Dans certains quartiers de Yaoundé, la dégustation de ces bêtes donne lieu à de grands rassemblements amicaux. Le domicile de M. Bikié au lieu dit Camp Sonel, à Oyom-Abang, grouille de monde ce dimanche après-midi. La musique tonne à fond. Le visiteur de passage penserait à la célébration d’un grand événement. Loin de là. Le motif de ce remue-ménage est tout autre : la dégustation de la viande de chien. La bête errante a été tuée deux jours auparavant par les jeunes du quartier, dont la chasse est devenue l’activité favorite depuis peu. Ils sont venus de tous les coins du quartier pour venir la manger. « Ce chien était devenu agressif et dangereux pour nous. Surtout ceux qui rentrent tard. Il fallait qu’on le tue», argue Serge Belibi qui multiplie les tours vers les fourneaux d’où toutes les femmes ont été exclues. La préparation est quelque peu folklorique : chaque invité y va de sa recette héritée de ses ancêtres. « Le chien se cuisine dehors, avec des condiments du terroir et des papayes vertes. Elles deviennent comme des pommes de terre », jette quelqu’un dans un grand éclat de rire. En attendant l’adoption des papayes vertes, plantain et manioc ont été prévus en accompagnement. Du vin de palme aussi et un tord-boyaux « pour faire descendre le tout ». A Oyom Abang, commune de Yaoundé 7, Nkoabang à la sortie Est, tout comme au quartier Eleveur, manger du chien errant est devenu tendance. Des battues sont régulièrement organisées par les jeunes, au point de faire de ces bêtes des espèces en voie de disparition dans les zones concernées. Des restaurants de fortune en ont même fait leur spécialité. « Je passe les commandes aux gens pour qu’ils viennent me livrer la viande. En ce moment, j’ai trois chiens et quatre chats gardés au frais », déclare Bernadette Tchami, tenancière d’un restaurant à Eleveur. Les amateurs s’assurent-ils que, les bêtes livrées ne sont pas porteuses de maladies ? Pas sûr.
Afriquemonde.org.
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