Kevin Prince Boateng et Jérôme Boateng ont un lien de sang. Mais Ils sont loin de constituer une fratrie parfaite. Ils ne se détestent pas, mais…
Jérôme (26 ans) et Kevin Prince (27 ans) ont en commun plusieurs choses : le même patronyme, la même mère et un amour invétéré pour les tatouages. Leur mère a en fait donné naissance à trois frères, chacun ayant son propre paternel. George, le premier, footballeur éphémère, s’est très rapidement orienté vers la musique. Les deux autres y font carrière.
Les footeux ont grandi dans une banlieue difficile de Berlin. C’est là que commence leur lutte pour la survie. Conscients de ne pas être nés avec une cuillère en or dans la bouche, et pas vraiment faits pour les longues études, ils savent dès l’enfance que le football sera pour eux l’occasion rêvée de s’en sortir.
Sur les terrains miteux de leur quartier, La Panke, du nom d’un cours d’eau passant par-là, ils rivalisent de gestes techniques et d’engagement. Leurs oppositions finissent de temps à autre en bagarre. Une rivalité qui existe encore aujourd’hui. Rivalité que KPB minimise : ‟La famille c'est sacré. Peu importe que Jerome ne soit que mon demi-frère.″ Mais il rajoute aussitôt : ‟Nous sommes bons amis, même s'il y a une certaine distance entre nous, vu que nous ne nous sommes jamais réveillés ensemble quand nous étions enfants.″ On veut bien le croire.
Sauf que Kevin Prince, qui avait opté pour le Ghana, a mal vécu le fait que Jérôme joue pour l’Allemagne. Ils étaient même devenus ennemis. Avant la Coupe du monde 2010, ils s’étaient envoyé quelques noms d’oiseaux par presse interposée. Les choses s’étaient fortement dégradées lorsque le mauvais tacle de Kevin Prince avait privé la star allemande Michaël Ballack du Mondial, cette année-là. Jerome avait alors déclaré : ‟C’est un vilain geste qui vaut un carton rouge. Je me fous de celui qui a fait ce geste, c’est un vilain geste, point.’’ Réponse de KPB : ‟ Chacun sa famille, toi la tienne, moi la mienne.’’ Et les deux frères ne se parlaient plus.
KPB est un sanguin qui aime en plus se faire remarquer. Négativement ou positivement, tant qu’il fait la ‘’une’’ des tabloïds, il est heureux. De ne pas entendre son frangin le défendre publiquement l’avait fortement agacé. Jerome est plutôt un taiseux. Il ne parle pas pour ne rien dire. Tandis que son ainé se baladait de club en club en Europe, l’autre se bâtissait une solide réputation au Bayern Munich. Sans faire de vague, « Jay » s’est construit un palmarès à faire pâlir de jalousie son grand-frère. Il fait partie des tout meilleurs défenseurs de la Bundesliga, malgré la préférence actuelle de Pep Guardiola pour le Brésilien Dante. Les fans de petites histoires croquantes avaient coché sur leurs agendas les matches entre le Bayern et Schalke. Histoire de voir le traitement que Jerome, le défenseur, réserverait à son attaquant de frère.
Le match a eu lieu le premier mars. Jerome était remplaçant et n’a pas joué. Prince était titulaire, mais son talent n’a pas empêché son club d’encaisser un sévère 5 à 1, qui l’a anéanti. Son frangin l’a d’abord consolé avant de le chambrer.
Aujourd’hui leur relation semble apaisée. KPB, revenu dans le championnat allemand, lassé par cris racistes des tifosi italiens, essaie de se relancer. Il a signé à Schalke 04 pour ne pas grossir les rangs du Bayern. Son égo n’aurait pas supporté qu’il soit remplaçant. Schalke va certainement se qualifier pour la Ligue des champions encore cette année. L'arrivée du Ghanéen n’est sans doute pas étrangère aux bons résultats du club de Gelsenkirchen. "Nous sommes ravis de l'avoir dans notre équipe, se félicite Jens Keller, l'entraîneur de Schalke. Kevin Prince a beaucoup d'expérience et cela nous apporte énormément".
Pour Jerome c’est une véritable course contre-la-montre qu’il a engagée. Retrouver une place de titulaire pour espérer retrouver la Nazionalmannschaft pour la Coupe du monde. Parce que le 21 juin 2014, il y aura un certain Ghana-Allemagne qui vaudra certainement son pesant d’engagement et de dramaturgie. ‟Ce sera un duel sans pitié″, prévient Jerome. Comme au temps où ils s’affrontaient sur les bords de la Panke. Aucun des Boateng ne voudrait rater ça.
Malick Daho
Jérôme (26 ans) et Kevin Prince (27 ans) ont en commun plusieurs choses : le même patronyme, la même mère et un amour invétéré pour les tatouages. Leur mère a en fait donné naissance à trois frères, chacun ayant son propre paternel. George, le premier, footballeur éphémère, s’est très rapidement orienté vers la musique. Les deux autres y font carrière.
Les footeux ont grandi dans une banlieue difficile de Berlin. C’est là que commence leur lutte pour la survie. Conscients de ne pas être nés avec une cuillère en or dans la bouche, et pas vraiment faits pour les longues études, ils savent dès l’enfance que le football sera pour eux l’occasion rêvée de s’en sortir.
Sur les terrains miteux de leur quartier, La Panke, du nom d’un cours d’eau passant par-là, ils rivalisent de gestes techniques et d’engagement. Leurs oppositions finissent de temps à autre en bagarre. Une rivalité qui existe encore aujourd’hui. Rivalité que KPB minimise : ‟La famille c'est sacré. Peu importe que Jerome ne soit que mon demi-frère.″ Mais il rajoute aussitôt : ‟Nous sommes bons amis, même s'il y a une certaine distance entre nous, vu que nous ne nous sommes jamais réveillés ensemble quand nous étions enfants.″ On veut bien le croire.
Sauf que Kevin Prince, qui avait opté pour le Ghana, a mal vécu le fait que Jérôme joue pour l’Allemagne. Ils étaient même devenus ennemis. Avant la Coupe du monde 2010, ils s’étaient envoyé quelques noms d’oiseaux par presse interposée. Les choses s’étaient fortement dégradées lorsque le mauvais tacle de Kevin Prince avait privé la star allemande Michaël Ballack du Mondial, cette année-là. Jerome avait alors déclaré : ‟C’est un vilain geste qui vaut un carton rouge. Je me fous de celui qui a fait ce geste, c’est un vilain geste, point.’’ Réponse de KPB : ‟ Chacun sa famille, toi la tienne, moi la mienne.’’ Et les deux frères ne se parlaient plus.
KPB est un sanguin qui aime en plus se faire remarquer. Négativement ou positivement, tant qu’il fait la ‘’une’’ des tabloïds, il est heureux. De ne pas entendre son frangin le défendre publiquement l’avait fortement agacé. Jerome est plutôt un taiseux. Il ne parle pas pour ne rien dire. Tandis que son ainé se baladait de club en club en Europe, l’autre se bâtissait une solide réputation au Bayern Munich. Sans faire de vague, « Jay » s’est construit un palmarès à faire pâlir de jalousie son grand-frère. Il fait partie des tout meilleurs défenseurs de la Bundesliga, malgré la préférence actuelle de Pep Guardiola pour le Brésilien Dante. Les fans de petites histoires croquantes avaient coché sur leurs agendas les matches entre le Bayern et Schalke. Histoire de voir le traitement que Jerome, le défenseur, réserverait à son attaquant de frère.
Le match a eu lieu le premier mars. Jerome était remplaçant et n’a pas joué. Prince était titulaire, mais son talent n’a pas empêché son club d’encaisser un sévère 5 à 1, qui l’a anéanti. Son frangin l’a d’abord consolé avant de le chambrer.
Aujourd’hui leur relation semble apaisée. KPB, revenu dans le championnat allemand, lassé par cris racistes des tifosi italiens, essaie de se relancer. Il a signé à Schalke 04 pour ne pas grossir les rangs du Bayern. Son égo n’aurait pas supporté qu’il soit remplaçant. Schalke va certainement se qualifier pour la Ligue des champions encore cette année. L'arrivée du Ghanéen n’est sans doute pas étrangère aux bons résultats du club de Gelsenkirchen. "Nous sommes ravis de l'avoir dans notre équipe, se félicite Jens Keller, l'entraîneur de Schalke. Kevin Prince a beaucoup d'expérience et cela nous apporte énormément".
Pour Jerome c’est une véritable course contre-la-montre qu’il a engagée. Retrouver une place de titulaire pour espérer retrouver la Nazionalmannschaft pour la Coupe du monde. Parce que le 21 juin 2014, il y aura un certain Ghana-Allemagne qui vaudra certainement son pesant d’engagement et de dramaturgie. ‟Ce sera un duel sans pitié″, prévient Jerome. Comme au temps où ils s’affrontaient sur les bords de la Panke. Aucun des Boateng ne voudrait rater ça.
Malick Daho