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Société Publié le jeudi 10 avril 2014 | Nord-Sud

Michel Loukou-Kouadio, doyen des cadres du canton Mamella (Sakassou) : “Mes conseils contre l’Ebola et les coupeurs de route”

A quelques jours de la célébration de ‘’paquinou’’, la fête de Pâques en pays baoulé, Michel Loukou-Kouadio, doyen des cadres du canton Mamella (Sakassou), revient sur le sens de cette communion et donne des conseils pour prévenir le virus d’Ebola.


Quel bilan faites-vous de la célébration de la fête de Pâques de l’année dernière?

Pour nous, ce fut un véritable moment de retrouvailles. La joie de retrouver les parents, surtout de parler de développement. Nous avons été heureux d’accueillir le ministre de la Poste et des technologies de l’information et de la communication, Bruno Koné. Il nous a fait honneur, en répondant favorablement à notre sollicitation. Nous avons enregistré la participation de 3.000 âmes issues de 15 villages. Nous avons, modestement, permis l’installation de l’eau potable pour nos parents. Nous avons également procédé à la pose de la première pierre du marché dont les travaux démarrent bientôt. Nous avons aussi été saisis de plusieurs autres dossiers en rapport avec l’agropastoral et le vivrier. C’est en cela que nous disons qu’à Fotokouamékro, la tribu Mamella est au travail. Tout ce que nous faisons, c’est au nom d’Angoua Koffi qui est notre ‘’baobab’’. Nous souhaitons poursuivre son œuvre qui est gigantesque. Je profite de ce canal pour inviter les cadres du village à investir chez eux. Ils ont de grandes maisons à Abidjan, mais ont peur d’aller au village. J’en parle avec un pincement au cœur, parce que même si c’est pour dormir dans une cabane, qu’ils viennent ; c’est leur village.

Expliquez-nous l’origine de Pâques chez les Baoulé.

Elle a été initiée à partir des années 90, avec l’avènement ou le déplacement de la nouvelle boucle du café-Cacao vers les terres fertiles, dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire: Soubré, Méagui, Duekoué... La fête de Pâques baoulé est donc un moment annuel de retrouvailles pour tout Baoulé. Qu’il soit agriculteur, cadre, élève ou étudiant. A la fête de Pâques, on se retrouve pour parler des projets de développement de nos villages. On organise aussi des célébrations pour les funérailles de nos parents défunts.

La fête de Pâques aura-t-elle lieu cette année dans votre canton?

Je dirai oui et non. J’ai semé la graine l’année dernière. J’irai faire le point, voir ce qui a marché ou non. Ce sera, évidemment, autour d’un copieux repas. Puisque, le conseil régional de Gbêkê a décidé de faire une fête tournante. Cela débute, cette année, par le royaume des Baoulé qui est Sakassou. Tout y sera concentré ; nous serons présents. Il faut que tous les cadres se mobilisent comme un seul homme. Comme cela a été le cas avec la dernière visite du chef de l’Etat dans la région.

Une telle décision ne va-t-elle pas bouleverser les festivités dans les autres villages?

C’est certain. Mais en ce qui me con­cerne, cela ne nous empêchera pas d’organiser quelque chose au village. Ce que je regrette, quand on parle de royaume baoulé, cela devrait concerner tout le V et non seulement le Gbêkê. Qu’on étende cela à la région du Bélier. En ce moment, on parlera réellement des Baoulé. Mais, je constate que les gens partent en rangs dispersés. De ce fait, chacun fait les choses à sa manière et de son côté. Alors que nous avons un parrain qui est le ministre des Affaires étrangères, en la personne de Charles Diby. Je crains que la mobilisation ne soit totale. Il faut savoir que nous parlons de 172 villages. Sans oublier que cela demande des moyens financiers et logistiques énormes.

La consommation de la viande de brousse, surtout celle de l’agouti, très prisée dans la région, est interdite à cause du virus Ebola. Quels sont vos conseils à l’endroit des populations?

Au niveau des 15 villages du canton, nous avons relayé le message du gouvernement. Nous avons pris notre décision d’interdiction bien avant celle des autorités. Nous sommes l’interface, notre rôle est celui de la sensibilisation. On sait que le peuple baoulé est naturellement friand de la viande d’agouti, on l’appelle le ‘’pkêma’’. C’est pourquoi nous insistons sur le strict respect des consignes avec la menace du virus Ebola. Ce, pour ne pas avoir à faire des funérailles après. Je souhaite que les populations meurent d’une mort saine, naturelle, mais pas en mangeant de l’agouti. Il n’existe pas encore de remède contre la fièvre Ebola et elle est à nos portes (Guinée, Mali, Libéria).

Une autre question qui hante les populations, c’est celle de la sécurité sur les routes. Pensez-vous que les choses se sont améliorées?

Nous devons nous-mêmes être notre propre gendarme. En ce qui concerne les excès de vitesse, nous conseillons la prudence et surtout le respect du code de la route. Nous ne cesserons jamais de le répéter. On peut aller doucement et arriver à temps. On peut aussi aller très vite et arriver. Mais en général, dans le second cas, on se crée toujours des problèmes. Donc, faisons très attention. Je demande aussi à mes parents et à mes frères de ne pas consommer d’alcool, lorsqu’ils savent qu’ils doivent prendre le volant.

Qu’en est-il des coupeurs de route?

C’est vrai que la période de Pâques est le moment privilégié des coupeurs de route. Sans état d’âme, ces personnes dépouillent les voyageurs de leurs économies et il arrive que les agressions conduisent, parfois, à la mort leurs victimes. C’est pourquoi nous invitons toutes les autorités compétentes à véritablement prendre les choses en main pour la sécurisation des routes. Parce que les populations ont peur et ne savent plus à quel saint se vouer. Et c’est légitime. Il faut faire quelque chose. Il faut que nos forces de l’ordre restent vraiment mobilisées. Surtout au cours de cette période, ne serait-ce qu’à 90 %.


HA (stagiaire)
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