Depuis plusieurs décennies, les artistes musiciens donnant dans le genre profane et ceux de la musique religieuse se partagent l’échiquier musical ivoirien sur fond de concurrence. Même si cette compétition ne se nourrit d’aucune animosité, il faut souligner que ces deux tendances musicales ont le désir de s’imposer. Coupé -décalé, Zouglou, Reggae, d’un côté, et de l’autre, on trouve bien sûr un genre musical chrétien qui ne faiblit pas non plus. La concurrence est rude dans un milieu où on ne se fait pas de cadeau et où il n’y a pas de place pour les « pauvres» : Le show-biz fait peur et certains croient qu’il n’est pas bon pour des chrétiens de s’y aventurer. Car, là où l’argent circule, là où sont de moins en moins visibles les « anges », il est difficile pour les valeurs morales et religieuses de s’implanter. Cependant, quiconque a pu observer la musique chrétienne depuis qu’elle a fait son apparition sur la scène profane, ne peut ignorer le fait qu’elle soit parvenue grâce au talent de plusieurs artistes évoluant en solo ou avec des groupes à se positionner sur la scène musicale comme un genre particulier avec lequel il faut compter. Depuis les années 80 en effet, cette musique a peu à peu quitté ses quartiers originels (les églises) pour aller à la rencontre du grand public à travers la mise sur le marché d’œuvres discographiques, l’organisation de concerts, de festival etc. La musique chrétienne connaît de nos jours un véritable engouement. Que cela plaise ou non, cette situation permet à des jeunes gens de vivre de leur talent et de se faire une place au soleil. Constance, O’nel Mala, Guy Roger, Schékina, la Harpe de David et bien d’autres ont réussi à faire de cette musique l’une des plus importantes en Côte d’Ivoire en termes de notoriété médiatique et en termes de vente. On se souvient que pour son album, « Je te fais c » sorti en 2002, la Harpe de David a écoulé plus de 120000 exemplaires, un chiffre jamais atteint par un groupe religieux et difficilement envisageable par des grosses têtes de la musique profane. Pour son album « vêtu de gloire », O’nel Mala a vendu plus de 70 000 exemplaires. Et depuis, les Schékina, Anselme Sémi, Excel, Nestor David etc. font la joie de nombreux mélomanes à travers leurs différentes productions. Au fond, si la musique chrétienne a pu se tailler une cote de popularité, c’est justement pour avoir réussi à fusionner rythmes musicaux profanes (zouk, zouglou, variété, reggae, slow etc.) avec le message évangélique. De sorte que même si le message charrié par le texte ne rencontre pas l’adhésion de tous du fait de son orientation religieuse particulière, l’habillage que constitue l’orchestration est un motif d’admiration puisqu’il s’apparente à ce qui s’entend dans les musiques dites profanes.
F.Kouamé
F.Kouamé