Le racket a vraiment la peau dure. Et les nombreuses campagnes de sensibilisation contre ce phénomène, n’émeut pas les policiers de Daloa. Ce ne sont pas les passagers d’un mini car de la compagnie de transport AVS qui diront le contraire. Eux, dont le chauffeur, pour avoir refusé de payer 1000F au corridor, (levée de barrage, selon les termes utilisés) s’est retrouvé au violon de la police, abandonnant ainsi les passagers à leur sort. Hier, mercredi 19 février. Il est 11 heures, quand le minicar de type Isuzu, immatriculé 2670 GG01, en provenance de Duékoué pour Abidjan, est sifflé au corridor. Le chauffeur immobilise son véhicule et remet les pièces à l’agent venu pour le contrôle de routine. Ce dernier, au lieu de procéder au contrôle des pièces, les empochent et s’affaire à autre chose. Renseignement pris, il s’avère que le chauffeur ne fait pas comme les autres qui passent, en déposant une somme de 1.000 F comme frais de levée de barrage sur leur comptoir. Les passagers grincent les dents. Ce qui n’est pas du goût des agents en poste. Ceux-ci menacent et tiennent des propos injurieux à l’égard des passagers du car. Une trentaine de minutes après, les policiers retirent le permis de conduire du chauffeur et lui inflige une contravention farfelue, sur laquelle il est écrit : « Contravention 2ème classe n°0093015 ; contrevenant : Bamba Lamine ; Contravention : Obstruction volontaire de la chaussée ; Agent verbalisateur : Sergent Ahoko, tel : 02 56 13 79 ». Les passagers sont surpris. Néanmoins, le convoyeur file vite au Trésor pour le paiement de la contravention. Tout ne finit pas là. Les policiers demandent au chauffeur de conduire le car à la Préfecture de police. Une fois à l’intérieur, les agents au poste interpellent le chauffeur et le mettent au violon. Au motif qu’un journaliste se trouverait dans la voiture, et tant que ce dernier ne se montre pas, il ne recouvrerait pas la liberté. Les passagers du car sont renvoyés comme des malpropres de la cour de la préfecture de police. Après moult tractations, et interventions de tierces personnes, le chauffeur recouvre la liberté à 13 heures, moyennant une somme de 10.000 Frs. Soit 2 heures de temps passés en prison et 2 heures de retard pour avoir refusé de payer les 1.000 frs au corridor. N’en déplaise aux voyageurs qui se rendaient sur Abidjan.
Ouattara Abdul-Mohamed
Ouattara Abdul-Mohamed