La psychose monte sur les lignes frontalières des pays limitrophes de la Côte d’Ivoire, notamment le Mali, le Liberia où le virus Ebola semble avoir fait une percée spectaculaire, après avoir fait des ravages en Guinée-Conakry, avec 80 morts sur 111 cas signalés. C'est la première fois que l'Afrique de l'Ouest est confrontée à une flambée d'Ebola de cette ampleur. Dès l’annonce de l’apparition de cette terrible fièvre hémorragique aux portes de la Côte d’Ivoire, les autorités sanitaires du pays ont annoncé une batterie de mesures dans cette période d’alerte précoce. Ne pas manger des rongeurs. Les plus prisés que le gouvernement a ciblés, sont, l’agouti, le porc-épic, la chauve-souris. En conséquence, les restauratrices ont été sommées de changer leur menu et les amateurs de la viande de brousse, à revoir, de fond en comble, leur comportement alimentaire, pour éviter d’attraper cette terrible maladie. Ces viandes de brousse sont présentées comme étant les vecteurs privilégiés de la transmission et de la propagation du virus Ebola. Le gouvernement a choisi la sensibilisation « coup de poing », voire radicale, vu que la viande de brousse reste, en Côte d’Ivoire, au cœur de la cuisine ivoirienne. Car pas trop pourvue en matières grasses et surtout riche en protéines et très digeste. Elle reste l'un des mets de choix des Ivoiriens. Le gouvernement a donc voulu « frapper » sur le point faible de la majorité des Ivoiriens en interdisant la consommation de la viande de brousse. Une bonne chose en soi… Mais, voila ! Le professeur Muyembe Tanfun, directeur général de l’Institut national de recherche bio médicale de la République démocratique du Congo, vient de doucher le gouvernement ivoirien. Il a en effet, pris le contrepied, la thèse gouvernementale interdisant la consommation de la viande brousse. Dès lors, on ne sait plus a quel « Saint » se vouer. Selon lui, on peut combattre l’Ebola sans forcement avoir recours à l’interdiction de la consommation de la viande de brousse. Déconseiller la consommation de la viande brousse, à ses yeux, n’est pas pertinent. Il bat donc en brèche l’approche du gouvernement pour proposer, lui, sa recette, qu’il qualifie d’efficace : « On ne doit cesser de consommer la viande de brousse. Au contraire. Parce que, c’est la seule source de protéine animale que nous avons. Lorsque la viande est boucanée, il n’y a pas de problème… La viande cuite ne représente aucun danger pour l’homme », assure cet expert congolais. Il conseille plutôt une « mobilisation sanitaire avec le déploiement d’équipes médicales », la vigilance en interne, suivre de près ce qui se passe chez les voisins pour ne pas se laisser surprendre, sans fermer les « frontières ». Entre ce que disent cet expert congolais et le gouvernement ivoirien, il y a un grand décalage !
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA