Quand on a délibérément fait tuer froidement. On s’est même surpassé dans un passé récent dans les propos haineux, tribalistes et violents dans le but d’armer et d’enflammer les cœurs et les esprits contre une catégorie de la population et les étrangers vivants en Côte d’Ivoire. Quand par des discours xénophobes on a chauffé à blanc un groupe de jeunes se réclamant de la galaxie patriotique qui aspergent un vieillard à genoux, suppliant qu’on lui garde la vie et hurlant son innocence, de liquide inflammable ( du pétrole). On doit bien avoir à la place du cœur une pierre de granit. N’est-ce pas le pedigree du désintérêt total pour la vie humaine que d’ôter sans la moindre raison valable la vie à d’innocentes personnes. On n’aura toujours du mal à comprendre comment Charles Blé Goudé peut se soustraire de son rôle de bourreau dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. Lui qui a été inculpé au lendemain de la crise postélectorale par la justice ivoirienne et par la Cour Pénale Internationale. Les juges de la juridiction internationale soupçonne, Charles Blé Goudé, de quatre chefs de crimes contre l’humanité, à savoir meurtre, viol, persécution et autres actes inhumains, commis entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Les juges de la Haye après de minutieuses enquêtes estiment qu’il y a des motifs raisonnables de croire que Charles Blé Goudé a exercé un contrôle conjoint sur les crimes, dans la mesure où il avait un pouvoir de contrôle et donnait des instructions directement aux jeunes qui étaient systématiquement recrutés, armés, formés et intégrés à la chaîne de commandement des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes (FDS). Il y a de quoi tomber des nues quand le bourreau tente de se transformer en victime, au point de faire de la surenchère, tenter même de se faire passer pour un martyr. A travers un montage tout aussi grotesque et que ridicule de photos sur sa condition de détention. Celui par qui la brutalisation outrancière de la scène publique ivoirienne est venue. Pire, celui par qui des premiers meurtres à caractère ethniques, religieux et politiques en Côte d’Ivoire ont fait leur apparition aux lendemains de son discours du grand meeting du 2 octobre à la place de la République au Plateau, se cabre aujourd’hui dans une posture de victimaire. Les Ivoiriens se souviennent encore de son discours, prononcé le 25 février 2011 dans un bar de Yopougon (Baron bar), où le leader des Jeunes Patriotes a appelé ses chiens de guerre à s’organiser en comités de surveillance afin de contrôler les entrées et les sorties des quartiers et de « dénoncer toutes les personnes étrangères qui viennent dans leurs quartiers ». Discours qui fera pousser des barrages de jeunes patriotes surexcités dans plusieurs quartiers d’Abidjan et même à l’intérieur du pays. Plusieurs centaines de personnes trouveront la mort à ses barrages soit à cause de leur patronyme soit à cause de leur accoutrement. C’est également après ce discours que le sinistre « article 125 » a été appliqué sur d’innocentes personnes. Il est risible de voir le bourreau dans une manœuvre saugrenue se vêtir aux forceps de la digne, mais douloureuse apparence de victime.
Moussa Keita
Moussa Keita