Comme une épidémie, la musique ivoirienne a contaminé tout le Cameroun. Zouglou, coupé-décalé, zoblazo… les rythmes made in Abidjan font danser le pays de Paul Biya. Qu’est-ce qui favorise une telle frénésie musicale? Nord-Sud Quotidien a enquêté avec la collaboration de sources sur place.
Douala, Yaoundé, Bertoua, Bafoussam, Kumba. Les villes du Cameroun sont inondées par la musique ivoirienne. Zouglou, coupé-décalé, zoblazo ou reggae made in Côte d’Ivoire s’écoutent et se dansent à foison dans la plupart de ces régions camerounaises. Dans les marchés, sur les places publiques ou dans les supermarchés, les étals destinés aux productions discographiques ont tous une coloration ivoirienne. Que ce soit des Cd à la mode ou des sonorités produites par des artistes ayant marqué le pays par leur talent. Mais comment en est-on arrivé au pays de Paul Biya à ne consommer qu’Ivoirien ? C’est la nuit qu’il faut aller chercher et trouver la réponse à cette question. Et c’est à un des principaux barons des soirées de Yaoundé, Chinois Yangueu, que notre source locale s’adresse, pour une réponse surprenante : « C’est simple, la musique ivoirienne marche ici parce qu’en dehors de deux rythmes qui ont marqué la vie de ce pays, nous n’avons plus une identité musicale. Et quand tu ne trouves plus rien chez toi, tu te tournes vers l’extérieur. En plus, la jeunesse camerounaise ne demande que ça », explique l’organisateur de spectacles et Chevalier de l’ordre du mérite camerounais. Par ailleurs, les médias font aussi partie des promoteurs des genres ivoiriens. Eux qui les passent en boucle, à longueur de journée. « Nous fonctionnons avec les humeurs de nos auditeurs. Nous leur proposons ce qu’ils demandent. Quand tu animes une émission où il y a des dédicaces, on ne te donne que des noms d’artistes ivoiriens à jouer. On ne peut rien y faire », soutient un animateur radio qui répond aux initiales d’A.B. Si les vibes ivoiriennes font sensation, certaines sont plus consommées que d’autres. C’est le cas, par exemple, du zouglou (ryhtme urbain né dans les années 90 et qui met l’accent sur les tares de la société), numéro un dans les hit-parades locaux. « Quand tu écoutes des chansons de Yodé et Siro, Espoir 2000 ou Garagistes, tu prends conscience de tout et tu arrives à surmonter tes problèmes », justifie Myangang Elie, un féru des nuits de la capitale politique.« Le zouglou accroche parce que non seulement les mélodies sont bonnes, mais en plus, les textes sont sensés. Soum Bill, Espoir 2000, Garagistes, etc, tous ceux-là ont des textes conscients et donc forcément, ça plaît. On n’a pas toujours envie de danser. On a souvent besoin de réfléchir et tout le monde l’a compris et s’y est mis, au début des années 2000 », soutient Owono Bilong, un inconditionnel. « Il n’y a rien de tel que le zouglou. C’est une musique qui fait réfléchir, en plus de détendre. Je ne dénigre pas le coupe-décalé, mais j’ai des casseroles à la maison et j’avoue que je peux faire plus que Arafat et les autres », indique, narquois, un vendeur de Cd et Dvd, installé devant la poste centrale de Yaoundé. Le débat concernant le zouglou et le coupé-décalé passionne tellement la jeunesse camerounaise que ceux qui s’accrochaient encore à ce qui reste du makossa et du makassi (devenus has been depuis une décennie) ont fini par emprunter le train musical Yaoundé-Abidjan.
Par Sanh Séverin (avec correspondance au Cameroun)
Douala, Yaoundé, Bertoua, Bafoussam, Kumba. Les villes du Cameroun sont inondées par la musique ivoirienne. Zouglou, coupé-décalé, zoblazo ou reggae made in Côte d’Ivoire s’écoutent et se dansent à foison dans la plupart de ces régions camerounaises. Dans les marchés, sur les places publiques ou dans les supermarchés, les étals destinés aux productions discographiques ont tous une coloration ivoirienne. Que ce soit des Cd à la mode ou des sonorités produites par des artistes ayant marqué le pays par leur talent. Mais comment en est-on arrivé au pays de Paul Biya à ne consommer qu’Ivoirien ? C’est la nuit qu’il faut aller chercher et trouver la réponse à cette question. Et c’est à un des principaux barons des soirées de Yaoundé, Chinois Yangueu, que notre source locale s’adresse, pour une réponse surprenante : « C’est simple, la musique ivoirienne marche ici parce qu’en dehors de deux rythmes qui ont marqué la vie de ce pays, nous n’avons plus une identité musicale. Et quand tu ne trouves plus rien chez toi, tu te tournes vers l’extérieur. En plus, la jeunesse camerounaise ne demande que ça », explique l’organisateur de spectacles et Chevalier de l’ordre du mérite camerounais. Par ailleurs, les médias font aussi partie des promoteurs des genres ivoiriens. Eux qui les passent en boucle, à longueur de journée. « Nous fonctionnons avec les humeurs de nos auditeurs. Nous leur proposons ce qu’ils demandent. Quand tu animes une émission où il y a des dédicaces, on ne te donne que des noms d’artistes ivoiriens à jouer. On ne peut rien y faire », soutient un animateur radio qui répond aux initiales d’A.B. Si les vibes ivoiriennes font sensation, certaines sont plus consommées que d’autres. C’est le cas, par exemple, du zouglou (ryhtme urbain né dans les années 90 et qui met l’accent sur les tares de la société), numéro un dans les hit-parades locaux. « Quand tu écoutes des chansons de Yodé et Siro, Espoir 2000 ou Garagistes, tu prends conscience de tout et tu arrives à surmonter tes problèmes », justifie Myangang Elie, un féru des nuits de la capitale politique.« Le zouglou accroche parce que non seulement les mélodies sont bonnes, mais en plus, les textes sont sensés. Soum Bill, Espoir 2000, Garagistes, etc, tous ceux-là ont des textes conscients et donc forcément, ça plaît. On n’a pas toujours envie de danser. On a souvent besoin de réfléchir et tout le monde l’a compris et s’y est mis, au début des années 2000 », soutient Owono Bilong, un inconditionnel. « Il n’y a rien de tel que le zouglou. C’est une musique qui fait réfléchir, en plus de détendre. Je ne dénigre pas le coupe-décalé, mais j’ai des casseroles à la maison et j’avoue que je peux faire plus que Arafat et les autres », indique, narquois, un vendeur de Cd et Dvd, installé devant la poste centrale de Yaoundé. Le débat concernant le zouglou et le coupé-décalé passionne tellement la jeunesse camerounaise que ceux qui s’accrochaient encore à ce qui reste du makossa et du makassi (devenus has been depuis une décennie) ont fini par emprunter le train musical Yaoundé-Abidjan.
Par Sanh Séverin (avec correspondance au Cameroun)