Les victimes et témoins des crimes postélectoraux à Abobo ne se bousculent pas devant les juges du Tribunal militaire pour déposer leurs témoignages. Nous les avons rencontrés pour comprendre pourquoi ils se font désirer.
L’appel à témoin lancé depuis le 20 février par le Tribunal militaire d’Abidjan (Tma) à l’endroit des victimes de la commune d’Abobo semble ne pas avoir écho favorable. Le procureur militaire, Ange Kessy, au cours d’une conférence de presse, mercredi, a fait le point de ces témoignages. « Plus de 200 personnes on été attendues par le tribunal militaire », a-t-il indiqué. C’est ce nombre certainement insuffisant qui justifie probablement la prolongation du délai des auditions qui devaient prendre fin en début de semaine dernière. A l’occasion, Ange Kessy a donc annoncé qu’un mois supplémentaire sera ajouté pour permettre à toutes les victimes disposant de preuves accablantes de tueries dans la commune d’Abobo de faire leurs dépositions. Pour comprendre davantage le manque d’engouement des victimes pour cette opération, nous avons interrogé certains responsables d’Ong. Pour Almamy Diaby, président du Collectif des victimes de la crise postélectorale, joint hier par téléphone, les victimes sous sa coupole ont effectivement pris part à l’opération, mais certaines restent sceptiques face à une telle initiative. « Nous avons des réserves par rapport à cet appel à témoin parce que les victimes sont livrées à elles-mêmes et ne sont pas en sécurité », a-t-il fait observer. Puis d’ajouter : « l’engouement n’est pas fort parce que les victimes ne croient plus en personne. Elles ne croient plus à tout ce qu’on leur dit ; elles sont démotivées car elles considèrent que les gens les utilisent et après les abandonnent à leur sort ». Pour sa part, Ouattara Yacouba, témoin des tueries d’Abobo dit ne pas être informé de la procédure. « Nous ne sommes pas au courant de l’appel à témoin. C’est vous qui nous l’appreniez à l’instant. Nous allons nous organiser pour nous rendre au tribunal militaire pour faire notre témoignage », a-t-il projeté. Seydou Toé de la Confédération des organisations de victimes de la crise ivoirienne (Covici) nous a confié par téléphone que dans sa structure, il y a deux victimes originaires d’Abobo, mais celles-ci n’ont pas souhaité y participer. « Elles n’ont pas participé à l’opération parce que les victimes, en général, sont déçues de la lenteur des choses. Elles ont déjà fait plusieurs témoignages notamment à la cellule spéciale d’enquête », a-t-il révélé, avant d’évoquer d’autres problèmes relatifs aux finances et à la démotivation des victimes qui, à son sens, constituent le frein à la participation. « Les déplacements sont trop ! Il y a un problème de transport qui se pose. Mais la véritable raison de la non-participation à cette opération est le découragement ; sinon elles sont informées mais elles n’ont pas manifesté le désir d’y participer », a-t-il argumenté.
MG (stagiaire)
L’appel à témoin lancé depuis le 20 février par le Tribunal militaire d’Abidjan (Tma) à l’endroit des victimes de la commune d’Abobo semble ne pas avoir écho favorable. Le procureur militaire, Ange Kessy, au cours d’une conférence de presse, mercredi, a fait le point de ces témoignages. « Plus de 200 personnes on été attendues par le tribunal militaire », a-t-il indiqué. C’est ce nombre certainement insuffisant qui justifie probablement la prolongation du délai des auditions qui devaient prendre fin en début de semaine dernière. A l’occasion, Ange Kessy a donc annoncé qu’un mois supplémentaire sera ajouté pour permettre à toutes les victimes disposant de preuves accablantes de tueries dans la commune d’Abobo de faire leurs dépositions. Pour comprendre davantage le manque d’engouement des victimes pour cette opération, nous avons interrogé certains responsables d’Ong. Pour Almamy Diaby, président du Collectif des victimes de la crise postélectorale, joint hier par téléphone, les victimes sous sa coupole ont effectivement pris part à l’opération, mais certaines restent sceptiques face à une telle initiative. « Nous avons des réserves par rapport à cet appel à témoin parce que les victimes sont livrées à elles-mêmes et ne sont pas en sécurité », a-t-il fait observer. Puis d’ajouter : « l’engouement n’est pas fort parce que les victimes ne croient plus en personne. Elles ne croient plus à tout ce qu’on leur dit ; elles sont démotivées car elles considèrent que les gens les utilisent et après les abandonnent à leur sort ». Pour sa part, Ouattara Yacouba, témoin des tueries d’Abobo dit ne pas être informé de la procédure. « Nous ne sommes pas au courant de l’appel à témoin. C’est vous qui nous l’appreniez à l’instant. Nous allons nous organiser pour nous rendre au tribunal militaire pour faire notre témoignage », a-t-il projeté. Seydou Toé de la Confédération des organisations de victimes de la crise ivoirienne (Covici) nous a confié par téléphone que dans sa structure, il y a deux victimes originaires d’Abobo, mais celles-ci n’ont pas souhaité y participer. « Elles n’ont pas participé à l’opération parce que les victimes, en général, sont déçues de la lenteur des choses. Elles ont déjà fait plusieurs témoignages notamment à la cellule spéciale d’enquête », a-t-il révélé, avant d’évoquer d’autres problèmes relatifs aux finances et à la démotivation des victimes qui, à son sens, constituent le frein à la participation. « Les déplacements sont trop ! Il y a un problème de transport qui se pose. Mais la véritable raison de la non-participation à cette opération est le découragement ; sinon elles sont informées mais elles n’ont pas manifesté le désir d’y participer », a-t-il argumenté.
MG (stagiaire)