L’émergence à laquelle aspire la Côte d’Ivoire en 2020 ne s’obtiendra pas sans efforts ni sacrifices. Le président d’Afrijapan-Afriasia international, Ferdinand Bléka, peint la stratégie qui a favorisé l’émergence rapide du Japon, après le grand drame d’Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9 août 1945.
Pouvez-vous présenter succinctement les principaux axes ayant facilité l’émergence du Japon ?
Oui, mais il faut d’abord présenter l’autre Japon que beaucoup de gens ignorent. C’est ce Japon que je vous fais découvrir en quatre tableaux.
Tableau 1 : Moins grave. C’est un Japon de 378 mille km2, dont 60% sont habités par 127 millions de personnes. C’est comme si vous mettiez 127 millions de personnes sur les 2/3 de la Côte d’Ivoire. Ces 60% de terres habitables ne possèdent que 13% cultivables. La superficie cultivable au Japon ne dépasse pas celle de la région ouest-montagneuse de la Côte d’Ivoire, et pourtant c’est ce pays qui nourrit les réfugiés du monde et donne du riz aux Etats africains en pleine forêt pour vendre et faire face à leurs besoins financiers. En plus, les 99% de son pétrole sont achetés de l’extérieur.
Tableau 2 : Grave. C’est un archipel de 6.800 îles, un pays qui affronte de nombreux séismes et au passage de nombreux typhons dans sa partie sud. Les 2/10 des volcans du monde sont localisés au Japon, la constitution des montagnes gène le développement urbain et industriel et toute circulation sur les voies terrestres et ferroviaires.
Tableau 3 : Très grave. Avec tous ces handicaps qui rendent tout développement impossible, le 6 août 1945 à 8h15 du matin, des explosifs de quatre tonnes ont détruit le pays. La presque totalité de la population a été balayée par le vent de souffle et de feu de la bombe atomique sur Hisrohima et Nagasaki. Le Japon venait d’être détruit à 70%.
Tableau 4 : Pire ! Le Japon, avant la guerre de 1945, était très violent et constituait une société hautement politisée où la lutte était meurtrière. Tout ceci ne pouvait permettre de développement. Le Japon devrait rester un pays pauvre très endetté et le dernier du tiers monde. Vous comprenez pourquoi, il nous faut d’abord situer les choses?
Revenons à la question.
Les principaux axes de l’émergence rapide du Japon sont d’abord la prise de conscience des décideurs politiques qui, après leur défaite en 1945, ont compris que leur intransigeance est un frein au développement de leur pays. Ils décidèrent alors de commencer le changement de mentalité par eux d’abord, avant d’arriver à la population, en dévalorisant la fonction politique, en se donnant un serment d’imam, de prête ou de pasteur. Ils ont décidé de ne pas s’enrichir par la politique (...) Ils ont créé l’unité nationale et ont fait disparaître les clans qui étaient à l’origine des guerres politiques et du désordre. Alors, ils ont fait leurs premières élections générales sans casses d’urnes ni de pillages d’entreprises. A la quatrième élection, les Américains, voyant que les Japonais sont devenus stables, ont créé des usines, les Européens ont suivi et depuis lors, personne ne détruit les entreprises. Ils ont envoyé leurs chercheurs en formation à l’étranger. Ils sont revenus et ont commencé à appliquer ce qu’ils ont appris. Leur émergence rapide est due à leur stabilité politique, à la maturité politique de tous les dirigeants, à l’ingéniosité de leur peuple, financièrement soutenu par l’Etat. Ceci a conforté l’éducation et la discipline devenues leur religion. A cela on ajoute la préservation des acquis, le respect de l’autorité, ils sont mieux éduqués qu’instruits, car on peut être bien instruit et être mal éduqué. Comprenez qu’il n’y a jamais de développement sans discipline et éducation. Il n’y a jamais de développement dans les pays où les leaders politiques s’entre-déchirent tous les jours à cause du pouvoir politique. L’émergence n’y viendra jamais, car on perdra son temps dans des interminables gouvernements d’union, de transition ou de réconciliation.
Comment la Côte d’Ivoire peut-elle réussir un tel saut qualitatif ?
La Côte d’Ivoire peut réussir ce saut qualitatif, si d’abord les Ivoiriens eux-mêmes veulent aller à l’émergence. Parce que l’émergence exige des sacrifices, des comportements nouveaux aussi bien chez les gouvernés et que chez les gouvernants. Pas de développement sans sacrifice. L’émergence n’accompagne pas ceux qui n’acceptent pas de perdre un peu de leur dignité pour le bien de leur pays.
L’émergence exige de faire la passe à son adversaire en politique. Nelson Mandela l’a compris et a gouverné avec ses geôliers, bourreaux et ceux qui avaient le sang de son peuple sur les mains. Le pays d’un dirigeant qui n’accepte pas ces sacrifices, ne pourra jamais évoluer. Regardez les pays émergents actuels, la Malaisie, l’Afrique du Sud, le Vietnam, le Brésil, ils ont une chose en commun: la stabilité politique durable. Le passage d’un flambeau à un autre sans heurts et sans pillages. Regardez les pays pauvres, Mali, République démocratique du Congo (Rdc), Centrafrique, etc. Ils ont une seule chose en commun: la guerre des postes présidentiels, en un mot la guerre du pouvoir. Enlever l’autre pour qu’on s’y mette. Or ce dont l’Afrique a besoin, ce n’est pas le changement d’homme, ceci n’est pas la solution, mais le changement de mentalité. La Côte d’Ivoire peut réussir ce saut qualitatif si les élections se passent bien en 2015 sans heurts et sans pillages des entreprises, sans qu’on rentre chez des gens avec des fusils et piller tous leurs biens. Ce sera un signal pour la Côte d’Ivoire. Si les élections se passent en 2020, 2025; 2030 sans pillages et sans guerre, les vrais investisseurs seront confiants et investiront sur de longues années, les banques seront confiantes et prêteront sur de longues années, les Ivoiriens seront confiants, et ne laisseront plus leur pays pour investir ailleurs. Ce ne sera plus l’éternel recommencement. La Côte d’Ivoire a eu cinq présidents sans qu’il y ait de passation de charges entre sortants et entrants, c’est d’abord grave comme modèle pour les générations à venir. Un pays ne peut se développer en s’appuyant sur la notion d’ethnie. Tous les pays développés l’ont été autour de l’unité nationale, autour des principes et non d’un individu ou d’une région.
Le pays peut-il être émergent à l’horizon 2020? Des maux (corruption, racket…) peuvent-ils en constituer un blocage ?
Dans tous les pays du monde, il y a des gens corrompus. Si vous envoyez un policier japonais en Côte d’Ivoire, il va faire du racket. Mais si vous envoyez un policier ivoirien au Japon, il ne rackettera pas. Donc ces tares sont dans le sang de tout humain. Mais dans les pays qui veulent arriver à l’émergence, les dirigeants ont mis en place des systèmes consensuels qui les dévoilent, quand ils veulent prendre cette voie. Si cela leur arrive, c’est une tentation et non un repère de vie. Ce qui peut constituer le blocage, c’est notre propre refus à aller à l’émergence. Quand les chauffeurs de "gbakas" tuent les innocents et déversent les passagers en pleine voie, sans être inquiétés, tout cela constitue un frein à l’émergence, car on ne peut jamais construire un développement avec une espérance de vie de 40 à 45 ans. Le Japon a une espérance de vie de 84 ans. Le Canada en a 80. Le ministre de l’Agriculture du Japon s’est suicidé quand son propre système l’a dévoilé après avoir été accusé de corruption. Par erreur, il a donné un prix d’un litre d’eau minérale supérieur aux prix sur le marché. Un député japonais a perdu son immunité par décision de ses propres amis politiques pour avoir caressé les fesses d’une fille dans un train... Dans les pays qui veulent aller à l’émergence, un ministre ne peut pas avoir pour maîtresse, sa secrétaire, ni une autre femme dans son ministère. Ces femmes sont souvent très impolies envers les visiteurs et ce sont elles qui quelquefois nomment les membres de son cabinet, choisissent, qui il doit recevoir ou pas et le jour où sa femme lui rend visite, il y a de l’étincelle dans le bureau. Ce sont des comportements interdits par l’émergence. On ne peut favoriser que les gens de son ethnie ou de sa région ou de son parti dans les postes administratifs. Ces comportements constituent des blocages à l’émergence. En 2009, on était à une réunion ministérielle de la Ticad (Tokyo International Conference on African Development, Ndlr) dans un pays de l’Afrique. Un Premier ministre japonais avait été contraint à la démission, et il y a eu un nouveau Premier ministre. Dans la même période, le nouveau a demandé à l’ancien d’aller le représenter en Afrique. Celui qu’on a contraint à la démission est venu représenter l’autre. Quand je lui ai demandé pourquoi il vient représenter ceux qui ont fait un coup d’Etat contre lui, il m’a répondu que les autorités japonaises ne cherchent pas à régner, elles ne sont intéressées que par l’émergence de leur pays. Il y a guerre et génocide, quand l’homme veut régner, et tous ces maux sont des obstacles à l’émergence.
Quel peut-être le sens de la visite du Premier ministre japonais dans un pays africain et, singulièrement, en Côte d’Ivoire ?
La visite du Premier ministre japonais en Côte d’Ivoire a trois sens forts. D’abord, la Côte d’Ivoire sort d’une guerre qui a traumatisé les Ivoiriens. Aussi est-ce une marque de sympathie pour dire, vous avez souffert, le Japon est-là pour vous réconforter ; le Japon a traversé les mêmes moments et a retrouvé son unité et son économie. Vous aussi le pouvez. En plus c’est un voyage d’affaires pour les Japonais. Conformément à la déclaration de Yokohama 2013, le Japon cherche de nouveaux marchés d’investissement. La Chine est plus qu’active dans ce domaine-là. Mais le plus heureux, c’est moi, car, en 2000, quand j’ai commencé la promotion de la Ticad dans plusieurs administrations, on se moquait de moi en me disant que la Ticad est une fausse affaire. Pendant 15 ans, j’ai été humilié dans les bureaux parce que personne ne croyait en la Ticad. Aujourd’hui, ils y vont grâce au travail de promotion que j’ai fait avec vous les medias. J’ai atteint mon objectif : la Ticad est connue et notre pays bénéficie des retombées.
Réalisée par Parfait Tadjau
Pouvez-vous présenter succinctement les principaux axes ayant facilité l’émergence du Japon ?
Oui, mais il faut d’abord présenter l’autre Japon que beaucoup de gens ignorent. C’est ce Japon que je vous fais découvrir en quatre tableaux.
Tableau 1 : Moins grave. C’est un Japon de 378 mille km2, dont 60% sont habités par 127 millions de personnes. C’est comme si vous mettiez 127 millions de personnes sur les 2/3 de la Côte d’Ivoire. Ces 60% de terres habitables ne possèdent que 13% cultivables. La superficie cultivable au Japon ne dépasse pas celle de la région ouest-montagneuse de la Côte d’Ivoire, et pourtant c’est ce pays qui nourrit les réfugiés du monde et donne du riz aux Etats africains en pleine forêt pour vendre et faire face à leurs besoins financiers. En plus, les 99% de son pétrole sont achetés de l’extérieur.
Tableau 2 : Grave. C’est un archipel de 6.800 îles, un pays qui affronte de nombreux séismes et au passage de nombreux typhons dans sa partie sud. Les 2/10 des volcans du monde sont localisés au Japon, la constitution des montagnes gène le développement urbain et industriel et toute circulation sur les voies terrestres et ferroviaires.
Tableau 3 : Très grave. Avec tous ces handicaps qui rendent tout développement impossible, le 6 août 1945 à 8h15 du matin, des explosifs de quatre tonnes ont détruit le pays. La presque totalité de la population a été balayée par le vent de souffle et de feu de la bombe atomique sur Hisrohima et Nagasaki. Le Japon venait d’être détruit à 70%.
Tableau 4 : Pire ! Le Japon, avant la guerre de 1945, était très violent et constituait une société hautement politisée où la lutte était meurtrière. Tout ceci ne pouvait permettre de développement. Le Japon devrait rester un pays pauvre très endetté et le dernier du tiers monde. Vous comprenez pourquoi, il nous faut d’abord situer les choses?
Revenons à la question.
Les principaux axes de l’émergence rapide du Japon sont d’abord la prise de conscience des décideurs politiques qui, après leur défaite en 1945, ont compris que leur intransigeance est un frein au développement de leur pays. Ils décidèrent alors de commencer le changement de mentalité par eux d’abord, avant d’arriver à la population, en dévalorisant la fonction politique, en se donnant un serment d’imam, de prête ou de pasteur. Ils ont décidé de ne pas s’enrichir par la politique (...) Ils ont créé l’unité nationale et ont fait disparaître les clans qui étaient à l’origine des guerres politiques et du désordre. Alors, ils ont fait leurs premières élections générales sans casses d’urnes ni de pillages d’entreprises. A la quatrième élection, les Américains, voyant que les Japonais sont devenus stables, ont créé des usines, les Européens ont suivi et depuis lors, personne ne détruit les entreprises. Ils ont envoyé leurs chercheurs en formation à l’étranger. Ils sont revenus et ont commencé à appliquer ce qu’ils ont appris. Leur émergence rapide est due à leur stabilité politique, à la maturité politique de tous les dirigeants, à l’ingéniosité de leur peuple, financièrement soutenu par l’Etat. Ceci a conforté l’éducation et la discipline devenues leur religion. A cela on ajoute la préservation des acquis, le respect de l’autorité, ils sont mieux éduqués qu’instruits, car on peut être bien instruit et être mal éduqué. Comprenez qu’il n’y a jamais de développement sans discipline et éducation. Il n’y a jamais de développement dans les pays où les leaders politiques s’entre-déchirent tous les jours à cause du pouvoir politique. L’émergence n’y viendra jamais, car on perdra son temps dans des interminables gouvernements d’union, de transition ou de réconciliation.
Comment la Côte d’Ivoire peut-elle réussir un tel saut qualitatif ?
La Côte d’Ivoire peut réussir ce saut qualitatif, si d’abord les Ivoiriens eux-mêmes veulent aller à l’émergence. Parce que l’émergence exige des sacrifices, des comportements nouveaux aussi bien chez les gouvernés et que chez les gouvernants. Pas de développement sans sacrifice. L’émergence n’accompagne pas ceux qui n’acceptent pas de perdre un peu de leur dignité pour le bien de leur pays.
L’émergence exige de faire la passe à son adversaire en politique. Nelson Mandela l’a compris et a gouverné avec ses geôliers, bourreaux et ceux qui avaient le sang de son peuple sur les mains. Le pays d’un dirigeant qui n’accepte pas ces sacrifices, ne pourra jamais évoluer. Regardez les pays émergents actuels, la Malaisie, l’Afrique du Sud, le Vietnam, le Brésil, ils ont une chose en commun: la stabilité politique durable. Le passage d’un flambeau à un autre sans heurts et sans pillages. Regardez les pays pauvres, Mali, République démocratique du Congo (Rdc), Centrafrique, etc. Ils ont une seule chose en commun: la guerre des postes présidentiels, en un mot la guerre du pouvoir. Enlever l’autre pour qu’on s’y mette. Or ce dont l’Afrique a besoin, ce n’est pas le changement d’homme, ceci n’est pas la solution, mais le changement de mentalité. La Côte d’Ivoire peut réussir ce saut qualitatif si les élections se passent bien en 2015 sans heurts et sans pillages des entreprises, sans qu’on rentre chez des gens avec des fusils et piller tous leurs biens. Ce sera un signal pour la Côte d’Ivoire. Si les élections se passent en 2020, 2025; 2030 sans pillages et sans guerre, les vrais investisseurs seront confiants et investiront sur de longues années, les banques seront confiantes et prêteront sur de longues années, les Ivoiriens seront confiants, et ne laisseront plus leur pays pour investir ailleurs. Ce ne sera plus l’éternel recommencement. La Côte d’Ivoire a eu cinq présidents sans qu’il y ait de passation de charges entre sortants et entrants, c’est d’abord grave comme modèle pour les générations à venir. Un pays ne peut se développer en s’appuyant sur la notion d’ethnie. Tous les pays développés l’ont été autour de l’unité nationale, autour des principes et non d’un individu ou d’une région.
Le pays peut-il être émergent à l’horizon 2020? Des maux (corruption, racket…) peuvent-ils en constituer un blocage ?
Dans tous les pays du monde, il y a des gens corrompus. Si vous envoyez un policier japonais en Côte d’Ivoire, il va faire du racket. Mais si vous envoyez un policier ivoirien au Japon, il ne rackettera pas. Donc ces tares sont dans le sang de tout humain. Mais dans les pays qui veulent arriver à l’émergence, les dirigeants ont mis en place des systèmes consensuels qui les dévoilent, quand ils veulent prendre cette voie. Si cela leur arrive, c’est une tentation et non un repère de vie. Ce qui peut constituer le blocage, c’est notre propre refus à aller à l’émergence. Quand les chauffeurs de "gbakas" tuent les innocents et déversent les passagers en pleine voie, sans être inquiétés, tout cela constitue un frein à l’émergence, car on ne peut jamais construire un développement avec une espérance de vie de 40 à 45 ans. Le Japon a une espérance de vie de 84 ans. Le Canada en a 80. Le ministre de l’Agriculture du Japon s’est suicidé quand son propre système l’a dévoilé après avoir été accusé de corruption. Par erreur, il a donné un prix d’un litre d’eau minérale supérieur aux prix sur le marché. Un député japonais a perdu son immunité par décision de ses propres amis politiques pour avoir caressé les fesses d’une fille dans un train... Dans les pays qui veulent aller à l’émergence, un ministre ne peut pas avoir pour maîtresse, sa secrétaire, ni une autre femme dans son ministère. Ces femmes sont souvent très impolies envers les visiteurs et ce sont elles qui quelquefois nomment les membres de son cabinet, choisissent, qui il doit recevoir ou pas et le jour où sa femme lui rend visite, il y a de l’étincelle dans le bureau. Ce sont des comportements interdits par l’émergence. On ne peut favoriser que les gens de son ethnie ou de sa région ou de son parti dans les postes administratifs. Ces comportements constituent des blocages à l’émergence. En 2009, on était à une réunion ministérielle de la Ticad (Tokyo International Conference on African Development, Ndlr) dans un pays de l’Afrique. Un Premier ministre japonais avait été contraint à la démission, et il y a eu un nouveau Premier ministre. Dans la même période, le nouveau a demandé à l’ancien d’aller le représenter en Afrique. Celui qu’on a contraint à la démission est venu représenter l’autre. Quand je lui ai demandé pourquoi il vient représenter ceux qui ont fait un coup d’Etat contre lui, il m’a répondu que les autorités japonaises ne cherchent pas à régner, elles ne sont intéressées que par l’émergence de leur pays. Il y a guerre et génocide, quand l’homme veut régner, et tous ces maux sont des obstacles à l’émergence.
Quel peut-être le sens de la visite du Premier ministre japonais dans un pays africain et, singulièrement, en Côte d’Ivoire ?
La visite du Premier ministre japonais en Côte d’Ivoire a trois sens forts. D’abord, la Côte d’Ivoire sort d’une guerre qui a traumatisé les Ivoiriens. Aussi est-ce une marque de sympathie pour dire, vous avez souffert, le Japon est-là pour vous réconforter ; le Japon a traversé les mêmes moments et a retrouvé son unité et son économie. Vous aussi le pouvez. En plus c’est un voyage d’affaires pour les Japonais. Conformément à la déclaration de Yokohama 2013, le Japon cherche de nouveaux marchés d’investissement. La Chine est plus qu’active dans ce domaine-là. Mais le plus heureux, c’est moi, car, en 2000, quand j’ai commencé la promotion de la Ticad dans plusieurs administrations, on se moquait de moi en me disant que la Ticad est une fausse affaire. Pendant 15 ans, j’ai été humilié dans les bureaux parce que personne ne croyait en la Ticad. Aujourd’hui, ils y vont grâce au travail de promotion que j’ai fait avec vous les medias. J’ai atteint mon objectif : la Ticad est connue et notre pays bénéficie des retombées.
Réalisée par Parfait Tadjau