La question mérite d’être posée, même si elle semble ne pas préoccuper Sabri Lamouchi. Juste après la qualification des Eléphants pour le Mondial 2014, le technicien franco-tunisien s’est même permis d’indiquer la voie à suivre au président de la FIF. «Très sincèrement, malgré les souffrances pendant 18 mois, je suis très fier. Les joueurs ont fait des efforts, on a essayé tant bien que mal de construire quelque chose. On doit continuer dans cette voie-là», a-t-il dit. Là où un entraîneur moins présomptieux, et avec beaucoup d’humilité, s’en serait remis à la décision de son employeur, Lamouchi, entre autosatisfaction et narcissisme, arrache déjà un objectif à Sidy Diallo: jouer la Coupe du monde au Brésil. S’invitant indûment à l’exploit de Casa dont le mérite revient pourtant à Copa et surtout à Kalou, il oppose à ses détracteurs l’argument de la mission accomplie pour ne même pas penser au limogeage, encore moins à la démission. Or sur le banc ivoirien, il n’a absolument rien fait. Lors d’un récent déjeuner de presse à la Fédération ivoirienne de football, Sidy Diallo expliquait la réelle mission qu’il a confiée à l’ancien joueur de l’AJ Auxerre, c’est-à-dire partir d’«une équipe expérimentée» pour parvenir à «une bonne équipe» en réussissant «un bon amalgame avec les jeunes». Une «bonne équipe», à notre sens, c’est celle qui pratique un bon football, qui a une assise tactique, un fond de jeu, au-delà des individualités. Or au constat, on en est encore aux assommantes cassures entre la défense et l’attaque, sans bloc-équipe. Sabri Lamouchi s’est montré totalement incapable, depuis 18 mois, de donner un fond de jeu à la sélection nationale, s’agrippant aux individualités en désespoir de cause. Et quand celles-ci ne sont pas inspirées, on est fatalement à la merci de la catastrophe et de l’humiliation comme on l’a été le samedi dernier au stade Mohamed V de Casa, face au Sénégal. Les Ivoiriens connaissent trop leurs «Eléphants» pour leurs inconstances. Ils se sont attribués l’épithète de supporters «maso». Et Lamouchi est incapable de les guérir de ce masochisme en redonnant aux Eléphants un esprit de conquérants. Jamais on a vu les Eléphants aussi mauvais dans la production du jeu que lors du match contre le Sénégal. Face à un tel échec, Sidy Diallo peut-il le limoger? Il semble que le président de la FIF est déterminé à rester sur une ligne de conduite à laquelle il n’entend point déroger. Il n’y a pas de raison, selon lui, à limoger un sélectionneur national avec une qualification sous les bras. Malgré le fait que Lamouchi se débrouille chaque fois à décevoir les Ivoiriens, il y a une sorte d’entêtement complice et réciproque chez les deux hommes. Jusqu’à l’humiliation sans doute. Avec une telle ligne de défense fédérale, après ce qu’on vu à Casa, on comprend bien que Sabri Lamouchi se projette déjà dans le Mondial brésilien. Dommage.
Litié BOAGNON
Litié BOAGNON