- Excellence Monsieur Blaise Compaoré, Président du Faso,
- Monsieur Abdou Diouf, Président de l’Organisation Internationale de la Francophonie,
- Madame le Ministre Yamina Benguigui, représentant Monsieur le Président de la République Française,
- Monsieur Kofi Annan, Ancien Secrétaire Général de l’ONU,
- Monsieur le Président de l’Académie des sciences d’Outre Mer,
- Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
- Mesdames Messieurs les Académiciens,
- Professeur Barthélémy Kotchy-N’Guessan, Président de l’Académie des sciences, des Arts, des cultures d’Afrique et des Diasporas Africaines
- Honorables invités,
- Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d’abord remercier très sincèrement Mesdames et Messieurs les Honorables Académiciens de cette prestigieuse Institution qu’est l’Académie des Sciences d’Outre Mer, pour l’honneur qui m’est fait aujourd’hui, de devenir l’un des leurs.
Je suis très heureux de compter parmi de si éminentes personnalités, dont la pensée et l’action sont mondialement reconnues.
En ce moment précis, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée particulière et de rendre hommage à mon Père spirituel, feu le Président Félix Houphouët-Boigny, Premier Président de la République de Côte d’Ivoire, grand homme d’Etat, qui fut un visionnaire et le bâtisseur de la modernité de mon pays.
Permettez moi cependant de ne pas oublier d’autres chefs d’état parmi lesquels Léopold Sédar Senghor, dont les écrits ont bercé et fécondé tant d’esprits à travers le monde. Je n’oublie pas les présidents du Conseil, les Ministres, médecins, généraux, journalistes et les explorateurs tels que Louis Gustave Binger, qui a donné son nom à Bingerville, ancienne capitale de la Côte d’Ivoire, ville que la Première Dame, Madame Dominique Ouattara, a choisie pour ériger le premier hôpital mère-enfant dans la région Ouest africaine.
Mesdames et Messieurs
Je voudrais à présent saluer mon ami et frère le Président Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso, qui m’a précédé dans cette prestigieuse Institution et dont le pays et le mien, sont liés par l’histoire et la géographie.
Je voudrais saluer également mes ainés, le Président Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal et actuel Secrétaire Général de la Francophonie et le Président kofi Annan, Ancien secrétaire Général de l’ONU qui m’ont fait l’honneur et l’amitié d’être avec nous aujourd’hui.
Je remercie également mes amis Michel et Brigitte Camdessus ainsi que Béchir et Danielle Ben Yahmed, qui ont toujours été présents à mes côtés.
Je voudrais saluer le Professeur Henriette Dagri-Diabaté, ancien ministre de la Culture, aujourd’hui Grande Chancelière de l’ordre National de Côte d’Ivoire.
A ces salutations, j’associe le Professeur Barthélémy Kotchy-N’Guessan, qui préside aux destinés de l’Académie des sciences, des Arts, des cultures d’Afrique et des Diasporas Africaines, et dont la présence dans cette salle nous apporte le soutien des Académiciens ivoiriens.
Mes remerciements appuyés s’adressent à Monsieur l’Ambassadeur Jean Marc Simon, pour la généreuse présentation qu’il vient de faire de moi, et pour tout ce qu’il a fait et continue de faire pour la Côte d’Ivoire.
Enfin, je souhaiterai remercier tous nos amis, frères et sœurs qui ont effectué le déplacement de ce jour pour nous manifester leur soutien.
Honorables académiciens,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
En tant que fils du Continent, je voudrais saisir l’opportunité qui m’est offerte pour vous parler de l’Afrique et de sa place dans le monde de demain, même s’il n’est pas aisé de parler d’un espace composé de 54 Etats souverains, recouvrant des réalités différentes.
L’émergence de nouveaux rapports de force après la guerre froide et de nouveaux pôles de puissances économiques, ont contribué à libérer le potentiel du continent et à accélérer ainsi sa constitution en acteur politique et économique majeur.
La crise de l’économie mondiale et son impact sur l’Europe et les Etats-Unis conforte depuis lors cette position. C’est donc sur ces bases héritées de la fin du 20ème Siècle que l’Afrique est en train de construire son rôle et sa place au 21ème Siècle.
Honorables académiciens,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
En effet, sur ces dix dernières années, je note que la croissance économique en Afrique, mesurée par l’augmentation du Produit Intérieur Brut (PIB) en termes réels, avoisine 5 % l’an et qu’elle a été supérieure à celle de tous les continents à l’exception de l’Asie. Six des dix pays dont le taux de croissance est le plus élevé dans le monde se situent en Afrique. Parmi eux, la Côte d’Ivoire avec un taux de 9,8 % en 2012, pourrait réaliser un taux de croissance à deux chiffres à partir de 2015, consolidant ainsi son rôle de moteur de la croissance économique de la sous-région ouest africaine francophone.
Je note également que le taux d’investissement étranger en Afrique a été multiplié par dix au cours de la dernière décennie avec des apports significatifs de la Chine, de L’Inde, du Brésil, de la Malaisie et de la Turquie. D’ailleurs, le taux de rendement des investissements en Afrique figure parmi les plus élevés au monde.
Les échanges commerciaux de l’Afrique avec le reste du Monde ont augmenté de 200% depuis l’an 2000. Les échanges avec le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde et la Turquie qui ne représentaient que 1 % sont estimés aujourd’hui à plus de 30 %. Ils devraient atteindre 50 % d’ici 2030.
Il est donc indéniable que l’Afrique est de plus en plus intégrée dans l’économie mondiale et que la diversification de ses partenaires ouvre des opportunités de développement sans précédent.
Le commerce régional est également en plein essor avec la diminution des tarifs douaniers et des restrictions au commerce grâce à l’avancée de l’intégration régionale et la mise en place de grands projets d’infrastructures régionaux.
C’est pour confirmer cette évolution décisive que la CEDEAO a adopté le 25 octobre 2013 à Dakar, d’importantes mesures d’uniformisation du marché communautaire et d’ouverture commerciale.
L’Afrique est donc en passe de relever le défi de l’intégration communautaire et celui d’une politique d’ouverture.
Honorables invités,
Mesdames, Messieurs.
Ces bonnes performances durant la dernière décennie et les bonnes perspectives à moyen terme ont amené la Banque Mondiale à dire que : "L’Afrique est en passe de réussir son décollage économique tout comme la Chine, il y a 30 ans, et l’Inde, il y a 20 ans ». Plusieurs pays africains appelés « pays frontières » dans le jargon économique, sont sur le point de devenir des pays émergents, tout comme le Vietnam en Asie. La Côte d’Ivoire, quant à elle, a pour ambition de devenir un pays émergent à l’horizon 2020.
Honorables académiciens,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est certainement en raison de ce fort potentiel que le Sénat français a intitulé son rapport présenté la semaine dernière à Paris: "l’Afrique est notre avenir".
Je voudrais également citer Monsieur Jacques Attali, dans sa chronique publié dans l’Express du 18 Novembre 2009, qui invite à "considérer l’Afrique comme un formidable potentiel".
Avec un milliard d’habitants, c’est le continent "le plus jeune" au monde.
Avec ces forêts qui couvrent environ 22% du Continent, c’est "le poumon écologique de la planète".
Avec son taux de croissance, c’est "l’un des moteurs de la croissance mondiale".
Enfin, "c’est le Continent le plus riche en matières premières".
Toutefois, la bonne tenue de l’économie africaine ne changera durablement la situation du continent que si elle profite aux populations et réduit de manière substantielle et durable le niveau de pauvreté, parce que comme l’a dit Nelson Mandela, "vaincre la pauvreté n’est pas un geste de charité, c’est un acte de justice".
De ce point de vue l’avenir de l’Afrique dépendra des réponses que nous les dirigeants pourront apporter aux aspirations de sa jeunesse en matière de réduction du chômage, de formation et d’épanouissement.
De même, les femmes, acteurs essentiels du développement et de la stabilité devront elles-aussi jouer un rôle de plus en plus visible et déterminant dans nos sociétés et prendre une part importante dans la définition et la mise œuvre des différentes politiques de développement.
Honorables Académiciens,
honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
Les performances économiques de l’Afrique coïncident avec la progression de la démocratie sur le Continent et avec l’adoption par l’Union Africaine et les organisations régionales des normes relatives au rejet des coups d’Etat et de toute forme de prise illégale du pouvoir.
Cette progression de la démocratie est manifeste, même si elle reste inégalement présente à l’échelle du Continent.
En ce qui concerne la CEDEAO, l’alternance au pouvoir est une réalité, la plupart des pays l’ayant au moins connue une fois au cours des deux dernières décennies. Les élections y sont de plus en plus transparentes et crédibles.
Dans l’ensemble, l’état de droit se renforce, permettant ainsi de bâtir des Institutions fortes et des Etats solides, soucieux des libertés individuelles ainsi que de la préservation de contrepouvoirs efficaces.
Mesdames et Messieurs,
Toutefois, en dépit des progrès actuels et de l’influence grandissante de l’Afrique dans les affaires internationales, son rôle et sa place restent encore largement tributaires de la situation sécuritaire ainsi que de la capacité des organisations continentales à mettre fin aux conflits et aux poches d’instabilité qui perdurent dans divers pays. Sur ce point, il convient de noter la réduction du nombre de conflits sur le continent depuis la fin de la Guerre froide. Cette évolution est le résultat de la détermination de l’Union Africaine et des organisations régionales à trouver une issue positive aux crises, même s’il en existe encore, notamment en République Démocratique du Congo, en Somalie et en Centre-Afrique.
Le prochain sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité les 6 et 7 décembre 2013 à Paris, permettra aux pays africains de développer les voies et moyens pour prévenir ce type de crises qui fragilisent nos états.
Mesdames et Messieurs,
L’Afrique aspire désormais à être assise autour de la table quand se prennent les décisions la concernant. A cet égard, la réforme de la gouvernance mondiale, inévitable au regard de l’évolution du monde, ne sera crédible que si l’Afrique y tient une place de choix.
L’Afrique doit pour cela faire son entrée dans la catégorie des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies et cesser ainsi d’être absente dans cette haute catégorie de l’instance mondiale chargée de la paix et de la sécurité internationale.
Honorables académiciens,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Je ne saurai clore mon propos sans revenir à l’Académie des Sciences d’Outre-mer, en rappelant un élément d’histoire qui mérite d’être connu non des académiciens, mais de nos invités venus d’horizons divers.
En effet, c’est à l’occasion de la séance solennelle d’ouverture de l’Académie le 18 mai 1923 à la Sorbonne, que Paul Bourdarie, journaliste et initiateur de cette société savante, y lança les 4 verbes qui deviendront la devise de l’Académie : Savoir, Comprendre, Respecter, Aimer.
Parce que le savoir renvoie à la science, moteur de l’évolution du monde,
Parce que la compréhension mutuelle s’impose à nous Ivoiriens qui prônons le "Vivre Ensemble",
Parce que le respect mutuel demeure une vertu cardinale dans toute démocratie digne de ce nom,
Parce que l’Amour, enfin, gouverne le monde depuis la cellule familiale jusqu’à la coopération entre les Nations.
Je suis heureux de proclamer que je fais mienne, cette devise bien choisie qui devrait guider toute action humaine.
Mais l’énoncé Outre-mer nous renoue à un passé colonial certes, mais où nous devons reconnaître, sans manichéismes, que cette époque a connu de nombreux esprits positifs.
Je pense notamment à l’explorateur René Caillé, qui décrit de manière saisissante et poignante, sa découverte de la ville de Tombouctou : " enfin nous arrivâmes heureusement à Tombouctou au moment où le soleil tombait à l’horizon. Je voyais donc cette capitale du Soudan, qui depuis si longtemps était le but de mes désirs. En entrant dans cette cité merveilleuse, objet des Nations de l’Europe, je fut saisi d’un sentiment inexprimable de satisfaction; je n’avais jamais éprouvé une sensation pareille et la joie était extrême". C’était en 1828!
Aujourd’hui, Tombouctou envahie par des terroristes au début de l’année 2012, mais Tombouctou libérée par la France, notre amie de toujours, par le Tchad notre frère et par une coalition de combattants de la CEDEAO.
Cependant, de René Caillé, ce que je voudrais retenir du haut de cette tribune, ici à l’Académie des Sciences d’Outre mer, c’est une petite phrase qui honore toute la communauté scientifique. " Les intérêts de la science ne sont ni anglais, ni français, ni chinois: les découvertes utiles appartiennent au monde."
Honorables académiciens, je vous exhorte à demeurer toujours utiles au monde.
Je vous remercie.
- Monsieur Abdou Diouf, Président de l’Organisation Internationale de la Francophonie,
- Madame le Ministre Yamina Benguigui, représentant Monsieur le Président de la République Française,
- Monsieur Kofi Annan, Ancien Secrétaire Général de l’ONU,
- Monsieur le Président de l’Académie des sciences d’Outre Mer,
- Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
- Mesdames Messieurs les Académiciens,
- Professeur Barthélémy Kotchy-N’Guessan, Président de l’Académie des sciences, des Arts, des cultures d’Afrique et des Diasporas Africaines
- Honorables invités,
- Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d’abord remercier très sincèrement Mesdames et Messieurs les Honorables Académiciens de cette prestigieuse Institution qu’est l’Académie des Sciences d’Outre Mer, pour l’honneur qui m’est fait aujourd’hui, de devenir l’un des leurs.
Je suis très heureux de compter parmi de si éminentes personnalités, dont la pensée et l’action sont mondialement reconnues.
En ce moment précis, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée particulière et de rendre hommage à mon Père spirituel, feu le Président Félix Houphouët-Boigny, Premier Président de la République de Côte d’Ivoire, grand homme d’Etat, qui fut un visionnaire et le bâtisseur de la modernité de mon pays.
Permettez moi cependant de ne pas oublier d’autres chefs d’état parmi lesquels Léopold Sédar Senghor, dont les écrits ont bercé et fécondé tant d’esprits à travers le monde. Je n’oublie pas les présidents du Conseil, les Ministres, médecins, généraux, journalistes et les explorateurs tels que Louis Gustave Binger, qui a donné son nom à Bingerville, ancienne capitale de la Côte d’Ivoire, ville que la Première Dame, Madame Dominique Ouattara, a choisie pour ériger le premier hôpital mère-enfant dans la région Ouest africaine.
Mesdames et Messieurs
Je voudrais à présent saluer mon ami et frère le Président Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso, qui m’a précédé dans cette prestigieuse Institution et dont le pays et le mien, sont liés par l’histoire et la géographie.
Je voudrais saluer également mes ainés, le Président Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal et actuel Secrétaire Général de la Francophonie et le Président kofi Annan, Ancien secrétaire Général de l’ONU qui m’ont fait l’honneur et l’amitié d’être avec nous aujourd’hui.
Je remercie également mes amis Michel et Brigitte Camdessus ainsi que Béchir et Danielle Ben Yahmed, qui ont toujours été présents à mes côtés.
Je voudrais saluer le Professeur Henriette Dagri-Diabaté, ancien ministre de la Culture, aujourd’hui Grande Chancelière de l’ordre National de Côte d’Ivoire.
A ces salutations, j’associe le Professeur Barthélémy Kotchy-N’Guessan, qui préside aux destinés de l’Académie des sciences, des Arts, des cultures d’Afrique et des Diasporas Africaines, et dont la présence dans cette salle nous apporte le soutien des Académiciens ivoiriens.
Mes remerciements appuyés s’adressent à Monsieur l’Ambassadeur Jean Marc Simon, pour la généreuse présentation qu’il vient de faire de moi, et pour tout ce qu’il a fait et continue de faire pour la Côte d’Ivoire.
Enfin, je souhaiterai remercier tous nos amis, frères et sœurs qui ont effectué le déplacement de ce jour pour nous manifester leur soutien.
Honorables académiciens,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
En tant que fils du Continent, je voudrais saisir l’opportunité qui m’est offerte pour vous parler de l’Afrique et de sa place dans le monde de demain, même s’il n’est pas aisé de parler d’un espace composé de 54 Etats souverains, recouvrant des réalités différentes.
L’émergence de nouveaux rapports de force après la guerre froide et de nouveaux pôles de puissances économiques, ont contribué à libérer le potentiel du continent et à accélérer ainsi sa constitution en acteur politique et économique majeur.
La crise de l’économie mondiale et son impact sur l’Europe et les Etats-Unis conforte depuis lors cette position. C’est donc sur ces bases héritées de la fin du 20ème Siècle que l’Afrique est en train de construire son rôle et sa place au 21ème Siècle.
Honorables académiciens,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
En effet, sur ces dix dernières années, je note que la croissance économique en Afrique, mesurée par l’augmentation du Produit Intérieur Brut (PIB) en termes réels, avoisine 5 % l’an et qu’elle a été supérieure à celle de tous les continents à l’exception de l’Asie. Six des dix pays dont le taux de croissance est le plus élevé dans le monde se situent en Afrique. Parmi eux, la Côte d’Ivoire avec un taux de 9,8 % en 2012, pourrait réaliser un taux de croissance à deux chiffres à partir de 2015, consolidant ainsi son rôle de moteur de la croissance économique de la sous-région ouest africaine francophone.
Je note également que le taux d’investissement étranger en Afrique a été multiplié par dix au cours de la dernière décennie avec des apports significatifs de la Chine, de L’Inde, du Brésil, de la Malaisie et de la Turquie. D’ailleurs, le taux de rendement des investissements en Afrique figure parmi les plus élevés au monde.
Les échanges commerciaux de l’Afrique avec le reste du Monde ont augmenté de 200% depuis l’an 2000. Les échanges avec le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde et la Turquie qui ne représentaient que 1 % sont estimés aujourd’hui à plus de 30 %. Ils devraient atteindre 50 % d’ici 2030.
Il est donc indéniable que l’Afrique est de plus en plus intégrée dans l’économie mondiale et que la diversification de ses partenaires ouvre des opportunités de développement sans précédent.
Le commerce régional est également en plein essor avec la diminution des tarifs douaniers et des restrictions au commerce grâce à l’avancée de l’intégration régionale et la mise en place de grands projets d’infrastructures régionaux.
C’est pour confirmer cette évolution décisive que la CEDEAO a adopté le 25 octobre 2013 à Dakar, d’importantes mesures d’uniformisation du marché communautaire et d’ouverture commerciale.
L’Afrique est donc en passe de relever le défi de l’intégration communautaire et celui d’une politique d’ouverture.
Honorables invités,
Mesdames, Messieurs.
Ces bonnes performances durant la dernière décennie et les bonnes perspectives à moyen terme ont amené la Banque Mondiale à dire que : "L’Afrique est en passe de réussir son décollage économique tout comme la Chine, il y a 30 ans, et l’Inde, il y a 20 ans ». Plusieurs pays africains appelés « pays frontières » dans le jargon économique, sont sur le point de devenir des pays émergents, tout comme le Vietnam en Asie. La Côte d’Ivoire, quant à elle, a pour ambition de devenir un pays émergent à l’horizon 2020.
Honorables académiciens,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est certainement en raison de ce fort potentiel que le Sénat français a intitulé son rapport présenté la semaine dernière à Paris: "l’Afrique est notre avenir".
Je voudrais également citer Monsieur Jacques Attali, dans sa chronique publié dans l’Express du 18 Novembre 2009, qui invite à "considérer l’Afrique comme un formidable potentiel".
Avec un milliard d’habitants, c’est le continent "le plus jeune" au monde.
Avec ces forêts qui couvrent environ 22% du Continent, c’est "le poumon écologique de la planète".
Avec son taux de croissance, c’est "l’un des moteurs de la croissance mondiale".
Enfin, "c’est le Continent le plus riche en matières premières".
Toutefois, la bonne tenue de l’économie africaine ne changera durablement la situation du continent que si elle profite aux populations et réduit de manière substantielle et durable le niveau de pauvreté, parce que comme l’a dit Nelson Mandela, "vaincre la pauvreté n’est pas un geste de charité, c’est un acte de justice".
De ce point de vue l’avenir de l’Afrique dépendra des réponses que nous les dirigeants pourront apporter aux aspirations de sa jeunesse en matière de réduction du chômage, de formation et d’épanouissement.
De même, les femmes, acteurs essentiels du développement et de la stabilité devront elles-aussi jouer un rôle de plus en plus visible et déterminant dans nos sociétés et prendre une part importante dans la définition et la mise œuvre des différentes politiques de développement.
Honorables Académiciens,
honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
Les performances économiques de l’Afrique coïncident avec la progression de la démocratie sur le Continent et avec l’adoption par l’Union Africaine et les organisations régionales des normes relatives au rejet des coups d’Etat et de toute forme de prise illégale du pouvoir.
Cette progression de la démocratie est manifeste, même si elle reste inégalement présente à l’échelle du Continent.
En ce qui concerne la CEDEAO, l’alternance au pouvoir est une réalité, la plupart des pays l’ayant au moins connue une fois au cours des deux dernières décennies. Les élections y sont de plus en plus transparentes et crédibles.
Dans l’ensemble, l’état de droit se renforce, permettant ainsi de bâtir des Institutions fortes et des Etats solides, soucieux des libertés individuelles ainsi que de la préservation de contrepouvoirs efficaces.
Mesdames et Messieurs,
Toutefois, en dépit des progrès actuels et de l’influence grandissante de l’Afrique dans les affaires internationales, son rôle et sa place restent encore largement tributaires de la situation sécuritaire ainsi que de la capacité des organisations continentales à mettre fin aux conflits et aux poches d’instabilité qui perdurent dans divers pays. Sur ce point, il convient de noter la réduction du nombre de conflits sur le continent depuis la fin de la Guerre froide. Cette évolution est le résultat de la détermination de l’Union Africaine et des organisations régionales à trouver une issue positive aux crises, même s’il en existe encore, notamment en République Démocratique du Congo, en Somalie et en Centre-Afrique.
Le prochain sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité les 6 et 7 décembre 2013 à Paris, permettra aux pays africains de développer les voies et moyens pour prévenir ce type de crises qui fragilisent nos états.
Mesdames et Messieurs,
L’Afrique aspire désormais à être assise autour de la table quand se prennent les décisions la concernant. A cet égard, la réforme de la gouvernance mondiale, inévitable au regard de l’évolution du monde, ne sera crédible que si l’Afrique y tient une place de choix.
L’Afrique doit pour cela faire son entrée dans la catégorie des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies et cesser ainsi d’être absente dans cette haute catégorie de l’instance mondiale chargée de la paix et de la sécurité internationale.
Honorables académiciens,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Je ne saurai clore mon propos sans revenir à l’Académie des Sciences d’Outre-mer, en rappelant un élément d’histoire qui mérite d’être connu non des académiciens, mais de nos invités venus d’horizons divers.
En effet, c’est à l’occasion de la séance solennelle d’ouverture de l’Académie le 18 mai 1923 à la Sorbonne, que Paul Bourdarie, journaliste et initiateur de cette société savante, y lança les 4 verbes qui deviendront la devise de l’Académie : Savoir, Comprendre, Respecter, Aimer.
Parce que le savoir renvoie à la science, moteur de l’évolution du monde,
Parce que la compréhension mutuelle s’impose à nous Ivoiriens qui prônons le "Vivre Ensemble",
Parce que le respect mutuel demeure une vertu cardinale dans toute démocratie digne de ce nom,
Parce que l’Amour, enfin, gouverne le monde depuis la cellule familiale jusqu’à la coopération entre les Nations.
Je suis heureux de proclamer que je fais mienne, cette devise bien choisie qui devrait guider toute action humaine.
Mais l’énoncé Outre-mer nous renoue à un passé colonial certes, mais où nous devons reconnaître, sans manichéismes, que cette époque a connu de nombreux esprits positifs.
Je pense notamment à l’explorateur René Caillé, qui décrit de manière saisissante et poignante, sa découverte de la ville de Tombouctou : " enfin nous arrivâmes heureusement à Tombouctou au moment où le soleil tombait à l’horizon. Je voyais donc cette capitale du Soudan, qui depuis si longtemps était le but de mes désirs. En entrant dans cette cité merveilleuse, objet des Nations de l’Europe, je fut saisi d’un sentiment inexprimable de satisfaction; je n’avais jamais éprouvé une sensation pareille et la joie était extrême". C’était en 1828!
Aujourd’hui, Tombouctou envahie par des terroristes au début de l’année 2012, mais Tombouctou libérée par la France, notre amie de toujours, par le Tchad notre frère et par une coalition de combattants de la CEDEAO.
Cependant, de René Caillé, ce que je voudrais retenir du haut de cette tribune, ici à l’Académie des Sciences d’Outre mer, c’est une petite phrase qui honore toute la communauté scientifique. " Les intérêts de la science ne sont ni anglais, ni français, ni chinois: les découvertes utiles appartiennent au monde."
Honorables académiciens, je vous exhorte à demeurer toujours utiles au monde.
Je vous remercie.