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Politique Publié le mardi 15 avril 2014 | AFP

Début des travaux du chemin de fer Niamey-Cotonou, un vieux rêve pour désenclaver le Niger

© AFP Par Saliou Amah
Visite d`amitié et de travail du président Yayi Boni à Abidjan
Mardi 11 Mars 2014. Abidjan. Dans le cadre de la visite d`amitié et de travail, qu`il effectue en cote d`ivoire, le président béninois Yayi Boni a été reçu en audience par son homologue ivoirien Alassane Ouattara
Le Niger, enclavé au coeur du Sahel, veut s'offrir d'ici à deux ans un accès à la mer via un chemin de fer reliant Niamey au port béninois de Cotonou, où est acheminé par la route l'essentiel de son fret.
Les travaux, d'un coût de 700 milliards de francs CFA (1 milliard d'euros), intégralement financés par le groupe français Bolloré, ont été lancés officiellement le 7 avril dans la capitale nigérienne.
Les présidents du Niger et du Bénin, Mahamadou Issoufou et Thomas Boni Yayi, accompagnés de leur homologue togolais Faure Gnassingbé, ont roulé sur un demi kilomètre de rails posés pour l'occasion dans le prototype d'un wagon de passagers, sous les regards amusés de la foule.
"Cela fait presque 80 ans que nous attendons le train !", a jubilé le président Issoufou. Et d'ironiser : "Nous avons fini par retrouver (celui) qui
s'est égaré depuis 1936."
Le chemin de fer construit à l'époque coloniale française n'a en effet
jamais atteint le Niger, comme c'était pourtant prévu.
Au sud, il s'est arrêté en 1936 à Parakou (Bénin), à mi-chemin entre Niamey
et Cotonou. A l'ouest, la Régie de chemin de fer Abidjan-Niger a eu
Ouagadougou pour terminus, à 500 km de la capitale nigérienne.
"Nous écrivons une nouvelle page de notre histoire", s'est enthousiasmé M.
Yayi, qui a donné mardi dernier à Cotonou le départ des travaux côté béninois.
Pour ressusciter ce projet centenaire, les deux chefs d'Etat ont signé un
protocole d'accord en novembre 2013 et créé une société multinationale au
capital de 70 milliards de FCFA (107 millions d'euros). 10% des actions
reviennent à chacun des deux Etats, 40% à des privés béninois et nigériens et
40% à Bolloré.
La réalisation de ce vieux rêve nécessite la construction de 574 kilomètres
de rails entre Niamey et Parakou en passant par Dosso, au Niger.
Le chantier avancera au rythme "d'un kilomètre par jour", a estimé Vincent
Bolloré, président du groupe éponyme, pour s'achever au plus tard en 2016, ce
qui coïncide avec la fin du premier mandat du président Issoufou, qui veut en
briguer un second.

- Une "boucle ferroviaire" régionale -

La liaison Niamey-Cotonou constituera la colonne vertébrale d'une "boucle
ferroviaire" de près de 2.800 km, allant d'Abidjan, capitale de la Côte
d'Ivoire et plus grand port d'Afrique de l'ouest, à Cotonou, en passant par
Ouagadougou, au Burkina Faso, et Niamey.
La Sitarail, une filiale du groupe Bolloré, gère le tronçon
Abidjan-Ouagadougou, en fonctionnement. L'Organisation commune Bénin-Niger des
chemins de fer et transports, une société bi-étatique, avait jusqu'alors la
charge du tronçon Cotonou-Parakou.
Cette boucle, dite "de l'intégration", nécessitera la pose de 1.200 km de
nouveaux rails et la réhabilitation de 1.800 autres dans les trois autres pays
(Côte d'Ivoire, Burkina Faso et Bénin) déjà dotés d'un chemin de fer.
Une fois opérationnels, les rails permettront l'acheminement rapide et
sécurisé du fret nigérien, dont 80% transitent déjà par le port de Cotonou, à
1.000 km de Niamey, par un réseau routier délabré et mal entretenu.
"Il y aura moins de pression sur nos routes car le fret lourd sera
réorienté vers les rails", a expliqué le ministre nigérien de l'Equipement,
Ibrahim Nomao.
La Chambre de Commerce du Niger attend le chemin de fera avec impatience.
"Ce sera bon pour les affaires, les coûts de transport seront réduits et les
denrées coûteront moins cher", se réjouit Abdou Sidi, son président.
Les gains de temps seront importants : "une seule journée" pour acheminer
les marchandises depuis Cotonou contre "des semaines entières" aujourd'hui,
avance Elhadj Sadou, un commerçant nigérien.
Les rails achemineront également en France, via le port de Cotonou, plus de
4.000 tonnes de minerai d'uranium extraits chaque année dans le nord du Niger
par la société française Areva.
Le projet aura en outre un volet "développement durable". Des panneaux
solaires seront érigés le long du trajet pour "produire, conserver et
distribuer l'énergie aux populations" riveraines, promet Vincent Bolloré.
De virulentes critiques se sont élevés cependant contre ce grand chantier.
"Pendant que les Nigériens ont faim et soif, le président nigérien a, lui,
choisi de jeter des milliards par les fenêtres en construisant des rails",
épingle l'hebdomadaire privé l'Union. "Ces milliards auraient dû servir à
donner espoir à plus de 7 millions de nos compatriotes frappés par
l'insécurité alimentaire".
"C'est de la publicité, de la pure propagande, le président Issoufou est
déjà en campagne pour sa succession", a critiqué un opposant Salissou Abdou
jeudi lors d'un débat télévisé.

bh/jf/jlb/de
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