2014 a démarré en trombe en héritant des actifs et des passifs de 2013. Selon toute vraisemblance, l’Afrique subsaharienne montre certes des signes encourageants, cependant elle reste partagée entre optimisme et pessimisme. Sur le plan économique par exemple, la croissance de l’année dernière a été très soutenue et elle devrait l’être encore davantage en 2014.
Le FMI – Fonds Monétaire International – prévoit d’ailleurs un taux de croissance de 6 % contre 5 % en 2013. Ceux qui devraient tirer profit de cette dynamique, ce sont les pays les plus pauvres. Ils devraient, à terme, connaître une croissance de 7 %.
Cependant, ces bons signes cachent mal une misère tout de même galopante. L’institution de Bretton Wood note d’ailleurs dans son rapport que «l'accélération de la croissance ne s’est pas encore traduite par une amélioration de la vie quotidienne de nombreux africains.» Autrement dit, les retombées de cette croissance africaine ne permettent pas pour autant de réduire la pauvreté sur le continent. Il n’y a qu’à voir l’écart entre le taux de croissance et le taux de pauvreté dans la plupart des pays qui connaissent une croissance fulgurante pour se rendre compte de la triste réalité.
Là où le bât blesse, c’est cette autre étude réalisée par un cabinet de conseil britannique dont la réputation n’est plus à démontrée. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Control Risks Group a affirmé dans un rapport que « 30 % du Pib mondial provient désormais des géographies les plus instables sur le plan politique ou sécuritaire mais qui sont aussi les plus dynamiques en termes de croissance économique. »
A bien comprendre ce cabinet qui a pris soin de dresser une liste non exhaustive des pays à haut risque sur le continent – entre autres le Soudan, le Nigeria, l’Algérie, la Libye, l’Egypte, la Centrafrique, le Mali, le Niger et la Somalie pour ne citer que ceux-là – ils devraient voir leur économie se bonifier en dépit des crises qui les secouent (sic !)
Arrêtons-nous un moment sur cette information que je trouve suffisamment dangereuse si elle n’est pas assez bien expliquée. Prise en premier degré, on dira que, plus il y a des guerres et que les Africains s’entretuent pendant que d’autres sont au travail, mieux l’économie du continent se portera. Voici là une formule toute faite pour encourager les seigneurs de la guerre à redoubler de violences. Cette corrélation entre instabilité et croissance me semble toute de même ambiguë.
Les crises en République centrafricaine (RCA), en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan du Sud, au Mali et les barbaries de Boko Haram au Nigéria sont là pour témoigner de cette extrême violence qui asphyxie sérieusement l’économie de ces pays. Indiscutablement, ces pays se porteraient nettement mieux au plan économique s’ils étaient plus stables.
A ce sujet, l’exemple de la Côte d’Ivoire est édifiant. Pendant la décennie de crise militaro-politique, même si les Ivoiriens étaient au travail, la croissance oscillait entre les 2 % et 4 %. Aujourd’hui avec le retour de la stabilité et de la paix, et grâce aussi à une politique volontariste engagée par les nouvelles autorités ivoiriennes, moins de trois ans après la sortie de crise post-électorale, le taux de croissance de la Côte d’Ivoire frôle désormais les 9 %. Un résultat spectaculaire !
L’autre signe optimiste, c’est aussi cette Afrique qui défend résolument les principes démocratiques universels. Une volonté qui s’est formalisée dans une résolution de l’Union Africaine (UA) sur la prévention des changements anticonstitutionnels de gouvernement. Elle a même décrété une politique de « tolérance zéro » envers les coups d’État militaires et autres violations des normes démocratiques.
Conséquence de cette prise de conscience continentale, les auteurs de coups d’État et autres autocrates du continent qui étaient autrefois adoubés par leurs pairs ne bénéficient plus de la bienveillance de ces derniers. Dorénavant, les putschistes et tous ceux qui violent l’ordre constitutionnel ne sont plus les bienvenus à l’Union Africaine et au sein des organisations sous-régionales.
S’agissant maintenant du développement du capital humain en Afrique, plusieurs études montrent qu’il s’est nettement amélioré mais que beaucoup reste à faire. Selon le Groupe de la Banque africaine de développement (Bad), « le plus grand atout de l’Afrique résidera dans sa capacité à exploiter son capital humain » d’autant plus que sa population devrait doubler d'ici 2050 pour atteindre les 2 milliards d’habitants. Soit le un cinquième de la population mondiale.
Le côté face de cette forte croissance démographique, c’est qu’il devrait permettre au continent de s’offrir des opportunités sans précédent de développement économique et social. Mais le côté pile laisse planer des risques effrayants. Comme soutiennent les chercheurs, cet atout démographique pourrait se transformer en une bombe démographique si ce milliard d’Africains ne trouve pas du travail et qu’il n’est pas nourri à sa faim.
Les dirigeants africains devraient méditer sur la crise alimentaire de 2007 et 2008 provoquée par la forte hausse du prix des denrées alimentaires de base à l’origine des émeutes dans les pays les plus pauvres de la planète.
Clément Yao
Le FMI – Fonds Monétaire International – prévoit d’ailleurs un taux de croissance de 6 % contre 5 % en 2013. Ceux qui devraient tirer profit de cette dynamique, ce sont les pays les plus pauvres. Ils devraient, à terme, connaître une croissance de 7 %.
Cependant, ces bons signes cachent mal une misère tout de même galopante. L’institution de Bretton Wood note d’ailleurs dans son rapport que «l'accélération de la croissance ne s’est pas encore traduite par une amélioration de la vie quotidienne de nombreux africains.» Autrement dit, les retombées de cette croissance africaine ne permettent pas pour autant de réduire la pauvreté sur le continent. Il n’y a qu’à voir l’écart entre le taux de croissance et le taux de pauvreté dans la plupart des pays qui connaissent une croissance fulgurante pour se rendre compte de la triste réalité.
Là où le bât blesse, c’est cette autre étude réalisée par un cabinet de conseil britannique dont la réputation n’est plus à démontrée. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Control Risks Group a affirmé dans un rapport que « 30 % du Pib mondial provient désormais des géographies les plus instables sur le plan politique ou sécuritaire mais qui sont aussi les plus dynamiques en termes de croissance économique. »
A bien comprendre ce cabinet qui a pris soin de dresser une liste non exhaustive des pays à haut risque sur le continent – entre autres le Soudan, le Nigeria, l’Algérie, la Libye, l’Egypte, la Centrafrique, le Mali, le Niger et la Somalie pour ne citer que ceux-là – ils devraient voir leur économie se bonifier en dépit des crises qui les secouent (sic !)
Arrêtons-nous un moment sur cette information que je trouve suffisamment dangereuse si elle n’est pas assez bien expliquée. Prise en premier degré, on dira que, plus il y a des guerres et que les Africains s’entretuent pendant que d’autres sont au travail, mieux l’économie du continent se portera. Voici là une formule toute faite pour encourager les seigneurs de la guerre à redoubler de violences. Cette corrélation entre instabilité et croissance me semble toute de même ambiguë.
Les crises en République centrafricaine (RCA), en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan du Sud, au Mali et les barbaries de Boko Haram au Nigéria sont là pour témoigner de cette extrême violence qui asphyxie sérieusement l’économie de ces pays. Indiscutablement, ces pays se porteraient nettement mieux au plan économique s’ils étaient plus stables.
A ce sujet, l’exemple de la Côte d’Ivoire est édifiant. Pendant la décennie de crise militaro-politique, même si les Ivoiriens étaient au travail, la croissance oscillait entre les 2 % et 4 %. Aujourd’hui avec le retour de la stabilité et de la paix, et grâce aussi à une politique volontariste engagée par les nouvelles autorités ivoiriennes, moins de trois ans après la sortie de crise post-électorale, le taux de croissance de la Côte d’Ivoire frôle désormais les 9 %. Un résultat spectaculaire !
L’autre signe optimiste, c’est aussi cette Afrique qui défend résolument les principes démocratiques universels. Une volonté qui s’est formalisée dans une résolution de l’Union Africaine (UA) sur la prévention des changements anticonstitutionnels de gouvernement. Elle a même décrété une politique de « tolérance zéro » envers les coups d’État militaires et autres violations des normes démocratiques.
Conséquence de cette prise de conscience continentale, les auteurs de coups d’État et autres autocrates du continent qui étaient autrefois adoubés par leurs pairs ne bénéficient plus de la bienveillance de ces derniers. Dorénavant, les putschistes et tous ceux qui violent l’ordre constitutionnel ne sont plus les bienvenus à l’Union Africaine et au sein des organisations sous-régionales.
S’agissant maintenant du développement du capital humain en Afrique, plusieurs études montrent qu’il s’est nettement amélioré mais que beaucoup reste à faire. Selon le Groupe de la Banque africaine de développement (Bad), « le plus grand atout de l’Afrique résidera dans sa capacité à exploiter son capital humain » d’autant plus que sa population devrait doubler d'ici 2050 pour atteindre les 2 milliards d’habitants. Soit le un cinquième de la population mondiale.
Le côté face de cette forte croissance démographique, c’est qu’il devrait permettre au continent de s’offrir des opportunités sans précédent de développement économique et social. Mais le côté pile laisse planer des risques effrayants. Comme soutiennent les chercheurs, cet atout démographique pourrait se transformer en une bombe démographique si ce milliard d’Africains ne trouve pas du travail et qu’il n’est pas nourri à sa faim.
Les dirigeants africains devraient méditer sur la crise alimentaire de 2007 et 2008 provoquée par la forte hausse du prix des denrées alimentaires de base à l’origine des émeutes dans les pays les plus pauvres de la planète.
Clément Yao