Ex-chauffeur au Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr) durant dix-neuf ans, Emile Gnahoulou est depuis peu à la retraite. Il affirme toutefois avoir désormais du temps à consacrer aux sélections nationales. Depuis trente deux ans déjà, il coordonne les animations du comité mixte au sein du Comité national des supporters des Eléphants. Un vrai passionné…
«Supporter un jour, supporter toujours… », ce slogan utilisé par une maison de téléphonie mobile lors des rencontres des Eléphants est d’une vérité déconcertante lorsqu’on évoque le nom du président fondateur du comité d’animation des Eléphants de Côte d’Ivoire, Emile Gnahoulou. Ce Guéré (Ndlr, originaire de l’Ouest de la Côte d’Ivoire) de Touleupleu connaît les Eléphants jusqu’au bout des ongles. « Chez les Eléphants, je préfère Gervinho et Arthur Boka », choisit-il. Pourquoi ? « J’aime leur manière de jouer, avance-t-il. Ils ne sont jamais fatigués. Je suis fier d’eux. Ce sont mes préférés ». Son histoire avec le sport a commencé de façon banale. Il raconte : « Tout a démarré en 1981. Il n’y avait pas beaucoup de supporters pour pouvoir soutenir notre sélection nationale. J’ai donc mis en place une équipe de cinquante personnes afin de la suivre durant toutes ses sorties. Ensuite, l’ex-ministre de la Jeunesse et des sports, Laurent Dona Fologo qui m’appréciait, m’a rencontré. Il m’a surtout expliqué que nous allions désormais accompagner les Eléphants. A l’époque, le premier président du Comité national de soutien aux Eléphants (Cnse) était feu Coffie Gadeau. Les choses ont vraiment pris une autre dimension à la faveur de la Coupe d’Afrique des nations Côte d’Ivoire 84 ». Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Mais Emile demeure un inconditionnel supporter. Diakité Kassoum, l’ex-assistant marketing et communication du Cnse, garde une belle image du ‘’prési’’ (son surnom). « Lors de la dernière Can en Afrique du Sud, Emile a pleuré toutes les larmes de son corps après notre défaite en quart de finale devant le Nigeria (1-2). Puis, c’est le même qui a remonté les bretelles aux autres supporters en leur disant que Dieu n’avait pas encore décidé pour les Eléphants», témoigne-t-il. Avec le sourire qui ne le quitte jamais, Emile Gnahoulou se satisfait du titre sulfureux de « champion d’Afrique de l’animation » attribué au Cnse. N’est-ce pas un titre pompeux ?« C’est la réalité ! Chaque fois que nous nous produisons dans un stade, nous ne cessons de chanter jusqu’à la fin du match. Par contre, les autres supporters se reposent. C’est pour cela que tout le monde nous appelle les champions d’Afrique de l’animation. Il est interdit aux membres du Cnse de regarder un match de football, de basket ou de handball. Notre rôle est de mettre l’ambiance et d’encourager nos athlètes. Les deux cents animateurs du Cnse ne sont pas rémunérés… ». Toujours est-il que ces deux cents animateurs bénéficient de voyages à travers le monde, tous frais payés. « Oui, c’est notre seul bénéfice, admet cet amoureux de riz à la sauce graine. En dehors de cela, nous ne sommes pas salariés. Je suis dans cette affaire depuis trente deux ans, mais je n’ai pas de toit. Je n’ai rien. C’est ma manière de participer au développement du sport en Côte d’Ivoire ».
Toutes ces années à parcourir les stades dans le monde entier laissent des traces. Des souvenirs, Emile Gnahoulou en a donc plein la tête. Le meilleur, il faudra aller le chercher à Malaga en Espagne, en 1987. « Nous étions allés accompagner l’équipe nationale de basket-ball pour le Mondial. Les Espagnols et tous ceux qui étaient sur le lieu de la compétition nous attendaient avant d’acheter leurs billets d’entrée. Pour eux, tant que nous n’étions pas là, il n’y avait pas d’ambiance. Ce n’est que lorsque les Espagnols nous ont vus arriver qu’ils se sont empressés d’acheter leurs tickets (Rires). Une fois, nous avons pris une grosse gifle devant les Etats-Unis. Il y avait près de deux cents points d’écart. Malgré cela, nous n’avons jamais cessé de faire l’animation. Avant notre retour à Abidjan, c’est le roi d’Espagne, en personne, qui a souhaité que nous restions jusqu’à la finale. Malheureusement nous étions éliminés et le ministre avait demandé que nous rentrions au pays ». L’autre souvenir qui restera impérissable dans la tête de ce quinquagénaire (54 ans), demeure la Coupe d’Afrique des nations « Sénégal 92 » (remportée aux tirs au but par la Côte d’Ivoire devant le Ghana) ». Partira, partira pas ? Ils sont nombreux à se demander jusqu’à quand, l’homme au ventre bedonnant et qui reste un grand fan du groupe musical zouglou « Espoir 2000 » quittera la scène. « Je pense à me lancer dans les affaires après la Coupe du monde au Brésil. Cela me permettra de m’occuper de ma famille. Le président du Cnse étant tout pour moi, je resterai au Cnse jusqu’à ma mort. C’est ma passion. Si je devais partir un jour, j’organiserai un jubilé », annonce-t-il. Avant de mettre un terme à l’entretien, Emile Gnahoulou tient à faire passer ce message aux autorités du pays : « La Côte d’Ivoire est numéro un en Afrique et ne peut se rendre à un Mondial au Brésil sans ses supporters. Le Cnse doit être aidé pour aller soutenir les Eléphants. La Côte d’Ivoire doit pouvoir permettre à ses supporters d’effectuer le déplacement malgré la crise. C’est important ! ». Comme on le voit, Emile Gnahoulou n’entend pas suivre le prochain Mondial depuis son salon.
Par Guy-Florentin Yameogo
«Supporter un jour, supporter toujours… », ce slogan utilisé par une maison de téléphonie mobile lors des rencontres des Eléphants est d’une vérité déconcertante lorsqu’on évoque le nom du président fondateur du comité d’animation des Eléphants de Côte d’Ivoire, Emile Gnahoulou. Ce Guéré (Ndlr, originaire de l’Ouest de la Côte d’Ivoire) de Touleupleu connaît les Eléphants jusqu’au bout des ongles. « Chez les Eléphants, je préfère Gervinho et Arthur Boka », choisit-il. Pourquoi ? « J’aime leur manière de jouer, avance-t-il. Ils ne sont jamais fatigués. Je suis fier d’eux. Ce sont mes préférés ». Son histoire avec le sport a commencé de façon banale. Il raconte : « Tout a démarré en 1981. Il n’y avait pas beaucoup de supporters pour pouvoir soutenir notre sélection nationale. J’ai donc mis en place une équipe de cinquante personnes afin de la suivre durant toutes ses sorties. Ensuite, l’ex-ministre de la Jeunesse et des sports, Laurent Dona Fologo qui m’appréciait, m’a rencontré. Il m’a surtout expliqué que nous allions désormais accompagner les Eléphants. A l’époque, le premier président du Comité national de soutien aux Eléphants (Cnse) était feu Coffie Gadeau. Les choses ont vraiment pris une autre dimension à la faveur de la Coupe d’Afrique des nations Côte d’Ivoire 84 ». Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Mais Emile demeure un inconditionnel supporter. Diakité Kassoum, l’ex-assistant marketing et communication du Cnse, garde une belle image du ‘’prési’’ (son surnom). « Lors de la dernière Can en Afrique du Sud, Emile a pleuré toutes les larmes de son corps après notre défaite en quart de finale devant le Nigeria (1-2). Puis, c’est le même qui a remonté les bretelles aux autres supporters en leur disant que Dieu n’avait pas encore décidé pour les Eléphants», témoigne-t-il. Avec le sourire qui ne le quitte jamais, Emile Gnahoulou se satisfait du titre sulfureux de « champion d’Afrique de l’animation » attribué au Cnse. N’est-ce pas un titre pompeux ?« C’est la réalité ! Chaque fois que nous nous produisons dans un stade, nous ne cessons de chanter jusqu’à la fin du match. Par contre, les autres supporters se reposent. C’est pour cela que tout le monde nous appelle les champions d’Afrique de l’animation. Il est interdit aux membres du Cnse de regarder un match de football, de basket ou de handball. Notre rôle est de mettre l’ambiance et d’encourager nos athlètes. Les deux cents animateurs du Cnse ne sont pas rémunérés… ». Toujours est-il que ces deux cents animateurs bénéficient de voyages à travers le monde, tous frais payés. « Oui, c’est notre seul bénéfice, admet cet amoureux de riz à la sauce graine. En dehors de cela, nous ne sommes pas salariés. Je suis dans cette affaire depuis trente deux ans, mais je n’ai pas de toit. Je n’ai rien. C’est ma manière de participer au développement du sport en Côte d’Ivoire ».
Toutes ces années à parcourir les stades dans le monde entier laissent des traces. Des souvenirs, Emile Gnahoulou en a donc plein la tête. Le meilleur, il faudra aller le chercher à Malaga en Espagne, en 1987. « Nous étions allés accompagner l’équipe nationale de basket-ball pour le Mondial. Les Espagnols et tous ceux qui étaient sur le lieu de la compétition nous attendaient avant d’acheter leurs billets d’entrée. Pour eux, tant que nous n’étions pas là, il n’y avait pas d’ambiance. Ce n’est que lorsque les Espagnols nous ont vus arriver qu’ils se sont empressés d’acheter leurs tickets (Rires). Une fois, nous avons pris une grosse gifle devant les Etats-Unis. Il y avait près de deux cents points d’écart. Malgré cela, nous n’avons jamais cessé de faire l’animation. Avant notre retour à Abidjan, c’est le roi d’Espagne, en personne, qui a souhaité que nous restions jusqu’à la finale. Malheureusement nous étions éliminés et le ministre avait demandé que nous rentrions au pays ». L’autre souvenir qui restera impérissable dans la tête de ce quinquagénaire (54 ans), demeure la Coupe d’Afrique des nations « Sénégal 92 » (remportée aux tirs au but par la Côte d’Ivoire devant le Ghana) ». Partira, partira pas ? Ils sont nombreux à se demander jusqu’à quand, l’homme au ventre bedonnant et qui reste un grand fan du groupe musical zouglou « Espoir 2000 » quittera la scène. « Je pense à me lancer dans les affaires après la Coupe du monde au Brésil. Cela me permettra de m’occuper de ma famille. Le président du Cnse étant tout pour moi, je resterai au Cnse jusqu’à ma mort. C’est ma passion. Si je devais partir un jour, j’organiserai un jubilé », annonce-t-il. Avant de mettre un terme à l’entretien, Emile Gnahoulou tient à faire passer ce message aux autorités du pays : « La Côte d’Ivoire est numéro un en Afrique et ne peut se rendre à un Mondial au Brésil sans ses supporters. Le Cnse doit être aidé pour aller soutenir les Eléphants. La Côte d’Ivoire doit pouvoir permettre à ses supporters d’effectuer le déplacement malgré la crise. C’est important ! ». Comme on le voit, Emile Gnahoulou n’entend pas suivre le prochain Mondial depuis son salon.
Par Guy-Florentin Yameogo