L’année 2013 aura été marquée par des incompréhensions entre le ministère en charge des Sports et les fédérations sportives. Des incompréhensions nées de la volonté du ministre des Sports de révolutionner le milieu sportif ivoirien. Conformément à sa vision et au cahier de charges à lui confier par le Gouvernement, Alain Lobognon a pour mission essentielle de redynamiser le milieu sportif ivoirien à travers des réformes. Lesquelles devraient lancer la Côte d’Ivoire sur la voie du professionnalisme à tout égard. Muni de cette feuille de route, Alain Lobognon s’est engagé d’abord avec l’ensemble du mouvement sportif, les opérateurs économiques, les juristes et tout autre sachant à doter le sport ivoirien d’une loi fondamentale. Un texte réglementaire qui devrait résoudre tout problème lié au sport où-si vous voulez-tout problème qui empêche le développement du sport. La question du financement, principale difficulté des fédérations sportives ivoiriennes, trouve sa solution dans ce texte corrigé avec les services du secrétariat du Gouvernement en attendant son passage en Conseil de Gouvernement. Ensuite en Conseil des ministres avant son atterrissage au Parlement. Si les deux premières étapes peuvent être franchies sans obstacle majeur, il faut reconnaître que son passage à l’Hémicycle captivera toutes les attentions. Ne dit-on pas que le sport suscite assez de passions ? Et c’est à ce niveau qu’intervient notre réflexion en cette nouvelle année 2014. Tous autant qu’ils sont, les responsables des fédérations sportives ont émis des vœux de voir un financement accru de l’Etat pour leurs activités et une implication significative du secteur privé. Ce qui doit être normal dans un Etat normal où des textes réglementaires régissent chaque secteur d’activités. Mais en Eburnie, la donne est tout autre. La Côte d’Ivoire sportive fonctionne avec le décret n° 68-146 du 13 mars 1968 régissant les sports civils. Ce texte, en plus de ne pas être appliqué depuis sa signature, est révolu. Au point où le sport, devenu une véritable industrie, souffre énormément en Côte d’Ivoire. Un supplice dû à la mauvaise organisation des associations et fédérations sportives, au manque d’infrastructures, et bien évidemment de financement. Pour avoir donc secoué le cocotier aux fins d’organiser, d’assainir le milieu, le ministre des Sports s’est retrouvé confronté à une levée de boucliers. Devenant ainsi l’homme à abattre pour s’être présenté comme celui qui veut mettre fins aux droits acquis. Mais s’étant rendu compte que «Tout le monde parle de progrès, et personne ne sort de la routine», comme l’a signifié Emile de Girardin dans les «Etudes politiques», Alain Lobognon ne s’est pas laissé distraire par la fronde. Contre vents et marées, il a mis en place avec la caution du Gouvernement une Commission de réflexion sur le sport en Côte d’Ivoire (CRSCI). Pilotée par Adama Dicoh, cette Commission a «lavé», «nettoyé», «parfumé», le texte susceptible de lancer le sport ivoirien sur la voie souhaitée par tous. Actuellement à l’état d’Avant-projet de Loi, ce texte doit être accompagné par les dirigeants sportifs. Les responsables des fédérations qui souhaitent tous un financement accru étatique et une participation du secteur privé doivent donc s’accorder pour faire aboutir la Loi. «Aucun progrès n'a jamais été réalisé sans qu'il y ait eu controverse». Et cela le premier responsable du sport l’a compris en s’arc-boutant aux reformes dont leur mérite sera de sortir le sport ivoirien de l’amateurisme actuel. Les dirigeants sportifs veulent plus d’argent pour mener leurs activités. Alors, ils doivent se battre pour avoir cet argent. Ils doivent aller le chercher. Et seule la Loi sur le sport leur permettra d’atteindre les «650 millions de FCFA que l’Etat algérien donne à chaque club de football d’élite», dixit Salif Bictogo, le président du Stella et de la Conférence des présidents de clubs de football. C’est le combat de la Loi qui permettra aux fédérations d’avoir une autonomie financière pour mener à bien leurs activités. Au lieu de se braquer contre l’autorité, ils gagneraient à se mettre dans la logique de Henry Ford qui dit si bien : «Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite». Se mettre du côté de la tutelle sera la manifestation de leur volonté à voir le sport ivoirien se développer sous tous ses aspects. En 2014, le combat, qui vaut la peine d’être mené par les présidents de fédérations, reste celui de l’aboutissement de la loi fondamentale sur le sport dénommée «La Loi sur le sport». Ne pas le faire, c’est accepter de demeurer dans l’amateurisme.
OUATTARA Gaoussou
OUATTARA Gaoussou