Fini les discours et les actes symboliques. Place maintenant aux actions concrètes afin de recoller les morceaux du tissu social ivoirien trois ans après la douloureuse et meurtrière crise que la Côte d’Ivoire a connue à l’issue des élections présidentielles de 2010. Telle doit être la vision de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) chapeautée par l’ex-Premier ministre, Charles Konan Banny, dans sa deuxième année d’exercice. En effet, au terme de sa mission d’une année, le président de la République, Alassane Ouattara, a jugé utile d’accorder plus de temps à l’institution qui a, pour mission générale, d’?uvrer à la réconciliation et au rétablissement d’une paix durable entre toutes les communautés vivant en Côte d’Ivoire. Aussi, le président de la CDVR et son équipe ont-ils une occasion de poursuivre leurs efforts en transformant les beaux discours et les actes posés à titre symbolique en une réalité tangible sur les bords de la lagune Ebrié. Guidée par le souci d’être une institution crédible, capable d’atteindre ses objectifs essentiels, un artisan du retour d’une paix véritable et durable en Côte d’Ivoire, la CDVR se doit donc d’intégrer pleinement les valeurs d’accessibilité, de lisibilité, de visibilité, de crédibilité, de confidentialité, de rigueur et efficacité, de cohérence, de respect, de compétence et de collégialité afin de parvenir à ses fins. Les commissaires et leur président ont l’obligation de dépasser les cérémonies solennelles et officielles tenues dans les salons douillets et feutrés pour aller véritablement à l’assaut du terrain. C’est-à-dire qu’il est temps pour la CDVR de privilégier les rencontres avec les différentes communautés à l’effet de mettre l’accent sur l’écoute et surtout sur les résolutions des problèmes qui seront soulevées par les uns et les autres. Toute chose qui permettra aux citoyens de se vider et de comprendre également que leurs douleurs et difficultés sont partagées par la commission et donc par les autorités. Car, avant d’envisager toute réconciliation durable, il importe d’interroger de façon courageuse la vie commune afin de mettre au jour les motifs véritables de la discorde et des crises politico-sociales à répétition. C’est là que la CDVR, selon plusieurs observateurs de la scène politique ivoirienne, traine les pas. Et personne ne la comprend dans cette optique où elle conduit le peuple. Après la prolongation de son mandat, il faut absolument mettre les pendules à l’heure en mettant en branle la Commission heuristique dont les travaux visent à permettre aux Ivoiriens de diagnostiquer le mal et d’envisager, dès lors, un traitement approprié pour la guérison. « La recherche de la vérité étant le but poursuivi par la CDVR, des enquêtes seront menées en toute impartialité en vue d’identifier les causes des événements, de décrire leurs occurrences et d’en évaluer les conséquences sur la vie nationale. Comme pour un procès en justice pénale, la phase des audiences viendra clore ces enquêtes minutieuses effectuées au préalable sur le terrain, en vue de déterminer les responsabilités et les préjudices subis. Les audiences publiques représentent l’aspect cathartique du processus. Au cours de ces séances, les coupables et leurs victimes se retrouvent dans le même espace et répondent aux questions de la Commission qui jouera le rôle de juge-arbitre. Ces audiences favoriseront l’éclatement de la vérité concernant les violations graves des droits humains et les responsables des exactions perpétrées », explique clairement le manifeste de la CDVR. Ces audiences publiques tant attendues par les populations afin d’obtenir la reconnaissance des faits par les auteurs des violations incriminées et le pardon consécutif des victimes sont plus que d’actualité pour panser les plaies de la société et aboutir à une coexistence pacifique entre les communautés. Comme on le voit, Banny et ses hommes ont encore beaucoup à faire. C’est pourquoi, il importe de passer à la vitesse supérieure afin que la restauration de la cohésion et de la paix ne soit plus une vue de l’esprit mais bien une réalité en Côte d’Ivoire.
Se tourner vers les victimes
Nouveau mandat, nouvelle mission. C’est le moins qu’on puisse dire de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR), après le prolongement de sa durée par le Chef de l’Etat. La nouvelle mission de l’institution dirigée par l’ancien Premier ministre, Charles Konan Banny, c’est de se tourner, à présent, vers les victimes de la crise postélectorale de 2010. Un peu de pain sec avec la joie vaut mieux qu’une maison pleine de victimes avec des querelles. Nul n’ignore aujourd’hui que les victimes de la crise de l’élection présidentielle précédente sont laissées pour compte et ne cessent de grogner. Elles réclament, bec et ongle, leur prise en compte par les nouvelles autorités ivoiriennes, depuis la fin des tristes événements. Des organisations locales et nationales ont été mises en place à cet effet. Mais, leur revendication peine à aboutir. La seconde chance donnée à la CDVR, il faut le souligner, est le dernier espoir de ces victimes. Outre les actions d’audition populaire, de recherche de la vérité et de consultations ; la CDVR doit avoir pour priorité l’indemnisation ou le dédommagement des victimes de la crise postélectorale. Ce sont elles, in fine, qui sont les plus touchées par ces atrocités commises par le défunt régime. Il ne faut pas que ces victimes, non prises en compte effectivement, se révolte et mettent à mal tout le processus de réconciliation engagé, il y a plus de deux années. Car, la plupart des sociétés attendent d’être dérangées par les victimes pour entreprendre des reformes. Que ce ne soit pas le cas pour la nôtre. Les victimes doivent être au centre des actions de ce renouvellement de mandat de la CDVR. Elles ne doivent, sous aucun prétexte, être abandonnées sous le carreau. Les parents de victimes ne doivent, en définitive, dire que les victimes de guerre sont mortes pour rien. Comme le dit l’adage, une justice inspirée par la pitié porte préjudice aux victimes. Alors, il faut éviter que les victimes se fassent justice. D’autant que, les victimes d’hier sont les bourreaux de demain. Un homme averti en vaut deux. Le président Charles Konan Banny est interpellé sur la question du dédommagement des victimes de la crise de 2010. Ce chapitre doit être inscrit en lettres d’or dans la nouvelle feuille de route de la CDVR.
Imposer le pardon au FPI
Un an de plus pour Charles Konan Banny, président de la Commission dialogue réconciliation et vérité (CDVR). L’ancien Premier ministre et gouverneur de la BCEAO a donc douze petits mois pour parvenir à la réconciliation des Ivoiriens, déchirés par plusieurs année de crise, avec à la clé une guerre postélectorale dévastatrice. Pour ce dernier round de son mandat, le natif de Yamoussoukro devrait nécessairement mouiller le maillot, comme il ne l’a jamais fait. Parce qu’au bout, il faudra amener les Ivoiriens à s’accepter, à s’aimer, à vivre ensemble, dans leur diversité politique, ethnique, religieuse.
Mais avant, comment arriver à cette nouvelle Côte d’Ivoire où les uns et les autres s’acceptent, si l’on n’est pas animé par un esprit d’humilité ? S’humilier, c’est s’incliner, reconnaître ses fautes et demander pardon. Or à cet exercice du pardon auquel tout le monde a consenti à se soumettre, seul le FPI est réfractaire. Le président de la République ainsi que son aîné Henri Konan Bédié s’y sont publiquement pliés. L’ancien Premier ministre Guillaume Soro ne s’y est guère non plus dérobé. Presque tous les acteurs de la crise ont eu leur petite part d’inclinaison face au drame ivoirien et ses conséquences. De Banny lui-même, on a encore en mémoire la mémorable génuflexion qu’il a faite au Palais de la culture de Treichville, précisément à la salle Anoumabo.
Seul manque à cet élan collectif de pardon, le Front populaire ivoirien. Ses dirigeants, imités par ses militants, refusent toujours de sacrifier à ce tout petit rituel, mais combien déterminant pour la cohésion nationale et la réconciliation des Ivoiriens. Le chef de l’Etat a eu beau leur demander, humblement et courageusement, de faire ce pas, rien n’y fait. « Il faut que le FPI, parti courageux qui a eu la force de contester le parti unique, ait la force - je veux parler de ses dirigeants - de demander pardon. Que ses dirigeants aient la force de demander pardon aux victimes et aux parents des victimes. Ceci est indispensable», avait-il lancé, sur le ton presque de la supplication, au mois d’août dernier. En vain. Pis, en guise de réponse, c’est plutôt à du mépris pour les nombreuses victimes que le premier des Ivoiriens a eu droit. Ils ont refusé l’usage du pardon « qui grandit », selon Alassane Ouattara. Les Ivoiriens attendent donc toujours ce geste d’humilité de la part du FPI, pour qu’une page noire de l’histoire de ce pays soit tournée. Il est donc clair que l’un des défis que devra relever Charles Konan Banny, c’est bien de convaincre Affi et ses hommes de se laisser pénétrer par l’esprit d’humilité afin de reconnaître, ne serait-ce que ça, qu’ils ont une part de responsabilité dans la tragédie ivoirienne. Il faut que Banny réussisse cette mission, qui vaut son pesant d’or dans le retour à une Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même. Car depuis sa double défaite électorale et militaire, le FPI n’a jamais reconnu sa part dans ce que la Côte d’Ivoire a connu et qui a causé la disparition de 3000 de ses fils et filles. On assiste chez les refondateurs à une victimisation qui sonne comme une véritable moquerie en direction des vraies victimes de la crise. Une attitude qui peut être qualifiée comme un os dans la gorge du processus de réconciliation. Il faut que les socialistes ivoiriens ôtent cet os de la gorge du premier garant de la réconciliation en Côte d’Ivoire, Charles Konan Banny.
Lacina Ouattara,
TL, FT
Se tourner vers les victimes
Nouveau mandat, nouvelle mission. C’est le moins qu’on puisse dire de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR), après le prolongement de sa durée par le Chef de l’Etat. La nouvelle mission de l’institution dirigée par l’ancien Premier ministre, Charles Konan Banny, c’est de se tourner, à présent, vers les victimes de la crise postélectorale de 2010. Un peu de pain sec avec la joie vaut mieux qu’une maison pleine de victimes avec des querelles. Nul n’ignore aujourd’hui que les victimes de la crise de l’élection présidentielle précédente sont laissées pour compte et ne cessent de grogner. Elles réclament, bec et ongle, leur prise en compte par les nouvelles autorités ivoiriennes, depuis la fin des tristes événements. Des organisations locales et nationales ont été mises en place à cet effet. Mais, leur revendication peine à aboutir. La seconde chance donnée à la CDVR, il faut le souligner, est le dernier espoir de ces victimes. Outre les actions d’audition populaire, de recherche de la vérité et de consultations ; la CDVR doit avoir pour priorité l’indemnisation ou le dédommagement des victimes de la crise postélectorale. Ce sont elles, in fine, qui sont les plus touchées par ces atrocités commises par le défunt régime. Il ne faut pas que ces victimes, non prises en compte effectivement, se révolte et mettent à mal tout le processus de réconciliation engagé, il y a plus de deux années. Car, la plupart des sociétés attendent d’être dérangées par les victimes pour entreprendre des reformes. Que ce ne soit pas le cas pour la nôtre. Les victimes doivent être au centre des actions de ce renouvellement de mandat de la CDVR. Elles ne doivent, sous aucun prétexte, être abandonnées sous le carreau. Les parents de victimes ne doivent, en définitive, dire que les victimes de guerre sont mortes pour rien. Comme le dit l’adage, une justice inspirée par la pitié porte préjudice aux victimes. Alors, il faut éviter que les victimes se fassent justice. D’autant que, les victimes d’hier sont les bourreaux de demain. Un homme averti en vaut deux. Le président Charles Konan Banny est interpellé sur la question du dédommagement des victimes de la crise de 2010. Ce chapitre doit être inscrit en lettres d’or dans la nouvelle feuille de route de la CDVR.
Imposer le pardon au FPI
Un an de plus pour Charles Konan Banny, président de la Commission dialogue réconciliation et vérité (CDVR). L’ancien Premier ministre et gouverneur de la BCEAO a donc douze petits mois pour parvenir à la réconciliation des Ivoiriens, déchirés par plusieurs année de crise, avec à la clé une guerre postélectorale dévastatrice. Pour ce dernier round de son mandat, le natif de Yamoussoukro devrait nécessairement mouiller le maillot, comme il ne l’a jamais fait. Parce qu’au bout, il faudra amener les Ivoiriens à s’accepter, à s’aimer, à vivre ensemble, dans leur diversité politique, ethnique, religieuse.
Mais avant, comment arriver à cette nouvelle Côte d’Ivoire où les uns et les autres s’acceptent, si l’on n’est pas animé par un esprit d’humilité ? S’humilier, c’est s’incliner, reconnaître ses fautes et demander pardon. Or à cet exercice du pardon auquel tout le monde a consenti à se soumettre, seul le FPI est réfractaire. Le président de la République ainsi que son aîné Henri Konan Bédié s’y sont publiquement pliés. L’ancien Premier ministre Guillaume Soro ne s’y est guère non plus dérobé. Presque tous les acteurs de la crise ont eu leur petite part d’inclinaison face au drame ivoirien et ses conséquences. De Banny lui-même, on a encore en mémoire la mémorable génuflexion qu’il a faite au Palais de la culture de Treichville, précisément à la salle Anoumabo.
Seul manque à cet élan collectif de pardon, le Front populaire ivoirien. Ses dirigeants, imités par ses militants, refusent toujours de sacrifier à ce tout petit rituel, mais combien déterminant pour la cohésion nationale et la réconciliation des Ivoiriens. Le chef de l’Etat a eu beau leur demander, humblement et courageusement, de faire ce pas, rien n’y fait. « Il faut que le FPI, parti courageux qui a eu la force de contester le parti unique, ait la force - je veux parler de ses dirigeants - de demander pardon. Que ses dirigeants aient la force de demander pardon aux victimes et aux parents des victimes. Ceci est indispensable», avait-il lancé, sur le ton presque de la supplication, au mois d’août dernier. En vain. Pis, en guise de réponse, c’est plutôt à du mépris pour les nombreuses victimes que le premier des Ivoiriens a eu droit. Ils ont refusé l’usage du pardon « qui grandit », selon Alassane Ouattara. Les Ivoiriens attendent donc toujours ce geste d’humilité de la part du FPI, pour qu’une page noire de l’histoire de ce pays soit tournée. Il est donc clair que l’un des défis que devra relever Charles Konan Banny, c’est bien de convaincre Affi et ses hommes de se laisser pénétrer par l’esprit d’humilité afin de reconnaître, ne serait-ce que ça, qu’ils ont une part de responsabilité dans la tragédie ivoirienne. Il faut que Banny réussisse cette mission, qui vaut son pesant d’or dans le retour à une Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même. Car depuis sa double défaite électorale et militaire, le FPI n’a jamais reconnu sa part dans ce que la Côte d’Ivoire a connu et qui a causé la disparition de 3000 de ses fils et filles. On assiste chez les refondateurs à une victimisation qui sonne comme une véritable moquerie en direction des vraies victimes de la crise. Une attitude qui peut être qualifiée comme un os dans la gorge du processus de réconciliation. Il faut que les socialistes ivoiriens ôtent cet os de la gorge du premier garant de la réconciliation en Côte d’Ivoire, Charles Konan Banny.
Lacina Ouattara,
TL, FT