse. Les choses ne sont pas faciles, mais nous voulons jouer notre partition par rapport au développement de la Côte d’Ivoire. Nous souhaitons que les dossiers soient traités avec un peu plus de célérité. Les hommes d’affaires n’aiment pas les lenteurs. Ils veulent agir, mettre leur expérience et leurs moyens au service des autres.
Au-delà de l’exploration, y a-t-il des opérateurs déjà installés en Côte d’Ivoire ?
Deux compagnies sont déjà immatriculées en Côte d’Ivoire au Cepici. Une compagnie, dénommée Born To Build, a même signé une joint-venture avec la Sonitra. Même aujourd’hui (le 19 septembre, ndlr), j’ai arrangé un rendez-vous prévu à Washington pour le maire de Yopougon, M. Kafana Koné et les membres d’une compagnie qui étaient déjà partis avec nous à Abidjan. Il m’a appelé pour dire qu’il est satisfait. En octobre (ce mois-ci, ndlr), ces opérateurs économiques iront leur rendre visite à Abidjan. Au niveau de la concrétisation de nos actions, il y a eu aussi une double signature, les 11 et 14 juin 2013. C’était, d’une part, entre le groupe américain Trivision, Incomet l’Union patronale des écoles supérieures et universités privées de Côte d’Ivoire (Upesup), pour l’équipement desdits établissements en tablettes et ordinateurs. Et, d’autre part, entre Kaplan University des Etats-Unis et l’Ecole supérieure de commerce, de gestion et de technologie (Escoget). Cette signature permettra aux étudiants ivoiriens de préparer et passer le Toefl à Abidjan sous la supervision et selon les normes de Kaplan University.
Cela aura pour avantage d’éviter à ces derniers et à leurs parents des dépenses pour aller préparer le Toefl aux Etats-Unis, comme c’est le cas, jusque-là. On serait beaucoup plus concret si l’on avait répondant au niveau d’Abidjan. Nos amis Américains veulent préfinancer les activités. Ce qu’ils demandent, c’est qu’on les appelle pour établir une convention. C’est tout. Ils vont aider les gens et cela va créer beaucoup d’emplois.
Quelle est la part de la diaspora ivoirienne dans cette opération ?
On recense les frères et soeurs de la diaspora. On recueille leurs centres d’intérêt et nous essayons de les mettre en contact avec les Américains qui viennent pour les petites et moyennes entreprises, afin qu’ils rentrent en Côte d’Ivoire. Car beaucoup de nos frères veulent retourner au pays, mais pas les mains vides. Cela nous permettra de rendre service à nos frères et soeurs qui veulent rentrer dans leur pays de façon digne. Je demande aux uns et aux autres de nous contacter.
Nous sommes à leur service. Quant à nos concitoyens, hommes d’affaires au pays, nous leur disons que la Côte d’Ivoire est un pays d’hospitalité. En outre, je pense que l’apport des opérateurs économiques nord-américains va permettre de nouer des partenariats. Il ne faut pas les voir comme des rivaux qui viennent nous arracher nos privilèges. Bien au contraire, leur présence dans le tissu économique peut aider les entreprises sur place à être plus viables. Nous jouons aussi un rôle de conseil et nous pouvons les orienter par rapport à ces préoccupations. Ces investisseurs étrangers qui arrivent peuvent aider les entreprises en faillite à renaître dans le cadre d’un partenariat, par exemple.
Les opérateurs économiques privés disent généralement qu’ils perdent un peu d’eux-mêmes lorsqu’on leur fait jouer un rôle dans l’administration publique dont ils n’apprécient pas toujours le mode de fonctionnement. Est-ce votre cas ?
J’ai dû rendre mon tablier au niveau de ma structure pour répondre à l’appel du Président de la République qui m’a honoré par cette nomination. J’ai un contrat avec l’État de Côte d’Ivoire. Je m’acquitte de mon devoir et le jour où ce contrat prendra fin, je pourrai alors retrouver ma structure. Il n’y a donc pas de regret. Au contraire, on veut servir le pays. Malgré les maigres moyens qu’on a, on se bat pour l’aider tout de même.
Vous êtes le délégué général du Rdr aux Etats-Unis. Comment combinez-vous cette charge avec celle de délégué général du Speci-Usa ?
Après notre nomination, nous avons rencontré nos militants pour leur faire part de nos nouvelles fonctions et les inviter à nous aider à les assumer. Nous leur avons également dit que c’est ensemble que nous devons poursuivre l’animation du parti aux Etats-Unis. Où il se porte bien, si l’on en croit les résultats de la présidentielle de 2010.
Nous faisons ce que nous pouvons pour que le Rdr soit toujours une réalité incontournable au sein de la communauté ivoirienne vivant aux Etats-Unis. C’est pourquoi, nous sommes soucieux de savoir comment le parti se porte au pays. Nous devons, chacun à notre niveau, oeuvrer au renforcement de la cohésion et du rayonnement du Rdr. C’est cela notre souci. Nous avons dit à nos militants que nous restons à l’écoute d’Abidjan pour une éventuelle restructuration.
Quel regard portez-vous, depuis les Etats-Unis, sur le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ?
Aux Etats-Unis, nous jouons notre partition au niveau de la réconciliation. A la cérémonie de lancement officiel de nos activités pour l’exercice 2013-2014, qui a eu lieu le 1er septembre dernier à New York, ce sont des militants du Fpi qui ont assuré l’animation à travers des chants. C’était agréable à voir et nous étions tous heureux de découvrir cette belle symbiose pour la cause de notre pays. Nous souhaitons que les efforts faits par les autorités pour aller à la réconciliation soient soutenus par toutes les composantes politiques. C’est la Côte d’Ivoire qui y gagne. Car lorsqu’il y a la paix et la sécurité, les opérateurs économiques sont rassurés et plus enthousiastes à investir au pays. C’est donc un gage de succès de notre mission. C’est pourquoi, nous prions pour une paix et une réconciliation durables.
Une dernière question à caractère personnel. Un mot sur votre épouse qui n’est autre que la ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique.
Mon épouse est une dame simple. Nous sommes ensemble, depuis plus de trente ans. Et je suis fier du rôle qu’elle joue, aussi bien au sein de notre parti, dont elle a été présidente de la section féminine ; que dans le gouvernement en tant que proche collaboratrice du Président de la République. Vous vous souvenez que lors de sa visite d’Etat en juillet dernier dans le District des Savanes, le Président lui a rendu un hommage émouvant, à l’étape de Kouto. Cela m’a fait chaud au coeur. Je l’encourage dans ses efforts pour redonner à l’école ivoirienne son lustre d’antan.
Interview réalisée par Abel Doualy