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Necrologie Publié le jeudi 30 janvier 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Arts Contemporains / Décès du dessinateur Frédéric Bruly Bouabré Retour sur un chemin de gloire, par Kaidin-Monique Le Houelleur

Feu Bruly Bouabré, a déposé le pinceau et la toile, dira-t-on désormais. «Ce n’est pas une rumeur», nous confiait dans la matinée du mardi 28 Janvier 2014 un de ses proches et agent à Abidjan, Yaya Savané qui filait droit au domicile du disparu, à Yopougon…
C’est à la première heure du 28 janvier [1 heure du matin], que le vieil homme de 91 ans, Frédéric Bruly Bouabré, célèbre dessinateur ivoirien s’est définitivement couché. Celui qui ne s’est pas satisfaisait d’être un anonyme, selon la plaquette qui le présentait pour la biennale 2013 de Venise, «s’est donné les moyens d’inscrire son nom dans l’histoire de l’art contemporain africain».
Une carrière qui est soldée par sa participation à «l’équivalent de la coupe du monde pour les artistes plasticiens» - dixit Yacouba Konaté [mai 2013] parlant de la Biennale de Venise.
A la 55è exposition de la biennale où la Côte d’Ivoire – grâce à des partenaires privées et mécènes – est officiellement représentée pour la première fois et disposant d’un pavillon [sous la conduite de Yacouba Konaté], Frédéric Bruly Bouabré qui y présente ses œuvres – il reste à Abidjan à cause de sa santé fragile – forme un quatuor d’artistes ivoiriens avec Franck Fanny, Tamsir Dia, Jem’s Robert Koko Bi.
Faisant une rétrospective, il y a vingt cinq ans, c’est une exposition internationale [Les Magiciens de la terre] qui l’a révélé en 1989 au monde entier quand il est sélectionné pour exposer ses dessins en France. Chez lui, en Côte d’Ivoire, à cette époque personne ne le considérait comme un dessinateur. D’Abidjan (Marcory–Sans fils) où il est anonyme à Paris, retour sur le chemin de la gloire, raconté avec joie par l’artiste d’origine vietnamienne [africaine d’adoption] Kaidin.
«Je savais qu’il avait un grand talent», nous confiait en février 2013 chez elle [La villa Kaidin], l’artiste Kaidin-Monique Le Houelleur.
Elle découvre Frédéric-Bruly Bouabré grâce à une de ses amies dans les années 1985-86. «J’allais le voir là-bas à Marcory sans fil. Je n’étais jamais rentré dans sa maison. Il était toujours dehors. Quand j’ai vu ses dessins, je les ai trouvés extraordinaires. Mais, à ce moment, beaucoup d’Ivoiriens disaient ‘’qu’il ne sait pas dessiner’’. Je savais qu’il avait un grand talent. Il était au-delà d’un peintre, d’un dessinateur. Il avait une philosophie», a témoigné l’artiste Kaidin – fier d’avoir fait connaître Frédéric-Bruly Bouabré. «Je ne veux pas me ramener toute la gloire mais, s’il a été aux Magiciens de la terre à Paris, c’est grâce à moi. C’est moi qui ai indiqué à André Magnin – qui ne le connaissait pas – qui était Bruly Bouabré. Parce que j’ai été sélectionnée [éliminée par la suite par Jean Hubert Martin, commissaire à l’époque de ladite exposition ; Ndlr] pour les Magiciens de la terre, il m’avait demandé quels étaient les artistes de la Côte d’Ivoire que je connaissais. Je lui avais cité quelques uns qu’il connaissait déjà. Je lui ai demandé s’il connaissait Bruly Bouabré ? Il a répondu : ‘’Non. Qui c’est ?’’. Donc, je l’ai accompagné, il a rencontré Bruly Bouabré qui du coup est invité aux Magiciens de la terre. A partir de là, la gloire. La gloire par le biais d’André Magnin, ensuite, Monsieur Yacouba Konaté et Savané [Yaya]. Ce sont les trois qui s’occupaient de Frédéric Bruly Bouabré».
En Côte d’Ivoire où Bruly Bouabré connu peu d’expositions, ses travaux ont été présentés au public par la Rotonde des arts contemporains (2011 – Histoire de l’art en Côte d’Ivoire) puis la Galerie Cécile Fakhoury [exposition inaugurale – Septembre 2012]. «La perte de Bruly Bouabré est une grande tristesse, la Côte d’Ivoire perd un grand homme et un grand artiste. Il faut maintenant chérir sa mémoire», a souhaité Cécile Fakhoury, galeriste.
Ce 30 janvier, les œuvres de Bruly Bouabré sont présentées à la 3è édition de Artgenève, Salon d’art contemporain et moderne en Suisse. C’est André Magnin qui y présentera son travail graphique et littéraire.
L'origine de toute l'œuvre de Bruly Bouabré, selon une présentation que fait son agent à Paris André Magnin (conseiller, marchand d’art), est liée à un fait de sa propre existence. «Le 11 mars 1948, lorsque le ciel s'ouvrit devant mes yeux et que 7 soleils colorés décrivirent un cercle de beauté autour de leur Mère-Soleil, je devins Cheik Nadro : celui qui n'oublie pas ». Ainsi observe-t-on dans chacune de ses œuvres, un soleil que dessine subtilement Bruly Bouabré – inventeur d’un alphabet. Adieu Papa Djikré (autre nom ésotérique de Frédéric Bruly Bouabré).

Koné Saydoo
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