« Après tout ce que nous avons fait, le temps des victimes est arrivé pour plusieurs raisons... La recherche de la vérité nous permettra de savoir qui a subi quoi. Au fond, qui est victime ? Et pour quelle période ? La victime va avec son corollaire de réparation. La réparation sera l'affaire du gouvernement. Mais, il est bon de dire qui a droit à réparation, quel type de réparation, il faut ». Ces propos, le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation les a tenus mercredi dernier, au siège social de l’institution. Devant les responsables des cellules d’écoute des victimes avec qui il a eu une séance de travail, le président Charles Konan Banny a expliqué les péripéties qui ont émaillé les deux ans de son mandat à la tête de la CDVR. Il a expliqué le contexte difficile dans lequel lui et son équipe ont fonctionné. Difficultés qu’il n’a d’ailleurs pas manqué, selon lui, d’exposer au président de la République au cours de l’audience qu’il lui a accordée dans le mois de novembre. Pour lui, après avoir procédé à toutes les étapes du processus, il est maintenant temps d’aller à la recherche de la vérité pour faire prévaloir les droits des victimes. « Après avoir préparé le terrain, recherché les causes profondes de la crise ivoirienne, sensibilisé, consulté, recueilli des recommandations, nous sommes maintenant suffisamment armés pour aller vers la recherche de la vérité, pour savoir qui a fait quoi », a-t-il précisé. Mais pour le patron de la CDVR, cette recherche de vérité ne doit pas être perçue comme une intention de remuer le couteau dans la plaie. Car, a-t-il justifié, il serait dangereux de passer de la victime au pardon sans savoir la vérité. Toutefois, le Premier ministre Charles Konan Banny a rassuré quant à l’issue du processus de réconciliation nationale, non sans rappeler qu’il est l’affaire de tout le monde. « Nous sommes en voie de relever le défi. Nous ne sommes pas les seuls à avoir les clés. Si nous étions les seuls, le pays serait déjà réconcilié. C'est une mission d'intérêt national. Ce sont tous les Ivoiriens du sommet à la base. Le grand curseur est entre les mains de ceux qui nous gouvernent, mais il n'y a pas qu'eux. Il y a le travail à faire à la base », a-t-il déclaré. Pour les douze mois supplémentaire accordés à l’institution, le premier responsable de la CDVR a exhorté les uns et les autres à plus de célérité dans le traitement des étapes restantes. Pour lui, pas question de « consommer le temps ». Et pour cela, il a promis mettre tout en œuvre pour que les structures chargées des dernières étapes aient les moyens pour remplir leur mission.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly