Le paysage bancaire en 2013 a été marqué par une série de bons résultats. La croissance enregistrée dans le secteur est aussi la conséquence d’un environnement économique sous-régional et national favorable. Les nombreuses réformes opérées par le gouvernement, l’engagement de la banque centrale et la présence renforcée de nouvelles banques sur le marché financier national ont largement contribué à dynamiser l’activité bancaire.
Le paysage bancaire ivoirien connaît un dynamisme certain au sortir de la crise postélectorale grâce à la diversification des offres, mais surtout au regain d’intérêt de plusieurs banques africaines pour la Côte d’Ivoire, qui a décliné ses priorités et relancé son économie. Mais la vision du gouvernement ivoirien n’est pas isolée, elle s’inscrit dans le cadre des bonnes performances macroéconomiques enregistrées par l’Union monétaire ouest-africaine (Uemoa). La zone a bénéficié des mesures mises en œuvre des différents pays qui la composent, de même que les efforts déployés à l’échelle de la communauté pour soutenir l’activité économique. La croissance de plus de 9% de la Côte d’Ivoire, l’évolution positive dans les travaux d’infrastructures au Bénin, au Togo, au Niger et au Burkina Faso, l’indice du chiffre d’affaires du commerce de détail, en hausse de 6,5%, les évolutions agricoles, dont la variabilité est de -7 à +3%, la régression du taux annuel de l’inflation, qui est passée de 2,4% en 2012 à 1,6% en 2013 ont été autant de facteurs importants qui ont dopé la croissance de l’Union, située autour de 6,5%.
Une amélioration du climat des affaires providentielle (inter)
Autant de facteurs qui ont fortement contribué à créer un cadre propice aux investissements. Ceci, bien entendu, appuyé par l’environnement réglementaire établi par la banque centrale : la baisse du ratio de transformation à 50% contre 75% précédemment, la suppression du ratio de structure de portefeuille de 60%, la création d’une agence-titre Uemoa pour une meilleure gestion des émissions obligataires et des bons du Trésor de l’Union, la création d’un fonds de garantie de la compensation en vue de renforcer la liquidité du marché interbancaire, la mise sur pieds des spécialistes des valeurs du Trésor (SVT) pour raffermir la dynamique du marché de titres et accroître la profondeur du marché, la baisse du taux d’intérêt du taux minimum de soumission aux opérations d’appels d’injection de liquidité de 3% à 2,75%, le taux d’intérêt du guichet au prêt marginal de 4% à 3,75% et le taux de bancarisation, en progression de 8%, ont largement conforté les investisseurs sur la nécessité d’investir dans l’Union, et particulièrement en Côte d’Ivoire qui en est le pays phare. D’autant qu’au plan national l’économie a été consolidée à partir de réformes entreprises au niveau de l’environnement des affaires. Des efforts qui se traduisent par la mise en service du Tribunal de commerce, l’ouverture du guichet unique de création d’entreprises (Cepici), la réduction des procédures et des coûts d’accès à la propriété foncière. Ceci a été très bénéfique pour la Côte d’Ivoire, qui compte désormais parmi les dix pays les plus réformateurs, selon le rapport Doing Business 2014 élaboré par la Banque mondiale.
Le pays continue d’engranger de bons résultats du fait de l’assainissement de l’environnement des affaires. Baisse des droits d’enregistrement, qui passent de 10% à 07%, progression de la production du gaz naturel (+19,8%)… Le secteur secondaire connaît un indice de production industrielle, hors extraction, en hausse de 6%. Quant aux ventes locales du bitume, elles sont également en hausse de 50%,8 à fin octobre 2013, en lien avec les travaux d’infrastructures. En ce qui concerne l’extraction de l’or, on note une progression de 18,6%, portée par la hausse de la production des mines de Tongon et d’Ity. Au niveau du secteur tertiaire, l’indice du chiffre d’affaires du commerce de détail est évolutif. Il est de + 11,5% en terme réel par rapport à décembre 2012. Dans ce contexte, l’inflation est passée à 2,6% avec un taux de croissance de 8,7%.
Bonne moisson pour les banquiers (inter)
Le paysage bancaire a ainsi suivi les indices d’amélioration de l’économie ivoirienne. En glissement annuel, les emplois globaux progressent de 14% pour s’établir à 3785 milliards FCFA, ajoutant ainsi un peu plus de 471 milliards FCFA à son niveau de décembre 2012. Cette progression est principalement portée par les emplois clientèle qui se sont accrus de 23%, passant de 2354 milliards à plus de 2904 milliards FCFA sur la période. Les crédits accordés par les banques ont augmenté de 23% avec une hausse de 550 milliards FCFA. Les prêts ont constitué l’année dernière plus de 99% des emplois clientèle octroyés et les crédits à court terme en ont été les plus importants (47%). Quant aux crédits à long terme, ils ont progressé de plus de 40%, gagnant, de fait, près de 43 milliards FCFA supplémentaires. Ceci est en partie dû à l’assouplissement des règles prudentielles élaborées par la Banque centrale (ratio de transformation notamment), qui a permis aux institutions bancaires de revoir à la hausse leurs concours en crédit à moyen et long terme de 236 milliards FCFA. A fin décembre 2013, les ressources globales ont connu une évolution de 17% pour s’établir à 4736 milliards FCFA, ajoutant plus de 699 milliards FCFA à leur niveau de décembre 2012. Les banques ont collecté 429 milliards FCFA de dépôt clientèle supplémentaire en 2013. Une progression portée à la fois par les produits d’épargnes (+84 milliards FCFA) et les dépôts à vue (+291 milliards FCFA). Selon les statistiques produites par l’Association des professionnelles des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI), ces instituions ont collecté 35% de leurs dépôts auprès des particuliers, progressant ainsi de 153 milliards FCFA. Toutefois, le marché reste dépendant des dépôts des institutionnels et des entreprises, avec 236 milliards FCFA de ressources additionnelles collectées.
De nouveaux venus qui dynamisent le marché (inter)
Les différents chiffres, de manière générale, expriment une forte progression des activités bancaires au cours de l’exercice 2013. Un résultat lié également à l’arrivée de groupes bancaires d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord. De 2008 à 2012, cinq nouvelles banques ont obtenu leurs agréments pour exercer en Côte d’Ivoire. La plupart des établissements menant une politique de proximité, le réseau d’agence a plus que doublé (144%), passant de 281 agences en 2008 à plus de 620 en 2012, avec une augmentation du nombre de comptes de 130% cette année-là. Le taux de bancarisation s’est nettement amélioré pour se situer aujourd’hui autour de 14%. Ce dynamisme a continué à être dopé par l’élaboration d’une convention interprofessionnelle bancaire, le code de déontologie de la profession, la formation à l’élaboration des risques fiscaux, le partenariat avec l’Etat pour le financement de la commande publique, impulsé par l’APBEF-CI. Toutes ces actions devraient continuer à créer une attractivité du marché financier ivoirien. Pour preuve, un retour en arrière indique que l’on dénombrait 18 banques en 2004, pour passer à 24 en 2012. La présence diversifiée de ces entités bancaires sur le marché national signifie par ailleurs un plus large éventail de financements pour l’économie ivoirienne, et, in fine, pour les ressources de l’Etat. Dans un modèle libéral tel que celui de la Côte d’Ivoire, le gouvernement ne pouvait pas espérer mieux, lui qui a liquidé ou privatisé plusieurs banques publiques nationales afin de jouer un rôle de régulateur, et non d’acteur direct du marché.
Une compétition sur fond de stratégies bien pensées (inter)
Il appartient désormais à toutes les banques d’entrer dans une saine compétition afin de conquérir le marché bancaire national en développant, par exemple, une politique de proximité auprès de la clientèle via des canaux alternatifs. Actuellement, des établissements tels que la Société générale de banque de Côte d’Ivoire et la panafricaine Ecobank tirent leur épingle du jeu. La première, présente dans le pays depuis 1962, a à son actif 20,7% des crédits bancaires et 17,7% des dépôts bancaires en Côte d’Ivoire. La seconde, beaucoup plus jeune et installée dans le pays seulement en 2012, totalise 165.423 clients et a réalisé un profit brut de plus de 13 milliards FCFA, mettant l’accent sur sa taille, son total bilan, son total dépôt et son total crédit. Mais la configuration actuelle du paysage bancaire, loin d’être figée, ne pourra être modelée que si les banques – qu’elles soient nationales ou privées – réussissent à baisser leurs taux d’intérêt, encore élevés, et favorisent l’accès des PME/PMI à un crédit moins cher, tout en diversifiant leurs instruments financiers.
Germain Tanoh
Le paysage bancaire ivoirien connaît un dynamisme certain au sortir de la crise postélectorale grâce à la diversification des offres, mais surtout au regain d’intérêt de plusieurs banques africaines pour la Côte d’Ivoire, qui a décliné ses priorités et relancé son économie. Mais la vision du gouvernement ivoirien n’est pas isolée, elle s’inscrit dans le cadre des bonnes performances macroéconomiques enregistrées par l’Union monétaire ouest-africaine (Uemoa). La zone a bénéficié des mesures mises en œuvre des différents pays qui la composent, de même que les efforts déployés à l’échelle de la communauté pour soutenir l’activité économique. La croissance de plus de 9% de la Côte d’Ivoire, l’évolution positive dans les travaux d’infrastructures au Bénin, au Togo, au Niger et au Burkina Faso, l’indice du chiffre d’affaires du commerce de détail, en hausse de 6,5%, les évolutions agricoles, dont la variabilité est de -7 à +3%, la régression du taux annuel de l’inflation, qui est passée de 2,4% en 2012 à 1,6% en 2013 ont été autant de facteurs importants qui ont dopé la croissance de l’Union, située autour de 6,5%.
Une amélioration du climat des affaires providentielle (inter)
Autant de facteurs qui ont fortement contribué à créer un cadre propice aux investissements. Ceci, bien entendu, appuyé par l’environnement réglementaire établi par la banque centrale : la baisse du ratio de transformation à 50% contre 75% précédemment, la suppression du ratio de structure de portefeuille de 60%, la création d’une agence-titre Uemoa pour une meilleure gestion des émissions obligataires et des bons du Trésor de l’Union, la création d’un fonds de garantie de la compensation en vue de renforcer la liquidité du marché interbancaire, la mise sur pieds des spécialistes des valeurs du Trésor (SVT) pour raffermir la dynamique du marché de titres et accroître la profondeur du marché, la baisse du taux d’intérêt du taux minimum de soumission aux opérations d’appels d’injection de liquidité de 3% à 2,75%, le taux d’intérêt du guichet au prêt marginal de 4% à 3,75% et le taux de bancarisation, en progression de 8%, ont largement conforté les investisseurs sur la nécessité d’investir dans l’Union, et particulièrement en Côte d’Ivoire qui en est le pays phare. D’autant qu’au plan national l’économie a été consolidée à partir de réformes entreprises au niveau de l’environnement des affaires. Des efforts qui se traduisent par la mise en service du Tribunal de commerce, l’ouverture du guichet unique de création d’entreprises (Cepici), la réduction des procédures et des coûts d’accès à la propriété foncière. Ceci a été très bénéfique pour la Côte d’Ivoire, qui compte désormais parmi les dix pays les plus réformateurs, selon le rapport Doing Business 2014 élaboré par la Banque mondiale.
Le pays continue d’engranger de bons résultats du fait de l’assainissement de l’environnement des affaires. Baisse des droits d’enregistrement, qui passent de 10% à 07%, progression de la production du gaz naturel (+19,8%)… Le secteur secondaire connaît un indice de production industrielle, hors extraction, en hausse de 6%. Quant aux ventes locales du bitume, elles sont également en hausse de 50%,8 à fin octobre 2013, en lien avec les travaux d’infrastructures. En ce qui concerne l’extraction de l’or, on note une progression de 18,6%, portée par la hausse de la production des mines de Tongon et d’Ity. Au niveau du secteur tertiaire, l’indice du chiffre d’affaires du commerce de détail est évolutif. Il est de + 11,5% en terme réel par rapport à décembre 2012. Dans ce contexte, l’inflation est passée à 2,6% avec un taux de croissance de 8,7%.
Bonne moisson pour les banquiers (inter)
Le paysage bancaire a ainsi suivi les indices d’amélioration de l’économie ivoirienne. En glissement annuel, les emplois globaux progressent de 14% pour s’établir à 3785 milliards FCFA, ajoutant ainsi un peu plus de 471 milliards FCFA à son niveau de décembre 2012. Cette progression est principalement portée par les emplois clientèle qui se sont accrus de 23%, passant de 2354 milliards à plus de 2904 milliards FCFA sur la période. Les crédits accordés par les banques ont augmenté de 23% avec une hausse de 550 milliards FCFA. Les prêts ont constitué l’année dernière plus de 99% des emplois clientèle octroyés et les crédits à court terme en ont été les plus importants (47%). Quant aux crédits à long terme, ils ont progressé de plus de 40%, gagnant, de fait, près de 43 milliards FCFA supplémentaires. Ceci est en partie dû à l’assouplissement des règles prudentielles élaborées par la Banque centrale (ratio de transformation notamment), qui a permis aux institutions bancaires de revoir à la hausse leurs concours en crédit à moyen et long terme de 236 milliards FCFA. A fin décembre 2013, les ressources globales ont connu une évolution de 17% pour s’établir à 4736 milliards FCFA, ajoutant plus de 699 milliards FCFA à leur niveau de décembre 2012. Les banques ont collecté 429 milliards FCFA de dépôt clientèle supplémentaire en 2013. Une progression portée à la fois par les produits d’épargnes (+84 milliards FCFA) et les dépôts à vue (+291 milliards FCFA). Selon les statistiques produites par l’Association des professionnelles des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI), ces instituions ont collecté 35% de leurs dépôts auprès des particuliers, progressant ainsi de 153 milliards FCFA. Toutefois, le marché reste dépendant des dépôts des institutionnels et des entreprises, avec 236 milliards FCFA de ressources additionnelles collectées.
De nouveaux venus qui dynamisent le marché (inter)
Les différents chiffres, de manière générale, expriment une forte progression des activités bancaires au cours de l’exercice 2013. Un résultat lié également à l’arrivée de groupes bancaires d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord. De 2008 à 2012, cinq nouvelles banques ont obtenu leurs agréments pour exercer en Côte d’Ivoire. La plupart des établissements menant une politique de proximité, le réseau d’agence a plus que doublé (144%), passant de 281 agences en 2008 à plus de 620 en 2012, avec une augmentation du nombre de comptes de 130% cette année-là. Le taux de bancarisation s’est nettement amélioré pour se situer aujourd’hui autour de 14%. Ce dynamisme a continué à être dopé par l’élaboration d’une convention interprofessionnelle bancaire, le code de déontologie de la profession, la formation à l’élaboration des risques fiscaux, le partenariat avec l’Etat pour le financement de la commande publique, impulsé par l’APBEF-CI. Toutes ces actions devraient continuer à créer une attractivité du marché financier ivoirien. Pour preuve, un retour en arrière indique que l’on dénombrait 18 banques en 2004, pour passer à 24 en 2012. La présence diversifiée de ces entités bancaires sur le marché national signifie par ailleurs un plus large éventail de financements pour l’économie ivoirienne, et, in fine, pour les ressources de l’Etat. Dans un modèle libéral tel que celui de la Côte d’Ivoire, le gouvernement ne pouvait pas espérer mieux, lui qui a liquidé ou privatisé plusieurs banques publiques nationales afin de jouer un rôle de régulateur, et non d’acteur direct du marché.
Une compétition sur fond de stratégies bien pensées (inter)
Il appartient désormais à toutes les banques d’entrer dans une saine compétition afin de conquérir le marché bancaire national en développant, par exemple, une politique de proximité auprès de la clientèle via des canaux alternatifs. Actuellement, des établissements tels que la Société générale de banque de Côte d’Ivoire et la panafricaine Ecobank tirent leur épingle du jeu. La première, présente dans le pays depuis 1962, a à son actif 20,7% des crédits bancaires et 17,7% des dépôts bancaires en Côte d’Ivoire. La seconde, beaucoup plus jeune et installée dans le pays seulement en 2012, totalise 165.423 clients et a réalisé un profit brut de plus de 13 milliards FCFA, mettant l’accent sur sa taille, son total bilan, son total dépôt et son total crédit. Mais la configuration actuelle du paysage bancaire, loin d’être figée, ne pourra être modelée que si les banques – qu’elles soient nationales ou privées – réussissent à baisser leurs taux d’intérêt, encore élevés, et favorisent l’accès des PME/PMI à un crédit moins cher, tout en diversifiant leurs instruments financiers.
Germain Tanoh